Le fournisseur britannique de technologies financières EV dévoile un nouveau simulateur permettant aux conseillers (notamment pour des raisons de conformité réglementaire) de mieux éclairer leurs clients sur les conditions de leur future retraite. Ce qui m'inspire une question (inquiète) : l'industrie en est-elle donc encore là en 2025 ?
L'intégration de cette fonction dans la plate-forme de planification financière EVPro de l'éditeur découle directement d'une demande de ses utilisateurs. Celle-ci relève du besoin pressant que ressentent les professionnels du secteur face à une échéance imminente fixée par la FCA. En effet, une revue spécifique du conseil dans le domaine de la préparation de la retraite est prévue l'année prochaine, dans le cadre plus large des exigences (récentes) relatives à la garantie (démontrable) d'agir toujours en faveur du client (« consumer duty »), en particulier en matière d'investissements.
Le dispositif déployé affiche des ambitions élevées par rapport à cet objectif. Alimenté par une batterie d'informations de référence – comprenant estimation des revenus (y compris ceux versés par les régimes publics), vue d'ensemble des actifs détenus, âge de départ envisagé, espérance de vie, divers scénarios macro-économiques… –, il applique des modèles sophistiqués – mais qui ne me semblent pas révolutionnaires – afin de déterminer un montant annuel disponible moyen après la fin d'activité.
Des hypothèses différentes peuvent être testées dans le cas des personnes qui cherchent à définir leur stratégie pour atteindre un niveau de vie souhaité, en choisissant en outre un seuil de certitude sur le résultat obtenu. Précisons que ce dernier est exprimé en valeur actuelle, hors des effets de l'inflation (qui reste bien entendu prise en compte dans les évaluations), de manière à le rendre plus facile à appréhender. Et, naturellement, les modèles vont au-delà des projections simplistes aperçues çà et là.
Ma première interrogation touche à l'aspect novateur que l'initiative paraît revêtir dans sa présentation. Pourquoi les citoyens n'ont-ils pas déjà accès – sans intermédiaire, qui plus est, car il ne devrait pas être nécessaire de s'adresser à un conseiller dans ce but – à des outils de ce genre afin de surveiller par eux-mêmes comment leurs projets d'avenir s'alignent avec leur situation et leurs comportements (d'épargne, entre autres) ? Ils pourraient même s'accompagner d'assistants au calcul des besoins, en fonction du mode de vie rêvé à la retraite et des réalités du vieillissement, par exemple.
Dans un tout autre registre, il est tristement caractéristique de constater que les acteurs de la finance attendent une menace réglementaire pour enfin se préoccuper de procurer à leurs clients une perspective transparente et réaliste sur les conséquences probables des recommandations qu'ils leur prodiguent ou, plus généralement, de prendre en compte leurs attentes. Les autorités ne manqueront certainement pas de s'en souvenir, et de le leur rappeler (?), la prochaine fois qu'ils protesteront, en arguant qu'ils savent prendre leurs responsabilités, contre les contraintes qui leur sont imposées.
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