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samedi 7 avril 2012

Le Canada invente la monnaie du futur en crowdsourcing

Cybermonnai
A peine dévoilée, l'initiative "Cybermonnaie" (MintChip en anglais) de la Monnaie Royale Canadienne a déjà fait couler beaucoup d'encre, relayant parfois confusions et phantasmes. Si elle peut surprendre de la part d'une institution "officielle" d'émission de monnaie, ce devrait pourtant être plus par son approche que par sa cible, qui s'inscrit parfaitement dans la logique de sa mission.

Commençons par rétablir la réalité de cette "Cybermonnaie" : son seul objectif est de passer de l'ère (historique) des pièces et billets à l'âge (moderne) de la monnaie (fiduciaire) numérique. Il n'est donc pas question de créer une nouvelle monnaie (au sens économique du terme). Le Canada a la ferme intention de continuer à utiliser son dollar et les tenants de BitCoin peuvent se rassurer, leur création ne sera pas plagiée !

La vision n'en est pas moins ambitieuse et la vidéo de présentation, particulièrement emphatique, n'hésite pas à positionner le Canada dans la lignée des nations ayant transformé les paiements au cours de l'histoire, du troc au papier monnaie, en passant par les métaux précieux :


En fait, il serait peut-être plus judicieux de parler de porte-monnaie virtuel et non de monnaie. L'innovation réside en effet d'abord dans le support stockant l'argent, qui prend la forme d'une puce électronique pouvant être intégrée dans une carte mémoire (pour un téléphone), une clé USB (pour un PC), le "nuage" d'internet (pour un accès universel) ou tout autre dispositif (à inventer). La deuxième composante importante de la "Cybermonnaie" est son système d'échange, sécurisé et anonyme, qui permet de transférer un montant donné d'un utilisateur à un autre, en ligne ou en boutique, avec tous les avantages qu'offrent nos pièces et billets actuels.

A l'évidence, cette présentation peut faire trembler quelques acteurs des paiements, à tout le moins ceux qui croiront à la viabilité de la "Cybermonnaie". En effet, celle-ci se positionne en concurrente directe, infiniment plus économique car "autonome", des myriades de solutions de porte-monnaie électronique émergentes, en particulier celles-qui ciblent les micro-paiements. Et son caractère officiel, la rendant immédiatement digne de confiance, est un argument supplémentaire face aux startups du secteur...

Mais quoi de plus normal pour une institution dont le rôle est d'émettre la monnaie nationale ? Sa légitimité peut difficilement être mise en cause, même si cela doit froisser quelques plumes, y compris celles des banques qui rêvaient (peut-être) de profiter un jour des flux financiers (en espèces) qui leur échappent aujourd'hui. En tous cas, elles n'ont qu'une place marginale dans l'écosystème imaginé par la Monnaie Royale, semblable à celle qu'elles ont actuellement avec leurs distributeurs de billets (ou les guichets d'antan) :

Ecosystème Cybermonnaie

Cependant, ces perspectives ne sont encore que conjectures. En effet, la "Cybermonnaie" n'est proposée qu'en test, pour l'instant. Et pas n'importe quel test puisque ce sont les développeurs d'applications (mobiles, notamment) qui sont sollicités en premier pour imaginer les futures modalités d'utilisation du système, et bénéficient pour ce faire des premiers prototypes disponibles.

Pour stimuler leur créativité, un concours richement doté est organisé sur les 6 prochains mois. La plate-forme dédiée, ouverte en priorité aux concepteurs de logiciels, accueille également le grand public, qui y est invité à soumettre ses idées d'usage de la monnaie virtuelle.

Le plus fascinant n'est pourtant pas cet événement éphémère mais bien plutôt la perspective d'une monnaie nativement ouverte à toutes sortes d'applications, via des API (interfaces de programmation) accessibles à tous les développeurs. L'emphase de la vidéo de présentation est peut-être justifiée, tout compte fait !

Il est finalement rassurant de voir un émetteur (enfin) se préoccuper de l'avenir de la monnaie, même si les pièces et billets ont encore un bel avenir devant eux. La méthode retenue par l'institution canadienne est elle-même digne d'éloge car elle permettra à la fois de mesurer l'intérêt du public pour une "Cybermonnaie" encore largement immature et, si l'imagination est bien au rendez-vous, d'en mieux dégager les modes d'utilisation possibles, voire les évolutions nécessaires pour la rendre réellement utile, dans la durée.

Il est cependant clair que la route vers la monnaie du futur sera longue et tortueuse. En attendant, tout le monde peut participer à l'aventure (et les grincheux aussi) !

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