Pas de vacances pour PayPal

Pour PayPal, si l'avenir du porte-monnaie virtuel n'est pas déjà (entièrement) décidé, tout se joue cependant aujourd'hui. Forte de cette conviction, la filiale d'eBay continue à multiplier les initiatives aux 4 coins du monde, dont 3 nouvelles ont encore été présentées au cours des seules deux semaines écoulées.

Amérique du Nord

Premier acte, la signature d'un accord avec MoneyGram, aux termes duquel les 55 millions de détenteurs de compte PayPal aux États-Unis peuvent dorénavant retirer des fonds dans les 47 000 points de présence américains du spécialiste des transferts d'argent. Encore en pilote dans quelques agences seulement, un service complémentaire de dépôt d'espèces sera également généralisé à terme.

En pratique, l'utilisateur se rend sur le site web dédié au partenariat PayPal - MoneyGram ou dans son application mobile où, après connexion à son compte, il effectue sa demande de retrait, en précisant le montant et le lieu choisi. Il ne lui reste plus ensuite qu'à fournir au représentant de MoneyGram l'identifiant de la transaction (et à présenter une pièce d'identité) pour obtenir les fonds.

En attendant les retraits sur GAB (qui ne sauraient tarder, vraisemblablement), PayPal complète ainsi sa panoplie de services et se rapproche de plus en plus d'un modèle bancaire intégral. La possibilité de déposer et retirer des fonds en espèces est en effet un des derniers bastions que la société n'avait pas attaqués. De plus, en s'associant avec MoneyGram, elle trouve une occasion de diffuser son offre auprès des populations sous-bancarisées, que les banques américaines cherchent justement à séduire...

Asie-Pacifique

Deuxième acte, en Australie, où les expérimentations en cours autour des paiements de proximité se poursuivent et s'étendent rapidement. Tout d'abord, une chaîne de restauration à emporter, EatNow, a adopté pour ses 2000 implantations une solution permettant à ses clients de consulter le menu, commander et payer leur repas depuis leur smartphone.

Un peu plus plus intéressant, le fournisseur de terminaux de point de vente OrderMate, équipant un millier de restaurants dans le pays, offre désormais aux consommateurs de régler leur addition depuis leur téléphone, sans avoir à attendre le bon vouloir d'un serveur.

Dernier exemple, dans une approche réminiscente de celle de McDonald's France, l'application locale PayPal intègre un nouveau service, baptisé "Beat The Q", avec lequel l'utilisateur peut enregistrer une commande par avance et ainsi éviter de faire la queue pour être servi.

Europe

Enfin, la toute dernière initiative en date, dévoilée hier dans une vidéo, est une autre variation sur le thème du paiement de proximité, testée dans un quartier de Londres par une douzaine de (petits) commerçants. Le principe rappellera cette fois celui du "paiement automatique" de Square, déjà copié par PayPal en Australie, mais qui s'affranchit ici totalement du lecteur de carte qui est au cœur de ces deux précédents.

Dans ce cas, l'expérimentation porte donc exclusivement sur le paiement par l'application mobile : le client réalise un "check-in" dans la boutique où il se trouve, pour signaler sa présence, le commerçant l'identifie, sur son propre téléphone ou sa tablette, grâce à sa photo, et impute alors son achat sur son compte PayPal d'un simple geste du doigt, ce qui déclenche finalement l'envoi d'une confirmation et d'un reçu au consommateur.

Les témoignages de marchands présentés dans la vidéo synthétisent tous les avantages de cette approche : facilité d'utilisation (les employés, habitués à utiliser des applications mobiles, sont immédiatement opérationnels), efficacité et rapidité de paiement (par rapport à la carte ou aux espèces), possibilité d'encaisser à n'importe quel endroit du magasin... Et puis, les informations affichées sur le client (son nom, en particulier) procurent aussi une opportunité d'interagir avec lui et d'introduire un peu plus de convivialité dans la transaction.

Petit à petit, la stratégie de PayPal s'affine, en particulier dans les deux domaines que sont la recherche d'indépendance vis-à-vis des réseaux de carte et les paiements de proximité. Pour le premier, l'objectif est, depuis (presque) toujours, d'optimiser les marges opérationnelles. Le second s'avère encore plus important puisqu'il représente certainement une des clés pour s'imposer dans la bataille pour les paiements du futur.

De ce côté, il semblerait que les expérimentations de PayPal soit maintenant entrées dans une phase de consolidation autour d'un modèle universel de paiement entre mobiles, via internet, où seuls quelques détails restent à ajuster. Les responsables de la société estimant que la généralisation des nouveaux porte-monnaie virtuels commencera en 2016, il était peut-être effectivement temps de stabiliser leur vision...