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C'est pas mon idée !

mercredi 26 mars 2025

Cetelem élargit le champ sur l'achat automobile

Cetelem
Alors que la vague des portails de vente en ligne – entre autres de véhicules – déployés par des banques semble se calmer, BNP Paribas Personal Finance expérimente une autre approche de l'intégration de services périphériques à ses métiers, en prenant une perspective orientée vers le coût total de possession qui paraît plus légitime.

Dans une première phase, de test, le portail « AutoCheck by Cetelem » est mis à la disposition des portugais désireux d'acquérir une voiture d'occasion. Son principe consiste à accompagner le traditionnel simulateur de crédit – qui représente évidemment le cœur d'activité de l'entreprise – d'un aperçu des autres charges qui pèseront sur le futur propriétaire. L'ambition est de donner aux consommateurs les éléments financiers les plus complets possibles afin qu'ils puissent effectuer un choix éclairé.

Concrètement, le visiteur sélectionne le modèle qu'il envisage d'acheter dans la liste proposée, pour information ou pour comparaison. Outre les frais d'immatriculation et autres taxes (sur le niveau d'émissions de CO2, notamment), ainsi que les dépenses de combustible, une estimation (sommaire) de la prime d'assurance est prise en compte, qui peut être affinée. L'ensemble lui donne un aperçu rapide (et approximatif) du montant à débourser initialement et du budget mensuel, avant de passer à l'acte.

Mais la section la plus originale, logiquement mise en avant, porte sur la fiabilité du véhicule considéré. Grâce aux données collectées par une autre filiale du groupe BNP Paribas, Icare, assureur dédié aux contrats d'entretien et aux garanties contre les pannes mécaniques, AutoCheck fournit, quand elles sont pertinentes, des données sur les frais d'entretien, alors inclus dans la vue précédente, la fréquence et le coût moyen de réparation, qui donnent une idée des charges exceptionnelles prévisibles.

Autocheck by Cetelem

Précisons ici que l'outil est aujourd'hui dans ce que je suppose être un état de MVP (produit minimum viable). À ce titre, une grande partie des fonctions qu'il embarque ne sont visiblement pas finalisées et des évolutions futures pourraient le rendre plus convivial et efficace : un récapitulatif des coûts avec financement ou encore, plutôt que d'en demander la saisie, un pré-remplissage de la valeur de la voiture sur le marché de l'occasion, un calculateur de la consommation de carburant selon le kilométrage…

L'initiative de BNP Paribas Personal Finance marque peut-être (j'espère !) une progression bienvenue de la maturité de l'industrie dans son approche des services extra-bancaires. Au lieu de tenter de s'emparer des parcours dans lesquels elle intervient – où elle n'est pas perçue comme légitime par ses clients, qui n'adhèreront donc pas –, la prise de recul sur les impacts financiers d'un acte auquel elle participe correspond plus à son ADN et répond à un réel besoin… pour l'instant mal couvert.

mardi 25 mars 2025

Curve privilégie l'humain contre l'IA

Curve
À rebours d'une tendance générale qui voit, par exemple, Stripe remplacer à tour de bras ses effectifs par l'intelligence artificielle, la britannique Curve prévoit d'investir une partie des 37 millions de livres qu'elle vient de lever dans une campagne de recrutement, qui reflète sa lucidité vis-à-vis des vrais défis à relever dans le secteur financier.

Naturellement, nous parlons ici d'une FinTech dont le modèle de relation est « digital » et il n'est donc pas question pour elle de basculer vers une logique d'interactions face à face. Non, les employés humains dont elle a le plus besoin, auxquels aucune IA ne peut se substituer à ce jour, sont les spécialistes de l'expérience client. Ce sont justement ceux qui feront des applications web et mobile une référence, surpassant ce que proposent notamment les établissements traditionnels avec leurs conseillers.

Curve ne se défie pas spécialement de l'intelligence artificielle mais elle la considère pour ce qu'elle est : un outil. Quand celui-ci est performant, par exemple pour des optimisations de l'efficacité opérationnelle, elle n'hésite pas à y recourir. En revanche, quand il ne donne des résultats (modestes, de surcroît) qu'au prix d'un impact sur le ressenti des clients (comme elle a pu le constater dans ses expérimentations au niveau du support), elle préfère s'en tenir aux méthodes classiques (avec des téléconseillers).

Une telle position est non seulement rationnelle par rapport à n'importe quelle technologie émergente, elle est également – et surtout – cohérente avec les priorités sur lesquelles devrait se focaliser l'industrie financière. En effet, il ne sert à rien de développer des mécanismes extrêmement sophistiqués pour aider les personnes à gérer leur argent tant que la présentation et la « mise en scène » des services qui leur sont offerts génèrent des frictions, des frustrations, voire des réactions de rejet.

Curve – Your Global Wallet

Pour Curve, qui poursuit sa vision d'un porte-monnaie virtuel universel (qu'elle continue à enrichir, entre autres en préparant une intégration directe de l'interface sans contact des smartphones, en alternative à Apple Pay ou Google Pay), la démarche est critique afin de maintenir son avance sur des acteurs qui se positionnent en concurrents sur au moins une partie de ses fonctions (programmes de récompenses, frais réduits sur les transactions à l'étranger, changement a posteriori de la source de financement…).

L'initiative me procure une occasion de rappeler que, historiquement, la FinTech, loin de représenter un mouvement d'introduction forcenée de technologie dans la banque (comme on le voit actuellement avec l'IA), portait d'abord l'ambition d'exploiter la technologie dans le but de rendre la banque plus proche des besoins des clients (la position qu'adopte Curve). Celle-ci se concentre depuis toujours sur le même maillon faible de l'expérience utilisateur, où les marges de progrès restent considérables.

lundi 24 mars 2025

Un bouton « panique » chez Westpac

Westpac
Face à la déferlante de fraude sur les comptes bancaires, apparemment irrépressible, l'australienne Westpac rejoint la liste grandissante des établissements qui proposent une sorte de coupe-circuit à leurs clients (dont OCBC, à Singapour, figurait parmi les pionnières). Au risque de perturber gravement leur vie quotidienne.

Les modalités retenues correspondent à ce qui devient une norme de fait. Quand le consommateur craint d'avoir été victime d'une arnaque menaçant la sécurité de son argent et de ses moyens de paiement, il lui suffira d'activer, en quelques gestes, l'option « SafeBlock » qui fera bientôt son apparition dans son application mobile ou web. Dès lors, toutes les transactions seront bloquées : transferts, paiements par carte, retraits d'espèces… seuls les prélèvements déjà autorisés et les virements récurrents ou entrants resteront opérationnels… afin de limiter les désagréments (sic).

Le principe semble sain et légitime, notamment en regard des méthodes auxquelles ont recours les escrocs, en installant un sentiment d'urgence auprès de leur cible, qui est encouragée à agir sans réfléchir, dans la précipitation, mais qui est susceptible de reprendre ses esprits rapidement. Hélas, sa mise en œuvre par Westpac souffre d'un important défaut, à tout le moins dans la communication qu'elle en fait pour l'instant.

En effet, il n'est pas fait mention des conditions de restauration des services, une fois le danger écarté. Comment se déroule le déverrouillage ? Combien de temps prend-il ? Dans le monde moderne, il est difficile de se passer de ses outils de paiement plus de quelques heures, surtout sans préparation, et il paraît donc indispensable de rassurer les futurs déclencheurs d'alerte sur ces aspects, sinon il se défieront du système.

Westpac SafeBlock

En réalité, j'estime que la démarche de Westpac (et de ses prédécesseurs sur le même terrain) est incomplète, dans ce sens qu'elle permet à la banque de limiter les dégâts occasionnés à ses clients, donc sa responsabilité potentielle, mais qu'elle n'est pas entièrement pensée pour le besoin de ces derniers. Pour en faire une solution optimale, je suggèrerais de fournir au moins un instrument de paiement de secours, totalement indépendant des comptes présumés exposés, simultanément au blocage.

En résumé, l'industrie donne l'impression de mettre en place beaucoup d'initiatives de défense essentiellement tactiques contre la fraude et, à de très rares exceptions près, elles engendrent des frustrations plus ou moins lourdes chez leurs clients. Ces demi-mesures risquent ainsi de miner leur confiance et, en conséquence, de les rendre contre-productives. S'il s'avère impossible d'éradiquer le problème à la source, il faut impérativement se préoccuper de limiter l'impact des protections déployées.

dimanche 23 mars 2025

Nationwide décrypte la banque

Nationwide
Dans le prolongement de ses précédents efforts destinés à rendre sa communication aux clients plus claire et plus compréhensible, la britannique Nationwide s'associe à une association spécialisée, Mencap, pour la création d'une série de guides « Easy Read », expliquant quelques concepts essentiels dans une langue accessible.

Il y eut d'abord ce programme de formation des conseillers afin de les aider à s'adresser à tous ceux, si nombreux, qui peinent à comprendre les mathématiques de la finance. Puis ce sont les personnes rencontrant des difficultés de communication orale qui ont bénéficié d'un système de cartes illustrées leur facilitant le dialogue avec les employés (entraînés) de l'établissement. Aujourd'hui, une nouvelle cible défavorisée est donc prise en compte, à savoir la population possédant des lacunes d'apprentissage.

Derrière cet euphémisme, il s'agit concrètement des individus en situation d'illettrisme, que les statistiques évaluent à environ 1,5 million au Royaume-Uni (soit à peu près autant qu'en France). Comme avec les précédentes initiatives, l'objectif visé consiste à leur offrir un mode d'interaction adapté, qui leur permette de profiter des services de la banque en toute connaissance de cause, malgré le handicap dont ils souffrent, celui-ci dressant un obstacle insurmontable face à l'usage (courant) de termes complexes.

Le dispositif qui leur est proposé prend la forme de fiches thématiques, à télécharger ou à faire imprimer à la demande en agence (les équipes ayant été préalablement sensibilisées). Elles ont la particularité d'être très didactiques, recourant à un vocabulaire élémentaire, des phrases courtes, à la voix active… Les sujets abordés, pour l'instant (?), touchent à des aspects critiques de la relation avec la banque et/ou l'argent : les escroqueries, la clôture d'un compte, la perte ou le vol de carte…

Nationwide Easy Read

Bien que la démarche soit conçue explicitement pour un segment spécifique de clients, elle pourrait certainement en intéresser une proportion beaucoup plus vaste, qui n'a pas de problème particulier d'éducation mais qui n'en est pas moins confuse ou, a minima, hésitante, voire méfiante, vis-à-vis d'expressions peu familières. Tout l'enjeu de la communication réside, pour les institutions financières, dans l'identification de ce qui constitue du jargon pour un quidam, quand bien même il serait question de mots du quotidien dans leur métier, qu'elles considèrent à ce titre comme basiques.

Dans un autre registre, je ne suis pas totalement convaincu par le choix (exclusif) d'une publication de fiches textuelles. D'une part, il me semble que le principal moyen d'atteindre le but recherché passerait par le premier support de la relation bancaire, les applications web et mobile. Ce sont elles qui devraient faire en priorité l'objet des efforts de clarification des contenus. D'autre part, dans le monde multimédia contemporain, ne serait-il pas approprié de développer au moins un équivalent des guides en vidéo ?

samedi 22 mars 2025

Assurance et IA : l'exemple de Generali

Generali
Sacrifiant à un exercice apparemment obligé dans les grands groupes, Generali France tente de démontrer sa maturité technologique à travers 5 exemples de mise en œuvre de l'intelligence artificielle (et de robotisation, qu'elle englobe dans le même écosystème). Et finit par mettre en évidence les déficiences qu'elle essaie de colmater.

Bien sûr, la démarche annonce la couleur dès la présentation de ses missions : il est question de l'excellence opérationnelle et de la qualité de service inscrites dans le nouveau plan stratégique « Boost 27 » de l'assureur. Sa matérialisation dans un centre d'excellence dédié à la fois à l'IA et à l'automatisation (c'est-à-dire, pour l'essentiel, le recours à la robotisation des processus, RPA) enfonce le clou et rend ses objectifs prioritaires plus explicites : il s'agit d'éliminer les frictions et défauts existants.

Prenons, pour commencer, deux initiatives touchant directement les assurés : un serveur vocal interactif en langage naturel, propulsé (évidemment) à l'intelligence artificielle générative, et un outil de routage et pré-traitement des courriels et courriers. Leur point commun ? Face à un problème universel, des solutions de ce genre sont déployées depuis au moins vingt ans, avec plus ou moins de succès. L'idée est donc ici de capitaliser sur le top de la technologie pour, enfin, obtenir un résultat probant.

Las, seulement 30% des demandes formulées par les clients au centre d'appel sont résolues directement, sans intervention d'un conseiller. Ce qui revient à dire que plus de deux requêtes sur trois passent par une étape qui fait perdre du temps à la personne… afin d'améliorer les statistiques des délais de réponse ! Quant à l'analyse de texte dans les communications écrites, je crois que des méthodes traditionnelles ont depuis longtemps fait leurs preuves, sans s'inquiéter d'IA (sauf pour le marketing).

Je passerai rapidement sur le robot de prise en charge des sinistres, qui, comme toujours avec le pseudo-miracle des RPA, revient à mettre en place un sparadrap sur une insuffisance majeure de l'entreprise, à savoir son incapacité, après environ un demi-siècle d'informatisation effrénée (et extrêmement coûteuse), à développer un système d'information flexible et cohérent grâce auquel il devient possible de définir et implémenter des parcours client de bout en bout, fluides et sans ruptures.

Vient ensuite l'agent conversationnel de La Médicale, destiné, sans surprise, à ses propres collaborateurs. Dans ce cas, le syndrome est assez similaire au précédent : c'est très clairement la diversité et la disparité des sources d'information (documentation de produits, supports de formation, guides de souscription…) et des logiciels mis entre les mains des employés qui imposent de proposer un assistant virtuel capable de naviguer dans un corpus hors de contrôle… et sans aucun espoir d'amélioration.

La dernière application citée, enfin, possède au moins le mérite de l'originalité puisqu'elle consiste en une exploration des réseaux relationnels des assurés, dans un but de lutte contre la déshérence des contrats (devenue une obligation réglementaire… qui a probablement son rôle dans le projet). Pourtant, l'intelligence artificielle est-elle vraiment indispensable pour un tel usage ou bien peut-on se satisfaire d'analyse de données traditionnelle, la difficulté résidant surtout dans la localisation des référentiels ?

En résumé, Generali – comme la plupart de ses consœurs dans le secteur de l'assurance – compte sur l'IA non pour transformer ses métiers, concevoir de nouveaux produits, s'adapter aux révolutions en cours, offrir des services à valeur ajoutée à ses clients… mais avant tout dans l'optique de combler les faiblesses accumulées au fil des années, tant au niveau organisationnel qu'informatique. Ce ne serait pas grave si ces efforts cosmétiques ne remplaçait pas toute réflexion stratégique sur le profond besoin de remettre à plat les fondations de l'entreprise afin de garantir son avenir.

Generali – IA et Automates

vendredi 21 mars 2025

SaveAway enrichit son offre d'épargne ciblée

SaveAway
Bien que beaucoup moins visible que le paiement fractionné dont elle joue sur le nom familier en anglais (caché derrière l'acronyme BNPL), la tendance du « save now buy later » (économisez d'abord, achetez plus tard) n'en progresse pas moins. SaveAway, une de ses représentantes aux États-Unis, lui ajoute ainsi de nouvelles options.

Au tout début, quand on ne parlait encore que d'épargne ciblée, il s'agissait simplement de proposer au consommateur de définir un projet (voyage, achat important…) auquel il affecte une réserve d'argent dédiée, alimentée au fil du temps, manuellement ou via un programme périodique prédéfini. Avec le temps, le principe a évolué et, dans le cas de SaveAway, par exemple, le service est combiné avec une plate-forme e-commerce, qui permet de sélectionner précisément l'objet à acquérir… et de déclencher automatiquement sa commande quand le montant nécessaire est atteint.

Le premier changement que vient d'annoncer la jeune pousse concerne son catalogue. Son intégration au cœur de l'application apporte évidemment une transparence incomparable à l'expérience utilisateur, autant à la mise en place qu'à la conclusion du plan, mais au prix d'une offre forcément limitée. Il devient donc désormais possible de sélectionner un produit en dehors de la gamme disponible – il suffit d'en fournir les détails –, grâce à un réseau étendu de distributeurs et de marques partenaires.

L'autre nouveauté, plus originale… même si elle reprend une idée ancienne, consiste à introduire une dimension sociale dans son modèle. S'il le souhaite, l'épargnant peut inviter des proches – amis et/ou parents, à sa convenance – en priorité dans le but qu'ils émettent un avis, un commentaire ou une recommandation sur son projet. Naturellement, une fois inscrits dans son cercle de confiance, ils auront également l'opportunité de contribuer financièrement… à un objectif clairement identifié.

Accueil SaveAway

L'ambition de SaveAway, qui veut s'inscrire dans une démarche de responsabilité sociale, est de promouvoir la consommation réfléchie, par opposition aux dépenses impulsives qu'encouragent les multiples solutions de crédit, toutes plus alléchantes les unes que les autres. Elle s'appuie pour ce faire sur une approche de renforcement positif autour de l'épargne, qui passe par des mécanismes classiques mais toujours efficaces : association de la cagnotte à une cible précise, pression implicite de l'entourage…

Face aux mastodontes du BNPL qui, en dehors de quelques rares exceptions, se contentent, au mieux, d'une prise en compte superficielle des risques induits pour leurs clients (en attendant les grandes manœuvres réglementaires), le SNBL a pour lui de s'ancrer fondamentalement dans une perspective de bien-être financier. D'autant plus que les pratiques qu'il met en avant sont susceptibles de constituer un tremplin vers l'adoption de comportements sains dans d'autres catégories de projets.

jeudi 20 mars 2025

Monzo, un modèle de résilience

Monzo
Alors que j'évoquais récemment les avancées des communications photoniques au service de la résilience des institutions financières, je vous propose aujourd'hui de plonger dans les arcanes – techniques, mais que je vais m'attacher à vulgariser – de l'approche de Monzo en la matière, qui représente, à mon avis, une référence pour l'industrie.

D'emblée, il faut comprendre que la néo-banque dispose d'une première ligne de défense relativement classique contre les défaillances de son infrastructure. L'ensemble de son système d'information est en effet déployé sur l'infonuagique d'Amazon (AWS), avec un principe de redondances multiples, réparties sur différentes « régions » (c'est-à-dire des centres de production distincts), opérant simultanément de matière totalement synchrone, grâce aux mécanismes intrinsèques proposés par l'hébergeur.

Mais les ingénieurs qui l'ont conçu sont conscients que ce modèle reste exposé à deux risques, l'un, minime, que constituerait une défaillance majeure de son fournisseur, affectant plusieurs de ses sites, et l'autre, beaucoup plus probable… et plus fréquent, d'un défaut logiciel entraînant une indisponibilité inacceptable pour les clients. Un second socle informatique, indépendant du principal et couvrant exclusivement les fonctions critiques, se tient donc prêt à pendre le relais rapidement en cas de besoin.

La notion d'indépendance dont il est question ne fait pas dans la demi-mesure : non seulement les applications sont-elles installées dans un environnement entièrement séparé de l'« original », émanant d'un autre prestataire (Google, en l'occurrence), mais elles sont en outre re-développées séparément, bien qu'elles remplissent le même rôle que celles qui assurent le service en temps normal, un peu à la manière dont sont doublées les capacités électroniques les plus sensibles des avions modernes.

Monzo Stand-In

Les modalités de synchronisation des deux plates-formes sont évidemment élaborées avec le plus grand soin, afin de garantir un fonctionnement transparent en cas de bascule. Le secours, « Monzo Stand-in », est ainsi abonné à une sélection des événements que génère le site primaire pour tous les changements d'état et autres actions enregistrées (l'architecture interne est 100% événementielle), correspondant aux 18 services qu'il prend en charge (consultation de solde et des transactions, virements entrants et sortants, paiement par carte…) parmi les 3 000 existants.

Quand un problème survient, dont un cas en août 2024, les serveurs de remplacement sont activés, manuellement, à ce stade. L'application mobile de la jeune pousse détecte le changement et ajuste alors automatiquement son interface graphique pour ne présenter que les opérations qui restent effectivement disponibles (avec un message d'explication). Notons que le système autorise également des transferts partiels d'activité, par fonction, par client…, selon la nature de l'interruption identifiée.

Le principe de « Monzo Stand-in » paraît simple mais le diable se cache dans les détails. La jeune pousse décrit notamment les compromis qu'elle doit accepter avec les limitations des transmissions d'information (et l'incertitude quant à leur exhaustivité), sa philosophie de maintien d'une version initiale des données copiées, jamais modifiée, les contorsions auxquelles elle se livre avec, par exemple, les numéros de carte tokenisés (via des clés distinctes pour ses deux plates-formes de production)…

Dans le contexte de réglementations de plus en plus contraignantes sur la résilience (DORA dans l'Union Européenne) et de l'inquiétude suscitée par les défaillances répétées des établissements britanniques, Monzo démontre son indiscutable avance technologique… dont il faut souligner, incidemment, qu'elle est maîtrisée en termes de budget : son environnement répliqué représente environ 1% du coût de fonctionnement du socle primaire (en revanche, elle ne chiffre pas sa mise en place initiale).

mercredi 19 mars 2025

Google Wallet disponible pour les enfants

Google
En 2025, les enfants possèdent assez tôt (trop tôt ?) leur propre téléphone et, les habitudes évoluant, ils sont de plus en plus nombreux à manipuler l'argent sous forme numérique, notamment avec des cartes conçues pour eux. À la croisée logique des deux tendances, Google leur propose désormais l'accès à son porte-monnaie mobile.

Déployée dans les semaines qui viennent, aux États-Unis, au Royaume-Uni, en Australie, en Espagne et en Pologne (pour commencer ?), la nouvelle option permettra aux mineurs de profiter pleinement de l'ensemble des services de Google Wallet : pour les paiements bien sûr, mais également pour les cartes cadeaux et autres catégories de support prises en charge, telles que les programmes de fidélité, les billets de spectacle, les badges de bibliothèque, voire les titres de transports (pas explicitement cités)…

L'enregistrement d'une carte de débit ou de crédit se fait impérativement sous la supervision d'un parent ou tuteur (sans que soit précisé comment est validée l'autorité de l'adulte), qui conserve par la suite un droit de regard sur les usages de l'enfant. Chaque transaction lui est ainsi notifiée par courriel, en complément d'un tableau de bord de suivi des dépenses, dans son espace familial. Il dispose en outre de la faculté de révoquer l'instrument à tout moment ou d'en suspendre le fonctionnement.

Google Wallet for Kids

Particularité notable, pour laquelle Google ne fournit pas de justification, la carte virtuelle n'est utilisable que dans les boutiques physiques, excluant tout achat en ligne, y compris sur les propres plates-formes de l'entreprise. Soulignons par ailleurs que l'implémentation ne comprend aucun mécanisme de filtrage (par exemple le blocage dans certains commerces ou la mise en place de plafonds), comme il en existe souvent dans les solutions destinées aux jeunes. L'objectif est d'autoriser l'intégration de cartes dédiées à ce segment – sur lesquelles reposent alors la responsabilité d'offrir cette capacité – pas d'accepter une délégation sur celle d'un parent.

Bien qu'elle réponde à un besoin réel de sa cible, l'initiative de Google me semble rater une opportunité d'apporter aux enfants et aux adolescents les éléments d'éducation financière qui leur font tellement défaut de nos jours, en jouant entre autres sur la relation avec un proche instaurée dès le début pour encourager un accompagnement de proximité. Les banques qui souhaitent se positionner sur ce domaine se réjouiront d'éviter un puissant concurrent mais celles-ci étant rares, elle laisse une génération de futurs consommateurs se débrouiller avec un outil potentiellement dangereux.

mardi 18 mars 2025

Payer en ligne en mode « carte présente »

Burbank
Depuis la naissance du commerce sur internet, le paiement représente un défi auquel le recours à la carte conçue pour un monde d'interactions en face à face ne répond que très imparfaitement, malgré tous les progrès accomplis au fil des ans. En réponse, Burbank propose de répliquer en ligne le principe des transactions physiques.

L'instrument le plus utilisé aujourd'hui, dans les pays occidentaux, pour régler les achats à distance remplit un bien piètre office, entre, notamment, ses taux de fraude élevés, ses coûts de protection exorbitants et ses frais d'interchange amplifiés. Tout cela parce que le fonctionnement retenu consiste à fournir des informations relativement aisées à détourner, à l'inverse de ce qui se passe dans une boutique, où il faut présenter le support en plastique, avec sa puce de sécurité, et saisir un code secret.

Afin d'éliminer les défauts que personne n'a encore réussi à maîtriser malgré le déploiement de multiples gadgets (au détriment de l'expérience utilisateur, en général), la startup galloise a donc imaginé un moyen de reproduire dans une application d'e-commerce le mode bien connu du commerce « en dur ». Et il lui « suffit » pour ce faire de transformer le téléphone du client en un terminal d'encaissement, auprès duquel il devra simplement approcher sa carte et, si nécessaire, saisir son code PIN.

Les bénéfices pour les marchands sont considérables, à commencer, évidemment, par la diminution drastique des risques de fraude et la baisse des coûts des contrats d'acquisition en contrepartie de l'intégration, simple, d'un module dédié au sein de leur logiciel. Mais ce ne sont pas les seuls et, en arrière-plan, Burbank souligne, entre autres, la réduction de la complexité des systèmes de sécurité et, par conséquent, des rejets indus (les « faux positifs ») ou encore l'impact sur les ruineuses demandes de remboursement (que sont contraints d'honorer les vendeurs en ligne).

Burbank – Card Present over Internet

La jeune pousse estime en outre que les consommateurs réticents à partager leurs coordonnées de paiement sur le web apprécieront sa solution, parce qu'elle leur semblera plus conforme à leurs habitudes. Encore faudra-t-il qu'ils prennent confiance dans le fait de laisser leur smartphone décoder leur carte et leur demander de saisir leur précieux sésame, d'autant que l'encaissement sur mobile est à ce jour peu répandu.

Parmi les limitations que j'entrevois à l'approche retenue et à défaut de toute précision claire, il paraît probable que le dispositif, compatible uniquement avec les téléphones (dont il profite évidemment des capacités de lecture des interfaces sans contact, ouvertes depuis peu côté Apple), n'est opérationnel que pour les achats réalisés sur ces derniers, laissant de côté les internautes plus « traditionnels ». Enfin, je me demande si son arrivée n'est pas un peu tardive face à la popularité grandissante des porte-monnaie mobiles des géants technologiques qui, je crois, comblent les mêmes faiblesses.

lundi 17 mars 2025

Avancée majeure pour la résilience des banques

MUFG
L'intelligence artificielle et l'informatique quantique ne sont pas les seules innovations technologiques qui méritent l'attention. Dans un registre certes beaucoup moins vendeur, les télécommunications photoniques, telles que MUFG et NTT en ont fait la démonstration, promettent pourtant une avancée majeure pour le secteur financier.

Aujourd'hui la disponibilité des services bancaires constitue un impératif autant commercial – avec des compensations potentiellement lourdes pour les clients subissant des perturbations – que réglementaire – en particulier pour les établissements considérés comme stratégiques pour l'économie. Derrière cette exigence, leurs systèmes d'information, qui sont au cœur de leur fonctionnement, sont donc soumis à des contraintes de résilience exceptionnelles… difficiles à respecter.

La résistance aux situations de catastrophes (naturelles ou d'origine humaine), notamment, impose des règles strictes, avec des conséquences parfois contradictoires. Par exemple, il faut prévoir une infrastructure de secours, capable de reprendre les opérations susceptibles d'être interrompues, à une distance suffisante pour ne pas être elle-même exposée au risque initial (une centaine de kilomètres ?). Malheureusement, l'éloignement limite la vitesse et la réactivité des transmissions de données, ce qui nuit évidemment à la faculté de redémarrer les activités dans des délais courts.

Or le forum global IOWN, qui rassemble 150 acteurs de différents secteurs (surtout dans les télécommunications et les services « digitaux », MUFG étant une des rares institutions financières participantes), évalue l'opportunité de développer des réseaux photoniques – il ne s'agit pas de simple fibre optique – afin de transformer radicalement les échanges d'information : latence divisée par 200, débit multiplié par 125… et consommation énergétique 100 fois moindre par rapport à ce qui existe aujourd'hui.

Deux expérimentations distinctes ont permis de valider les hypothèses dans le cas d'usage envisagé. La première consistait à copier et redémarrer un système bancaire à environ 70 kilomètres de sa base d'origine, en limitant la durée d'indisponibilité à moins d'une seconde. La deuxième portait plus sur la simulation d'une réplication en quasi temps réel des données à longue distance (250 à 2 500 kilomètres) : dans ce scénario « actif » plus ambitieux, le secours peut prendre la relève instantanément.

La perspective de telles performances soulagera certainement les responsables de plans de reprise après sinistre, obligés, jusqu'à présent, de recourir à des compromis qui ne satisfont personne. Notons tout de même que la majorité des incidents affectant les systèmes d'information bancaires sont d'origine logicielle et ne profiteront donc aucunement, hélas, des progrès accomplis dans le domaine des communications.

IOWN Global Forum

dimanche 16 mars 2025

CaixaBank aux petits soins pour les seniors

CaixaBank
Depuis 2021, CaixaBank a entamé une vaste opération de rapprochement avec ses clients seniors, soit quelques quatre millions de personnes, en formant une escouade de conseillers spécialisés. Après une extension progressive de son dispositif, elle vise désormais la généralisation, avec l'ambition de couvrir l'ensemble de son réseau.

Le principe d'une équipe dédiée ne devait plus suffire à satisfaire les besoins des intéressés, qui, en parallèle ont vraisemblablement exprimé leur appréciation pour l'attention qui leur était portée de la sorte. La prochaine étape, qui démarre dès ce mois de mars, consiste donc à inscrire plus de 30 000 employés, dans tous ses métiers, comprenant la totalité de ses forces commerciales, le comité de direction et quelques fonctions centrales (juridique, conformité, risques, assurance…), à un programme pédagogique consacré aux particularités du segment des plus de 65 ans.

Baptisé « Génération + », celui-ci se divise en trois modules, les deux premiers adoptant d'abord un point de vue générique sur les aînés en Espagne : la réalité démographique du pays, les nouveaux défis à relever, par exemple en matière de santé, les droits spécifiques de ces populations, y compris en rapport avec les handicaps plus susceptibles de les affecter, les considérations éthiques… Ces contenus sont élaborés par des experts en gérontologie, entre autres dans le registre de la psychologie.

La dernière partie porte quant à elle sur les aspects directement liés aux services bancaires et la manière dont CaixaBank souhaite les positionner dans une approche personnalisée. Il est donc là question de l'adaptation des modèles d'interaction et des offres et autres produits financiers les plus appropriés pour les seniors. Dans ce registre, l'institution met notamment en avant les outils éducatifs, les conditions de paiement des pensions, les efforts d'accessibilité… qu'elle déploie à leur seule intention.

CaixaBank et les Seniors

Parmi tous les acteurs qui prétendent personnaliser leur relation avec leurs clients, CaixaBank est un des rares à concrétiser le discours, même si ce n'est qu'à l'échelle d'une vaste catégorie de population, dont les situations et les besoins individuels sont certainement très différenciés. A minima, la prise en compte des fragilités propres aux plus de 65 ans – face aux fraudes par ingénierie sociale ou, plus simplement, aux défis de la banque « digitale » – représente déjà un premier pas important.

Je regrette pourtant que la démarche soit focalisée exclusivement sur la dimension humaine. Certes, la sensibilisation des salariés et la mise en place d'opérateurs spécialisés dans le centre d'appel constituent des éléments essentiels pour la cible visée… mais cette dernière est aussi utilisatrice des outils numériques, qui devraient donc eux-mêmes être en mesure de lui proposer une perspective correspondant à ses préoccupations et à ses contraintes (qui ne relèvent pas que de l'accessibilité).

samedi 15 mars 2025

Le déficit d'éducation financière des Français

SPAK
À l'approche de la semaine de l'éducation financière, du 17 au 23 mars 2025, la jeune pousse spécialiste SPAK présente les résultats de son baromètre dédié, qui nous permet de prendre le pouls des français, à la fois sur l'état actuel de leurs connaissances et de leurs usages, ainsi que sur les attentes qu'ils expriment en la matière.

Un aspect particulièrement intéressant de cette étude est son parti-pris d'aborder un sujet éminemment subjectif par le biais de faits quantifiables. La proportion de victimes d'arnaques en fournit un excellent exemple : quand la moyenne est de 26% dans la population globale, elle grimpe à 35% chez les 18-24 ans et encore (un peu) plus chez ceux qui ne disposent pas d'une réserve de secours, dont on peut légitimement supposer qu'ils sont généralement les plus fragiles sur le plan économique.

Cette exposition différenciée aux dangers de la fraude tend à confirmer qu'il existe une corrélation avec le manque de connaissances et d'accompagnement, dont se plaint une majorité (59% de l'échantillon). Là aussi, les écarts entre catégories se font cruellement ressentir avec un bond à près de 4 sur 5 (78%) parmi les personnes aux revenus modestes, tandis que les femmes, avec un taux également supérieur à l'ensemble, représentent un autre segment contribuant à la validation des hypothèses.

Au risque de surprendre, quand on leur demande comment ils envisagent la lutte contre l'ignorance, les français se répartissent à peu près à égalité entre les tenants d'un apprentissage par soi-même – pourvu qu'ils disposent des outils nécessaires, je suppose – et, légèrement en retrait, ceux qui estiment que ce devrait être le rôle des institutions financières et/ou de l'école. Cette dernière est toutefois plébiscitée par les jeunes adultes, peut-être en partie par réflexe par rapport à leur historique récent.

Mais les pratiques du quotidien révèlent d'autres éléments extrêmement importants de l'équation. Alors que 45% des individus interrogés déclarent compter en priorité sur leur conseiller bancaire pour s'informer contre seulement un quart préférant consulter leur entourage, les jeunes se tournent beaucoup plus que leurs aînés vers les réseaux sociaux (31%), voire les influenceurs en ligne (13%), ces derniers étant justement la cible de la campagne élaborée pour cette semaine thématique de 2025.

Or, pour les adeptes de l'interaction avec un professionnel, le constat est sévère puisque trois répondants sur dix sont critiques sur leur expérience (45% chez les plus modestes), entre défaut d'explications de la part de son interlocuteur, conviction de ne pas être aidé dans ses choix et non anticipation des besoins et des risques. Ces accusations interpellent les stratégies focalisées sur la vente de produits au détriment du « coaching » des clients… jusque à les négliger quand ils se retrouvent en difficulté.

Outre l'absence d'implication pédagogique que reflète ce ressenti, un deuxième reproche mérite toutefois d'être adressé aux acteurs du secteur, en particulier dans leur relation vis-à-vis des générations « internet ». En effet, une fois admis que leurs clients privilégient les médias sociaux afin d'obtenir des réponses à leurs questions, c'est à eux de les y rejoindre et non d'insister pour qu'ils se rendent en agence ou même qu'ils recourent à leur app mobile, comme l'impliquent souvent leurs initiatives éducatives.

En synthèse, le déficit de littératie financière constitue un problème manifeste – fréquemment identifié en tant que tel par les principaux intéressés, qui en subissent les conséquences concrètes – dont les solutions ne sont prises en charge par (quasiment) personne, qu'il s'agisse de fournir le matériel indispensable aux volontaires de l'autonomie ou d'adapter l'accompagnement de proximité (qui, malheureusement, reste d'abord à créer dans la plupart des cas) aux habitudes des audiences visées.

Semaine de l'Éducation Financière

vendredi 14 mars 2025

Avec Marygold, le PFM devient proactif

Marygold & Co.
S'il est désormais avéré et reconnu que l'approche passive de suivi de budget implémentée par les outils de PFM actuels n'apporte pas beaucoup de valeur à la majorité des consommateurs, la transition vers une logique d'accompagnement proactif peine à prendre forme, surtout en Europe. Au Royaume-Uni, Marygold & Co. ouvre la voie.

Le principe fondamental à l'œuvre derrière le service proposé par la jeune pousse (américaine) aux particuliers n'a rien de très original puisqu'il s'agit, grâce à une connexion aux comptes bancaire de l'utilisateur, de lui fournir une vue exhaustive sur ses rentrées et sorties de fonds et de l'aider à maîtriser son budget, en appuyant plus spécifiquement sur l'épargne, à travers un mécanisme désormais classique de poche par objectif (réserve de secours, achat d'une résidence, prochain grand voyage…).

Cependant, afin de surmonter l'inertie naturelle que ne prend jamais en considération ce genre de solutions (en laissant toujours l'initiative de l'action au client), Marygold ajoute une faculté de déclenchement de mouvements entre les comptes enregistrés, sans quitter son application. Aussi anodine qu'elle paraisse, cette fonction change tout car elle autorise l'exécution immédiate, avec ou sans ajustement, des recommandations opérationnelles émises par le logiciel, adaptées au contexte et aux projets de chacun.

Quoique peu de détails soient partagés sur cette dimension de la personnalisation, la communication évoque le recours à une analyse psychologique des comportements humains face à l'argent, dans leurs aspects rationnels autant qu'émotionnels, de manière à garantir un impact maximal des conseils prodigués. L'ensemble s'inscrit dans une perspective de bien-être financier dont l'ambition prioritaire consiste à réduire le stress que suscite le porte-monnaie au quotidien, quelles qu'en soient les raisons.

Accueil Marygold & Co. UK

Quelques options « périphériques » inédites laissent entrevoir comment la compréhension intime des réflexes et autres habitudes des consommateurs s'intègre dans la vision de Marigold, entre le masquage de l'épargne accumulée – destiné à dissuader, en leur évitant la tentation, les 26% de britanniques qui puisent régulièrement dans leurs cagnottes – et le verrou temporel – qui suspend toutes les transactions, le temps de reprendre son sang-froid après un achat impulsif (ou une fraude).

De toute évidence, la démarche engagée est encore embryonnaire, par exemple du point de vue de sa couverture des besoins (limitée à l'épargne pour l'instant) ou des scénarios de conseil envisagés. Mais elle illustre parfaitement l'orientation que devrait impérativement prendre, selon moi, la gestion de finances personnelles : centrée sur les attentes, exprimées ou implicites, les préoccupations et la situation des utilisateurs, capable de les prendre par la main quand ils sont attentistes, sans être intrusive…

jeudi 13 mars 2025

3 défauts de l'innovation poussée par la tech

BBVA
L'annonce par BBVA des trois projets récompensés lors d'une de ces compétitions internes dont elle est friande – cette fois consacrée aux applications de ChatGPT dans ses différents métiers – m'offre une occasion d'illustrer trois défauts récurrents des tentatives d'innovation pilotée par la technologie. Et d'entrevoir deux idées intéressantes.

Non content de son déploiement de 3 000 licences de la star de l'intelligence artificielle générative auprès de ses collaborateurs dans le monde entier, le groupe espagnol veut s'assurer qu'elles sont effectivement utilisées et, fidèle à son habitude de mutualisation à grande échelle de ses efforts d'innovation, que les mises en œuvre les plus pertinentes sont largement partagées parmi ses équipes. Telle était la motivation principale de la première édition de son concours « BBVA Bot Talent » (jeu de mot compris).

Le projet, originaire du Pérou, prenant la première place sur le podium porte, sans surprise, sur l'assistance aux conseillers dans la relation avec les clients, avec un objectif – évidemment – d'augmentation de la productivité du personnel. Avec sa palette de fonctions particulièrement étendue, depuis l'aide au traitement des demandes jusqu'à la formation, il faut reconnaître qu'il se distingue des classiques du genre.

Dans le premier registre, de l'appui aux interactions, le robot proposé se charge de collecter et synthétiser toutes les données financières disponibles – de comptes, de cartes, d'épargne… – sur l'individu qui appelle sa banque, de manière à permettre à son interlocuteur de comprendre instantanément sa situation et d'être de la sorte prêt à répondre à ses interrogations sans délai. L'approche est incontestablement attractive… mais pourquoi faut-il une IA pour implémenter une agrégation de montants ?

Le recours à ChatGPT pour la pédagogie paraît, à l'inverse, plus convaincant. Le principe consiste à demander à l'outil de concevoir des scénarios de conversation avec tel ou tel type de client (un étudiant sans expérience et méfiant à l'égard de l'institution, un senior cherchant un moyen d'optimiser son épargne…), qu'il simule ensuite de manière interactive avec l'employé, dont il juge enfin la qualité de ses réponses et identifie les pistes d'amélioration, tout en intégrant ses objectifs commerciaux.

BBVA Bot Talent

La médaille d'argent revient à une solution mexicaine destinée à qualifier l'éligibilité au crédit d'une PME. Concrètement, le formulaire à remplir, avec sa centaine de questions, représente souvent plusieurs heures d'un travail peu valorisant. Un chatbot est mis en place pour conduire l'entretien avec le client afin d'alléger la charge… qui est donc entièrement reportée sur ce dernier. La démarche a conduit à oublier d'envisager de réviser un processus susceptible d'être optimisé (par exemple par des accès à des sources d'information publiques), au bénéfice de toutes les parties prenantes.

Le dernier projet mis en avant concerne (obligatoirement) la lutte contre la fraude. Là encore, le point de départ est séduisant puisqu'il vise à analyser les courriels et SMS – sur l'orthographe, les liens inclus, la suggestion d'urgence… – afin de repérer les tentatives d'usurpation de l'identité de la banque pour toutes sortes de malversation. Hélas, émanant du département des risques (en Espagne), il ne serait déployé que pour le traitement des signalement reçus, soit une infime minorité des incidents, alors qu'il serait infiniment plus performant s'il était mis directement à disposition des clients.

En conclusion, voilà trois exemples des trois principaux dangers d'aborder l'innovation par la technologie et non en partant d'un besoin existant : l'adoption d'un outil mal adapté (surdimensionné, ici) au cas d'usage considéré, la focalisation sur une solution tactique, au détriment d'une réflexion en profondeur, et l'erreur de cible, par contrainte d'organisation, en général. Naturellement, la situation n'est pas désespérée et ces dérives peuvent être aisément corrigées a posteriori. Pourtant, même dans cette perspective optimiste, la méthode ne semble pas extraordinairement efficace.

mardi 11 mars 2025

La Suède pousse les paiements déconnectés

Sveriges Riksbank
Déjà préoccupée par la disparition des espèces et les risques d'exclusion qu'elle est susceptible d'entraîner, la Suède s'inquiète désormais aussi des menaces que fait peser la situation géopolitique actuelle sur la résilience des systèmes de paiement électroniques. Elle veut donc développer un mécanisme qui fonctionne sans réseau.

Le rapport annuel publié par la banque centrale permet de comprendre l'ampleur des enjeux. Le pays fait en effet partie de ceux, en Europe voire au-delà, qui ont le plus basculé dans l'ère « digitale », autant pour les opérations avec des commerçants et autres professionnels que pour les échanges entre particuliers, ces derniers ayant profité du dispositif interbancaire Swish à base de règlements instantanés pour réaliser leur transition, bénéficiant en outre progressivement d'options complémentaires.

Tous les indicateurs confirment cette évolution radicale. D'un côté, la baisse du volume de cash en circulation (en proportion du PIB) atteint un plancher record et les retraits sur les distributeurs s'effondrent. Seule « anomalie » dans les statistiques, un rebond des transactions en espèces, qui serait dû à la libération des réserves constituées au début de la crise ukrainienne. À l'inverse, le recours au porte-monnaie mobile (Apple, Google…) séduit de plus en plus de consommateurs et est en forte progression.

Or le contexte global récent – non seulement à travers le danger de conflits ouverts mais également, et de manière beaucoup plus concrète, les cyberattaques sur les infrastructures stratégiques – soulève des questions sur la capacité du pays à affronter une perturbation majeure sur ses réseaux de télécommunication, qui paralyserait l'économie, sans que le cash ne constitue une réponse viable puisqu'il n'a presque plus cours (même si des actions ciblées visent à en faire une partie de la solution).

Riksbank Payments Report 2025

La Sveriges Riksbank fixe donc aux acteurs du secteur privé, en coopération avec les pouvoirs publics, un objectif, d'ici juillet 2026, de mise en place d'une méthode de paiement par carte « hors ligne » pour les dépenses de première nécessité, en cas de dysfonctionnement des communications jusqu'à une semaine. Je découvre à cette occasion que de telles mesures ont déjà été prises et sont déployées ou en cours de déploiement dans plusieurs pays, tels que l'Estonie, la Lettonie ou le Danemark.

L'injonction et sa relative urgence ouvrent une perspective particulière sur les différents chantiers de monnaie digitale de banque centrale (MDBC) engagés un peu partout dans le monde (y compris dans la zone Euro)… qui achoppent fréquemment sur cette capacité à opérer sans connexion. Certes, des circonstances exceptionnelles rendent certains compromis acceptables, mais les approches qui seront mises en œuvre pourront tout de même aussi servir de bancs de validation pour ces futurs scénarios.

lundi 10 mars 2025

Nirvana assure les poids lourds à l'IA

Nirvana
Quand on parle d'assurance à l'usage, on pense généralement aux véhicules des particuliers, alors que les poids lourds représentent un marché probablement plus propice à ce genre d'approche. Aux États-Unis, quelques startups se positionnent, parmi lesquelles Nirvana qui approche du statut de licorne grâce à des résultats encourageants.

Le principe de l'offre, qui concerne les camions individuels comme les flottes, correspond à ce que l'on connaît déjà pour l'automobile : en partageant un accès aux données télématiques collectées – comprenant la géolocalisation, la vitesse, les accélérations et freinages… ainsi que des captures vidéo, uniquement dans les cas d'accident – les clients bénéficient d'une tarification qui prend en compte le comportement de conduite et peut de la sorte leur faire économiser jusqu'à 20% sur leurs primes.

Naturellement, la particularité de ce segment professionnel réside dans la disponibilité « native » des informations nécessaires à une évaluation des chauffeurs, à la fois celles qui sont transmises individuellement par les systèmes de suivi installés dans tous les véhicules modernes, pour la mesure en temps réel, et celles que fournit le régulateur du transport routier, qui servent de référence aux modèles d'analyse actuarielle (à base d'intelligence artificielle, inévitablement !) mis en œuvre par la jeune pousse.

Toujours à l'image de ce qui se fait couramment pour le grand public, Nirvana capitalise en outre sur la connaissance qu'elle acquiert auprès de ses différentes sources dans un but de renforcement de la sécurité. Il peut s'agir, classiquement, de formuler des recommandations spécifiques sur les habitudes du conducteur, ou, plus intéressant, de la mise en avant, à des fins pédagogiques proactives, des zones dans lesquelles les contrôles révèlent des infractions réglementaires particulièrement fréquentes.

Nirvana. Safer. Smarter. Fairer.

La proposition de valeur de Nirvana (et de ses consœurs) s'inscrit dans un contexte plutôt tendu pour le secteur du transport nord-américain, avec la menace que font peser sur son activité et, par conséquent, sa rentabilité, les taxes douanières instaurées par la nouvelle administration sur les échanges avec le Mexique et le Canada, qui représentent une part importante du fret à l'échelle du pays. Dans une logique de chasse aux coûts, l'argument du prix constitue ainsi l'arme ultime de l'assurance à l'usage.

En tout état de cause, le modèle se révèle parfaitement adapté au transport routier, jusqu'à présent largement négligé par des acteurs qui préfèrent souvent s'adresser aux marché de masse des particuliers, plus « intuitif ». Non seulement les données requises à sa mise en place sont-elles aisément accessibles, leur mise à la disposition d'un assureur est aussi moins sujette à questionnement sur la protection de la vie privée, puisqu'elles sont déjà exploitées par les outils de gestion et, pour partie, le régulateur.

dimanche 9 mars 2025

À l'ère digitale, UniCredit se cherche

UniCredit
Avec la finalisation de l'acquisition, annoncée l'été dernier, de la belge Aion Bank et de son fournisseur technologique Vodeno, UniCredit confirme sa stratégie agressive d'ajustement de son modèle pour l'ère « digitale ». Quitte à courir plusieurs lièvres à la fois, sans trop se préoccuper de la cohérence entre ses différentes « aventures ».

D'emblée, l'institution italienne semble ainsi faire le grand écart entre cette opération, sur laquelle elle mise en grande partie pour rajeunir sa vision de ses métiers, et ses visées sur l'allemande CommerzBank (qui semblent aujourd'hui au point mort), établissement historique s'il en est. Il est vrai que dans les deux cas, l'expansion géographique européenne – en priorité vers la Pologne pour ce qui concerne Aion – figure au cœur des ambitions. Mais celle-ci réserve également sa dose d'ambiguïté.

En parallèle, l'ajout de Vodeno à sa panoplie suscite en effet chez l'italienne de sérieuses velléités de développer dans les principaux marchés où elle est présente les activités de « banque en services » – permettant de proposer à des entreprises non financières de distribuer de manière totalement transparente des produits et services de gestion de comptes, de paiement, de crédit… – qui constituent une des particularités (évidemment attractives) de la collaboration de la jeune pousse avec Aion.

Et ce n'est pas tout ! Il est en outre question de capitaliser sur les pratiques et le socle logiciel à l'état de l'art de Vodeno – nativement compatible avec l'infonuagique, entièrement basé sur une architecture d'API (et mâtiné de blockchain, dont elle est de la sorte une des dernières adeptes de son mythe désormais périmé) – dans le but de disposer d'une plate-forme autorisant la création rapide, à moindre coût, de solutions susceptibles de répondre aux besoins des nouveaux segments qu'elle désire cibler.

UniCredit x Aion x Vodeno

Sur ce volet de la modernisation « digitale », UniCredit souligne son positionnement spécifique à la croisée des acteurs traditionnels qui lancent une marque et une offre dédiées moyennant des investissements lourds (approche sur laquelle elle s'est déjà elle-même plus ou moins cassé les dents), les fournisseurs de technologie qui conçoivent des systèmes génériques et les startups de la FinTech qui manquent de ressources pour déployer un catalogue étendu. L'argument pèserait s'il s'accompagnait d'une perspective de transition de l'existant vers le modèle idéal ainsi esquissé… mais celle-ci n'est que vaguement sous-entendue, jamais exprimée formellement.

Il est vrai qu'une telle orientation ajouterait de la confusion à un plan de croissance déjà trop dispersé et ce d'autant plus que les exemples de réussite en la matière sont plutôt rares (je ne connais que le cas de NAB avec UBank, qui a pris de longues années et a probablement couté une fortune), la plupart des initiatives étant abandonnées en cours de route (faute de persistance dans la démarche ou de courage au moment d'envisager la bascule, entre autres). Ce sera donc, au mieux, une option lointaine.

À travers la double acquisition d'Aion Bank et de Vodeno, UniCredit démontre une lucidité plutôt rare dans l'industrie quant à la nécessité de ré-évaluer le concept de banque pour le XXIème siècle, autant du point de vue de son infrastructure informatique que de ses méthodes de distribution (en services, notamment). Malheureusement, elle prend un énorme risque avec sa mise en œuvre en choisissant de poursuivre simultanément une stratégie de conquête à laquelle elle devra consacrer des efforts et budgets qu'il vaudrait mieux réserver exclusivement à sa rénovation, prioritaire.

samedi 8 mars 2025

Les ados débordés par les moyens de paiement

ABN AMRO
Une enquête, soutenue par ABN AMRO, auprès d'environ 1 600 jeunes néerlandais de 12 à 18 ans et fréquentant l'enseignement secondaire illustre à quel point la multiplication des outils de paiement handicape leur capacité à gérer leur budget et reflète l'importance de leur fournir une éducation financière adaptée à notre ère « digitale ».

N'allez pas croire que c'est l'insouciance qui engendre l'ignorance généralisée dans laquelle sont les adolescents de leur situation financière globale – 43% seulement des répondants déclarant par exemple connaître la somme dont ils disposent. Au contraire, ils sont de plus en plus nombreux à consulter régulièrement leur application bancaire afin de savoir où ils en sont : deux tiers vérifient leur position au moins une fois par semaine, contre la moitié lors de la précédente étude, réalisée il y a cinq ans.

Ce qui leur pose le plus de problèmes, en réalité, tient à la diversité de leurs usages et des instruments qu'ils emploient. Alors qu'ils ont désormais presque tous une carte de paiement, ils ne pensent pas toujours à intégrer dans leur perception de leurs avoirs les sommes en espèces qu'ils possèdent… mais, avec la disparition progressive des pièces et des billets dans leur quotidien, cet oubli n'est résolument pas le plus grave.

En revanche, le remboursement à prévoir des emprunts faits à leurs proches, notamment leurs amis, lorsqu'ils épuisent leur réserve (ce qui arrive occasionnellement à plus d'un sur deux), passe fréquemment à la trappe. Pire, leur recours compulsif aux applications permettant de demander à un contact de régler sa quote-part d'une dépense partagée (trois quarts de l'échantillon sont adeptes, pour une moyenne de 20 opérations par mois !) conduit à un endettement important masqué, quand les demandes restent longtemps en attente. À l'opposé, les retours d'achats en ligne, devenus une seconde nature, représentent des rentrées dormantes, elles aussi exclues.

ABN AMRO – Schoolkids Finance

Enfin, phénomène encore marginal mais tout de même inquiétant, 13% des jeunes interrogés confirment avoir déjà opté pour une facilité de paiement fractionné (BNPL)… alors même qu'elle est légalement interdite aux mineurs (ce qu'ils ignorent). Là encore, l'engagement correspondant n'est pas pris en compte dans la vision qu'ont ces individus de leurs finances personnelles. Quelques réactions tendent d'ailleurs à démontrer qu'ils n'ont même pas conscience que le dispositif est équivalent à un emprunt.

En synthèse, l'étude présentée par ABN AMRO révèle deux lacunes majeures dans l'approche de l'argent par les adolescents. D'une part, ils rencontrent des difficultés à analyser correctement l'état de leur porte-monnaie. D'autre part, et cet aspect découle en partie (seulement) du premier, ils ne parviennent pas à maîtriser leurs comportements budgétaires (en comptant sur leurs parents, entre autres, pour les renflouer si nécessaire). Une telle irresponsabilité ne les prépare pas à la vie d'adulte autonome.

Comment les aider à se corriger ? Sur le premier point, on peut envisager des solutions techniques – de préférence incluses au cœur des logiciels qu'ils affectionnent particulièrement – capables d'agréger tous leurs actifs et passifs, en insistant sur les obligations qu'ils négligent. Sur le second volet, un accompagnement est indispensable. Une sorte de coach virtuel, associé à la fonction d'agrégation, pourrait certainement remplir ce rôle avec une dose de contextualisation propice à l'apprentissage.

vendredi 7 mars 2025

Curve avance dans le pilotage financier

Curve
Avec sa super-carte capable d'agréger différents moyens de paiement, Curve fournit déjà quelques outils d'optimisation des finances personnelles, notamment le choix a posteriori du support sur lequel est prélevée chaque dépense. Depuis peu, son option « ReFi » permet aussi aux utilisateurs de mieux maîtriser leurs encours de dettes.

La jeune pousse était jusqu'à maintenant focalisée sur la fonction de paiement, autorisant le porteur à choisir d'un geste (ou par l'intermédiaire d'une règle prédéfinie) le moyen le plus approprié pour régler chaque achat, qu'il s'agisse de sélectionner celui qui offre la récompense la plus généreuse ou de l'affecter à une carte de crédit sur lesquels les intérêts sont moins élevés, par exemple. Le tout en profitant de primes supplémentaires, de frais réduits à l'étranger et d'un suivi centralisé des transactions.

Désormais, Curve s'aventure donc dans un domaine complémentaire, du pilotage de l'argent. Grâce à sa connexion directe aux comptes de ses clients, elle peut en effet faciliter leur rééquilibrage, selon les circonstances et les besoins. Le cas le plus classique (et évident) est celui du remboursement d'un solde de carte de crédit ou son transfert vers une autre, aux conditions plus avantageuses, mais il pourrait également s'agir de combler un découvert avant qu'il n'engendre des pénalités prohibitives.

Concrètement, le nouveau service est, en quelque sorte, une extension de la faculté antérieure de revenir dans le passé – offrant la possibilité de changer l'instrument retenu pour une opération jusqu'à quatre mois après cette dernière –, l'ensemble des encours pouvant maintenant être déplacés à volonté. La proposition de valeur est particulièrement attractive car les alternatives peuvent se révéler lourdes à mettre en œuvre (entre autres les transferts de solde, nécessitant un contrôle d'éligibilité).

Le glissement qu'esquisse Curve d'une approche transactionnelle vers un modèle d'accompagnement dans la gestion budgétaire reflète à la fois une opportunité qui tend les bras à tous les acteurs disposant d'une vue sur la situation globale de leurs clients et un objectif incontournable afin de répondre aux attentes des consommateurs. Soulignons tout de même que la démarche reste ici embryonnaire : il faudrait encore l'appuyer avec des recommandations personnalisées d'optimisation des comptes, à la manière de celles qui suggèrent le recours à telle ou telle carte pour les achats.

Curve