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mardi 22 décembre 2015

TransferWise entre dans la banque

TransferWise
Coutumière de campagnes marketing virulentes contre les banques et leurs politiques tarifaires « abusives », la jeune pousse TransferWise semble maintenant prête – selon le Financial Times – à entamer des collaborations avec elles et leur permettre d'intégrer ses services de transferts internationaux au sein de leurs propres offres.

Pour l'instant, le seul accord effectivement conclu concerne LHV Bank, dont l'application mobile devrait proposer à ses utilisateurs les nouvelles options d'envoi d'argent à l'étranger, à partir du début de l'année prochaine. Il s'agit d'un pas important dans la stratégie de la startup, mais sa signification peut malgré tout être relativisée, en raison du caractère particulièrement innovant de la plus importante banque estonienne (elle reste, par exemple, l'une des seules au monde à déployer des solutions basées sur bitcoin).

Après cette première étape, l'ambition de conquérir les grands acteurs britanniques, avec lesquels des discussions seraient en cours, représente un défi d'une autre dimension, autant pour TransferWise que pour ses partenaires potentiels. En effet, chez ces derniers, il ne sera pas seulement question de vaincre les réticences habituelles face à une coopération avec une jeune pousse (qui sont, d'ailleurs, peut-être moins marquées en Grande-Bretagne). Il leur faudra également accepter de faire entrer dans leur pré carré un concurrent féroce, qui cherche à s'emparer d'une partie de leur marché !

TransferWise sur iPad

C'est donc un processus d'auto-canibalisation que devraient assumer les banques envisageant d'intégrer les services de TransferWise. Les raisons de le faire ne manquent pas, car, en dépit de la difficulté à faire évoluer les comportements des consommateurs, surtout quand il est question d'argent, la startup rencontre un succès important et son impact sur les modèles traditionnels commence certainement déjà à se faire ressentir. Dans ces conditions, mieux vaut se joindre au mouvement que de persister dans une approche condamnée à disparaître à plus ou moins brève échéance.

À l'inverse, les freins sont nombreux. L'inertie légendaire des institutions financières n'est pas seule en cause. Il faut également composer avec les fâcheux qui croiront jusqu'au dernier moment que leurs vieilles méthodes sont seules viables et qu'un nouvel entrant n'a aucune chance de s'imposer (même quand les chiffres disent le contraire). Encore ces égarements peuvent-ils être maîtrisés. Le plus grand danger que courra une banque sera de lancer une initiative interne, imaginant qu'elle peut facilement répliquer le concept de TransferWise, sans révolutionner ses pratiques historiques…

Alors, une banque (autre que la modeste LHV Bank) osera-t-elle réellement franchir le pas du partenariat ? On ne retiendra pas son souffle, mais ce serait un signe de maturité extraordinaire, signalant un vrai changement de culture, et prometteur pour l'avenir. Car, afin de survivre à l'accélération du monde digital, les entreprises n'auront bientôt d'autre choix que d'intégrer des produits et services fournis par des tiers, y compris quand ceux-ci doivent remplacer des offres existantes, moins efficaces.

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