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vendredi 12 juin 2015

Avec Yomoni, la fortune commence à 1000 €

Yomoni
Certes un peu exagérée, la promesse de Yomoni est celle de tous ces acteurs émergents qui veulent apporter la révolution numérique à l'épargne : grâce aux technologies et à l'automatisation, les avantages de la gestion de fortune – jusque-là réservés aux nantis – deviennent accessibles au commun des mortels, quel que soit leur patrimoine.

Les ingrédients mis en œuvre par la jeune pousse sont désormais connus : langage clair et sans jargon, compréhensible par les néophytes, souscription et suivi (en « temps réel ») exclusivement en ligne, gestion totalement intégrée, diversification des investissements, réallocation dynamique pour garantir l'alignement dans la durée avec les objectifs fixés, préférence pour les fonds indiciels (ETF), frais réduits et – surtout – totalement transparents (en l'occurrence 1,6% du portefeuille)…

Sur cette base, Yomoni propose une solution destinée prioritairement à des personnes qui veulent commencer à épargner, pour leur premier projet d'importance. Cette population – comprenant naturellement les « digital natives » – n'est pas familière de l'offre existante et se retrouve aujourd'hui écartelée entre un livret A rassurant mais très peu rémunérateur et des produits plus complexes dont ils se méfient, parfois à juste titre. Elle est donc certainement prête pour une approche intermédiaire.

Avec Yomoni, le client commence par définir son objectif d'épargne, en termes concrets (achat immobilier, retraite…), déclinés ensuite en un montant et une échéance, mis en regard de sa situation et de ses revenus. S'ensuit une incontournable évaluation de son appétence au risque, par l'intermédiaire d'un questionnaire personnel. Il se voit alors proposer un portefeuille (en assurance vie) et une stratégie d'investissement adaptée, parmi 10 modèles disponibles. Après acceptation, les automates s'occupent de tout, opérant régulièrement les rééquilibrages nécessaires afin de maintenir le cap fixé.

Accueil Yomoni

Si ce principe de l'investissement automatisé commence à se répandre, Yomoni espère – une fois son agrément AMF obtenu – être la première en France à l'implémenter de bout en bout, c'est-à-dire en prenant en charge la gestion sous mandat. Ce positionnement – qu'a également retenu Anatec – requiert des moyens lourds, notamment pour faire face à la réglementation, en comparaison des entreprises qui se « contentent » d'un rôle de conseil. En contrepartie, il représente une étape – que j'estime essentielle – vers la simplification ultime de l'investissement pour les non spécialistes.

Les exigences correspondantes (qui demandent des capitaux) offrent des opportunités aux institutions financières traditionnelles, qui commencent à se laisser séduire par les perspectives de la gestion robotisée. Yomoni vient ainsi de lever 3,5 millions d'euros auprès d'une filiale de la Financière de l'Échiquier et du Crédit Mutuel Arkéa. Après une période d'observation, ces établissements (qui ne sont cependant pas les plus frileux de la place) prennent conscience du potentiel de ces trublions, qui transposent leurs métiers historiques sur un segment de clientèle qu'ils ne savent pas adresser eux-mêmes.

Se pose tout de même la question à terme de l'évolution de ce marché. Car, si l'automatisation démontre ses qualités, elle va immanquablement empiéter sur le territoire des modèles plus classiques, ne serait-ce que parce que ceux qui l'auront adoptée dans leur jeunesse n'auront aucun raison de changer plus tard (sauf peut-être à bénéficier d'une « vraie » gestion de fortune, pour les plus chanceux). Il faut donc probablement s'attendre à terme à une cannibalisation du marché, qui risque de provoquer, là encore, la disparition de quelques dinosaures trop peu agiles…

4 commentaires:

  1. Bonjour Patrice,

    Merci pour la qualité de vos papiers quotidiens,

    Concernant le présent article, je pense qu'on peut aussi saluer la stratégie de communication remarquable de l'équipe.
    Dans une 1ere apparition il y a quelques mois sous le nom de Smartdays, notamment via des interviews video sur le site des Echos, ils annonçaient leur lancement et une campagne de levée de fonds.
    Ils reviennent aujourd'hui sous celui de Yomoni pour annoncer le succès de cette levée et leur démarrage prévu en juillet. Ces 3,5M€ représentent de loin la plus grosse levée en France à ce jour sur le segment Robo-Advisor. Et comme le service n'existe pas encore, c'est d'autant plus remarquable.

    En vérité, on n'en sait guère plus à ce stade. Ce qu'ils indiquent dans leur communiqué de presse et qui est repris ici n'est finalement que la description du modèle Robo-Advisor.
    S'ils confirment le calendrier, ils initieront en France le modèle économique Gestion Sous Mandat de la catégorie. Pour ce qu'on peut en comprendre, ils semblent se rapprocher du service britannique Nutmeg, avec ses 10 profils de risque types, gérés de manière discrétionnaire.

    Leur site reste très discret sur quelques aspects clé de la promesse: la gestion sera t-elle active ou passive et dans quelle proportion? Quelle sera la forme de l'assurance vie support ? sera t-elle fournie par Suravenir ? On peut l'imaginer puisqu'Arkea entre au capital.

    Ils annoncent 1% de frais de gestion pour les mandats + les 0,60% de frais de gestion de l'Assurance Vie sur lesquels il toucheront sans doute aussi des rétrocessions. Ces 1% de frais de gestion des mandats d'ETF ne sont en fait comparables au 2% des gérants actifs que pour la partie UC de l'assurance vie, ce qui ne devrait concerner que le profil le + risqué. Pour les moins risqués, la différence sera beaucoup moins significative.

    En tout cas, encore une très belle couverture média !

    Si vous le permettez, j'aimerais vous demander amicalement pourquoi le seul autre acteur cité dans votre article est Anatec.
    A ma connaissance, leur service auprès des Particuliers n'a pas été lancé, à la différence de ceux de Marie Quantier ou de Fundshop, dont le modèle est comme vous le dites différent. Je ne dirais pas pour ma part qu'ils se contentent d'un rôle de conseil, même si comme vous, je pense que c'est le point fort et pour le moment différenciant du modèle de Yomoni.

    J'avais déjà remarqué le fait que seul Anatec était cité dans la catégorie Robo Advisor dans votre billet de la veille La FinTech française s'organise, alors qu'Advize et FundShop font aussi partie des membres fondateurs de France Fintech.

    J'apprécie la vision exprimée dans vos papiers. Et je n'ai évidement pas de conseil et encore moins de leçon à donner. Je pense néanmoins qu'un disclosure indiquant que vous êtes membre de l'Advisory Board d'Anatec serait utile quand vous évoquez un thème lié.

    Bien amicalement

    Stéphane Martin d'Epargne Village

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    1. Je suis le Directeur Marketing de Yomoni.
      Merci pour votre enthousiasme. Je vais répondre à vos questions.

      Je vous confirme que notre modèle se rapproche de celui de www.nutmeg.com.
      Au démarrage de notre activité (dans quelques semaines), nous proposerons un contrat d'assurance-vie "Yomoni-vie" fourni par notre partenaire Suravenir (le compte titre sera proposé dans plusieurs mois).
      Pour votre information, nous ne toucherons pas de rétro-cession. Les frais de 0,6% vont directement à l'assureur. De notre coté, nous percevrons 0,7% de frais de gestion sous mandat et estimons que les frais de gestion des sous-jacents ETF que nous proposerons ne dépasseront pas 0,3% (d'où notre annonce de 1,6% de frais tout compris)
      Nous investirons en unités de compte sur des supports 100% en fonds indiciels (ETF) selon 10 profils de risque. Pour les profils sécurisés, nous utiliserons des ETF monétaires et obligataires, sans utiliser de fonds euro.

      Bien cordialement

      Guillaume Yribarren

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  2. Stéphane,

    Oui, je fais partie de l'advisory board d'Anatec et j'aurais peut-être du le signaler. Cependant, sachez que cela veut simplement dire que l'équipe est intéressée à connaître mon avis sur ses orientations et que je leur donne bénévolement, depuis bien avant d'avoir ce rôle « officiel ». Cela n'a d'ailleurs rien d'exclusif, puisque j'ai fait de même avec, entre autres, les fondateurs de Fundshop à l'occasion du StartupBootCamp Fintech Fast Track.

    Concernant le sujet présent, je maintiens ma position selon laquelle Yomoni et Anatec ne sont pas dans la même catégorie que les autres acteurs que vous citez car ils intègrent la gestion sous mandat. Vous remarquerez que je ne suis pas le seul à faire cette distinction, l'Agefi a fait un article bien plus précis que moi sur ce sujet.

    Enfin, aucune de ces deux entreprises n'a lancé son produit à ce jour, la prétention prématurée de l'une a être la première fait partie des petites « bassesses » de communication que je déteste et que je me plais à souligner dès que j'en ai l'occasion (faites donc une petite recherche sur un de mes récents articles sur BPCE et le CVV dynamique pour un exemple).

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  3. Merci Patrice, encore un superbe article ! En revanche, Marie Quantier et d'autres, "qui se « contentent » d'un rôle de conseil" ???? Comme tu l'as déjà écrit dans un de tes posts http://bit.ly/1uhSyTu , dans le cas de Marie Quantier, offrir une recommandation personnalisée que les clients peuvent comprendre, questionner et modifier est une revendication. C'était d'ailleurs un défi technologique important contrairement au Robo Advisory dont la technique est utilisée dans la gestion pilotée depuis plusieurs décennies. Au moins, cela permet de bien segmenter : pour les clients qui veulent avoir une confiance aveugle dans des robots : Anatec ou Yomoni et pour ceux qui cherchent à comprendre et à se prendre en main : Marie Quantier. D'autant plus que les clients Marie Quantier n'ont eu à consacrer que 6 min en moyenne en 2014 pour gérer de bout en bout leur portefeuille, vérifications, modifications et transactions comprises ... On ne voit pas l'intérêt d'un mandat #BlackBox #Madoff #RienDeNouveau

    Mathieu Hamel, CEO de Marie Quantier

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