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mercredi 12 juin 2024

Risque climatique et systèmes financiers

MAS
Les risques climatiques font peser une menace de plus en plus sérieuse sur la stabilité des systèmes financiers… qui impose donc de les mesurer. Dans cette perspective, l'autorité monétaire de Singapour a collaboré avec la structure d'innovation de la banque des règlements internationaux afin de mettre au point un premier cadre d'évaluation.

À travers son projet Viridis, la BIS a d'abord travaillé sur l'identification et la formalisation des innombrables dimensions dans lesquelles s'exercent les impacts du changement climatique sur les institutions financières, dont la complexité intrinsèque, les données parfois lacunaires et le manque de compréhension des phénomènes (et de leurs implications) rendent la tâche extrêmement difficile. Le résultat est une plate-forme destinée à aider les régulateurs à surveiller et maîtriser les risques associés.

Conçue avec la MAS singapourienne et plusieurs de ses consœurs dans le monde (entre autres pour la fourniture de données de référence), celle-ci vise non seulement à définir les principales caractéristiques et les métriques essentielles au suivi mais elle comprend également des outils qui en facilitent la collecte. Le recours à des modèles de traitement du langage naturel permet en effet d'extraire et synthétiser les informations requises depuis les documentations règlementaires publiées par les entreprises.

Les indicateurs ainsi rassemblés portent sur les émissions indirectes de gaz à effet de serre, les expositions à des risques matériels et des analyses prospectives déclinées sur différents scénarios d'évolution du climat. Reconnaissant que, devant l'ampleur du chantier à réaliser, les éléments disponibles dans cette itération sont encore embryonnaires, ses promoteurs soulignent que le système ne fournira qu'un aperçu de la situation des banques… dont il restera à approfondir les points d'alerte.

Projet Viridis

L'urgence justifie cette sorte de précipitation, particulièrement inhabituelle dans l'univers de la finance et encore plus de sa supervision, qui préfèrent généralement mûrir leurs initiatives et prendre le temps de les expérimenter et de les valider avant de les déployer. Clairement, les responsables prennent désormais conscience des conséquences imprévisibles mais indubitablement considérables de la crise environnementale sur leur périmètre de responsabilité… à savoir la stabilité de l'économie.

En supposant qu'il soit partagé avec ses briques technologiques, il va maintenant falloir mettre en œuvre le cadre qui a été préparé, dans sa forme rudimentaire, à la fois au niveau des autorités mais également des institutions financières, afin qu'il puisse jouer son rôle de garde-fou au plus tôt, aux côtés des mécanismes de contrôle prudentiel existants. Le choix d'une démarche relativement automatisée devrait simplifier l'adoption mais le cycle décisionnel restera bien sûr le principal obstacle à franchir.

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