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jeudi 16 décembre 2021

Les calculateurs de CO2 envahissent la banque

Visa
Après une première vague de néo-banques cherchant à attirer l'attention des consommateurs sur les enjeux environnementaux, les institutions financières historiques – Mastercard, Visa, TSB, pour ne citer que celles-là – s'emparent progressivement de l'idée d'intégrer un calculateur d'émission de gaz à effet de serre dans les applications bancaires.

Partant de l'axiome (incontestable) qui veut qu'on ne peut agir que sur ce qu'on mesure, toutes ces initiatives sont essentiellement basées sur des outils d'analyse capables d'estimer, pour chaque transaction enregistrée sur un compte, l'équivalent de CO2 libéré dans l'atmosphère. Ainsi averti, le citoyen est alors censé prendre conscience des conséquences de ses comportements de dépenses et infléchir ses habitudes pour les réduire, et contribuer de la sorte à la lutte contre le réchauffement climatique.

Malheureusement, dans la réalité, ce principe théorique ne fonctionne pas, comme l'a largement démontrée sa tentative d'application à la gestion de finances personnelles : le seul affichage de la situation et des événements passés ne suffit pas à induire un changement viable, même lorsqu'il s'accompagne de commentaires et d'explications sur les erreurs commises. Ce n'est qu'en ajoutant des recommandations pratiques, faciles à suivre, appuyées par des modèles prédictifs, qu'on peut espérer influencer les attitudes.

Cependant, dans le contexte de la mesure d'impact, une difficulté supplémentaire surgit : l'absence de référentiel (relativement) objectif. Autant il est possible de définir une sorte de norme universellement acceptée pour une bonne gestion de l'argent (équilibre du budget, épargne minimale, attention à l'endettement…), autant l'individu moyen n'a pas la moindre notion de ce que devrait être son empreinte carbone « idéale » et aura alors naturellement tendance à rejeter des injonctions qui lui paraissent arbitraires.

Ecolytiq – Every transaction as an impact

En résumé, les évaluations d'émission présentées par les différents calculateurs disponibles sur le marché, quelle que soit leur précision, sont totalement abstraites pour l'immense majorité de la population, tout comme les effets véritables des gestes qui pourraient leur être suggérés en la matière. La première amélioration à introduire pour leur redonner un peu de sens et d'utilité devra donc consister en une approche pédagogique, donnant à comprendre à quoi correspondent les chiffres affichés et, surtout, comment ils s'articulent avec le problème global, ce qui est autrement complexe.

Peut-être faudrait-il, par exemple, fixer une cible théorique, alignée avec les objectifs gouvernementaux, de manière à ancrer les achats du quotidien vis-à-vis des grandes annonces qui font l'actualité ? Encore s'agirait-il d'éviter une perspective anxiogène, qui risquerait de tuer les bonnes volontés… Dans ce dernier registre, il serait d'ailleurs utile d'éviter de faire porter toute la responsabilité sur le consommateur, alors que les banques ont aussi un rôle majeur à jouer. Pourquoi, entre autres, leurs outils ne prennent-ils en compte que les transactions et non les impacts des produits d'épargne ?

Comme avec le PFM, les démarches initiées par les institutions financières afin d'aider les consommateurs à assumer leur part dans le défi environnemental auquel nous sommes tous confrontés constituent un pas dans la bonne direction. Toutefois, s'ils ne sont pas suivis d'efforts additionnels, susceptibles de stimuler un engagement concret, ils resteront lettre morte. Leurs prochaines évolutions permettront de distinguer les enseignes n'ayant qu'une conception superficielle du sujet de celles qui l'abordent sérieusement.

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