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C'est pas mon idée !

lundi 21 octobre 2024

Un autre volet de la modernisation informatique

Lloyds Bank
On sait – même si nombre de responsables refusent d'affronter la réalité en face – combien l'informatique bancaire est handicapée par des composants obsolètes. En revanche, on pense moins souvent à une autre dimension dans laquelle l'héritage du passé impose ses contraintes inacceptables au XXIème siècle : les pratiques en vigueur dans les DSI des institutions financières traditionnelles.

Prenons l'exemple, anecdotique mais ô combien révélateur, de cette annonce de Lloyds Bank informant ses clients que, en raison d'une évolution apportée à ses systèmes, ils ne pourront réaliser aucun virement durant les petites heures du samedi 19 octobre. Certes, la population impactée par cette interruption de service est probablement très limitée, le choix du créneau correspondant vraisemblablement à une période d'usage habituel minimal et sa durée étant raisonnable (si tout se déroule comme prévu).

Cette pratique n'en est pour autant plus admissible pour une génération d'individus désormais accoutumée à une accessibilité permanente de leurs outils du quotidien. Il n'est pas seulement question de celles et ceux qui, peut-être de l'autre côté de la planète, auraient besoin d'exécuter un transfert d'urgence au milieu de la nuit, d'autant plus frustrés s'ils n'ont pas vu passer l'alerte. La seule publication de l'événement constitue aussi pour tous un rappel du retard technologique de l'établissement.

Et qu'est-ce qui justifie de suspendre de la sorte une fonction à l'occasion d'une mise à jour logicielle ? Dans bien des cas, le coupable est une conception ancienne des applications n'autorisant pas les remplacements « à chaud ». Mais il existe aussi un facteur comportemental, un réflexe qui conduit à perpétuer des usages qui n'ont plus de raison d'être. On peut soupçonner celui-ci d'être à l'œuvre ici puisque la modification portait sur la plate-forme de « faster payments », par nature relativement récente.

Lloyds Bank – Busy Making Things Better

Quoi qu'il en soit, quelque part dans la chaîne de décision, quelqu'un a confirmé qu'il n'était pas très grave d'interrompre un service, pourtant critique, pendant quelques heures, soit que ses subordonnés ait affirmé qu'il n'y avait pas d'autre option, soit parce que c'est la méthode qui a toujours été employée. Dans cet état d'esprit, rien ne sera jamais fait en vue d'envisager une autre manière de faire… comme celle que montrent tous les jours les startups de la FinTech (et d'autres secteurs, incidemment).

Il faudrait encore noter que ces travaux de nuit représentent un risque pour le système d'information : outre la nécessité de faire intervenir des collaborateurs en dehors des heures normales de travail, dans l'hypothèse d'un incident imprévu, les experts requis pour le diagnostiquer et le traiter ne seront peut-être pas disponibles et un petit problème peut alors rapidement déboucher sur une catastrophe. Les mécanismes de déploiement transparents, par palier, sont aujourd'hui la norme et ils assurent à la fois une expérience optimale pour les clients et une meilleure réponse quand survient une anomalie.

dimanche 20 octobre 2024

Klarity, l'assurance sur mesure des PME

Klarity Assurance
Voilà une belle rencontre, que j'ai faite à l'occasion de l'événement FinTech R:Evolution 2024, avec Ying Liang, fondatrice de Klarity, jeune pousse qui propose depuis son démarrage en 2022 des solutions d'assurance réellement ajustées au plus près des besoins des petites entreprises, en abordant l'un après l'autre leurs métiers si variés.

La promesse se concrétise dès la page d'accueil de la startup : au lieu d'une invitation générique à demander un devis, plus ou moins spécialisé dans la suite du parcours, le visiteur découvre d'abord une série de catégories d'activité – à ce stade de son développement, la liste est limitée aux diagnostiqueurs immobiliers, aux agences immobilières et aux courtiers – et leurs garanties associées. Ce n'est qu'après avoir sélectionné celles qui vous intéressent que vous obtiendrez une offre.

Naturellement, toutes les démarches s'effectuent en ligne (avec une assistance humaine optionnelle), avec la simplicité et la réactivité devenues la norme de notre siècle. Et il ne s'agit pas de paroles en l'air : la connaissance intime des domaines visés permet de réduire les questionnaires aux seules caractéristiques véritablement pertinentes pour chacun d'eux. L'ensemble du processus ne prend alors que quelques minutes, jusqu'à la souscription et la délivrance d'une attestation, immédiatement après la simulation.

L'avantage le plus important de l'approche réside cependant dans la personnalisation des garanties incluses. Chaque secteur professionnel comporte ses propres risques, à des niveaux différents : de la conformité à un corpus réglementaire précis jusqu'aux responsabilités engagées dans l'exercice des missions, en passant aussi par le matériel nécessaire. Chaque contrat prend en compte ces particularités, par conception, procurant la certitude d'une couverture vraiment adaptée, sans superflu.

Accueil Klarity

Klarity est ainsi un des très rares acteurs de l'AssurTech (ou, plus largement, de la FinTech) à s'attaquer sérieusement à l'opportunité de la contextualisation des produits, tellement critique pour les PME et les TPE. Ces dernières sont en effet les plus mal servies par les grandes institutions financières en raison de l'extrême diversité de leurs configurations, incompatible avec les modèles de segmentation macroscopique du marché grand public autant qu'avec l'accompagnement individualisé mis à la disposition des grandes structures, justifiable par le chiffre d'affaires considéré.

La technologie présente l'avantage d'autoriser le niveau de spécialisation requis pour cette cible gigantesque mais éclatée, dans une équation économique viable. Aujourd'hui, Klarity commence par se préoccuper de domaines mal pris en charge par les assurances traditionnelles mais, au fil de ses avancées, elle bâtit une infrastructure qui lui permettra bientôt de décliner rapidement et efficacement, à moindre coût, des solutions parfaitement ajustées à toutes sortes d'activités professionnelles.

samedi 19 octobre 2024

Un record du monde d'éducation financière ?

Capital One
Capital One est fière d'annoncer avoir atteint un record du monde de participation à un cours en ligne d'éducation financière, en l'occurrence celui qu'elle a développé et déployé en 2023 avec le spécialiste Khan Academy. Pendant un instant, j'ai cru que je devrai réviser mes préjugés sur les méthodes d'éducation… mais non.

L'événement était organisé le mois dernier par la banque, qui, sur une durée de 24 heures, a donc enrôlé et accueilli plus de 1 800 participants, pour la plupart des collégiens et étudiants, aux côtés de quelques-uns de ses propres collaborateurs, au sein de ses implantations sur l'ensemble du territoire américain ou à distance. L'objectif de ce défi hors norme consistait à mettre en lumière l'importance de l'acquisition de notions élémentaires pour une bonne gestion de l'argent, thème cher à Capital One.

Le record s'inscrit dans ce que l'institution considère être un succès général pour le cursus qu'elle parraine, avec environ 940 000 de personnes l'ayant suivi en 2023, pour un cumul de 27,5 millions de minutes d'apprentissage enregistrées. Et l'impact sur la vie quotidienne de ce presque million d'individus serait bien réel puisque, selon la Khan Academy, celles et ceux qui bénéficient du programme accroitraient leur épargne de 22% (sans plus de détails, entre autres sur des critères de persévérance).

Capital One – Record du monde d'éducation financière

Les chiffres bruts peuvent paraître flatteurs… mais ils méritent d'être relativisés. Tout d'abord, concernant le record, inscrit au Guinness, il tend à pâlir en comparaison d'autres rassemblements… tels que ces 4 700 danseurs traditionnels péruviens 🤣. Quant à l'assiduité, la moyenne de moins d'une demie-heure accordée par chaque « élève » en 2023 correspond au suivi complet et sérieux d'à peine un demi module sur la douzaine que comporte l'ensemble du cours. Soit le temps de découvrir les bases minimales de la mise en place d'un budget et de la division (au sens de l'arithmétique) pour l'organisation de son épargne (je n'invente rien, j'ai essayé !).

Ces éléments factuels confirment donc hélas mes craintes. Les jeunes générations, principalement visées par ces initiatives, ne sont guère réceptives à des méthodes d'enseignement traditionnelles, même quand leurs représentants affirment avec véhémence leur besoin d'éducation financière afin d'affronter leur future vie d'adulte et ses sources d'angoisse (comment financer ses études, comment acheter une voiture, comment se prémunir contre les petits et grands imprévus qui pourraient survenir…).

La déception est d'autant plus grande lorsque la démarche émane d'une banque, apparement sincère dans ses intentions et qui, en tous cas, y consacre quelques ressources. En effet, elle se trouve dans une position idéale pour proposer une approche pédagogique infiniment plus percutante que cette programmation qui ressemble à ce qu'offrirait le système scolaire : par exemple une mise en contexte des apprentissages, par bribes, à l'occasion des opérations réalisées sur un compte bancaire personnel.

vendredi 18 octobre 2024

Worldline se met au paiement par virement

Worldline
Jusqu'à maintenant, ce sont essentiellement des jeunes pousses qui proposaient aux commerçants des options de paiement par virement, en concurrence à la carte omniprésente. Avec l'arrivée du géant du secteur Worldline sur le créneau, le déploiement change de dimension et pourrait ainsi commencer à s'installer dans les habitudes.

Après une phase pilote de 9 mois, la nouvelle solution « Bank Transfer by Worldline » a été discrètement mise à la disposition des commerçants de 10 pays (dont la France, le Benelux…) dans le courant de l'été, son annonce officielle fournissant l'occasion à l'entreprise d'indiquer l'extension à 4 pays supplémentaires d'ici à la fin de l'année (puis d'autres ultérieurement), représentant environ 300 millions d'utilisateurs potentiels sur le continent. D'ores et déjà, quelques 500 marchands l'ont adoptée.

Aucune précision n'est apportée quant au parcours du consommateur, rarement optimal dans ce genre d'approche. En revanche, les avantages pour les commerçants sont largement mis en avant, ce qui constitue évidemment la priorité avant de chercher à convaincre leurs clients. Il est notamment question de son intégration simple et transparente dans les services d'encaissement existants, avec des fonctions équivalentes à celles offertes avec les autres instruments (en termes de notification instantanée, de gestion des remboursements, de pilotage financier et comptable…).

À ces éléments de réassurance s'ajoutent quelques arguments de différenciation, inscrits dans le contexte d'un système supportant d'emblée les transactions transfrontalières (dans le périmètre de l'Union Européenne). Le premier concerne la faculté de prendre en charge des montants élevés, importante pour des métiers spécialisés, les achats d’entreprises, les administrations… Les taux de rejet devraient s'en trouver abaissés. Et, naturellement, les coûts de traitement sont minimisés.

Bank Transfer by Worldline

Bien que ne soit (pour l’instant) visé que l’e-commerce, avec une variante intéressante autour du règlement de facture via un lien web, on ne peut s’empêcher de penser au porte-monnaie européen Wero et à sa proposition de valeur, qui s’estompe quasiment jour après jour, avant même sa concrétisation. Qui, parmi les millions de marchands clients de Worldline préférera, à caractéristiques équivalentes, un outil utilisable uniquement par les détenteurs de compte dans une poignée de banques ? À l’inverse, pourquoi des établissements rejoindraient aujourd’hui l’initiative, aux promesses lointaines et incertaines, quand le marché offre déjà un produit opérationnel ?

Plus le temps avance, plus il devient évident que Wero rate sa fenêtre d’opportunité. En dépit des défauts initiaux du projet, il aurait certainement eu sa place dans le paysage à l’époque où il est né. Quand il sera enfin disponible, il arrivera dans un environnement encombré d’alternatives où ses limitations (en nombre d’utilisateurs potentiels) constitueront un handicap majeur. Et le lancement d’un concurrent de Lydia en guise d’appât, pour patienter, ne suffit pas à éclaircir cette sombre perspective.

jeudi 17 octobre 2024

Ouf ! Il subsiste des ilots d'innovation…

BNP Paribas
Alors que le secteur financier subit un gel quasi universel de l'innovation depuis de longs mois, je me réjouis de découvrir cette initiative sérieuse de BNP Paribas Personal Finance au Royaume-Uni… probablement encouragée par le besoin de différenciation que suscite le succès des nouveaux entrants du paiement fractionné.

L'occasion nous est fournie par l'arrivée à son terme d'un « lab d'innovation », co-organisé avec deux partenaires locaux. Lancé en janvier avec une invitation à développer des solutions originales à base de traitement de l'information adressée à huit jeunes pousses de la FinTech, il proposait à ces dernières de travailler – sur une durée totale de 17 semaines – en étroite collaboration avec les équipes des instigateurs du programme afin d'affiner leurs projets et les rendre pleinement opérationnels.

Les participants disposaient d'une plate-forme ouverte afin de déployer et tester leurs réalisations. Elle leur a également permis d'effectuer les inévitables démonstrations marquant la clôture de cette première phase de la démarche. Car, et le fait est suffisamment rare dans ce genre d'événements pour être souligné, l'aventure ne s'arrêtera pas là… au moins pour quatre des entreprises, dont les présentations ont convaincu la filiale de BNP Paribas de prolonger son accompagnement.

Les « lauréats » retenus auront donc le privilège de voir leurs solutions directement intégrées au sein de son application de pilotage du crédit, dans une section dédiée. Ses utilisateurs auront ainsi le loisir de tester un outil d'analyse de l'efficacité énergétique de leur domicile, une plate-forme de gestion automobile à 360° (avec crédit, assurance, supervision…), un agent virtuel pour le remplissage des formulaires de capacité d'emprunt et un assistant proactif pour la maîtrise des dépenses récurrentes.

BNP Paribas Personal Finance UK Innovation Lab

L'objectif est maintenant de vérifier concrètement, en conditions réelles, l'intérêt des clients pour ces fonctions supplémentaires et de mesurer la valeur que peut en retirer BNP Paribas Personal Finance dans le contexte de son activité. En arrière-plan, et c'est le rôle assigné de manière générale à l'innovation, il s'agit d'identifier des opportunités de se démarquer de la concurrence à travers des options plus ou moins atypiques, entre amélioration de l'expérience et incusion dans des métiers adjacents.

L'initiative, hélas plutôt isolée, laisse tout de même entrevoir l'espoir d'un regain d'intérêt pour l'innovation de la part d'acteurs conscients de la menace – quelle que soit sa forme – qui pèse sur leurs métiers historiques. En même temps, on observe dans cet exemple la transformation des méthodes : plus question (ou presque) de cultiver la créativité dans l'organisation (approche ouverte ou par un petit groupe de spécialistes), la seule voie semble désormais être à la recherche de startups pertinentes.

mercredi 16 octobre 2024

Swift résout le dilemme de la confidentialité

SWIFT
L'annonce par Swift d'une nouvelle option de lutte contre la fraude – à base d'intelligence artificielle, inévitablement – sur sa plate-forme de contrôle des paiements transfrontaliers fournit l'occasion de s'attarder sur la méthode pionnière employée pour exploiter les informations nécessaires sans compromettre leur nature ultra-confidentielle.

Le projet a déjà franchi les étapes expérimentales, depuis le début de l'année, avec quelques banques du monde entier (dont BNP Paribas et l'africaine Standard Bank). Le déploiement officiel est prévu en janvier 2025 et se présentera comme un puissant complément à l'offre existante de vérification des messages sortants, fonctionnant aujourd'hui essentiellement par règles fixes. Avec cet ajout, elle sera aussi capable de détecter des anomalies par comparaison statistique avec les flux habituels.

Bien entendu, avec les milliards d'échanges orchestrés par ses soins composant un immense référentiel de connaissance, Swift est dans une position idéale pour proposer ce genre de services… apparemment. Car son rôle d'intermédiaire comprend aussi une exigence absolue de respect du secret des communications entre ses clients. Heureusement, des technologies émergentes permettent dorénavant de résoudre cette incompatibilité latente, tellement fréquente dans le monde « digital » actuel.

Sans plus de détails opérationnels, les concepteurs évoquent ainsi notamment le recours à l'« apprentissage fédéré » (« federated learning »), qui consiste à entraîner des modèles d'apprentissage automatique sur un assemblage homogène de différents jeux de données, chacun d'eux restant sous la responsabilité de son propriétaire légitime (y compris pendant son traitement). L'algorithme produit par ce processus ne conserve aucune information sensible pour son application ultérieure sur les flux à surveiller.

La mise en œuvre de ces mécanismes est pour l'instant marginale dans l'industrie financière, en raison de la perception d'immaturité qui les accompagne. Ils sont pourtant extrêmement prometteurs pour tous les cas où la mise en commun de données représenterait un avantage significatif mais n'est jusqu'à présent pas possible (ou acceptée) pour des considérations de confidentialité. La lutte contre la fraude en est évidemment l'archétype et l'évolution des menaces en souligne l'urgence chaque jour. Espérons que l'initiative de Swift aide à dépasser les préjugés et la défiance.

SWIFT Fighting Fraud

mardi 15 octobre 2024

Mastercard s'aventure dans l'identité digitale

Mastercard
Alors que les besoins d'identité « digitale » se font plus pressants et que les solutions optimales peinent à émerger (par exemple celle de l'Europe), Mastercard proposera bientôt quelques fonctions essentielles – directement intégrées avec ses instruments de paiement – susceptibles de répondre aux cas d'utilisation les plus courants.

Qu'il s'agisse de s'assurer du pays de résidence d'un visiteur sur un site administratif ou de l'âge de la personne qui achète de l'alcool sur une boutique en ligne (ou, comme l'impose désormais la loi française, pour la consultation de contenus pornographiques), les occasions ne manquent pas dans le monde numérique de devoir prouver telle ou telle caractéristique d'identité. Et personne ne souhaite que ces contrôles induisent des frictions dans les expériences utilisateur qui en comportent déjà bien assez.

Bien que son périmètre fonctionnel soit limité (à ce stade ?), l'approche de Mastercard, qui s'appuie sur les nouvelles spécifications EMV (définissant les standards de paiement par carte), s'avère élégante. En effet, elle autorise, moyennant son intégration préalable par les émetteurs (seuls détenteurs des données correspondantes), la vérification instantanée et transparente, simultanément au paiement, de la date de naissance, de l'âge, de l'adresse…, en ne révélant que les informations strictement nécessaires.

Le service sera bientôt déployé dans quelques pays européens, avec un programme d'expansion sur d'autres marchés dans le courant de 2025. Naturellement, l'institution affirme son intention de collaborer avec des gouvernements et autres organisations pour son développement : le succès passe impérativement par une implication concrète de multiples parties prenantes, les consommateurs, bien sûr, mais également les entreprises qui requièrent ce type de capacité et les opérateurs qui les valident.

Mastercard – Digital ID

Le lancement initial de notre côté de l'Atlantique est particulièrement savoureux quand on considère que, outre le porte-monnaie d'identité numérique européen spécifiquement dédié à ce besoin (dans une perspective beaucoup plus large et générique), un groupe de banques du continent exprime l'ambition d'offrir un jour (probablement pas avant plusieurs années) sa propre réponse au sein de son outil de paiement Wero… positionné comme concurrent souverain des grands réseaux américains.

Voilà plus d'une décennie que quelques visionnaires répètent que l'identité « digitale » constitue une niche attractive, sur laquelle les banques ont longtemps bénéficié d'une fenêtre d'opportunité extraordinaire. En dehors de la poignée de pays où elle a été saisie, elle leur revient aujourd'hui en double boomerang, abordée comme un lointain sous-produit d'un futur instrument de paiement (qui confirme finalement leur intérêt, aussi tardif soit-il) pendant qu'un géant des paiements, justement, les invite à s'embarquer dès maintenant dans l'aventure, même sous une forme embryonnaire.

lundi 14 octobre 2024

Urgence quantique pour le chiffrement

Sécurité
Jusqu'à présent théorique, la menace que fait peser l'informatique quantique sur les algorithmes de chiffrement qui sécurisent nos communications et nos précieuses données personnelles commence maintenant à se concrétiser. Une équipe de recherche chinoise vient ainsi d'en apporter une première démonstration opérationnelle.

Comme si les équipes de cybersécurité des entreprises – institutions financières en tête – n'étaient pas déjà quasiment submergées par la prolifération de dangers en tout genre, voilà donc une problématique qu'elles vont désormais devoir prendre en compte plus tôt qu'elles ne l'imaginaient. Car, bien que les protections en vigueur aujourd'hui ne semblent pas directement en péril en l'état, l'exercice auquel se sont livrés les auteurs du papier en question ne laisse aucun doute sur l'imminence de leur obsolescence.

En pratique, leur expérience a porté sur une clé de petite taille, loin des normes actuelles, employée dans un algorithme usuel (RSA). Mais son objet était de valider non un résultat ponctuel mais plutôt la faculté générique pour une machine quantique du marché – en l'occurrence, celle de D-Wave – d'en extraire le secret dans des délais raisonnables à l'aide d'une méthode optimisée. Et la même opération a été réalisée sur d'autres techniques fréquemment employées pour le chiffrement d'information.

Bien sûr, ce risque était identifié depuis longtemps, mais les spécialistes ont toujours estimé que, la maturité des ordinateurs quantiques n'étant pas envisagée avant de longues années, laissant le temps aux utilisateurs de faire évoluer leurs applications avant une éventuelle catastrophe, il n'existait aucune raison de paniquer. Selon cette logique, un premier algorithme susceptible de résister aux capacités de ces futures calculateurs (développé par IBM) n'a d'ailleurs été standardisé que très récemment.

Avec cette avancée spectaculaire, la donne pourrait changer rapidement puisqu'il paraît dorénavant possible de se contenter d'équipements déjà disponibles sur le marché pour attaquer les systèmes de sécurité en place (sans oublier que les organisations les plus déterminées peuvent engranger des données chiffrées en vue de les exploiter le moment venu). Le remplacement des anciens algorithmes ainsi fragilisés – qui représente un chantier colossal – va peut-être devoir devenir une priorité absolue.

Cadenas Ouvert

dimanche 13 octobre 2024

La ré-authentification contre la fraude

ANNA
Décidément, la nouvelle législation britannique qui impose désormais aux banques de rembourser les victimes de fraude semble susciter une vague de créativité sans précédent dans l'industrie. La dernière idée en date émane de la jeune pousse ANNA et consiste à demander régulièrement à ses clients de re-confirmer leur identité.

En premier lieu, dès qu'ils tenteront d'accéder à leurs comptes depuis un nouvel appareil, les clients de la startup – qui, rappelons-le, propose aux PME une solution complète de gestion d'entreprise – seront invités à exécuter le contrôle par selfie habituellement employé lors de l'entrée en relation. Attention, il ne s'agit (évidemment !) pas de l'authentification biométrique du téléphone mais bien d'une vérification au niveau de la banque, avec une comparaison avec les données enregistrées par celle-ci.

Outre ce cas de changement d'équipement, destiné à détecter les tentatives de connexion par une personne mal intentionnée, la même procédure sera également déclenchée de manière aléatoire dans le cadre de l'usage normal des services. L'objectif dans ce cas est d'intercepter d'autres formes d'activité criminelle, depuis le vol du smartphone déverrouillé jusqu'à la mise en œuvre de compte de mule (quand un individu « prête » son identité à un escroc) et autres techniques similaires.

ANNA – Biometric Re-Authentication

Ses concepteurs se félicitent d'une protection qu'ils considèrent quasiment parfaite : imparable pour les malfaiteurs, qui seront instantanément démasqués et rejetés avant d'avoir pu (trop) agir, et presque transparent pour les utilisateurs légitimes, qui seront tout au plus interrompus occasionnellement dans leurs opérations courantes pour une prise de portrait impromptue. Je suis un peu moins optimiste : la fréquence des contrôles risque d'être soit trop faible pour bloquer les malversations à temps, soit trop élevée et donc lassante, au détriment de la qualité de l'expérience utilisateur, sans parler du danger des faux positifs interdisant aux client l'accès à leur compte.

En dépit de ces réserves, ne soyons pas mesquin : il n'existe aucune solution universelle capable d'éradiquer la fraude bancaire d'un coup de baguette magique. La seule réponse efficace au phénomène passe par la multiplication d'outils complémentaires, autant pour la détection que pour la remédiation des incidents. Dans cette perspective, celui qu'introduit ANNA est une option qui mérite sérieusement l'attention, surtout si elle parvient réellement à éviter de perturber les usages normaux (peut-être, par exemple, par l'intermédiaire de selfies validés en arrière-plan, sans rupture de parcours ?).

samedi 12 octobre 2024

Un moyen de paiement pour l'internet des objets

Mastercard
Comme d'autres, la grande vogue de l'internet des objets est passée, mais le concept continue de vivre et se développer. Dans le domaine des paiements autonomes entre machines, par exemple, les initiatives ponctuelles ouvrent maintenant la voie à des approches extensives, telles que celle que lance Mastercard avec le spécialiste Pairpoint.

Ce dernier, filiale commune de l'opérateur de télécommunication Vodafone et du groupe industriel Sumitomo, conçoit une plate-forme destinée à servir d'intermédiaire générique dans l'écosystème des objets. Dans des usages individuels comme dans des contextes d'entreprises, sa mission consiste à faciliter les échanges d'information et autres interactions entre toutes sortes de matériels, sans intervention humaine.

Grâce à sa collaboration avec Mastercard, les paiements font désormais leur entrée dans la panoplie de services proposés. Pour ce faire, chaque équipement connecté se voit attribuer une identité numérique propre, inscrite dans la carte SIM gérant ses communications. Dès lors, son propriétaire, agissant comme une sorte de mandataire, a la possibilité de l'autoriser à exécuter des transactions dans un périmètre prédéfini.

Les scénarios de mise en œuvre sont multiples, parmi lesquels sont évoqués les flottes de véhicules professionnels, auxquels serait allouée la faculté de régler directement les frais de carburant ou de recharge, de stationnement, de péages autoroutiers… indépendamment du conducteur présent au volant, ou encore l'hypothèse d'un conteneur capable de payer « lui-même » son transporteur, ses taxes portuaires en fonction de sa cargaison et de son poids, transmis aux systèmes d'encaissement.

Mastercard x Pairpoint

La solution, qui supporte tous les réseaux de paiement et est ouverte à tous les acteurs de téléphonie, sera déployée d'abord au Royaume-Uni, d'ici la fin de l'année, l'extension à l'Europe continentale étant prévue dans la foulée (vraisemblablement dans les zones d'influence de Vodafone, en capitalisant sur son offre IoT existante).

La prolifération des agents intelligents, dont on nous promet qu'ils pourront bientôt réaliser des opérations pour le compte d'un humain, rend de plus en plus pressant le besoin d'instruments de paiement adaptés. La réponse de Pairpoint, spécifique pour les incarnations matérielles, esquisse l'émergence de ce nouveau marché. Cependant, en particulier en l'absence de précisions sur son intégration dans l'univers des paiements actuels (faut-il renouveler tous les équipements en place aujourd'hui ?), il s'agit probablement d'une première étape sur un chemin encore très long…