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lundi 3 octobre 2011

PayPal pas intéressé par le NFC... Vraiment ?

PayPal
PayPal fait décidément beaucoup parler d'elle ces temps-ci (j'espère ne pas vous lasser d'y revenir sans cesse) et le lancement récent de Google Wallet n'y est certainement pas étranger. Le sujet du jour est justement celui de la technologie NFC de paiement sans contact sur mobile, qui constitue le cœur de la solution de Google et qu'eBay et sa filiale se délectent à dénigrer. Mais les apparences peuvent être trompeuses...

Commençons par analyser les critiques de PayPal vis-à-vis de son (potentiel) concurrent et du paiement sur mobile sans contact en général. La première d'entre elles est classique et je l'ai déjà moi-même maintes fois soulignée : l'équipement des commerçants est encore marginal et la rareté des téléphones embarquant la technologie NFC en limite l'adoption par les consommateurs, ces deux facteurs se renforçant mutuellement pour ralentir la progression. Un autre argument évoqué, qui a également du sens (cf. la position de la Deutsche Bank) est que l'avenir n'est pas à une solution unique et que plusieurs systèmes de paiements mobiles se partageront le marché.

Pour aller dans le même sens, on pourrait ajouter deux faiblesses "concrètes" du paiement sans contact, rarement évoquées, qui rendent très lointaines les perspectives de généralisation. Tout d'abord, la vision du téléphone remplaçant la carte bancaire est encore très utopique tant que les GABs ("Guichets Automatiques Bancaires") ne seront pas compatibles. Or le remplacement (ou l'adaptation) du parc existant est une opération extrêmement lourde que les banques ne semblent pas envisager massivement. L'autre point à souligner concerne les promesses fallacieuses de simplicité du paiement "Tap&Go" (ou "Tapez-Partez" comme disent nos amis québécois) qui ne concernent que les transactions de petit montant et laissent place à un processus beaucoup moins rapide lorsqu'un contrôle de sécurité est nécessaire. On le voit, la technologie NFC a encore de sérieux d'obstacles devant elle...

Face à ces freins, quelle est la stratégie de PayPal ? S'il faut en croire ses dernières annonces, la société est en passe de transposer son modèle ciblant les particuliers et les marchands en ligne vers le commerce "en dur". Et l'approche adoptée est étonnamment similaire à celle du paiement sans contact, comme l'illustre une comparaison des vidéos de présentations de cette future offre et de Google Wallet. La seule différence réelle entre les deux est l'absence de "geste" formel d'acquittement du paiement (le "Tap") avec l'option PayPal, qui ne va d'ailleurs pas sans causer des difficultés pour les commerçants (notez dans la vidéo l'acheteuse qui agite son téléphone sous les yeux de la caissière en sortant du supermarché).

En réalité, pour réussir à s'implanter dans les commerces "physiques", PayPal doit impérativement fournir des solutions utilisables dès aujourd'hui, en minimisant les impacts sur l'équipement des consommateurs comme des commerçants. Il n'est donc pas question d'attendre la généralisation du sans contact (prédite à 3 ans, au mieux), ce qui risquerait de laisser la société passer à côté d'un important marché en voie de transformation.

Mais il est quasiment certain, à mon avis, que la transition vers le NFC arrivera et que PayPal se tient prête à franchir le pas quand la technologie sera suffisamment mûre (ses premières expérimentations tendent à le prouver). Elle bénéficiera alors de plus d'un avantage immense grâce à son autonomie, qui lui permettra d'implémenter ses applications (pour les consommateurs et les commerçants) sur des matériels banalisés (smartphone et tablettes), sans requérir un terminal spécialisé. Si le succès de Square est un indicateur (avec ses 500000 lecteurs de cartes pour iPhone et iPad distribués), les perspectives sont prometteuses...

A l'inverse, Google peut se permettre de lancer son offre sans se préoccuper outre mesure de son taux d'adoption immédiat, car son modèle d'affaire n'est pas celui des paiements (qui restent sous la responsabilité directe des émetteurs de cartes et des banques partenaires). Son positionnement est avant tout sur les services à valeur ajoutée associés (fidélité, campagnes, promotions...), pour lesquels l'urgence de leur intégration aux applications de paiement ne se fait pas actuellement sentir.

Les deux géants de la Silicon Valley sont donc bien en opposition directe sur le marché, même si leurs objectifs respectifs sont radicalement différents. Par conséquent, les attaques (y compris en justice) de PayPal sur Google ne sont pas le fruit du hasard, mais elles ne sont pas non plus dénuées d'arrière-pensées.

Pour conclure, revenons un instant sur le rôle des banques dans les futurs écosystèmes du paiement mobile, pour noter qu'elles sont, sinon totalement absentes (Citi est partenaire de Google Wallet), du moins singulièrement à la traîne des grandes transformations en cours. Se contenteront-elles de devenir les fournisseurs "invisibles" des nouveaux acteurs ou finiront-elles enfin par réagir à cette concurrence ?

3 commentaires:

  1. Toujours aussi intéressanttes et pertinentes vos analyses cher Patrice. Vous ne parlez pas du tout du sort des opérateurs : lapsus révélateur ?

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  2. Merci pour l'appréciation.

    Il n'y a effectivement pas de hasard dans l'absence des opérateurs de mes commentaires : ils n'ont, à mon avis, plus rien à apporter dans la chaîne de valeur des paiements (au moins dans les pays développés), ce que Google et PayPal démontrent sans équivoque.

    Je reviendrai peut-être sur le sujet dans un prochain article...

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  3. Bonjour.

    Je partage largement vos vues.
    Dans la vidéo, la femme fait ses achats, puis tout ce qu'elle fait en sortant c'est montrer son téléphone, sans que la caissière regarde en détail sur ce qu'elle a acheté. Elle pourrait très bien avoir rempli son sac et n'avoir scanné qu'un chewing-gum.

    Pour moi Paypal c'est les paiements et vu le float qu'ils ont sur leurs compte, ils attaqueront bientôt les banques sur les petit prêts. Et la les banques réagiront.

    Actuellement les banques laissent faire car les micro-paiements via carte de crédit sont déficitaires pour les banques (coût de transaction > interchange)

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