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C'est pas mon idée !

jeudi 5 septembre 2024

Tiime riposte à l'offensive de Qonto

Tiime
Ce n'est peut-être qu'une coïncidence mais, alors que Qonto vient de lancer une offensive de séduction en direction des experts-comptables, Tiime – le spécialiste des solutions de comptabilité et de gestion ciblant justement ces derniers en priorité – annonce la gratuité de son offre, compte bancaire compris, pour leurs clients.

Il est tout de même difficile de ne pas établir un lien entre les deux actualités, à moins d'une semaine d'intervalle, quand la nouvelle initiative est manifestement destinée à mieux attirer les cabinets comptables, ce qui, dans le cas de Tiime, se traduit non seulement par la recommandation de ses outils aux entreprises qu'ils recrutent, comme Qonto, mais également l'utilisation de sa plate-forme de productivité tout-en-un conçue expressément à leur intention (qui, elle, reste payante, naturellement sera également gratuite, laissant planer un doute sur le futur modèle économique).

La grille tarifaire applicable depuis le début du mois de septembre, inchangée pour les sociétés qui souscrivent directement auprès de la jeune pousse, propose donc désormais sans frais toutes les fonctions disponibles – formalités administratives, génération de factures, capture, conservation et transmission des documents (justificatifs et autres), pilotage de trésorerie… et compte de paiement – dès lors qu'elles sont mises à la disposition de l'organisation par l'intermédiaire de leur expert-comptable adhérent.

Tiime Gratuit

En tout état de cause, il semble que, en parallèle d'une vision qui se généralise de convergence entre les plates-formes de gestion et les comptes bancaires, se dessine aujourd'hui une véritable bataille pour la conquête des experts-comptables, dont un des enjeux ou, du moins, un des principaux arguments est l'équipement bancaire des entreprises. Les acteurs en place, qui n'ont visiblement pas anticipé cette tendance, risquent alors de voir marginaliser leurs offres pour PME – même quand elles intègrent des services extra-financiers – face au pouvoir de prescription d'un autre partenaire de poids de leurs clients, dont Tiime se vante d'en avoir déjà convaincu plus de 2 000.

mercredi 4 septembre 2024

Epargnoo crée une assurance-vie collaborative

Epargnoo
Ce lancement par Epargnoo – jeune pousse française qui se donne pour mission de faciliter l'accès à une gamme immense et diversifiée de produits d'épargne – d'une assurance-vie communautaire résolument innovante remonte déjà à plusieurs mois… mais je ne le découvre qu'aujourd'hui (grâce à Qorus : merci !). Et il m'inspire !

Pour être clair, le principe semble pour l'instant embryonnaire et plutôt expérimental. Il s'agit tout simplement de proposer aux investisseurs de voter, chaque trimestre, pour leurs préférences générales d'allocation, sur un produit dédié, vers lequel ils peuvent transférer volontairement leur assurance-vie existante. À l'issue de la période d'ouverture du scrutin, les équipes de la startup établissent la moyenne des souhaits exprimés et ajustent la composition du portefeuille en conséquence.

De toute évidence (parce que ce serait trop difficile à gérer ?), il n'est pas question de choisir des titres individuels et il faudra se contenter de sélectionner des pourcentages par grandes catégories d'actifs (fonds euros, actions, obligations, immobilier…), ce qui permet tout de même d'orienter sérieusement la stratégie, dont son équilibre sécurité-performance. Les participants sont également invités à partager leurs convictions et les raisons de leurs décisions dans l'espace de discussion associé au sondage.

Bien que l'annonce initiale évoque la notion d'intelligence collective, la motivation principale de la démarche concerne son aspect collaboratif, c'est-à-dire la faculté unique offerte à ses acquéreurs de façonner eux-mêmes leur support d'investissement. Malgré tout, le concept remet automatiquement en mémoire la fameuse théorie de la sagesse des foules développée par James Surowiecki et ses quelques tentatives d'application dans l'univers de la finance, en vogue il y a une douzaine d'années.

Epargnoo – Assurance-Vie Communautaire

Il n'est pas certain que les équipes d'Epargnoo aient cette référence en ligne de mire, puisque, outre l'absence de mention d'une possible optimisation grâce à la communauté, ils omettent dans leur implémentation quelques préceptes essentiels, tels que l'impératif de vote indépendant de chaque contributeur, ce qui devrait se traduire par un masquage des résultats jusqu'à la clôture et l'interdiction d'émettre des commentaires, toujours susceptibles d'influencer leurs lecteurs et de créer de la sorte un biais.

Ces limitations n'empêchent pas d'imaginer, après une période d'oubli, le grand retour de la théorie dans le domaine de l'investissement, dont il serait intéressant de valider sérieusement (sinon définitivement) son efficacité pour la performance des portefeuilles. En l'état, Epargnoo arrive à capter une cinquantaine de participants sur son initiative, ce qui paraît un peu juste pour la fiabilité des prédictions communautaires mais serait largement suffisant pour une première étape, d'autant qu'il ne devrait pas être trop difficile d'attirer plus de monde avec quelques ajustements sur le dispositif actuel.

mardi 3 septembre 2024

Et l'identité (digitale) des entreprises ?

The Centre for Finance, Innovation and Technology
Parce que les entreprises font face au même genre de malversations que les citoyens concernant leur identité en ligne, le Centre pour la Finance, l'Innovation et la Technologie (CFIT) met sur pied au Royaume-Uni une coalition d'acteurs de l'internet et de la finance afin d'évaluer l'opportunité de déployer un système de gestion national.

En général, le sujet est abordé exclusivement dans une perspective d'équipement des individus et quand, par exemple, l'initiative de porte-monnaie européen inclut également les personnes morales dans son périmètre, il semblerait qu'elles ne figurent pas en tête des priorités d'un projet… qui n'est déjà pas en avance sur son calendrier. Pourtant la fraude déclenchée par une usurpation ou autre détournement d'identité ne les épargne pas, bien au contraire, menant régulièrement à des faillites spectaculaires.

Après un précédent chantier sur la finance ouverte, le CFIT s'attaque donc à ce problème aussi complexe qu'urgent. Considérant a priori que des dispositifs de vérification numérique d'identité pour les organisations sont susceptibles de freiner la criminalité, il rassemble, selon son modèle opératoire habituel, un certain nombre d'acteurs – parmi lesquels apparaissent Amazon, Dun & Bradstreet, Experian, Barclays, HSBC, Revolut, Visa… – en vue d'élaborer un plan d'action à l'horizon de mars 2025.

L'idée sous-jacente est triviale : grâce à un système universel et interopérable de contrôle, partagé entre toutes les parties prenantes, intégré dans les processus des banques et avec les autres sources d'information, il devrait être possible de renforcer la fiabilité des fonctions d'authentification des intervenants, dans toutes sortes de transactions, et de compléter l'outillage des programmes de lutte contre la fraude.

CFIT – Coalition contre la criminalité financière

Les participants sont invités, dans une démarche collaborative, à explorer les options possibles, estimer leur pertinence, expérimenter leur mise en œuvre et, in fine, émettre des recommandations pour une future solution à généraliser. Un premier travail a été initié par Lloyds Bank, NatWest et Monzo, visant à mesurer, à travers une simulation sur leurs gisements de données, l'impact potentiel du mécanisme de vérification envisagé, en particulier sur le nombre de comptes ouverts par des malfaiteurs.

Mieux vaut tard que jamais. Le lancement de cette initiative est une bonne nouvelle pour l'économie britannique… même s'il ne faut pas s'attendre à un produit fini à court ou moyen terme. En effet, la conception d'une identité digitale pour les entreprises sera autrement plus difficile que pour le grand public (ce qui explique peut-être pourquoi elle tarde tant, un peu partout, à s'imposer comme une évidence), avec ses exigences de gestion des représentants légaux, des délégations, des rattachements et filiations, des entités étrangères… et des mouvements permanents sur tous ces aspects.

lundi 2 septembre 2024

L'intégration bancaire dans le dos des banques

Atlantic Money
Quand une jeune pousse de la FinTech telle que Wise désire intégrer son offre dans la panoplie des banques, elle se perd en négociations sans fin… pour ne conquérir qu'une poignée de partenaires. À l'inverse, sa concurrente Atlantic Money a imaginé un moyen de s'infiltrer dans tous les établissements sans avoir à leur demander leur avis.

Le principe est trivial. Une étape initiale de configuration propose d'abord d'associer un numéro de compte local, britannique en livres sterling ou européen en euros, associé exclusivement aux coordonnées bancaires (aux États-Unis, en Inde, au Canada…) du correspondant désiré. Dès lors, il suffit d'émettre un virement domestique vers ce compte afin d'effectuer un transfert international par l'intermédiaire des canaux d'Atlantic Money… en bénéficiant de son tarif fixe (avantageux) de 3 livres ou 3 euros.

Naturellement, la procédure ainsi décrite paraît extrêmement lourde et, donc, sans intérêt pour les opérations ponctuelles. Mais, en parallèle, Atlantic Money révèle qu'une immense majorité de ses clients réguliers (94%) envoient généralement des fonds aux mêmes destinataires, que ce soit leur famille pour les expatriés, les étudiants à l'étranger de la part de leurs parents ou les fournisseurs des entreprises. Dans ce cas, la nouveauté prend tout son sens et la faculté de déclencher les transactions depuis l'environnement familier de sa banque constitue un facteur de confort attractif.

Atlantic Money Challenges SWIFT

L'amélioration peut sembler anodine mais, en dehors du premier paramétrage et de la perte de transparence qu'elle entraîne (notamment sur le montant que recevra l'autre partie), elle accélère et simplifie réellement le parcours de l'utilisateur qui, dans tous les cas comprend l'émission d'un virement bancaire. La startup s'autorise de la sorte la comparaison avec les méthodes traditionnelles, c'est à dire SWIFT et ses frais faramineux (et totalement déconnectés des réalités contemporaines).

Au-delà du cas d'usage mis en œuvre par Atlantic Money, la méthode employée pour s'immiscer dans l'univers de la banque, en profitant non seulement de sa familiarité mais également, un tant soit peu, de la confiance qu'il inspire, est astucieuse et vaudrait peut-être d'être envisagée et expérimentée pour d'autres besoins. Avec un peu d'imagination, la capacité désormais largement ouverte, grâce aux modèles de banque en services, de créer des comptes virtuels recèle de multiples opportunités encore inexplorées.

dimanche 1 septembre 2024

Réflexions sur le service client

Klarna
Quand Klarna révèle que, désormais, l'intelligence artificielle remplace une partie de ses effectifs, et au-delà du traditionnel débat sur l'impact de la technologie sur l'emploi (sur lequel quelques illusions négationnistes pourraient commencer à s'effondrer), voilà une occasion en or pour se pencher sur ce qui fait la qualité du service client.

C'est à l'occasion du partage de ses résultats pour le premier semestre 2024 que le géant du paiement différé évoque les progrès considérables d'efficacité opérationnelle qu'il a accomplis grâce à l'IA. Alors que les algorithmes assumeraient aujourd'hui le travail de 700 personnes, ses effectifs totaux ont déjà fondu de 5 000 à 3 800 équivalents temps plein en une année et une cible informelle est envisagée à 2 000 employés à terme (en évitant les licenciements, précise le directeur général).

Naturellement, ces gains sont enregistrés essentiellement dans le support aux clients, principale cible de l'intelligence artificielle. Bien qu'il soit possible que les responsables se fourvoient sur ce point, comme le suggérait Gartner il y a peu, la satisfaction des clients vis-à-vis des outils automatisés est identique à celle de leurs interactions avec des agents en chair et en os, la réduction du temps moyen de résolution des problèmes de 11 à 2 minutes jouant probablement pour beaucoup dans leur appréciation.

Il se trouve que ces déclarations résonnent pour moi avec une expérience personnelle toute fraîche d'interaction avec le centre d'appel de SG, à la suite d'un paiement rejeté indûment. Outre que le refus initial n'aurait jamais dû se produire si les systèmes anti-fraude étaient performants, j'ai dû réitérer ma demande de déblocage à quatre reprises en moins de 24 heures, chacun de mes interlocuteurs successifs exigeant bien entendu que je lui explique en détails ma demande… et les épisodes précédents.

Passons sur mon irritation face au temps perdu, environ 50 minutes au total, pour une conclusion peu satisfaisante puisque le même incident s'est reproduit pour mon achat suivant. Les individus qui m'ont répondu ont pour leur part coûté très cher à la banque pour une intervention somme toute banale. On imagine très bien ici qu'une IA serait non seulement plus économique mais également plus efficace, a minima parce qu'elle connaîtrait tout sur mes échanges antérieurs et pourrait reprendre le fil sans délai.

Mais la technologie ne fait pas tout et mon « calvaire » montre aussi les déficiences manifestes du processus mis en place : comment se fait-il que, comme me l'a avoué explicitement l'un d'eux, mes correspondants n'aient pas instantanément un aperçu de ma question en cours et un résumé des conversations associées ? Négligence (systématique) ou plate-forme technique mal conçue ? Toujours est-il que l'introduction d'outils supplémentaires, fussent-ils intelligents, ne palliera pas ces lacunes…

En résumé, vous pouvez recourir à la meilleure IA du monde, un service client défaillant le restera et son absence d'empathie humaine démultipliera le niveau de mécontentement de ses utilisateurs. En revanche, comme l'illustre l'exemple de Klarna, déployée en support à une organisation performante, elle constitue effectivement un facteur d'optimisation extraordinaire, sans impact négatif sur le ressenti des clients.

Klarna Interim Report H1 2024

samedi 31 août 2024

Qonto fait les yeux doux aux comptables

Qonto
Infatigablement, la néo-banque française Qonto poursuit sa stratégie de séduction des partenaires habituels des entreprises dans l'optique de stimuler la distribution de son offre. Ainsi, après avoir intégré l'ouverture de compte dans le parcours d'enregistrement légal de société, elle déploie un nouvel outil à l'intention des comptables.

En quelques mots, la jeune pousse propose donc depuis peu, gratuitement, une fonction complète de création d'entreprise, comprenant non seulement le dépôt de capital (disponible depuis plusieurs années) mais également la rédaction d'une ébauche de statuts, la constitution du dossier pour le greffe, l'immatriculation réglementaire… Cependant, contrairement à la plupart de ses concurrentes (dont Shine), elle ne s'adresse pas directement aux fondateurs mais plutôt aux experts-comptables qui prennent en charge ces tâches administratives pour eux.

Ce choix n'est guère surprenant puisqu'il correspond à la cible privilégiée de Qonto. En effet, en dehors des très petites structures, y compris les travailleurs indépendants, le cabinet comptable est un des interlocuteurs que recherche en priorité le porteur de projet. À ce titre, il est fréquemment sollicité pour l'exécution des démarches officielles de création. En lui facilitant la vie avec sa procédure assistée qui ne lui prendra qu'une vingtaine de minutes, la startup espère stimuler leurs velléités de prescription.

Qonto – Création d'Entreprise

En outre, le dispositif introduit de la sorte, dès l'entrée en relation, l'approche collaborative que l'application de Qonto souhaite instaurer entre l'entreprise et son gestionnaire. Ainsi, toutes les étapes du parcours sont d'emblée mises en commun, dans un espace centralisé unique, tout comme, plus tard, le seront les factures émises, les relevés de compte… et autres documents qui permettent au comptable d'accomplir sa mission, sans retards ni délais et en réduisant les risques d'erreurs ou d'oublis.

Cet ajout à sa panoplie illustre magistralement la méthode de conquête de la néo-banque, éminemment importante dans sa phase d'expansion rapide actuelle : dans l'impossibilité pour sa marque d'atteindre le niveau de notoriété des institutions financières majeures, elle mise autant, sinon plus, sur les recommandations des partenaires de ses prospects – auxquels elle peut assez facilement apporter des solutions pratiques et utiles (jamais envisagées par les établissements historiques) – que sur les campagnes de marketing traditionnelles. Avec 200 000 créations de société et plus de 500 000 clients enrôlés à son actif, la recette semble fonctionner.

vendredi 30 août 2024

Conotoxia facilite la conversion de devises

Conotoxia
Ce n'est définitivement pas une idée révolutionnaire, mais la nouvelle fonction introduite dans les applications mobiles de Conotoxia – jeune pousse d'origine polonaise spécialisée, à la manière de Revolut, dans les services financiers multi-devises – est un de ces gadgets dont on se prend facilement à imaginer d'innombrables déclinaisons.

Quand toutes les solutions qui s'adressent d'une manière ou d'une autre à des personnes en déplacement ou en voyage à l'étranger intègrent un convertisseur de devises, celui-ci est généralement basique : vous choisissez les unités source et cible, vous saisissez le montant et vous obtenez votre résultat. Avec l'option de Conotoxia, il vous suffit de pointer l'objectif de la caméra vers l'étiquette de prix et le tour est joué, vous obtenez instantanément l'équivalent dans votre devise préférée.

Le principe ne paraît évidemment pas en soi extraordinaire, en comparaison, par exemple, des outils du même genre qui vous proposent de traduire en direct du texte sur l'écran de votre téléphone (dont je me rappelle d'une démonstration… il y a une quinzaine d'années). Et, bien entendu, le surcroît de confort pour l'utilisateur n'est pas considérable, bien que, pour ceux qui aiment vérifier le coût de leurs achats dans une contrée éloignée, le service rende le geste un peu plus rapide et légèrement ludique.

Conotoxia Currency Conversion

Dans une approche d'innovation rationnelle, le concept a pourtant le mérite (potentiel) de déclencher l'inspiration autour de la capacité – sous-exploitée dans les logiciels mobiles – de reconnaissance d'image, désormais suffisamment mûre pour une adoption massive, même si, naturellement, elle paraîtrait encore plus prometteuse en association avec des lunettes connectées (qui peinent toujours à trouver leur positionnement).

Pour prendre une illustration dans mon domaine de prédilection, que penseriez-vous d'un assistant budgétaire qui, après que vous lui ayez « montré » la photographie d'un achat (important) que vous envisagez (le produit ou son étiquette) et qu'il ait analysé son prix et sa nature (peut-être assisté par une géolocalisation), vous confirmerait la disponibilité des fonds nécessaires ou vous suggèrerait la meilleure manière de le financer et vous fournirait une analyse de son impact sur votre situation générale ?

Aussi anodine que semble l'idée, le recours à la caméra pour des actions contextuelles, rebondissant sur le réflexe contemporain universel de capturer en vidéo tous les instants de sa vie, peut offrir des opportunités insoupçonnées de renforcer l'engagement des clients. La perspective devrait, en particulier, attiser la curiosité des institutions conscientes que les bons scores d'usage de leurs applications sont d'origine purement fonctionnelle et ne leur permettent pas réellement de consolider la relation.

jeudi 29 août 2024

Tendances du bien-être financier

PNC Bank
Fournisseur de solutions dans ce domaine, PNC Bank présente les résultats d'une enquête passionnante sur le bien-être financier des américains, dont, notamment, les attentes de ces derniers et celles de leurs employeurs, alors que continuent à se multiplier les études démontrant ses impacts sur l'assiduité, la productivité et la fidélité.

Quand six salariés sur dix déclarent vivre de paye en paye, sans possibilité de projection sur l'avenir, il n'est guère surprenant que les responsables d'entreprise constatent massivement (78% d'entre eux) le stress financier parmi leurs effectifs, en augmentation sensible, de 7 points, depuis 2023. Malheureusement, eux aussi rencontrent des difficultés économiques, qui limitent leur capacité à proposer des programmes attractifs afin de stimuler la rétention et l'efficacité de leurs troupes.

Les efforts consentis sont malgré tout visibles puisque la proportion de personnes ayant accès à un avantage de planification financière dans le cadre de leur emploi a doublé en un an, atteignant désormais 28%. Notons immédiatement que ce niveau impressionnant, certes sur un indicateur qui ne représente pas la panacée, souligne l'écart béant entre l'Amérique du Nord et la France (et peut-être le reste de l'Europe), où l'idée même de fournir ce genre de services n'a simplement pas encore émergé.

Et les autres constats dressés par PNC Bank risquent de décourager les éventuels éveils de conscience, car il semblerait que, dans un monde où se côtoient maintenant quatre générations dans les bureaux et les usines, viser la satisfaction de tous s'avère de plus en plus complexe, chacun ayant ses propres angoisses, ses propres priorités et ses propres habitudes. La seule solution consiste à offrir des approches diversifiées et personnalisées, dont la mise en place et le suivi sont évidemment plus coûteux.

Pour les jeunes, la préoccupation principale est la constitution et l'optimisation du score de crédit… à moins qu'ils n'aient un prêt étudiant à rembourser, qui occupe alors la première place de leurs inquiétudes, jusqu'à, pour 30% d'entre eux, mettre tous leurs projets (donc leur vie) en pause tant qu’ils n’en sont pas libérés. Avec l'âge, c'est la préparation de la retraite qui prend le dessus… mais les 45-60 ans sont moins enclins à consulter un conseiller financier, estimant ne pas en avoir les moyens…

Le sondage de PNC Bank en effleure à peine la surface mais il illustre combien le bien-être financier représente un enjeu critique pour les individus et pour les entreprises qui exploitent leurs talents, créant de la sorte une opportunité unique et immense pour les banques qui s'y intéresseraient. Dans le même temps, il fait également ressortir le défi à relever pour concevoir une approche pertinente, à savoir l'obligation d'appréhender simultanément et de manière cohérente les multiples dimensions du sujet.

Bien-Être

mercredi 28 août 2024

Zero, une banque verte sur la bonne voie

Zero Fintech
Pas à pas, la génération émergente de néo-banques à vocation environnementale progresse vers une approche extensive des enjeux. La britannique Zero (en référence à son ambition rêvée d'un monde à émissions nettes nulles) introduit ainsi quelques nouveautés qui faisaient jusqu'à maintenant cruellement défaut dans les offres.

De manière générale, les deux piliers de la banque verte, tels qu'on les retrouve par exemple chez Helios, en France, sont aujourd'hui, d'une part, la promesse d'utilisation des dépôts des clients pour le financement exclusif d'entreprises et de projets responsables et, d'autre part, un outil d'évaluation de l'impact environnemental des dépenses effectuées avec les instruments de paiement fournis. Naturellement, Zero les intègre aussi… en comblant les limitations et les faiblesses du second.

D'abord, la jeune pousse se veut extrêmement pragmatique : consciente que ses clients ne lui confieront pas immédiatement, ni avant un certain temps, la totalité de leur relation financière, elle prévoit une fonction d'agrégation (apparemment propulsée par Plaid) grâce à laquelle ses calculs d'émissions de gaz à effet de serre personnelles seront exhaustifs aussi pour ceux qui ne l'adopteront que pour un usage secondaire.

En pratique, elle propose même, au moins à ce stade, de commencer à profiter de sa solution sans avoir à approvisionner un nouveau compte. Dans ce cas, sa carte de paiement agit vraisemblablement comme une interface vers un des comptes existants préalablement connectés via l'application. Voilà un excellent moyen de laisser les consommateurs méfiants tester le concept avant de s'engager plus sérieusement.

Zero Home

Ensuite, et il s'agit d'un sujet qui me tient à cœur, la plate-forme ne se contente pas d'informer l'utilisateur des conséquences de ses achats. Sur la base d'une analyse des comportements que reflètent les transactions enregistrées, elle lui prodiguera des recommandations contextuelles (et faciles à mettre en œuvre, affirme-t-elle) afin de l'accompagner concrètement dans ses efforts de réduction de son empreinte carbone.

Dans un tout autre registre, et parce que les préoccupations environnementales sont fréquemment associées à des démarches communautaires ou, plus formellement, coopératives, tellement importantes pour infléchir l'avenir de la planète, Zero prévoit de distribuer gratuitement 20% de son capital à ses clients (sans évoquer, hélas, d'autres mécanismes collaboratifs, parmi lesquels la co-construction vient à l'esprit).

Pour l'instant, tout ceci n'est qu'une promesse. Les personnes intéressées, en priorité au sein de la cible visée des moins de 35 ans, sont invitées à s'inscrire sur une liste d'attente (et à partager leur trouvaille), le lancement officiel devant intervenir avant la fin de l'année. Sur le papier, Zero représente incontestablement une des approches de banque responsable les plus convaincantes qu'il m'ait été donné de rencontrer à ce jour. Il restera à voir si la réalisation est à la hauteur des espoirs qu'elle suscite.

mardi 27 août 2024

Après les paiements, l'Inde unifie le crédit

Reserve Bank of India
Avec son approche originale de l'ouverture des services de paiement, la banque centrale indienne a dessiné une voie vers un succès dont peu d'initiatives du genre peuvent se targuer. Aujourd'hui, après une phase pilote, elle s'apprête à répliquer son modèle dans l'optique de faciliter l'accès au crédit pour les populations sous-bancarisées.

Résultant autant d'un régime politique accommodant avec les projets étatiques dans un domaine généralement réservé au secteur privé que d'une vision pragmatique, depuis confirmée par les expériences d'autres régions du monde (dont l'Europe), de l'efficacité de l'interventionnisme sur un terrain où les banques (entre autres) ne perçoivent pas immédiatement l'intérêt d'investir, l'UPI (« Universal Payments Interface ») est une plate-forme offrant à tous les acteurs (légitimes) intéressés une interface unique vers tous les moyens de paiement en vigueur, quel que soit l'établissement qui les gère.

En huit ans d'existence, cette démarche d'ouverture a stimulé l'inclusion financière dans le pays, grâce aux opportunités qu'elle a créées pour des entités innovantes, startups ou autres, de déployer facilement des services adaptés aux besoins des plus modestes. Le même espoir de démocratisation porte donc maintenant la nouvelle initiative ULI (pour « Universal Lending Interface »), visant à décliner les mêmes principes, désormais éprouvés, à l'allocation de crédit, en particulier pour les agriculteurs et autres petits entrepreneurs restés à l'écart du système bancaire classique.

Concrètement, l'idée de la RBI consiste à créer une plate-forme consacrée cette fois à l'exposition uniformisée de données personnelles, financières et extra-financières, utilisables dans le cadre d'une décision de crédit. Aux côtés d'historiques de transactions, procurant un aperçu de la situation et du comportement du demandeur, il pourrait s'agir, par exemple, de relevés cadastraux. Naturellement, l'utilisation des informations collectées reste soumise à l'accord explicite de leur propriétaire, les mécanismes d'autorisation reposant sur le registre d'identité « digitale » Aadhaar.

L'ambition est de procurer aux distributeurs de prêts les moyens d'octroyer des financements à des emprunteurs a priori non qualifiés grâce à une palette variée de données facile à interroger, via une méthode standardisée sur un point d'accès centralisé. Comme dans le cas de l'UPI, apparemment, l'intégration des sources opère sur la base du volontariat « encouragé », les institutions publiques étant probablement chargées d'ouvrir la voie et les organisations privées étant invitées à rejoindre le mouvement sur la promesse, entre autres, de ses bénéfices potentiels.

La banque centrale indienne ne précipite pas les événements. Les prémices du projet étaient évoqués dès 2021 et, au-delà des premiers tests réalisés, aucune date n'est annoncée pour une éventuelle généralisation. Mais la patience qui présidait déjà au lancement de l'UPI devrait encore une fois porter ses fruits, même si, avec cette déclinaison, l'exploitation des informations partagées dans le but de qualifier une capacité d'emprunt requerra plus d'efforts que l'intégration de fonctions de paiement.

Discours Reserve Bank of India