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dimanche 14 novembre 2021

Être client sociétaire, ça veut dire quoi ?

Crédit Agricole
Ce n'est pas moi qui pose la question, mais le Crédit Agricole. Et il faut bien admettre qu'elle mérite quelques réponses concrètes alors que le mutualisme, qui représente pourtant une approche particulière des services financiers, reste souvent obscur pour les consommateurs. Peut-être vaudrait-il également de le réinventer pour le XXIème siècle ?

Les origines du mouvement sont maintenant lointaines, un peu oubliées, et, que ce soit à travers leurs produits, leurs comportements vis-à-vis de leurs clients ou leurs relations parfois ambiguës avec la bourse (où évoluent leurs filiales cotées), il n'est pas toujours aisé de comprendre le positionnement des structures coopératives en comparaison des entreprises organisées en sociétés anonymes. Alors, si, selon le slogan du Crédit Mutuel, « une banque qui appartient à ses clients, ça change tout », où est donc la différence ?

La réponse n'a malheureusement rien de très convaincant. Dans un registre relativement générique, qui peut tout autant être adopté par n'importe quelle institution, indépendamment de son statut juridique, il est question de présence locale, au cœur des territoires, pour l'animation et le développement des activités de proximité, notamment grâce à l'épargne collectée. Certes, un moyen d'influence spécifique est la participation aux assemblées générales et à l'élection des mandataires des caisses locales.

Cette faculté, vraiment différenciante par le principe sous-jacent d'égalité des voix des sociétaires (par opposition à l'invisibilité des actionnaires minoritaires), souffre cependant de la crise globale de la représentativité démocratique et soulève les questions habituelles : quel est vraiment le pouvoir d'un individu sur les décisions prises au sommet de la pyramide, où les critères de marché semblent prendre l'ascendant sur tout autre ? Enfin, je passe sur les avantages, tarifaires ou autres, qui relèvent plutôt du gadget.

Sociétaire Crédit Agricole

À l'ère « digitale », il devrait certainement être possible d'imaginer des mécanismes adaptés, susceptibles de revigorer un modèle vieux de plus de 150 ans. Les moyens de communication dont nous disposons aujourd'hui devrait permettre, par exemple, d'introduire un régime avancé de participation active et collective à la gouvernance, aussi bien à l'échelle locale que nationale, même si ce n'est que de manière informelle. Ainsi, pourquoi ne pas imaginer, afin de stimuler l'implication des intéressés, des options ad hoc intégrées dans les applications web et mobile qu'ils utilisent régulièrement ?

Les enjeux climatiques, parmi d'autres, constituent une thématique parfaite pour initier une telle démarche. Au lieu de se contenter de grandes déclarations abstraites, dont la sincérité et la valeur sont faciles à mettre en doute, n'est-il pas envisageable de demander directement leur avis aux sociétaires sur les secteurs à exclure des financements ou les conditions à remplir pour bénéficier d'un crédit ? Naturellement, il faudrait pour cela que les acteurs mutualistes soient prêts à prendre de sérieux engagements et les tenir…

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