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jeudi 17 octobre 2013

Les réseaux bancaires alternatifs

Aktif Nokta
Tandis que les grands réseaux d'agences – coûteux et de moins en moins fréquentés – sont sur la sellette dans les grandes banques, de nouveaux acteurs persistent à considérer que le point de vente physique reste indispensable pour leur activité, adoptant alors des approches originales pour rester compétitifs.

Le premier exemple nous vient de Turquie et il a été récompensé hier aux prix de l'innovation de l'EFMA. Le projet Aktif Nokta (d'Aktif Bank) consiste à transformer les petits commerces – principalement les épiceries de quartier et les stations d'essence – en (mini) agences. Un millier de ces boutiques ont déjà été déployées depuis le début de l'année et la banque vise 20 000 implantations d'ici 3 ans, ce qui en ferait le réseau le plus important du pays.

En réalité, l'idée consiste surtout à installer des automates, permettant au client de réaliser (seul) diverses opérations, bancaires ou non : exécution de virement, chargement de cartes prépayées, paiement de factures, souscription d'assurance… ainsi que chargement de cartes de transport et de compte de téléphonie mobile, achat de billets d'avion… Cependant, en comparaison d'un GAB, le terminal propriétaire retenu est également conçu pour permettre au marchand de prendre la main pour assister l'utilisateur dans ses opérations, s'il le souhaite.

La démarche d'Aktif Bank est fondée sur un constat universel : les consommateurs ne veulent plus se rendre dans leur agence, parfois lointaine, et y faire la queue pour réaliser leurs transactions. En parallèle, les commerces de proximité sont aussi confrontés à une forte concurrence (notamment des grandes surfaces), qui réduit leur fréquentation. La réponse apportée consiste donc à rapprocher ces deux tendances pour démultiplier la présence de la banque tout en apportant une nouvelle source de revenus et de visites aux marchands.

Aktif Nokta

En France, c'est un peu la même logique qui conduit la "Financière des Paiements Électroniques" à installer son "Compte Nickel" dans les bureaux de tabac, dans un contexte où ces derniers voient leurs revenus régulièrement diminuer avec la persistance des politiques anti-tabagistes. Les transformer en relais des services financiers, ce qui leur offre un nouveau débouché, constitue alors un moyen de disposer d'un réseau gigantesque de points de vente (potentiellement 27 000 dans l'hexagone), sans investissement (trop) lourd.

De plus, au-delà de leur taille (et de la capillarité qu'ils représentent sur leurs territoires respectifs), ces réseaux offrent d'autres avantages, par exemple des horaires d'ouverture en continu (pour les stations d'essence turques) ou, a minima, étendus (pour nos bureaux de tabac). En revanche, le volet "conseil" justifiant souvent la survie du modèle de l'agence est ici totalement absent et seuls des produits et services bancaires élémentaires peuvent être distribués par les commerçants partenaires.

Et, finalement, on peut s'interroger sur la pertinence à long terme de ces initiatives. En effet, Aktif Nokta cible explicitement les populations insatisfaites de la relation en agence mais peu enclines, pour l'instant, à adopter la banque en ligne, tandis que le Compte Nickel est sur une position similaire, plutôt pour des consommateurs non bancarisés. Or il est peu vraisemblable que ces niches perdurent, car les utilisateurs devraient se rendre compte progressivement qu'ils peuvent profiter des même services, à distance, pour un prix encore plus avantageux.

1 commentaire:

  1. Il y aura toujours un intérêt dans l'acquisition de clients même si à la suite la relation client est poursuivie sur internet.
    C'est aussi au niveau de l'acquisition client que se trouvent le principal intérêt du réseau physique dans l'assistance à la fourniture des documents justificatifs "matérialisés" (et cela perdura tant que n'existeront pas des versions dématérialisées des documents justificatifs : carte d'identité, justificatif de domicile,... c'est à dire, pour être plus concret : des données accessibles par API, en mode Saas). Je rappelle que les députés ont refusé récemment de créer une carte d'identité numérique (accessible à des tiers, pour la Police ça fait longtemps que la carte d'identité est numérique).

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