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samedi 24 octobre 2020

Trilo incite à changer de mode de paiement

Trilo
Depuis l'entrée en vigueur – certes toujours pas aboutie – de la deuxième directive européenne des services de paiement (DSP2), les tentatives de création d'un nouveau mode de paiement fleurissent… sans grand succès. La jeune pousse britannique Trilo est une des premières à se pencher sérieusement sur les freins à l'adoption.

Fondamentalement, la solution proposée par la startup ressemble à toutes les autres dans sa catégorie (par exemple celle d'Arkéa). Utilisable aussi bien en boutique, via un QR code à capturer avec son application mobile, que sur les sites de e-commerce, par l'intermédiaire d'un bouton dédié qui renvoie vers sa plate-forme en ligne, son principe consiste à exploiter les services d'initiation de paiement requis par la réglementation afin d'exécuter un transfert du compte bancaire du client vers celui du marchand.

Or ces outils, bien qu'ils fonctionnent parfaitement et parviennent, dans leurs déclinaisons les plus soignées, à offrir une expérience utilisateur optimale, connaissent des difficultés à s'imposer auprès de leur cible. À cela, une raison triviale : l'habitude de la carte (voire, maintenant, de sa variante dématérialisée sur smartphone), facile à manipuler, acceptée quasiment partout… et devenue standard incontournable, un demi-siècle après sa naissance. Il faut donc des arguments convaincants pour changer les usages.

Voilà exactement le sujet sur lequel Trilo met toutes ses forces, au moins pour son démarrage, le temps d'atteindre (si tout va bien) la dynamique d'acquisition qui l'entraînera vers une acceptation universelle, par les consommateurs et les commerçants. Pour ce faire, elle joue sur les quelques avantages majeurs de son socle technologique, à destination de ses deux cibles : la sécurité et la protection intrinsèque des moyens de paiement, le faible coût des transactions et la rapidité de mise à disposition des fonds.

Trilo

D'un côté, les entreprises se voient de la sorte promettre une absence totale de commissions sur leurs encaissements, la startup se rémunérant exclusivement par un principe d'abonnement mensuel modeste, à différents paliers, selon le volume d'activité. En outre, le versement des recettes est effectué (presque) en temps réel (grâce aux « faster payments » largement répandus au Royaume-Uni, peut-on supposer), contre plusieurs jours avec les contrats existants (et leurs processus datant du siècle dernier).

En ce qui concerne les acheteurs, ce sont des cadeaux sur toutes leurs opérations qui sont mis en œuvre afin de renforcer l'attractivité initiale de Trilo et encourager son utilisation régulière. Les commerçants sont mis à contribution dans ce but (ce qui, il est vrai, limite les économies dont ils bénéficient, mais cet effort devrait être temporaire), soit en accordant directement une réduction (minime, de 1%) sur leurs ventes, soit en proposant une promotion équivalente plus spécifique à leur enseigne.

Rien ne permet de garantir que ces petits plus et la communication qui les entoure suffiront à engendrer un mouvement de conquête massive. Cependant, à l'heure ou l'écosystème bancaire européen se lance dans un ambitieux projet de développement d'un dispositif de paiement concurrent des acteurs américains dominants (Visa et Mastercard), la démarche pourra peut-être constituer une référence, le moment venu. Car le déploiement d'un nouveau système ne suffira jamais à séduire les clients !

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