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jeudi 13 décembre 2012

Le gouvernement britannique se met au prêt P2P

U.K. Department for Business, Innovation and Skills
Depuis les débuts de la finance participative sur le web, le Royaume-Uni fait figure d'exception dans ce domaine : le pionnier du prêt-emprunt P2P – Zopa – y est né en 2005 et, malgré de multiples déclinaisons à travers le monde, il reste à ce jour le seul pays (ou presque) où la réglementation n'a pas dénaturé le concept original. L'histoire peut maintenant aussi enregistrer que son gouvernement est le premier à participer directement au mouvement.

Quand le "Department for Business, Innovation and Skills" décide d'investir 55 millions de livres en faveur des PME, c'est pour tenter de combler les carences des banques, qui sont devenues tellement "prudentes" après la crise que les prêts aux entreprises sont en chute libre. Il n'est donc pas question de s'adresser à elles pour "distribuer" ces fonds. Alors, à l'issue d'un appel d'offres, deux startups du "P2P Lending" (*) ont été désignées (aux côtés de 2 autres établissements un peu plus "standards") pour prêter ces fonds aux entrepreneurs : Zopa recevra 10 millions, tandis que Funding Circle obtient 20 millions.

Naturellement, ces sommes sont dérisoires par rapport aux besoins globaux des petites entreprises, en Angleterre comme ailleurs. Mais ce qui est important est le message véhiculé par cette action sans précédent. En effet, c'est un véritable soutien, sans équivoque, qu'apporte ainsi le gouvernement britannique aux modèles de financement alternatifs, en précisant dans son communiqué qu'il n'est pas question de chercher à remplacer les systèmes traditionnels mais bien de les compléter, en particulier là où des lacunes béantes sont constatées.

Funding Circle

Il s'agit donc tout de même d'un sévère camouflet qu'essuient là les banques. Plus important, c'est surtout une invitation lancée à tous les britanniques pour qu'ils contribuent, eux aussi, à la croissance de leurs PME, à travers des sites de financement participatifs "officiellement" reconnus et approuvés. Voilà une belle opportunité, si la communication qui accompagne l'opération est adroite, de mettre en action un effet de levier colossal, capable de transformer les quelques dizaines de millions de livres du gouvernement en centaines de millions apportés par des particuliers ! Sans perdre de vue que, s'agissant de prêts dont le risque est en principe correctement géré, le coût final sera nul (le résultat pourrait – devrait – même être positif !).

Même s'il ne résout pas à lui tout seul la crise de financement des PME, le dispositif imaginé par le gouvernement britannique est absolument brillantissime. Le contexte économique actuel exige des solutions nouvelles et radicales, et celle-ci en est une, particulièrement séduisante. A ce titre, elle mériterait d'être copiée immédiatement par tous les pays confrontés aux mêmes difficultés (la France peut-être ?). Accessoirement, pour une fois, le mot "innovation" ne semble pas usurpé dans un titre d'organisme (surtout public, comme le "Department for Business, Innovation and Skills") et ce pourrait également être une inspiration !

(*) Pour mémoire, le principe des prêts P2P ("de pair à pair") est de mettre en contact, via une plate-forme web, des personnes ayant des fonds disponibles avec des entreprises ou des particuliers à la recherche d'un crédit. L'absence d'institution financière dans le circuit réduit les coûts et permet donc à la fois de proposer une rémunération attractive aux prêteurs et des conditions d'emprunts avantageuses aux demandeurs. D'autre part, la répartition des fonds mis à disposition sur une multitude d'opérations distinctes permet de limiter les risques financiers en cas de défaut d'un emprunteur.

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