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jeudi 13 juin 2024

Apple Intelligence, une approche ciblée de l'IA

Apple
Contrairement aux autres géants technologiques, Apple prend son temps avant de monter dans le train de l'intelligence artificielle, s'attirant autant de critiques que Google et les erreurs de jeunesse qu'a provoquées sa précipitation. Il restera encore à évaluer ses facultés réelles mais sa solution, désormais en approche, a au moins une qualité qui mérite l'attention des entreprises hésitant à se lancer.

Fidèle à son obsession de l'expérience utilisateur, la marque à la pomme choisit donc d'intégrer de « petits modèles » d'IA générative au cœur de ses produits, là où elle est susceptible d'apporter une véritable valeur ajoutée, de manière quasi invisible. Voilà une rupture majeure avec l'habitude qui s'est maintenant installée de promouvoir des dispositifs arborant fièrement leur étiquette technologique (certes à la mode), avec des velléités universalistes qui trahissent une absence de réflexion sur l'usage.

La méthode d'Apple présente deux avantages significatifs. D'abord, la spécialisation de ses composants, qui peut tout de même se décliner sur une multitude de domaines différents, autorise leur exécution sur un socle matériel modeste, sans exigence de puissance démesurée (en l'occurrence un téléphone). Non seulement s'agit-il d'une excellente nouvelle pour l'environnement, cela rend possible une exploitation respectueuse des données sensibles, qui n'ont plus à être transmises et partagées.

L'autre bénéfice concerne la qualité des algorithmes mis en œuvre. En effet, les variables prises en compte pour une fonction chargée de résumer un texte ou de dessiner un émoji personnalisé sont automatiquement restreintes, ce qui limite drastiquement les risques d'anomalies et autres hallucinations. Il est en outre plus facilement envisageable, dans ces circonstances, de poser des garde-fous sur les résultats fournis, par exemple par l'intermédiaire de filtres plus ou moins statiques.

Apple Intelligence

Naturellement, la contrepartie réside dans l'étroitesse du périmètre couvert par chacune de ces « mini-modèles », qui ne sont donc pas en mesure de traiter n'importe quelle demande. Apple résout la difficulté en proposant à l'utilisateur de compléter sa réponse via l'interrogation d'une des plates-formes généralistes du marché (dans un premier temps, ce sera ChatGPT), sacrifiant au passage un peu de la transparence des interactions… et les autres avantages évoqués précédemment, bien entendu.

On perçoit bien à ce stade de la description en quoi la démarche de la firme de Cupertino peut inspirer les organisations – dont, en particulier, les institutions financières – qui se précipitent sur l'intelligence artificielle et engagent d'innombrables expérimentations… qu'elles rechignent ensuite à déployer, par crainte, notamment, de fuites d'informations confidentielles ou des conséquences négatives sur leur image, voire sur leur portefeuille, qu'aurait la moindre imperfection de leurs applications.

Il vaut certainement mieux, comme Apple, oublier, pour l'instant, les assistants virtuels qui se prétendent omniscients et se concentrer sur des fonctions précisément ciblées, sur lesquelles l'apport de l'IA est à la fois important et indiscutable, et faire l'effort d'entraîner des modèles dédiés à ces tâches. Il sera alors tellement plus simple de les amener à un niveau de maturité digne de les mettre entre les mains des clients (entre autres)… et de contrôler qu'ils remplissent correctement le rôle qui leur est assigné.

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