Depuis plus de 10 ans, Meta cherche à exploiter le potentiel de ses plates-formes afin de développer des applications de paiement social. Une de ses initiatives récentes les plus prometteuses, en Inde, vient tout juste de franchir [PDF] une étape décisive. Mais le rêve d'échanges transparents à l'échelle de la planète reste toujours aussi lointain…
La tentation est évidemment grande pour le géant des médias sociaux de capitaliser sur son audience de centaines de millions d'individus afin de proposer une solution de paiement universelle qui, dans ses espoirs les plus fous, deviendrait le standard incontournable des échanges d'argent entre particuliers… voire au-delà. Hélas, de ses premiers pas sur Facebook jusqu'à son aventure avortée avec sa cryptomonnaie Diem (ex-Libra), les plans se sont révélés plus difficiles à concrétiser que prévu.
À défaut, et en parallèle, Meta a engagé une approche plus pragmatique à partir de 2018, en ciblant un des marchés les plus prometteurs pour celle-ci : l'Inde avec sa population d'1,4 milliards d'habitants, dont 500 millions enregistrés sur WhatsApp, et où les moyens de paiement évoluent aujourd'hui rapidement entre tradition (des espèces) et modernité (de la « digitalisation » menée à marche forcée par le gouvernement). Cependant, là aussi, la réalité, entre autres réglementaire, impose ses contraintes.
L'agrément accordé à ce que tout le monde nomme désormais WhatsApp Pay était assorti d'une condition de déploiement par paliers. Le lancement initial était ainsi limité à 40 millions d'utilisateurs et, deux ans plus tard, quand les optimistes envisageaient une ouverture totale, le plafond n'était en fait relevé qu'à 100 millions. Ces chiffres semblent élevés – et ont certainement permis de valider le concept – mais ils constituaient un handicap. Ce n'est que le mois dernier que toute restriction était levée.
L'histoire n'est vraisemblablement pas terminée mais les péripéties vécues jusqu'à maintenant démontrent combien l'ambition de révolutionner les paiements, même pour une des firmes les plus puissantes de la Silicon Valley, peut se révéler difficile à matérialiser, entre les délais engendrés par des obstacles en tout genre, les craintes suscitées par le pouvoir que veulent s'arroger certains acteurs de la technologie ou encore les simples difficultés pratiques à unifier un domaine fragmenté.
Voilà une éclatante confirmation de ma conviction de toujours que la menace des « GAFA » sur le secteur financier ne réside pas dans une hypothétique entrée dans le cœur de ses métiers. Une telle mission s'avère extrêmement complexe à exécuter… pour des bénéfices qui resteraient modestes. Contrairement à Meta (qui persiste, dans une certaine mesure) ou X (dont la mégalomanie de son propriétaire croit y parvenir), les autres géants de l'internet savent maintenant que la bataille se joue uniquement sur l'expérience utilisateur et ne requiert donc que de capter la relation avec le client.