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vendredi 16 mars 2012

Nokia Money ferme ses portes

Nokia
Avec le nombre quasi astronomique de nouveaux services de paiement mobile qui naissent presque chaque jour dans le monde, il n'est pas surprenant que beaucoup d'entre eux finissent par disparaître, généralement dans l'indifférence la plus totale. Cependant, lorsque c'est la fermeture de Nokia Money qui est annoncée, l'information ne peux passer entièrement inaperçue.

L'histoire de Nokia Money commence en 2009, quand le fabricant de téléphones mobiles annonçait un partenariat (accompagné d'un investissement de 70 M$) avec la jeune pousse (américaine) Obopay pour le lancement d'une solution de paiement sur mobile destinée aux populations sous-bancarisée de l'Inde. En 2010, un pilote était lancé avec la banque locale Yes Bank, rapidement suivi d'un autre déploiement avec Union Bank. L'année suivante, le constructeur présentait des mobiles bas de gamme, dédiés au marché indien, pré-équipés du porte-monnaie électronique et, point d'orgue de cette série, le lancement d'une offre autonome (sans banque associée) a eu lieu en décembre dernier.

La stratégie de Nokia avec cette solution était calquée sur celle des opérateurs de télécommunication : il s'agissait de capitaliser, d'une part, sur l'ubiquité du téléphone mobile dans toutes les couches de population et, d'autre part, sur un réseau de revendeurs à la capillarité incomparable avec celle des réseaux d'agences bancaires, pour devenir un acteur incontournable de la banque mobile. Et, dans une période troublée pour son cœur de métier, le constructeur pouvait même espérer trouver là son prochain "métier" (après une histoire, déjà diversifiée, de producteur d'électricité et de fabricant de téléviseurs, entre autres).

Mais la nouvelle direction de la société, menée par Stephen Elop, n'a visiblement pas envie de changer une nouvelle fois de secteur d'activité puisque, dans une optique de recentrage exclusif sur la téléphonie mobile, Nokia Money va donc être abandonné. Les chiffres, sans être mirobolants à l'échelle de l'Inde, semblaient pourtant plutôt favorables, avec 1,2 millions d'abonnés, dont 100 000 (ou 200 000 selon les sources), souscripteurs directs auprès de Nokia (les autres étant clients de Yes Bank et Union Bank) acquis, donc, en 3 mois.

Mais au-delà des arguments officiels, d'autres raisons ont-elles pu motiver ce retrait ? Il y a ainsi tout d'abord l'arrivée d'une concurrence puissante, avec par exemple la version indienne de M-Pesa introduite tout récemment par Vodafone, les velléités affirmées de PayPal de pénétrer cet immense marché ou encore les prémices d'une ouverture réglementaire du secteur des paiements indiens.

Or il est certain que le paiement mobile dans les pays émergents est une course de fond, dans laquelle les acteurs devront investir lourdement avant d'espérer en tirer des bénéfices. Et c'est peut-être cet effort que Nokia n'a pas voulu faire contre des adversaires puissants ou dont elle s'est rendu compte qu'il n'en valait pas la peine...

Espérons malgré tout pour Obopay, dont on est sans nouvelles récentes de son aventure africaine avec Société Générale (dans Yoban'tel), que Yes Bank et Union Bank poursuive le déploiement de leurs porte-monnaie sur mobile, même sans Nokia. Dans le cas contraire, perdre 1,2 millions d'utilisateurs pourrait en effet porter un coup fatal à la startup.

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