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jeudi 22 août 2024

Les technologies émergentes peinent à émerger

Gartner
Comme à chaque mois d'août, Gartner publie la nouvelle édition de son incontournable cycle des tendances (« hype cycle ») des technologies émergentes et, comme il arrive de plus en plus souvent, je m'étonne du peu d'évolution intervenue d'une année sur l'autre, aussi bien concernant les thèmes sélectionnés que sur leur maturité.

Sans surprise, le haut de l'affiche reste évidemment réservé à l'intelligence artificielle. En dépit des projections, forcément lointaines et incertaines, vers l'autonomie – entre agents virtuels et clients robots, notamment –, il faudra surtout retenir la descente qu'entame l'IA générative dans le puits de désillusions, déjà anticipée en 2023, accompagnant logiquement la transition des entreprises de la phase de découverte vers la recherche de cas de mise en œuvre opérationnels et sources de valeur.

Viennent ensuite les solutions d'augmentation de la productivité des développeurs logiciels. Le sujet est toujours aussi critique dans un contexte de pénurie des talents et de besoins en croissance exponentielle, mais les promesses, dont la principale et la plus transformante repose – là encore – sur des capacités spécialisées d'intelligence artificielle, peinent à se concrétiser à grande échelle et, irrémédiablement (?) coincées vers le pic des attentes excessives, n'avancent que de façon marginale sur la courbe.

Le constat est quasiment identique pour les réponses aux problématiques de sécurité et de protection de la vie privée. L'actualité quotidienne nous montre régulièrement l'urgence à laquelle les entreprises doivent faire face… mais les nouvelles approches ne parviennent résolument pas à s'imposer, entre leurs limitations intrinsèques, en attente de percée magistrale (par exemple dans le cas du chiffrement homomorphique), et les excès de prudence des responsables face à des outils non éprouvés.

Gartner Hype Cycle Emerging Technologies 2024

Dernier grand domaine couvert, l'« expérience totale », qui envisage une convergence des préoccupations vis-à-vis de l'ensemble des parties prenantes, essentiellement clients et collaborateurs. Elle rebondit sur des concepts qui occupent le « hype cycle » depuis 2016, même si l'accent n'est plus autant mis sur les interfaces immersives (qui persistent malgré tout à travers l'« informatique spatiale »), mais il est difficile de percevoir ce qui rendra cette fois plus probable la réalisation des prédictions.

La stabilisation observée depuis quelque temps est à mon avis due à la conjonction de deux facteurs. D'une part, l'innovation technologique a sensiblement changé par rapport à la décennie précédente : au lieu d'un foisonnement d'idées, petites et grandes, certaines faciles à déployer, d'autres plus complexes, nous sommes entrés dans une ère où seules les ruptures majeures sont considérées… mais avec une immense exagération. D'autre part, par leur impact potentiel, celles-ci ont beaucoup plus de mal à pénétrer dans des organisations (re)devenues conservatrices tandis que la retombée médiatique rapide de beaucoup de ces tendances encourage le scepticisme.

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