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vendredi 11 mai 2018

Le micro-crédit attire l'industrie traditionnelle

Mastercard
Adoptant une démarche qui rappelle celle qu'Amazon a lancée il y a quelques années à destination des PME, Mastercard et Unilever unissent leurs forces afin de concevoir des solutions de micro-crédit dans les pays émergents et contribuer ainsi au développement du petit commerce qui en constitue le poumon économique.

Lancée d'abord au Kenya, qui devient progressivement le tremplin incontournable de l'innovation financière africaine, l'initiative part d'un constat simple et universel : les entrepreneurs dont l'activité repose exclusivement sur leur trésorerie sont limités non seulement dans leur potentiel de croissance mais également dans leur capacité à servir leur clientèle. Or ils ont difficilement accès au crédit via les circuits traditionnels, faute d'historique bancaire et d'instruments efficaces de mesure de leur fiabilité.

L'ambition de Mastercard et d'Unilever est donc de pouvoir permettre à ces personnes d'emprunter les sommes, généralement modestes, qui leur sont nécessaires pour approvisionner leurs boutiques en fonction des besoins de leurs clients – qu'ils connaissent parfaitement grâce à leur immersion profonde dans leur écosystème – et non plus seulement en fonction des fonds dont ils disposent au moment de passer commande. Une nouvelle approche de l'éligibilité au crédit rend cette hypothèse possible.

Le dispositif combine les informations dont dispose le fournisseur de produits – c'est-à-dire l'historique de sa relation commerciale avec les commerçants (achats, règlements, litiges…) – avec l'expertise du réseau de paiement en matière d'analyse de données. Le résultat prend la forme d'une recommandation d'attribution de prêt auprès d'une banque locale (Kenya Commercial Bank – KCB). Celle-ci peut alors offrir une ligne de micro-crédit au demandeur, assise sur une solution de paiement électronique Mastercard.

Mastercard + Unilever

Les premiers participants au programme, parmi quelques 5 000 candidats en cours d'enrôlement dans l'agglomération de Nairobi, semblent confirmer son efficacité puisqu'ils affichent une croissance moyenne de 20% de leurs achats chez Unilever. Cet indicateur m'incite cependant à émettre une réserve : en dépit de son engagement affirmé en faveur de l'inclusion financière, l'industriel poursuit un but commercial susceptible de créer un conflit d'intérêt. Et il n'est pas certain que l'accompagnement pédagogique de Mastercard (qui n'est pas exempte du même défaut) suffise à lever les doutes.

Si ces risques sont contrôlés, la démarche aura incontestablement un effet de déverrouillage dans le cercle vicieux du sous-développement par manque d'infrastructures financières. Et la dimension de ses initiateurs, outre qu'elle est un facteur de sa faisabilité (en raison de la masse de données qu'ils accumulent), présente aussi l'avantage de lui donner immédiatement un poids significatif, capable de faire évoluer la situation globalement. Elle pourra également contribuer à convaincre d'autres acteurs (fournisseurs et institutions financières) de les rejoindre. L'appel est lancé.

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