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dimanche 29 mai 2016

Amazon, la meilleure entreprise où échouer

Amazon
Comme d'autres géants technologiques (Apple, Google…), Amazon est connue à la fois pour ses grandes innovations et pour quelques ratés monumentaux. Or, selon son PDG, non seulement les échecs sont-ils une nécessité, mais leur ampleur ne peut aller qu'en croissant si l'entreprise veut continuer à faire une différence sur le marché.

Le point de vue iconoclaste de Jeff Bezos est extrait d'une interview qu'il a accordée au Washington Post (dont il est propriétaire), rapportée par Business Insider. Il y développe sa conviction qu'une organisation comme la sienne doit obligatoirement faire des paris toujours plus audacieux si elle veut continuer à croître au même rythme, dans la durée. Autrement dit, plus son activité se développe, plus ses innovations doivent être ambitieuses pour être significatives… et plus les inévitables échecs sont coûteux.

Un exemple typique de désastre a été le Fire Phone, premier smartphone créé par Amazon, lancé en 2014 et abandonné un an plus tard, après avoir englouti plusieurs centaines de millions de dollars d'investissement. Plus récemment, l'assistant vocal Echo – dont on peut supposer qu'il dispose d'un budget similaire – paraît devoir offrir un exemple de ce que peut représenter une réussite. Seules des expérimentations de ce calibre peuvent permettre au e-commerçant de faire des bonds en avant, les nombreux fiascos étant largement compensés (financièrement) par les rares succès.

Naturellement, une telle politique demande une détermination sans faille, d'une part lorsqu'il faut défendre (notamment face aux actionnaires) le lancement et le financement de gigantesques projets hasardeux et, peut-être encore plus, au moment de décider de mettre fin à une initiative sans avenir (et apprendre de ses erreurs). Cet état d'esprit – dont l'histoire du Fire Phone est parfaitement représentative – justifie qu'Amazon soit déclarée par Jeff Bezos comme le « meilleur endroit du monde où échouer ».

Amazon Fire Phone

En comparaison, l'innovation dans les entreprises traditionnelles (et dans les institutions financières en particulier) fait pâle figure, sur les deux plans : les ambitions restent souvent limitées – tout comme les budgets – et les revers sont interdits. Ainsi, il est typique que les grands groupes s'entichent du concept d'innovation frugale (en retenant surtout son côté économique, d'ailleurs), tandis qu'on ne compte plus les idées stériles qui mettent des années à mourir (au prix de gaspillages inconsidérés).

À une époque où la « disruption » est sur toutes les lèvres, elle ne restera qu'un mot vide de sens si elle ne s'accompagne pas d'une prise de risque à la mesure des enjeux de la transformation du monde. A minima, il ne faudrait pas perdre de vue que, dans le secteur financier, certaines startups (notamment parmi les néo-banques) ont elles-mêmes parfois des programmes de grande envergure, susceptibles de faire de l'ombre aux institutions historiques, en matière d'investissements et, donc, de résultats potentiels.

Article de Business Insider repéré grâce à Benoît Legrand (merci !)

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