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jeudi 14 décembre 2023

Une carte de crédit éducative ?

BMO
Quand BMO annonce une carte de crédit qui « aide à bâtir de bonnes habitudes financières », je crois naïvement qu'il est question de mieux accompagner les consommateurs dans l'usage des puissantes et dangereuses capacités de leur instrument de paiement. Hélas, à l'exception d'un gadget superficiel, il n'en est évidemment rien.

La communication officielle est pourtant alléchante : rappelant les attentes explicites des jeunes générations qu'elle cible en priorité en matière d'apprentissage des arcanes de la gestion de leurs finances personnelles – épargne et investissement, pilotage budgétaire, score de crédit, prêt hypothécaire… –, la banque présente sa carte « eclipse rise » comme un moyen d'appréhender ces sujets, en proposant des outils pratiques qui les orientent vers des dépenses responsables et améliorent leurs connaissances.

Comment la promesse se traduit-elle concrètement ? D'emblée, la panoplie traditionnelle est au rendez-vous, depuis les récompenses (sous forme de « cashback ») sur les achats réalisés, dont certaines sont bonifiées, jusqu'au taux d'intérêt de presque 21% sur l'encours. La seule originalité du package est l'attribution de primes additionnelles pour les clients qui règlent la totalité de leur solde chaque mois pendant un an ou qui utilisent au moins 12 000 de leurs points cadeaux pour les remboursements.

Encore faut-il relativiser l'avantage apparent : chacun de ces gestes rapportera 2 500 points, à comparer, par exemple, au bonus spécial de 20 000 points qui attend ceux qui dépenseront plus de 1 500 dollars durant le premier trimestre suivant leur souscription. Autant dire que l'incitation à ne pas laisser courir l'endettement est pour le moins modeste, tandis que l'encouragement à acheter reste au contraire la principale préoccupation de l'établissement. Quant à l'éducation financière, elle est invisible.

BMO eclipse rise

La déception est d'autant plus sévère que l'opportunité est indéniable, surtout dans la période actuelle de difficultés face à l'augmentation du coût de la vie et de niveaux records des encours sur les cartes de crédit (aux États-Unis, mais le Canada est probablement affecté de manière similaire). Il serait pourtant tellement plus sain de procurer aux porteurs une plate-forme capable de guider leurs pratiques, via des alertes sur leurs excès et des recommandations de changement dans leurs comportements, et de les entraîner dans une exploitation raisonnée des possibilités offertes.

Naturellement, les émetteurs – comme les fournisseurs de solutions de paiement fractionné, incidemment – sont extrêmement réticents à adopter de telles démarches, dont ils estiment qu'elles nuiraient à leurs revenus. Mais, comme toujours, ce raisonnement est à courte vue. L'exercice de « wellness-washing » opéré par BMO révèle toutefois une tendance positive : sa tentative montre en effet que les considérations de littératie et de bien-être financiers commencent à s'imposer dans le grand public et que les banques prennent conscience de l'enjeu de les intégrer…

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