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dimanche 12 juillet 2020

Le score de crédit modulé par la résilience

FICO
Crise sanitaire puis financière oblige, l'industrie du crédit redouble de prudence dans l'attribution de financements au grand public. Afin de mieux éclairer les décisions, FICO, le spécialiste de la mesure de fiabilité des emprunteurs, enrichit son traditionnel score d'un nouvel index destiné à évaluer leur résilience durant les périodes troublées.

Jusqu'à aujourd'hui, le réflexe naturel en cas de retournement de l'économie consiste à resserrer les critères d'éligibilité, par exemple en relevant les conditions minimales requises pour accorder un prêt à la consommation ou hypothécaire. Pourtant, les événements externes n'affectent pas tous les consommateurs à l'identique. Les personnes dont la situation y est peu sensible se trouvent alors injustement pénalisées, tandis que les institutions financières ratent des opportunités sans danger.

Voilà pourquoi FICO propose à ces dernières, pour l'instant en mode expérimental uniquement, un instrument supplémentaire qui leur permettra de moduler leurs décisions selon l'impact potentiel d'une crise sur le niveau de risque de leurs clients. En considérant que ceux qui ont, entre autres, de l'expérience en matière de crédit, peu de comptes actifs, un faible encours de dettes… sont statistiquement moins exposés à la conjoncture, l'index de résilience pourra renforcer la solidité d'un dossier en ballotage.

Au-delà de son applicabilité dans la qualification des demandes de financement en tout genre, les usages envisagés pour cet indicateur sont multiples. Ainsi, dans le contexte immédiat de la pandémie, il sera certainement apprécié des investisseurs désireux de racheter des portefeuilles de prêts dont la qualité en subit les contrecoups directs. Au long cours, il pourrait également devenir un outil indispensable de pilotage stratégique, améliorant les capacités d'anticipation des établissements de crédit.

FICO Resilience Index

Rétrospectivement, l'intégration d'un facteur de résilience dans la validation des emprunteurs paraît tellement évidente que je me demande comment il peut se faire qu'il n'ai pas été pris en compte plus tôt (voire depuis toujours). Pour enfoncer le clou, FICO estime d'ailleurs que son introduction après la dépression de 2008 aurait pu conduire, aux États-Unis, à la distribution de 600 000 prêts hypothécaires supplémentaires entre 2010 et 2015, ce qui aurait contribué à une accélération du redressement du pays.

Cependant, de sérieux doutes planent sur la méthode de calcul employée. En effet, s'il faut en croire les informations fournies à ce stade, seules sont prises en compte les pratiques de crédit des individus, qui ne sont, au mieux, que des reflets d'un comportement général supposé plus apte à résister à un choc. Or il existe aussi des éléments objectifs susceptibles de donner un aperçu plus concret et plus précis de cette faculté à faire face à une crise, et certains d'entre eux sont relativement accessibles.

À titre d'illustration, un des commentaires à l'annonce officielle évoque notamment la sécurité des revenus : sachant qu'une des conséquences les plus dramatiques, à grande échelle, d'une récession – sur la capacité de remboursement comme sur d'autres aspects de la vie de la population – est la perte de l'emploi, certaines catégories de postes (médecins, policiers, militaires…) devraient bénéficier d'un surcroît de confiance.

En conclusion, la démarche de FICO émane d'un constat simple et d'un besoin, incontestable, qu'il était probablement difficile de satisfaire jusqu'à récemment. En revanche, sa réponse, basée sur une approche historique, n'est guère appropriée à une époque où, justement, la « digitalisation » du monde fournit des possibilités quasiment infinies d'exploiter des données extrêmement riches susceptibles de rendre les algorithmes plus performants et d'améliorer considérablement la prise de décision.

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