J'ai déjà eu l'occasion d'aborder ici la dérive qui s'installe dans le secteur financier de considérer que les enjeux environnementaux concernaient prioritairement les clients, particuliers et entreprises. Dans son dernier rapport de progrès, ING semble maintenant reporter toute la responsabilité sur eux, comme si elle-même était exemplaire.
Les actions engagées afin d'évaluer et accompagner la réduction du bilan carbone de ses investissements et de ses clients sont renforcées. Depuis son outil ESG.X, qui lui permet d'analyser les résultats des 2 000 plus importants, et son renoncement au financement des énergies fossiles, la banque affirme prendre désormais des résolutions drastiques, pouvant aller jusqu'à la clôture de la relation avec les organisations qui ne feraient pas d'efforts suffisants (osera-t-elle vraiment le faire ?).
Si elles ne les font pas fuir, ces initiatives parviendront peut-être à encourager les intéressées à mieux maîtriser leur impact. Mais elles ne masquent pas l'absence incongrue de toute référence aux émissions directes d'ING dans une communication qui prétend embrasser l'ensemble de la thématique du climat. Quand on sait que l'informatique devient un des premiers domaines d'émissions de gaz à effet de serre et de consommation d'eau, qui s'aggrave de manière dramatique avec la popularité de l'IA, et que l'industrie financière en est très consommatrice, l'oubli est impardonnable.
En conséquence, les clients de l'établissement – à commencer par les grands groupes – sincères dans leur volonté de prendre soin de la planète devrait le prendre à son propre jeu et exiger de sa part une mesure objective de son empreinte – a priori facile à fournir car elle est aujourd'hui normalement intégrée dans les déclarations réglementaires – ainsi qu'un programme concret et chiffré de réduction – plus difficile… – assorti d'une supervision indépendante. Et s'ils ne sont pas satisfaits des informations qu'ils obtiennent, ils pourraient, eux aussi, menacer de mettre un terme à la relation.
Certes, les banques jouissent d'une position privilégiée pour inciter, voire contraindre, les entreprises à mieux prendre en compte le défi climatique. Mais outre qu'elles en usent essentiellement dans une logique punitive, dont on sait qu'elle s'avère souvent inefficace, elles ne peuvent adopter une posture de prescriptrices si elles ne sont pas elles-mêmes absolument irréprochables, dans les faits et dans leur présentation. La tendance actuelle à une croissance vertigineuse des technologies « digitales » conduit à une tentation de dissimulation de leur contribution intenable à long terme.
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