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C'est pas mon idée !

lundi 18 mars 2024

Paiement biométrique : J.P. Morgan accélère

J.P. Morgan
Après des années d'expérimentations sans grande envergure et souvent sans lendemain, l'irruption de la plus importante banque du monde, J.P. Morgan Chase, pourrait faire décoller le paiement biométrique… si, du moins, elle parvient à surmonter quelques réticences persistantes, notamment du côté des consommateurs.

Lancé il y a juste un an, le premier pilote mené avec une poignée d'entreprises – couvrant les deux technologies principales, de reconnaissance faciale et de la paume de la main – s'avère apparemment concluant puisque le responsable de l'activité pour la banque révèle qu'il sera étendu au cours des prochains mois. La généralisation est d'ores et déjà envisagée, pour le début de 2025, soutenue par l'ambition de conquérir à terme tous les clients concernés, soit un marché colossal représentant un volume annuel de plus de 35 milliards de transactions et 2 000 milliards de dollars.

Bien que les deux méthodes soient traitées simultanément, l'objectif ultime étant de fournir aux marchands un système d'encaissement universel supportant simultanément les règlements par carte, avec ou sans contact, par porte-monnaie mobile ou par biométrie, la reconnaissance faciale semble plus prometteuse car elle ne requiert qu'un équipement standard (une caméra), présent dans tous les scénarios considérés, y compris en ligne, contrairement à un capteur du réseau veineux.

Le partenaire retenu pour ce volet de l'expérimentation est le fournisseur spécialisé PopID, dont l'approche ne réserve pas de surprise. L'utilisateur commence par créer un compte, auquel sont associés un identifiant chiffré calculé à partir d'un « selfie » et les références d'une carte de paiement, toutes informations conservées par la banque afin d'en garantir la sécurité. Lors de son passage en caisse (réelle ou virtuelle), il choisira l'option biométrique et validera son opération d'un sourire à la caméra.

PopID POS

Grâce à sa position de premier établissement acquéreur aux États-Unis, J.P. Morgan Chase possède les moyens d'installer le paiement biométrique parmi les gestes banals de la vie quotidienne… pour peu qu'il consente les efforts nécessaires au niveau de sa stratégie de distribution – par exemple en termes de tarification (sujet toujours éminemment sensible) – pour que les commerçants l'adoptent sans hésitation. Encore faudra-t-il également que les consommateurs se laissent convaincre.

En effet, les usages courants de la technologie, notamment sur nos smartphones où elle est déjà exploitée, entre autres, pour les paiements, ne semblent pas suffire à faire franchir sans craintes l'étape supplémentaire demandée par la banque. Je pense que le mode de fonctionnement passif proposé génère automatiquement une inquiétude : nous préférons tous nous assurer que nous sommes à l'origine de nos transferts d'argent en les déclenchant par une action délibérée, aussi triviale soit-elle.

La durée des expérimentations, caractéristique des habitudes de l'industrie, laisse au moins le temps d'évaluer ces possibles limitations et d'en rechercher des solutions ou, à tout le moins, des palliatifs. En tous cas, jamais l'hypothèse d'une transition vers le paiement biométrique n'a paru si proche de se réaliser. En revanche, il reste à s'étonner que J.P. Morgan appuie sa solution sur les réseaux de carte au lieu de profiter de l'opportunité pour basculer vers les transferts bancaires instantanés.

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