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mardi 19 septembre 2017

Google et les paiements, épisode indien

Tez
Depuis des années, inlassablement, Google essaie de prendre pied, sans grand succès, dans le marché convoité des porte-monnaie mobiles. Rien ne permet d'affirmer que sa nouvelle tentative, en Inde, sera plus fructueuse, mais elle introduit suffisamment d'originalité – pas exclusivement liée à la culture locale – pour mériter de s'y attarder.

Après des efforts concentrés principalement sur les États-Unis, l'intérêt du géant du web pour l'Inde n'a rien de surprenant, entre une population immense, qui s'équipe rapidement de smartphones (avec déjà plus de 300 millions d'adeptes à ce jour) et une culture financière basée sur le cash, dont le gouvernement souhaiterait ardemment se débarrasser, ce pourquoi il ne ménage pas ses efforts. Le terrain s'avère donc parfait pour expérimenter de nouvelles idées, dans un contexte différent.

En pratique, Tez est une application mobile, pour iOS et Android, destinée à prendre en charge les échanges d'argent entre particuliers ainsi que les paiements commerciaux, en boutique et en ligne. Toujours fidèle à sa philosophie, Google fournit l'ensemble de ces services gratuitement, son modèle économique reposant (selon toute vraisemblance) sur une offre de marketing personnalisé à destination des marchands (depuis des rappels intelligents sur les transactions récurrentes jusqu'à la gestion de promotions).

Un des principaux avantages de l'Inde pour le lancement d'un tel produit est qu'il peut s'appuyer sur une infrastructure de paiements quasiment universelle (UPI), qui permet à Google de connecter sa solution directement aux comptes bancaires de ses utilisateurs. Non seulement les coûts de transactions sont-ils de la sorte réduits par rapport aux classiques cartes de crédit mais, surtout, la gestion effective des flux s'en trouve-t-elle considérablement simplifiée, puisque assurée entièrement par les banques.

Tez

Dans un registre différent, Tez donne l'occasion à Google de tester un angle d'attaque inédit afin de convaincre les consommateurs de l'adopter, sans nécessairement réinventer le concept du paiement via mobile. En l'occurrence, plutôt que de vanter d'abord la facilité d'utilisation, dans les transferts entre personnes, c'est l'argument de l'anonymat qui est privilégié, de manière à établir une équivalence de la solution avec l'usage actuel des espèces, avant d'exposer sa supériorité, par exemple en matière de sécurité.

La technologie retenue pour gérer des transferts de proximité sans aucun échange d'information personnelle (numéro de téléphone, adresse mail, coordonnées de compte bancaire…) rappellera de vieux souvenirs aux nostalgiques du paiement par « bump » introduit par Paypal en 2010 (et dont le fournisseur fut acquis plus tard par… Google). Ici, toutefois, l'ordre de virement est transmis par le son (à l'instar du NSDT du français TagPay), jugé plus fiable que son prédécesseur, plus efficace que le QR Code et, naturellement, plus universel que le NFC, toujours fermé sur les terminaux d'Apple.

Une infrastructure accueillante et une proposition de valeur réinventée : voilà tout ce qu'il faut à Google pour entamer sa énième itération sur le marché des paiements via mobile, dans laquelle, plus que jamais, l'expérience utilisateur est sa seule préoccupation. Et même si l'Inde est loin de chez nous, l'approche ne pourrait-elle se décliner dans une Europe qui veut ouvrir les services bancaires aux tiers (avec la DSP2) et où, au moins dans certains pays, existe un désir d'anonymat stimulant le recours à l'argent liquide ?

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