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lundi 27 février 2012

Paiement sur mobile, entre fureur et raison

Paiement et mobile
Depuis ce matin, le Mobile World Congress 2012 bat son plein et le paiement sans contact (NFC), sur téléphone bien entendu, semble être une des vedettes de Barcelone. A lire toutes les annonces qui se succèdent, on pourrait vraiment croire que l'année du paiement sans contact sur mobile est (enfin) arrivée ! Alors, quelles sont les nouveautés ?

Je vous livre ma préférée : 15 mois après son lancement officiel, "ISIS, le consortium constitué par les 3 principaux opérateurs de télécommunications américains, va déployer son porte-monnaie mobile auprès de 100 millions de consommateurs". Hum, en réalité, ce sera pour le "milieu de l'année", et cela ne concernera que Salt Lake City et Austin. Et le reste du territoire... en 2013, peut-être... Qui plus est, certains journalistes, qui ont vu l'application, n'ont pas été particulièrement enthousiasmés.

Oui, l'annonce mentionne aussi l'arrivée de 3 partenaires bancaires dans l'initiative. Nous avons donc un communiqué triomphant pour nous informer d'une expérimentation, à venir, dans deux villes de taille moyenne, avec 3 opérateurs, 3 banques et 3 réseaux de paiement. Cela vous rappelle quelque chose ?

Je l'admets, je ne suis pas à Barcelone, je n'ai pas épluché tous les communiqués et reportages et il y a peut-être réellement du nouveau du côté paiement sans contact sur mobile (si je le découvre, j'y reviendrai). Mais, en fait, ce n'est pas le sujet de ce billet ! Car l'information intéressante, à mon avis, est dans l'autre technologie du paiement sur mobile, par internet.

Je pense, tout d'abord, aux dernières nouvelles de Square : selon TechCrunch, plus de 40 000 marchands acceptent désormais le paiement par "Card Case", une application pour smartphone qui permet aux consommateurs de régler leurs achats sans avoir à sortir leur carte bancaire, voire même automatiquement. Dans un monde où les acteurs historiques (banques, opérateurs et réseaux), de même que Google et PayPal, cherchent à convaincre d'abord les grandes enseignes, la startup conquiert rapidement les petits commerçants, avec une technologie radicalement différente, simple et opérationnelle dès aujourd'hui.

Mais la grande surprise vient de Grande-Bretagne et plus particulièrement du "Payments Council", une association regroupant les institutions financières et dont l'objectif est de définir et mettre en place une stratégie commune dans le domaine des paiements. L'organisation a en effet lancé un projet national pour la création d'une véritable base de données du paiement mobile.

En permettant aux consommateurs britanniques d'associer leur numéro de mobile et leur(s) compte(s) bancaire(s), celle-ci constituera le référentiel universel que pourront utiliser tous les établissements du pays dans leurs solutions de paiement P2P (de "pair à pair"). Concrètement, avec ce système, les banques pourront créer des applications permettant les transferts de compte à compte (par virement) en demandant simplement la saisie du numéro de téléphone du bénéficiaire. Imaginez les solutions telles qu'elles existent aujourd'hui (par exemple Kaching en Australie, Kwixo en France ou le tout récent Pingit de Barclays au Royaume-Uni), sans la contrainte d'avoir à créer (et maintenir) un compte et saisir ses coordonnées bancaires pour chaque nouvelle solution.

Dans un pays où le paiement sans contact est déjà relativement répandu et où son arrivée sur mobile est bien avancée (avec le premier déploiement généralisé en Europe), cette initiative des banques est étonnante. Car il ne faut pas s'y tromper : si le paiement P2P est souvent illustré par le cas des échanges d'argent entre amis ou parents, son véritable modèle est celui des paiements des artisans ou des (très) petits commerçants. Et, en ce sens, la concurrence avec le sans contact est frontale, sur une bonne partie de la cible. Le réalisme face aux difficultés à imposer les technologies NFC sur téléphone serait-il en train de prendre le dessus ?

Ne soyons tout de même pas trop optimistes. La mise en œuvre du projet du "Payment Council" prendra du temps, car certains de ses aspects (dont la sécurité) sont complexes à traiter, et l'utilisation de la base de données par les banques en demandera encore plus. Avant qu'elle ne soit entièrement opérationnelle, le paiement sur mobile aura certainement vécu quelques aventures supplémentaires.

Quoi qu'il en soit, l'idée semble excellente et originale : une démarche commune d'un groupe de banques autour du paiement sur mobile, sans les opérateurs de télécommunication ni les réseaux de paiement, change singulièrement des positions suivistes auxquelles bon nombre d'entre elles nous ont habitué jusqu'à maintenant.

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