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C'est pas mon idée !

mardi 11 février 2025

C'est quoi le bien-être financier ?

Cofidis
Le bien-être financier est un sujet qui me tient à cœur et que j'évoque régulièrement dans ces colonnes. Or, quand je l'aborde lors de mes échanges avec des professionnels du secteur financier, ils me posent régulièrement la question : mais de quoi s'agit-il exactement ? Je vous propose aujourd'hui un mini-billet afin de répondre à cette interrogation… à partir des résultats d'une enquête menée par Cofidis.

D'après ce sondage, réalisé pour la première fois à l'occasion de la Saint Valentin 2025 qui approche, une statistique ressort tout particulièrement : sept couples sur dix déclarent que l'argent constitue pour eux un sujet d'inquiétude, y compris pour ceux – et ils représentent la majorité de l'échantillon – qui estiment que leur pouvoir d'achat est correct. Alors, si je devais résumer en une courte phrase en quoi consiste le bien-être financier, je dirais qu'il s'agit « simplement » d'éliminer ces angoisses.

En arrière-plan, différents mécanismes entrent en jeu, entre la crainte de ne pouvoir faire face à un imprévu et la difficulté à mettre un pécule de côté. Ces perceptions ne sont pas toujours rationnelles. Par exemple, dans le premier cas, ceux qui disposent d'une réserve confortable peuvent tout de même être angoissés à l'idée de perdre leur emploi ou de subir une incapacité, tandis que, dans le second cas, les incertitudes sur le « bon » niveau d'épargne pour les projets envisagés est susceptible de miner le moral.

Face à ces préoccupations, les produits financiers n'apportent pas seuls une réponse satisfaisante : même avec un pactole de sécurité et des assurances pour tous les risques imaginables, certaines personnes continueront à stresser. Et, selon les profils psychologiques des individus, d'autres catégories d'anxiété s'exprimeront. Ce qu'il faut pour restaurer la sérénité, c'est un accompagnement de proximité, dans la durée, qui redonne un sentiment de confiance et de sécurité, sur le moment et pour l'avenir.

Voilà un défi qui mériterait d'être relevé, ne serait-ce que pour différencier les offres bancaires tellement banalisées aujourd'hui : aider 70% de la population à améliorer son bien-être financier et, en lui restituant de la sorte le pouvoir sur son argent, en faire des clients plus fidèles, qui, lorsqu'ils acquièrent un nouveau produit, le font parce qu'il contribue à leurs objectifs et en sont redevables à leur fournisseur. Qui est prêt à se lancer dans une telle aventure d'innovation (qui n'est résolument pas une utopie) ?

Enquête Cofidis

lundi 10 février 2025

Visa intègre une assurance paramétrique

Visa
Alors que de jeunes pousses de l'InsurTech tentent de s'emparer du marché lucratif des assurances associées aux moyens de paiement, jusqu'à maintenant largement contrôlé par les réseaux de carte, Visa prépare (pour l'Europe) une riposte originale, grâce à une collaboration avec le spécialiste de l'approche paramétrique Companjon.

Comme il est d'usage en la matière, le produit est mis à la disposition des émetteurs, qui feront le choix ou non de l'exposer à leurs clients. En revanche, contrairement à l'habitude, il ne s'agit pas d'une couverture directement applicable aux achats éligibles, comme le sont par exemple les garanties sur les annulations de voyage, la perte ou la casse d'objet, la franchise des locations de véhicule… En l'occurrence, la nouvelle solution est plutôt conçue comme une option contextuelle relativement classique.

Concrètement, l'objectif consiste à proposer au porteur de carte de souscrire une protection contre les intempéries – pluie, neige, température anormale… – à chaque fois qu'il effectue un achat dans un domaine pertinent : billet de concert en plein air, séjour balnéaire, excursion en montagne… L'émetteur est libre de configurer les paramètres de déploiement à sa convenance, ce qui fait donc de Visa un intermédiaire de mise en relation avec son partenaire plus qu'un fournisseur du service.

La prime exigée est calculée en temps réel, par les modèles d'IA de Companjon, en fonction des différents facteurs de risque, dont, naturellement, le lieu, la saison et les spécificités de l'événement considéré. Le fonctionnement de la garantie est sans surprise pour sa catégorie : si le seuil (de précipitations, de température…) inscrit au contrat est dépassé sur la période prévue, selon des mesures de référence officielles, l'indemnisation, prédéterminée, est versée automatiquement au bénéficiaire.

Companjon Weather Protection

L'initiative reflète un effort nécessaire de diversification de Visa face à la menace grandissante de trublions distribuant des assurances qui correspondent mieux aux attentes des consommateurs. Elle apporte également une opportunité de différenciation aux émetteurs, d'autant qu'ils pourront la décliner selon leur bon vouloir (et les audiences qu'ils ciblent). Cet aspect devrait d'ailleurs inspirer les acteurs qui conçoivent eux-mêmes les couvertures accompagnant leurs offres de moyen de paiement.

Et pour les utilisateurs finaux ? Si l'adoption par l'industrie est au rendez-vous, l'arrivée plus ou moins massive d'incitations à souscrire une garantie lors de leurs emplettes représentera une formidable sensibilisation aux principes de l'assurance enfouie et paramétrique, qui est pour l'instant beaucoup trop discrète, et, par conséquent, méconnue et source potentielle de méfiance, pour prétendre à une diffusion étendue.

dimanche 9 février 2025

Une délégation bancaire pour les aidants

Huntington Bank
La gestion des finances personnelles est une question épineuse, souvent source de conflits, pour les personnes en perte d'autonomie et leurs aidants : sans intervention, les risques de problèmes et d'incidents s'accumulent mais, avec une procuration, la crainte d'abus nuit à la relation. Alors Huntington propose une solution intermédiaire.

Naturellement, nous ne parlons pas ici des cas dans lesquels le ou les individus désignés pour l'assistance requièrent un accès légitime aux fonds de celle ou celui dont ils ont la charge. Mais dans de nombreuses circonstances, qu'il s'agisse de quelqu'un qui souffre de troubles cognitifs légers, qui est hospitalisé ou en convalescence, qui se sent dépassé par les sujets d'argent…, il peut être utile, voire critique, qu'un tiers de confiance puisse simplement surveiller de près sa situation financière.

Telle est donc la promesse de l'option « caregiver banking » déployée par Huntington. Activée exclusivement par le titulaire du compte, elle permet à ce dernier de partager – sans danger et sans renoncer à l'entier contrôle sur son patrimoine – un ensemble de fonctions essentielles avec un proche (ou un professionnel, le cas échéant) de son choix, qui, accessoirement, n'a pas besoin d'être lui-même client de l'institution.

Doté d'identifiants de connexion spécifiques, l'aidant utilise les applications web et mobile habituelles de la banque, où il a la possibilité de consulter l'historique de transactions, de manière à identifier et signaler les opérations potentiellement suspectes ou accidentelles, régler les factures en souffrance (sans pouvoir enregistrer de nouveaux créanciers) ou encore effectuer des virements entre les comptes de la personne suivie (et aucun autre, surtout externe), afin d'éviter un découvert, par exemple.

Huntington – Caregiver Banking

Le service atteint de la sorte un équilibre quasi parfait entre la satisfaction des besoins des personnes fragiles et un principe de précaution qui écarte toute éventualité de litige. D'un côté, toutes les capacités nécessaires à la fois à la protection de l'argent et au respect des obligations financières quotidiennes sont fournies. De l'autre, la confiance ne pourra à aucun moment être entachée par un soupçon quelconque, de la part de l'individu accompagné ou de sa famille, garantissant une relation sereine.

Tout comme sur le volet environnemental de la RSE, malgré des engagements sociétaux proclamés haut et fort, l'industrie bancaire est encore loin d'être irréprochable dans sa prise en considération des besoins et des attentes de leurs clients les plus fragiles – qu'ils soient dépendants ou affectés par un handicap – ce qui les mène fréquemment aux frontières de l'exclusion. L'initiative de Huntington esquisse une des réponses possibles aux innombrables défis qui restent à relever en la matière.

samedi 8 février 2025

Le malaise du conseiller bancaire

France Inter
L'émission « On n'arrête pas l'éco » de ce matin, sur France Inter, était consacrée en grande partie à l'évolution de la banque et plus particulièrement celle du métier de conseiller. Elle fournissait une occasion rare de mieux appréhender les terribles contradictions qui l'affectent… et l'absence de perspective réaliste à long terme.

Aujourd'hui, plus personne ne le conteste, la banalisation et la généralisation des outils électroniques ont totalement transformé la relation des institutions financières avec leurs clients, imposant une nécessaire transition du rôles des collaborateurs de première ligne vers le conseil à valeur ajoutée. Or le besoin se fait essentiellement ressentir lors de trois moments clés de l'existence : l'achat de la résidence principale, la séparation (divorce) et le décès. Ce qui laisse peu d'occasions d'exercer son expertise.

Ce constat, qui semble caricatural mais reflète une indiscutable réalité, entraîne, d'une part, une remise en question profonde du dimensionnement des réseaux d'agences et de leur effectifs et, d'autre part, et les principaux intéressés en ont pleinement conscience, la perte de connaissance du client, de sa situation, de ses préférences, de ses projets, de ses difficultés… sans laquelle il est très difficile d'être pertinent.

Les discours prennent ensuite une tournure ubuesque, quand les responsables affirment que, à l'avenir, le conseiller restera indispensable dans la mesure où il sera capable d'apporter un service personnalisé. Mais comment un employé pourra-t-il respecter une telle injonction sans savoir qui est son client et quelles sont ses attentes implicites ? Les conditions sont évidemment réunies pour exacerber l'insatisfaction de tous, entre un conseiller qui ne peut que proposer des recommandations (produits) génériques et un client qui se sent incompris dans les moments où il a besoin d'aide.

Dans un registre anecdotique, le reportage sur une formation spécialisée, inclus dans l'émission, laisse entrevoir le décalage entre les promesses et leur déclinaison sur le terrain. Dans un exercice, un « élève » se voit suggérer de désamorcer une crise avec un client, matérialisée par un courriel de ce dernier, en le rappelant au téléphone, sous prétexte qu'une communication écrite envenimera le conflit. Triste exemple de réflexe préhistorique, alors que le monde moderne impose d'apprendre à communiquer efficacement sur tous les médias, dont, surtout, celui privilégié par son interlocuteur.

Au milieu de ce paysage dévasté, surgit l'utopie de l'intelligence artificielle résolvant tous les problèmes. Ce serait elle qui donnerait – sans le remplacer, nous garantit-on – au pauvre humain submergé les moyens de maîtriser un catalogue trop riche, de prendre en compte des réglementations pléthoriques (qui le handicapent dans son travail, bien sûr) et d'adapter ses conseils à l'individu à qui il a affaire. Mais d'où prétend-elle extraire l'information nécessaire pour accomplir ce miracle ? Nul ne sait.

Si les banques traditionnelles tiennent absolument à conserver leur modèle historique d'interactions personnelles, elles devront d'abord réconcilier ces discordances. Il leur faudra, entre autres, accepter de changer radicalement leurs pratiques de recrutement, en choisissant des profils de coachs plutôt que commerciaux, à l'aise sur tous les médias et pas exclusivement dédiés aux échanges en face à face (ou au téléphone), leur offrir une formation réellement adaptée. Surtout, elles devront mettre en place une vraie stratégie de connaissance du client qui soutienne leur nouvelle (?) mission.

France Inter – On n'arrête pas l'éco

vendredi 7 février 2025

Les habitudes bancaires changent

RFI Global
Une enquête menée par l'institut d'études RFI Global auprès de 4 000 citoyens britanniques offre un aperçu sur la profonde transformation de leurs perceptions et de leurs pratiques bancaires au cours des années récentes. Par leur importance, l'incidence de ces changements sur l'industrie devrait constituer un moteur de sa transformation.

Pour une partie, les résultats partagés reflètent l'état spécifique du marché au Royaume-Uni. Ainsi, l'expansion extraordinaire des acteurs nativement « digitaux » (Monzo, Starling, Revolut…) – qui ont désormais conquis la moitié des consommateurs (contre 16% en 2018) et ont remplacé les institutions historiques comme fournisseurs de leur carte de débit primaire dans 9% des cas (contre 1% il y a 4 ans), surtout au détriment des plus grosses – est difficilement comparable avec un pays comme la France où la frontière est assez floue, faute de trublions indépendants en nombre.

Pour d'autres constats, relevant clairement d'évolution des comportements, la généralisation directe à d'autres régions – à ajuster peut-être, tout au plus, en termes de temporalité – semble plus pertinente. Par exemple, la propension à entretenir une relation avec plusieurs fournisseurs, la moyenne dépassant aujourd'hui 5 par individu, s'amplifie constamment, certainement encouragée par le développement de nouvelles offres, commercialisées, entre autres, par de jeunes pousses spécialisées.

Parmi une multitude d'autres observations, je m'attarderai enfin sur la diminution sensible de la fidélité des jeunes générations : les moins de 35 ans représentent la moitié des clients ayant changé de banque principale dans les cinq dernières années, ce qui les rend deux à trois plus susceptibles de franchir le pas que leurs aînés. Ils se laissent séduire par les promotions et autres avantages… et les démarches sont bien sûr facilitées par les mécanismes légaux de portabilité plus ou moins automatiques.

Enquête RFI Global

Esquissons maintenant quelques conclusions possibles à partir de ces faits, sous forme de scénario pour l'avenir du secteur financier. S'il ne sont encore qu'une minorité à faire la bascule pour leur relation primaire, les consommateurs sont toujours plus attirés par les solutions 100% en ligne, en particulier quand celles-ci proviennent d'acteurs délivrant une expérience utilisateur optimale. Le mouvement est voué à s'accélérer au sein des populations qui, n'hésitant pas à ouvrir de multiples comptes, sont exposés concrètement à la concurrence, vers laquelle la transition est ensuite aisée.

Je profiterai enfin de cet article pour souligner combien, dans ce contexte de dispersion bancaire des personnes, la future réglementation pour l'ouverture des données est critique, y compris pour les institutions qui s'en plaignent avec véhémence. Pour ne prendre qu'une illustration triviale, comment peuvent-elles prétendre apporter un conseil en épargne sans visibilité sur le plan d'épargne entreprise de leur client, sur son portefeuille de cryptomonnaies, sur son activité d'appoint gérée avec un compte professionnel dédié, sur son crédit automobile souscrit auprès du concessionnaire…?

jeudi 6 février 2025

BPCE rationalise son informatique

BPCE
Dans le sillage de la présentation de son plan stratégique à l'horizon 2030, le Groupe BPCE dévoile son projet de transformation de son socle informatique. Pour ambitieuse qu'elle soit, l'approche retenue fait cependant la part belle à une rationalisation à relativement moindre risque… en laissant de côté l'opportunité d'une vision plus radicale.

L'objectif fixé consiste donc à remplacer les deux systèmes d'information qui coexistent depuis le rapprochement des Banques Populaires et des Caisses d'Épargne par une version unique pour toutes les entités de banque de détail (à l'exception de la BRED et de CASDEN, qui conservent leurs propres outils), tout en maintenant, au niveau visuel, une déclinaison à leurs couleurs respectives, bleues et rouges. La plate-forme des Caisses d'Épargne, considérée comme la plus moderne, en fournira la base.

Le programme de migration, qui affectera de la sorte plus profondément les Banques Populaires, serait doté d'un budget en centaines de millions d'euros (entre 500 et 750 selon les sources) et il devrait s'étaler sur quatre ans. À la clé, ce sont plus de 100 millions d'économies par an qui sont visées, pour une cible de rentabilité à 5 ou 6 ans… qu'il faudra certainement ajuster (à une dizaine d'année, j'imagine) en fonction des inévitables retards et dépassements de coûts de ce genre de chantier titanesque.

BPCE adopte ainsi la même stratégie technologique que, précédemment, Société Générale (qui a en outre absorbé son enseigne Crédit du Nord) dans une perspective prioritaire d'efficacité opérationnelle… même si le discours officiel évoque la capacité d'évolution renforcée, en réalité surtout grâce à la mutualisation des ressources. Rien d'étonnant à ce choix dans le contexte global actuel, où tous les efforts portent sur la maîtrise des coûts. Mais il risque de revenir un jour hanter ces entreprises.

Actualité BPCE

En effet, la décision qui a été prise revient à faire reposer l'avenir des banques du groupe sur une infrastructure historique, dont une partie est sinon obsolète du moins vieillissante. Concrètement, les échéances envisagées et les paramètres économiques figent plus ou moins cette situation pour une période de 10 à 15 ans, au cours de laquelle la dette technique ne fera que s'accroître. Dans un environnement où les changements s'accélèrent, il existe un réel danger de perte de compétitivité.

Naturellement, l'alternative, à savoir la modernisation complète du patrimoine informatique, requerrait un investissement beaucoup plus important (en milliards), avec un risque d'échec significatif (dont les exemples abondent hélas autour du monde). Elle devient pourtant de plus en plus urgente, à la fois en raison de la fragilité de systèmes devenus trop complexes (comme semble encore le rappeler la récente mésaventure de Barclays au Royaume-Uni) et de l'impératif de disposer d'une architecture flexible afin de faire face à la diversité et à l'instabilité des besoins à prendre en charge.

mercredi 5 février 2025

Les ambitions de l'assurance paramétrique

Aon
Discrètement, l'assurance paramétrique prend pied dans des domaines de plus en plus stratégiques, partant des couvertures simples contre les retards de vol, pour évoluer vers les phénomènes météorologiques… et aboutir aujourd'hui à une garantie, proposée par Aon, contre les submersions littorales consécutives aux ouragans.

Le principe, désormais classique, reste simple, même si l'exécution est, en l'occurence, un peu plus complexe. À la signature de son contrat, le client définit le montant d'indemnisation qu'il souhaite (qu'il détermine en fonction des dommages potentiels, normalement) et la cote de montée des eaux à partir de laquelle il lui sera versé. Ces deux facteurs, ainsi que la localisation géographique de la propriété concernée (qui établit son exposition au risque), permettent alors de fixer la prime à payer.

À partir de cet instant, le partenaire technologique de l'assureur Floodbase (sachant que le réassureur Swiss Re figure également parmi les contributeurs de l'initiative) déploie un mécanisme de surveillance (propulsé à l'intelligence artificielle, sans surprise) qui, en cas d'événement majeur, estime en continu la hauteur moyenne des vagues de submersion dans la zone qui entoure le bien. Dès que le seuil fixé dans la police est franchi, le dédommagement prévu est versé au bénéficiaire, automatiquement.

Aon présente sa solution comme une réponse aux problématiques que l'industrie de l'assurance affronte en raison du dérèglement climatique. Cependant, si je comprends bien l'intérêt de pouvoir offrir une couverture à des personnes et des entreprises qui font face au retrait de certaines enseignes dans les régions sensibles ainsi que l'avantage pour la compagnie de limiter son engagement (il n'est plus question de compenser les dommages réels), le coût pourrait rester un obstacle critique pour les clients.

Parametric Storm Surge Insurance

Par rapport aux produits relativement simples développés jusqu'à maintenant, le recours à une approche paramétrique dans ce genre de scénario avancé procure une source complémentaire de valeur ajoutée. En effet, il évacue toute nécessité d'expertise et d'évaluation du préjudice subi, ce qui constitue non seulement une économie de moyens en soi mais prend en outre une importance particulière dans les situations de catastrophe naturelle où le nombre de dossiers à traiter devient vite ingérable.

Sans être, dans ce contexte, la panacée, l'assurance paramétrique pourrait donc n'être plus seulement une option destinée à optimiser l'expérience client (par son instantanéité et sa transparence) mais aussi un nouveau modèle de protection à part entière, capable de fournir un palliatif dans les cas où les contrats traditionnels ne sont plus en mesure de remplir leur mission. Dans le contexte actuel de croissance exponentielle des risques climatiques et de leurs impacts, une telle option ne se refuse pas.

mardi 4 février 2025

Un rabais d'assurance sur la conduite autonome

Tesla
Dans une sorte de réponse aux détracteurs de la conduite autonome, qui se manifestent particulièrement depuis quelques mois, Tesla commence à déployer un mécanisme incitatif auprès de ses clients ayant choisi sa solution d'assurance, sous la forme d'un rabais de prime octroyé en proportion de la fréquence d'activation du dispositif.

Proposée uniquement en Arizona et au Texas, dans un premier temps, la formule appliquée est simple : chaque mois, le ratio du kilométrage effectué en mode automatique (par rapport au total) détermine la réduction imputée sur le coût de la couverture de responsabilité civile (et donc à l'exclusion des autres garanties, notamment tous risques). L'avantage, reporté directement sur le prélèvement mensuel suivant, peut atteindre 10% dès qu'est franchi le seuil de la moitié des trajets.

Notons que la nouveauté vient s'ajouter à l'approche comportementale existante du produit d'assurance de Tesla. Or celle-ci intégrait déjà, de manière détournée, quelques facteurs liées à la conduite autonome, par exemple (et logiquement) par l'exclusion des parcours concernés dans un certain nombre des critères d'évaluation du score de sécurité mis en place afin de moduler les primes (alertes de collision, freinages brusques, prises de virage agressives, non respect des distances de sécurité…).

L'introduction d'une ristourne plus explicite correspond donc à un objectif de visibilité, à travers lequel le constructeur veut encourager activement ses clients à recourir à son mode automatique (dont, incidemment, le prix, qui leur est facturé en supplément, sera de la sorte légèrement amorti). Il ne fait aucun doute que les informations accumulées sur des millions de kilomètres de circulation justifient largement le petit cadeau, tout en maintenant un bénéfice net pour l'équilibre financier de l'assurance.

Pilote Automatique Tesla

Un article à propos du score de sécurité fournit d'ailleurs, à travers une description des formules mathématiques implémentées, une perspective extrêmement intéressante sur les analyses statistiques de données effectuées et la manière dont leurs résultats sont exploités dans le but d'estimer l'impact des comportements observés sur le risque d'accident. Il en ressort rapidement que les corrélations sont suffisamment importantes pour expliquer la supériorité d'un logiciel aux agissements prédictibles.

Comme toujours, la démarche de Tesla constitue un message adressé au secteur de l'assurance traditionnelle, dont la prudence vis-à-vis des véhicules électriques et autonomes (qui se traduit par des tarifs élevés) lui porte préjudice. Mais elle représente surtout une affirmation forte, soutenue par des actes concrets, de sa confiance en ses algorithmes, que la marque compte faire valoir en priorité auprès de ses clients… et des futurs utilisateurs de ses taxis autonomes (s'ils finissent par voir le jour).

lundi 3 février 2025

Sabadell géolocalise les achats

Banco Sabadell
L'espagnole Banco Sabadell nous offre – involontairement, je présume – un moment de nostalgie avec la dernière nouveauté introduite dans ses applications bancaires : grâce à une collaboration avec le spécialiste Snowdrop, elle permet dorénavant à ses clients de localiser précisément les achats enregistrés dans leur historique d'opérations.

Bien que la banque mette exclusivement l'accent sur cette capacité à placer le lieu d'une transaction sur une carte, celle-ci s'inscrit dans une réponse plus globale à une problématique à laquelle nous sommes tous plus ou moins confrontés : la « traduction » dans un langage compréhensible – avec le nom réel de l'enseigne, pour commencer – des descriptifs ésotériques des dépenses apparaissant dans les relevés de compte, qui constitue justement le domaine d'expertise de Snowdrop.

Dans ce contexte, la géolocalisation apporte certes un petit plus mais il semble absurde d'en faire une avancée majeure. D'abord, elle ne s'adresse qu'à des personnes capables de se repérer sur un plan (plus rares qu'on ne l'imagine) et qui sont de plus enclines à en faire l'effort… dans le cas où l'adresse restituée ne leur suffit pas. Notons en outre qu'Apple Pay fournit déjà ce service (avec quelques défauts) à ceux qui préfèrent régler leurs emplettes avec leur téléphone plutôt qu'avec leur carte.

Surtout, en l'état, sa valeur ajoutée est extrêmement limitée. La communication officielle mentionne ainsi uniquement la faculté de vérifier la légitimité d'une opération grâce à son positionnement, qui faciliterait la détection de fraude et renforcerait de la sorte le sentiment de confiance du consommateur. Pourquoi pas, mais il me paraît regrettable que des années d'explorations autour de ce principe ne soient pas mises à profit pour déployer quelques options véritablement utiles dans la vie quotidienne.

Sabadell – Géolocalisation

Une des premières idées qui me viennent à l'esprit consiste à automatiser la détection de transactions suspectes sur la base d'une localisation incohérente, telle qu'elle a été testée par de nombreuses entreprises – institutions financières ou startups – au fil des ans, parmi lesquelles BillGuard, par exemple, était pionnière en 2014.

Dans un tout autre registre, j'ai également souvenir (sans que j'en retrouve hélas la référence) d'une initiative dans laquelle la personne enregistrait ses meilleures expériences et pouvait ensuite les retrouver en un clin d'œil dans son app bancaire, avec tous les détails nécessaires pour les reproduire (où est ce restaurant où j'ai si bien mangé le mois dernier ?), et éventuellement les partager avec ses amis. À moins qu'il ne s'agisse de retourner un produit à un commerçant pour son remboursement…

Plus exotique, une poignée de créatifs avaient imaginé (c'était en 2012 !) d'aider les acheteurs compulsifs à maîtriser leurs instincts, grâce à un mécanisme d'alerte lors de leur entrée dans une zone où ils avaient tendance à dépenser à l'excès. Le principe avait même été repris par une banque américaine un peu plus tard.

Naturellement, ce ne sont là que quelques exemples destinés à démontrer que les données susceptibles d'être extraites d'un historique de compte ouvrent une multitude d'opportunités de services additionnels. Même pour un établissement en manque d'inspiration, il n'est guère difficile de trouver des exemples à décliner afin de révéler tout le potentiel de ce qui n'est, sous sa forme brute actuelle, qu'une anecdote technique.

dimanche 2 février 2025

Amazon adopte le paiement par compte bancaire

NAB
La domination écrasante des cartes – Visa et Mastercard, en particulier – dans l'univers des paiements en ligne serait-elle désormais menacée ? Si les méthodes alternatives à base de transfert bancaire peinent apparemment à s'imposer, l'adoption de l'une d'elles par Amazon, en Australie, pourrait contribuer à leur accélération.

Naturellement, le géant du e-commerce a depuis longtemps mis en place des options de règlement par prélèvement (selon les normes et habitudes en vigueur dans chaque pays), mais elles n'offrent pas le confort d'utilisation de la carte, sans même parler de leur familiarité. C'est justement afin de pallier ces frictions que, presque partout dans le monde, émergent de nouvelles solutions, faciles à mettre en œuvre, sécurisées et instantanées, reposant généralement sur des interfaces de finance ouverte.

PayTo en est la déclinaison australienne qu'implémente dorénavant la boutique Amazon locale, grâce à une collaboration avec NAB. Compatible avec 95% des comptes détenus par le grand public, elle garantit une expérience client transparente, surtout en association avec le système d'identification PayID par adresse de courriel ou numéro de téléphone (sans toutefois interdire le recours aux classiques coordonnées bancaires).

Concrètement, la plate-forme commercialisée par l'institution financière auprès des acteurs du e-commerce invite d'abord le consommateur à enregistrer son compte, de la même manière qu'une carte : il en fournit l'identifiant puis valide l'opération via son application de banque à distance. Cette dernière maintient une liste des accès préalablement autorisés, révocables à tout moment. Dès lors, quand il souhaite payer un achat, il lui suffit de confirmer son accord, d'un geste, à travers le même média.

NAB x Amazon

La promesse de PayTo, comme celle de tous les dispositifs équivalents, est évidemment attractive pour les commerçants. Entre l'immédiateté des versements, directement sur le compte du bénéficiaire, et – sujet éminemment sensible dans la distribution (même chez les plus gros) vis-à-vis des pratiques des réseaux de paiement qu'ils considèrent monopolistiques – les coûts de transaction réduits, en passant par une protection renforcée contre la fraude, ils ne sont pas les plus difficiles à convaincre.

La tâche est plus ardue du côté de leurs clients. En effet, d'une part, ils sont accoutumés aux parcours de paiement par carte, relativement simples, dont il sera rigoureusement impossible de les détourner avec une procédure paraissant un tant soit peu plus complexe. D'autre part, ils sont en majorité réticents aux changements, notamment s'ils n'en perçoivent pas les bénéfices (qui, en l'occurrence sont extrêmement minces pour eux). C'est sur ce point que l'introduction du paiement via le compte bancaire par une enseigne aussi populaire qu'Amazon peut constituer un catalyseur de conversion des comportements pour l'industrie. Et il le sera encore plus s'il est mis en avant…