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mercredi 15 août 2012

Le score de crédit est mort, vive le score social !

Bank to the Future
En une semaine, avec les lancements officiels du "CRED™", par Movenbank, et de la plate-forme BankToTheFuture.com, le monde de la finance a (enfin !) commencé à basculer concrètement dans l'ère de la "Banque 2.0", où les traditions ancestrales d'évaluation des scores de crédit des consommateurs et des entrepreneurs laissent la place à un système moderne, exploitant les technologies contemporaines et dont les médias sociaux constituent le cœur.

Pour Movenbank, il ne s'agit aujourd'hui que d'un petit pas dans le déroulement d'une stratégie qui avait été dévoilée il y a presque un an. Lentement donc, mais sûrement, la startup construit son modèle disruptif (aux États-Unis) et la nouvelle étape qu'elle vient de franchir est l'ouverture publique, à tous les consommateurs, de son outil de mesure de "crédibilité", le CRED™. Il est désormais possible pour tout un chacun de s'inscrire et d'obtenir son CREDscore, calculé à partir de ses interactions sur les réseaux sociaux et de ses comportements en matière de gestion de finances personnelles.


En l'état actuel du projet, ce ne sont que les profils sociaux et les réponses à quelques questions sur leurs finances qui permettent d'évaluer le score des premiers inscrits. Lorsque Movenbank sera devenue une vraie banque (ce qui prend décidément bien longtemps), les transactions réalisées viendront enrichir le calcul. Et, inversement, c'est aussi sur la base de ce score que seront proposés les produits financiers aux clients. Le score de crédit, bien connu outre Atlantique mais existant aussi en France (sous une forme plus discrète mais non moins opaque), aura alors disparu du paysage, avec tous ses défauts et inconvénients.

BankToTheFuture, de son côté, applique exactement les mêmes recettes (au Royaume-Uni), mais à une toute autre cible : le financement de projets et/ou d'entreprises. On retrouve en fait ici un modèle P2P (de "pair à pair") combinant crowdfunding, crowdinvesting et, à partir de 2013, crowdlending. Cela signifie que la plate-forme permet de mettre en contact des personnes à la recherche de fonds avec des "investisseurs" individuels, et de leur proposer 3 stratégies différentes : la première offre une compensation sous forme de produit ou autre avantage particulier (crowdfunding), la deuxième correspond à une acquisition de parts de la société (c'est-à-dire un investissement à proprement parler) et la dernière est un "simple" crédit.

Pitch BankToTheFuture

Comme dans toutes les initiatives du genre, les projets sont évalués et filtrés avant d'être proposés aux investisseurs potentiels. Et, dans le cas de BankToTheFuture, tous les participants, demandeurs et apporteurs de fonds, se voient attribuer un "score social", pris en compte pour estimer les risques qu'ils représentent. Ce sont notamment les comptes ouverts sur les plates-formes généralistes (Twitter, Facebook, Google+, Linkedin, exactement comme Movenbank) qui sont explorés mais les interactions "locales" sont également prises en compte, par exemple des revues par des pairs et l'activité générale sur le site.

A vrai dire, BankToTheFuture n'abandonne pas totalement le score de crédit, qui reste un des éléments d'évaluation des inscrits, avec une vérification d'identité, en plus de la mesure du "score social". Mais, pour ceux qui n'ont pas eu l'occasion de prouver leur fiabilité financière par les moyens actuels, le financement restera possible, en prouvant leur "valeur sociale", qu'elle soit établie sur les médias sociaux publics ou à travers leur engagement sur la plate-forme de la startup.

Ces derniers temps, le Royaume-Uni est devenu un petit paradis pour les initiatives de financement P2P (sous toutes leurs formes). La réglementation (ou, plus exactement, son absence, surtout dans le domaine du crowdfunding) y est certainement pour beaucoup. Mais la situation pourrait évoluer car le régulateur commence à s'inquiéter de la prolifération de ces sites et sa première action est de publier une note soulignant les risques élevés encourus par les investisseurs. Il est clair qu'en l'absence de juridiction précise, le consommateur ne bénéficie d'aucune protection et doit donc être conscient du "danger", sur lequel les plates-formes n'insistent évidemment pas.

Cependant, au-delà du devoir d'information et de sensibilisation des utilisateurs, la réduction du risque est, bien entendu, la meilleure stratégie pour aboutir à un modèle gagnant pour tous. Et le développement des mesures de "score social" est un excellent moyen de progresser dans cette direction, qu'il soit appliqué à l'iinvestissement dans une entreprise ou à des produits financiers pour les particuliers. Alors pourquoi cette idée reste-t-elle toujours aussi rarement mise en œuvre ?

2 commentaires:

  1. Tout le problème est là: comment identifier le risque pour le prêteur (la Banque) quand il s'agit d'accorder un prêt à un client (est-il capable de rembourser ?) mais aussi le risque pour le prêteur quand c'est le client qui veut investir (ne s'agit-il pas d'une arnaque à la Madoff ?)

    je pense que le "score social" est une illusion de geek bien naïve car, par définition, un escroc aura le meilleur score, qu'il soit social ou autre, et c'est même plus simple quand il est social.

    Dit autrement, tout les internautes ne sont pas gentils et bons et tout système de scrting est contournable. C'est la combinaison de plusieurs systèmes qui devrait pouvoir réduire le risque et donc augmenter la viabilité de ces initiatives, mais à quels coûts ? Même Zopa a du mal à être rentable car il doit effectuer PLUS de contrôles sur les emprunteurs que les banques traditionnelles !

    De plus, que se passe-t-il si je ne "socialise" pas assez ? me fera-t-on pâtir d'une exclusion "sociale" car je ne communique pas assez sur les sites les plus en vogue pour être évalué ?

    Juste un peu de contre-arguments pour lancer la discussion !

    B-))

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    Réponses
    1. On peut dire la même chose des contrôles "traditionnels" sur pièces d'identité et justificatifs (papier) qui sont devenus des contrôles de conformité du fait du niveau élevé de falsifiabilité obtenu avec les techniques modernes banalisées de reprographie.
      Dans certains établissements de crédit spécialisés le taux de fraude en canal traditionnel a dépassé le taux de fraude internet.
      Comme vous le dites très justement, les fraudeurs ont toujours les meilleurs scores (et les meilleures pièces).
      Cet état de fait ne changera pas avant que nous aillons une pièce d'identité numérique et des pièces justificatives numériques attestables. Pour mémoire, les députés viennent de refuser de créer une carte d'identité numérique,... les escrocs ont encore de beaux jours devant eux !

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