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samedi 3 mai 2025

NatWest institutionnalise la solidarité familiale

NatWest
Au Royaume-Uni, comme dans tant d'autres pays, le niveau extravagant des prix de l'immobilier rend l'acquisition d'un premier logement de plus en plus difficile. Afin d'aider ses clients à réaliser leur rêve au plus tôt, NatWest propose une formule de prêt hypothécaire qui intègre le recours à un coup de pouce de la famille.

Ce n'est pas un secret, la plupart des jeunes adultes souhaiteraient, comme leurs aînés, devenir propriétaires dès que possible… mais la réalité du marché – la baisse de leur pouvoir d'achat et les exigences croissantes des banques autant que la hausse des prix – retarde toujours plus leur capacité à passer à l'acte. Et, souvent, il font appel à leurs proches, sous une forme ou une autre, pour les aider à monter un dossier de financement crédible. NatWest rebondit sur ce constat et en fait une arme puissante.

Le principe de son offre consiste donc à autoriser la participation pleine et entière d'un co-emprunteur – un membre de la famille ou un ami – pour une opération immobilière portée par un unique acquéreur effectif. L'intérêt est évidemment de pouvoir cumuler les revenus de manière à relever le montant maximal de crédit (par exemple de 125 000 livres pour quelqu'un disposant d'un salaire annuel de 28 000 livres à presque le double en s'associant avec un parent justifiant d'une rémunération de 45 000 livres).

Naturellement, l'engagement requis de la part du partenaire de la transaction signifie que le dispositif ne s'adresse pas à tout le monde. Il faut en effet trouver une personne de son entourage qui, soit accepte directement d'apporter un soutien pécuniaire significatif, soit a suffisamment confiance dans la capacité de remboursement de l'acheteur, même au-delà de ses moyens. C'est pourquoi NatWest impose qu'il sollicite un avis juridique indépendant afin de s'assurer de la transparence des conditions.

NatWest – Family-Backed Mortgage

La solution ne résoudra certes pas la crise à laquelle font face les primo-accédants à la propriété, mais elle en soulagera probablement quelques-uns. Un bénéfice dérivé de la méthode retenue pourrait émaner de la tentation qu'elle va créer parmi son audience cible d'instaurer un dialogue ouvert avec les proches sur les difficultés financières rencontrées. Même s'ils ne vont pas jusqu'à fournir leur caution pour un emprunt, ces derniers pourraient être encouragés à contribuer, par exemple à l'apport initial.

Notons que, à travers sa démarche, NatWest n'œuvre pas uniquement au profit de ses clients désespérés de ne pouvoir s'offrir la maison ou l'appartement de leurs rêves avant d'atteindre un âge avancé. La situation globale de l'immobilier représente aussi un handicap certain pour le secteur bancaire, dont l'activité hypothécaire fait partie des plus rentables et il n'a d'autre choix que d'innover pour en entretenir le dynamisme sans augmenter ses risques… d'autant plus que la FinTech est créative, en la matière.

vendredi 2 mai 2025

Commerzbank déploie son avatar intelligent

Commerzbank
Voilà une tradition de l'industrie bancaire que la folie de l'intelligence artificielle n'a pas encore bousculée : les délais de réalisation des projets ! Presque dix-huit mois après son annonce officielle, l'assistante virtuelle Ava, propulsée à l'IA et incarnée par un avatar, arrive progressivement dans l'application mobile de Commerzbank.

Élaborée sur la base des technologies de Microsoft et de son partenaire OpenAI, la nouvelle agente est disponible instantanément 24 heures sur 24 et sept jours sur sept, nous précise la banque (était-ce vraiment utile ?). Sa particularité est donc de prendre les traits d'un personnage de synthèse, uniquement germanophone à ce stade, qui, en l'occurence, est modélisé à partir des traits d'une actrice en chair et en os, afin de le rendre réaliste dans son apparence, dans ses gestes et dans ses expressions.

Quelles sont les compétences de cette merveille ? Il va falloir vite déchanter : pour l'essentiel, Ava est capable de répondre aux questions qui lui sont posées, en langage naturel, bien entendu, à propos des produits et services de Commerzbank (par exemple les différents types de compte ou les cartes de crédit). En la matière, elle sait même présenter des comparatifs, en illustrant les différences entre plusieurs variantes.

Dans un registre un peu plus personnalisé, elle peut fournir à l'utilisateur des informations sur sa situation financière et sur les transactions qu'il a effectuées. Elle peut également déclencher quelques actions, telles que la commande d'une carte de crédit, le verrouillage et déverrouillage d'une carte existante ou encore le changement des limites associées. Les demandes plus « complexes » seront automatiquement transférées au centre d'appel… avec ses temps d'attente et ses autres inconvénients.

Commerzbank Ava

Cette description confirme mes premières impressions de novembre 2023 : je m'interroge sur l'intérêt que pourront trouver les consommateurs à converser avec un avatar, aussi réussi soit-il, pour des interactions tellement basiques… et ce, d'autant plus que, dès qu'ils aborderont des besoins plus sensibles, pour lesquels le sentiment de proximité avec son interlocuteur que devrait autoriser l'animation paraît le plus important, ils se retrouveront à échanger au téléphone avec un opérateur sans visage…

La communication officielle de Commerzbank donne un indice clair des raisons qui l'ont conduite à modérer ses ambitions : la sécurité est une priorité pour elle… et le meilleur moyen de la garantir, ainsi que de prévenir les risques d'erreurs, consiste évidemment à limiter la capacité d'action de l'intelligence artificielle. Hélas, « intellectuellement » amputée, Ava n'a plus de raison d'être alors que, dans l'hypothèse où elle se voyait assignée une mission de conseil, elle pourrait peut-être valoriser son potentiel.

Quand on réalise que cette assistante virtuelle est l'aboutissement d'un projet d'un an et demi, il y a de quoi désespérer des pratiques du secteur bancaire. Comment ses responsables parviennent-ils à justifier de tels délais et ce qui représente probablement un investissement lourd pour un résultat aussi modeste ? Même en brandissant les arguments à la mode de l'IA et en y ajoutant la prétendue dimension inédite de l'avatar mis en œuvre, un gaspillage de ce niveau devrait être absolument impossible.

jeudi 1 mai 2025

L'EPI revient à la raison

EPI
Cinq ans après le lancement du feuilleton de l'EPI, qui promettait alors une solution de paiement universelle pour l'Europe mettant fin à l'hégémonie des réseaux américains Visa et Mastercard, son dernier épisode en date marque un abandon des illusions des débuts et un retour à la raison salutaire… bien qu'il soulève de nouvelles questions.

Concrètement, la communication de ce printemps ne nous apprend rien de nouveau sur l'organisme et son porte-monnaie virtuel Wero. Ce dernier aurait conquis 40 millions d'utilisateurs avec ses fonctions (limitées) de paiement entre individus, comprenant les échanges entre proches et les règlements aux professionnels. Flatteur en apparence, ce nombre reflète toutefois simplement la migration plus ou moins automatique des adeptes des anciens systèmes nationaux qu'il a absorbés (tels que PayLib en France).

La prochaine étape, critique pour l'avenir du projet, consistant à ajouter les transactions marchandes, est toujours annoncée pour cet été, en Allemagne et en Belgique, la France et les Pays-Bas devant suivre… en 2026. Mais, elle ne concernera que le commerce en ligne. Pour les paiements de proximité, qui restent présents dans la feuille de route, matérialisés par des mécanismes de QR code et via interactions sans contact (on sent une inquiétante incertitude de ce côté-là…), aucune échéance n'est fournie.

Enfin, sur le plan des adhérents, pas plus de changements à signaler, malgré les appels réitérés aux institutions financières du continent les invitant à rejoindre le consortium. Ils sont donc 16 membres, dont 14 banques, répartis dans 4 pays. De toute évidence, la vision d'une couverture de l'ensemble de l'Union Européenne, dans une démarche portée en bloc contre les mastodontes en place, paraît sérieusement compromise.

EPI – Wero

Visiblement, la réalité vient de frapper les responsables d'EPI : en dehors de leur sphère d'influence, 120 millions de citoyens utilisent déjà des outils de paiement spécifiques à leur région, dont certains (par exemple Bizum en Espagne ou Vipps dans la péninsule scandinave) atteignent un niveau de maturité qui dépasse celui de Wero, et que leurs concepteurs et promoteurs rechignent (logiquement) à abandonner.

Leur discours change en conséquence : il n'est maintenant plus question de viser l'unification mais plutôt l'interopérabilité. L'organisme se déclare prêt à dialoguer avec les représentants des initiatives locales en vue d'élaborer un schéma de collaboration qui permettrait aux consommateurs européens d'utiliser leur porte-monnaie électronique n'importe où, sans avoir à s'inquiéter des frontières entre méthodes de paiement.

Ce revirement est une excellente nouvelle face à l'impasse où se trouve l'EPI vis-à-vis de son ambition de créer une alternative souveraine crédible aux schémas existants, irrémédiablement dissoute dans les difficultés de démarrage et d'exécution du projet depuis son origine, qui ont rebuté, à juste titre, bon nombre de participants potentiels. Il reste tout de même à voir si les propositions de coopération aboutiront… car de multiples obstacles techniques s'opposeront aux tentatives de rendre compatibles des systèmes hétérogènes et rien ne laisse supposer qu'ils ont été anticipés…