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mardi 6 juillet 2021

Les français se désintéressent-ils de l'ISR ?

La Banque Postale
Selon une enquête réalisée pour le compte de La Banque Postale et de Cashbee, les français ne se sentiraient pas concernés par l'investissement socialement responsable (ISR). En réalité, il existe probablement de nombreuses autres manières de décrypter les résultats obtenus, mettant en lumière des lacunes criantes à différents niveaux.

Au hasard des réponses collectées auprès d'un échantillon représentatif de la population (majeure) du pays, on découvre, entre autres, que les critères de choix d'un produit sont, par priorité décroissante, sa sécurité, sa rentabilité, sa liquidité et sa simplicité. Les enjeux de l'ISR sont totalement ignorés, ce que confirme la méconnaissance du concept d'épargne responsable pour deux tiers des personnes et la conviction qu'elle est moins rentable qu'une solution traditionnelle, pour ceux qui sont avertis sur le sujet.

Alors que la conscience écologique semble désormais rencontrer un écho puissant dans la société, ces constats surprennent. Les plus cyniques, qui n'auront pas totalement tort, estimeront qu'une grande partie de ceux qui clament leur préoccupation pour l'avenir de la planète se contentent de belles paroles et n'ont aucune velléité d'action concrète. Les plus optimistes, si on peut dire, considèreront que la source du problème est le manque d'information et qu'une pédagogie adaptée permettrait d'améliorer la situation.

Je pense qu'il faudrait d'abord remonter aux origines profondes du désintérêt exprimé avant d'avancer des propositions de remèdes. Première question à se poser, y a-t-il de quoi s'alarmer à savoir que plus de 6 individus sur 10 n'ont jamais entendu parler d'ISR ? Ne s'agit-il pas « simplement » de la majorité qui ne dispose pas d'épargne, au-delà, au mieux, de quelques instruments génériques vendus plus ou moins de force par leur banquier ? Avant d'aller plus loin, que connaissent-ils donc de l'investissement ?

Cashbee+

En outre, s'ils possèdent quelques notions, la plupart les auront acquises auprès de leur conseiller habituel, Or ce dernier leur aura inculqué à l'envi les quatre critères essentiels d'un support d'épargne… qui sont ceux que répètent logiquement les consommateurs. Quarante ans de matraquage d'assurance-vie ont fini par pénétrer les cerveaux. Certes, la mise en avant d'une dimension supplémentaire peut aider à évoluer, comme le montre la proportion plus élevée d'adeptes d'ISR chez les épargnants digitaux, plus exposés.

Cependant, la difficulté fondamentale reste toujours la même : l'absence d'éducation financière sérieuse parmi les citoyens, surtout en matière d'épargne. Ce qui les conduit ensuite, quand ils n'ont qu'un vernis pour tout bagage, à soupçonner des manœuvres de marketing et de « greenwashing » ou à croire les premières rumeurs entendues (sur le rendement, par exemple). En résumé, le besoin de pédagogie ne se limite pas à l'ISR, il doit impérativement embrasser la thématique de l'argent dans toute son exhaustivité !

Enfin, dans cette démarche, il faudra prendre garde d'éviter la tentation de propager des contre-vérités ou des demies vérités. Soyons clair et précis : l'investissement responsable sous sa forme actuelle n'a en général aucun impact positif pour l'environnement ou la société, tout au plus peut-il être qualifié de passivement acceptable. Ceux qui mentent aujourd'hui à leurs clients ne devront pas s'étonner de perdre leur confiance demain, quand ils comprendront qu'ils ne contribuent qu'au fonctionnement des marchés.

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