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C'est pas mon idée !

lundi 19 mai 2025

Generali investit dans l'assurance ouverte

Generali
Concept popularisé depuis (au moins) une dizaine d'années, l'assurance ouverte n'a jamais réellement percé dans l'industrie avec ses seules promesses d'amélioration de l'expérience client. Elle revient aujourd'hui en force pour répondre à de nouveaux objectifs, plus à la mode. Illustration avec une initiative présentée par Generali.

Certes, la vision d'origine n'a pas totalement disparu des ambitions et la compagnie mentionne explicitement, parmi les trois piliers stratégiques de sa démarche, le déploiement d'une offre d'API destinée à ses partenaires, permettant à ces derniers d'intégrer facilement et rapidement dans leurs propres processus des solutions d'assurance, devenues, nous promet-on, plus simples à concevoir et à assembler, dans une perspective plus vaste de fusion au sein d'un écosystème « digital » étendu.

Fait particulièrement notable, le périmètre retenu semble d'emblée déborder largement ce cadre restreint puisque, outre les parcours de souscription et de gestion des sinistres, il embarque également les fonctions administratives (de « back-office »), le raisonnement consistant dans ce cas à garantir l'interopérabilité des différents composants – hétérogènes et fréquemment isolés – du système d'information.

Un autre aspect de l'approche mérite d'être souligné, tant il illustre – du moins s'il est effectivement mis en pratique – une progression sensible de la maturité vis-à-vis des API et de l'assurance ouverte : qualifié de « design first », il s'agit de définir des services alignés sur des capacités « métier » et non, comme je l'observe encore trop souvent (aussi dans l'univers bancaire), sur les spécificités historiques des logiciels existants.

Cependant, derrière la prise de conscience que reflètent ces réflexions, surgit rapidement la principale motivation de Generali, poussée par son partenaire technique, MuleSoft, qui en fait lui-même maintenant l'argument de vente numéro 1 de ses produits d'intégration : l'intelligence artificielle et, notamment, la capacité pour des agents IA de communiquer directement avec les applications en place afin de remplir son rôle.

Ballon Generali

La mise en œuvre du programme d'« APIsation » – qui n'est donc pas toute récente – afficherait d'ores et déjà d'excellents résultats, dont se félicite l'assureur. Il cite ainsi des gains de 27% sur les temps de développement et de 15% sur le « time-to-market » (c'est-à-dire les délais de passage en production). À travers ces chiffres, il faut comprendre que la disponibilité de fonctions prêtes à l'emploi sous forme d'API exacerbe leur réutilisation et accroît de la sorte la flexibilité du patrimoine informatique.

L'initiative vaut pourtant d'être rapprochée des avertissements émis par McKinsey que j'évoquais la semaine dernnière. D'un côté, on voit bien qu'elle s'inscrit précisément dans les nouveaux besoins – entre autres d'adoption de l'IA – exerçant une pression sur la transformation des systèmes d'information. Mais, de l'autre, elle reste exposée à un risque latent en l'absence de modernisation du cœur du réacteur : bien qu'il soit possible d'exposer une couche de services à l'état de l'art sur ce socle, elle est fragile.

En effet, le plaquage artificiel d'API urbanisées et rationalisées, exploitables dans les parcours client « digitaux » du XXIème siècle, sur des logiciels historiques, imaginés à l'origine pour automatiser les tâches de processus essentiellement manuels, implique d'inévitables compromis et autres faiblesses nuisant à leur optimisation. Une telle stratégie n'a en réalité de sens que si elle est appréhendée comme étape préparatoire à une rénovation en profondeur dont elle facilitera la phase de transition.

dimanche 18 mai 2025

BoursoBank automatise la renégociation de prêt

BoursoBank
Pionnière du crédit immobilier 100% en ligne (que le reste de l'industrie persiste en majorité à considérer comme un besoin inexistant parmi les français), BoursoBank renchérit aujourd'hui avec la faculté pour ses clients d'en renégocier le taux d'intérêt de manière presque automatique, dès que les conditions deviennent avantageuses.

Le principe du dispositif est absolument inédit : les clients de l'établissement souscrivant un emprunt à partir du 15 mai 2025 seront spontanément alertés via leur application bancaire (web ou mobile) dès que l'opportunité de faire baisser leurs mensualités se présentera, accompagnée d'une description claire et transparente des nouvelles caractéristiques proposées. Ils pourront alors réaliser en quelques clics les formalités de conversion en totale autonomie, sans frais, pour une prise en compte instantanée.

Naturellement, la conjoncture actuelle n'est pas particulièrement propice à la mise en œuvre d'une telle option, les taux étant relativement bas. Cependant, outre la volatilité des marchés, le prêt immobilier étant une opération au très long cours (une vingtaine d'années en moyenne) dont la charge est, pour la plupart des ménages, un des premiers postes de leur budget, la promesse de pouvoir profiter d'une réduction dès que possible, sans complications administratives, se révèlera extrêmement alléchante.

BoursoBank – Renégociation de Prêt Immobilier

Le service est un vrai plus, pensé pour les clients et non pour l'entreprise, au point que cette dernière est prête à y laisser une partie de sa marge. Mais n'est-il pas finalement plus judicieux d'offrir directement les meilleures conditions aux emprunteurs que d'attendre qu'ils se rendent compte par eux-mêmes qu'une évolution des taux d'intérêt pourrait les concerner et que, dans un sentiment d'être exploités par leur banque, ils se laissent alors séduire par la concurrence (via une promotion, par exemple) ?

Voilà une magnifique démonstration de ce que peut être la finance « digitale », capitalisant sur les technologies – ici dans une capacité à exécuter un processus de renégociation de bout en bout – au bénéfice du client, qui figure toujours au centre des préoccupations, et via une expérience utilisateur optimale. Au-delà du différenciateur concurrentiel que constitue l'option sur un marché où tous les produits se ressemblent, elle fournit également un encouragement subtil à la souscription entièrement en ligne.

samedi 17 mai 2025

L'éligibilité au crédit hypothécaire instantanée

Nationwide
Pour les britanniques désireux d'acquérir une résidence, la première étape consiste à vérifier leur capacité d'emprunt… mais une fois le bien choisi, rien ne les assure qu'il sera éligible au crédit hypothécaire dont ils ont besoin. Afin de simplifier leurs démarches, Nationwide collabore avec Rightmove pour leur en fournir un aperçu instantané.

Naturellement, la problématique est assez spécifique au modèle hypothécaire, qui, contrairement au crédit immobilier français classique, subordonne directement le financement d'une propriété à sa valeur sur le marché. À cause de cette « subtilité », la faculté d'obtenir un prêt (voire le montant de celui-ci) dépendra, à prix de vente identique, de l'évaluation qui sera faite de la maison ou de l'appartement retenu. La finalisation d'une transaction s'en trouve évidemment rendue plus incertaine.

Les délais de traitement des opérations immobilières étant déjà suffisamment longs (5 mois en moyenne au Royaume-Uni), la découverte d'un refus bancaire après des semaines d'exploration, de négociation et d'hésitations, en dépit d'un pré-accord générique, est souvent désespérante. L'objectif de Nationwide est donc d'éliminer ces déconvenues, autant que possible, en proposant aux adeptes de la plate-forme Rightmove une option de validation immédiate de l'acceptabilité de leur dossier.

Pour chaque annonce publiée, le site offre un simulateur de crédit élémentaire, dont l'analyse peut être complétée, pour un résultat plus formel, par la soumission de quelques informations personnelles et financières, au service « Mortgage in Principle » (également propulsé par Nationwide), destiné à restituer une décision de principe sur le montant. Désormais, celle-ci indiquera aussi, dans la plupart des cas, l'applicabilité de l'estimation à la propriété pour laquelle la demande a été effectuée initialement.

Nationwide – Mortgage Eligibility

La solution s'inscrit dans une tendance ancienne, mais qui progresse très lentement. D'un point de vue général, il s'agit de faciliter et fluidifier les aspects financiers d'une démarche longue et relativement éprouvante qui aboutit normalement à un des actes les plus importants et les plus enthousiasmants d'une existence. La logique, accompagnée des technologies modernes, voudrait que toutes les étapes de financement soient intégrées de manière transparente… mais cet idéal reste encore lointain.

Comme toujours, les progrès sont freinés par deux facteurs principaux. D'une part, les systèmes et les processus en place dans les institutions financières sont mal adaptés aux exigences des consommateurs du XXIème siècle, en particulier en matière d'instantanéité et de contextualisation. D'autre part, et c'est probablement la source de tous les maux, les responsables ne prennent pas assez la mesure des attentes de leurs clients ou, pour l'exprimer plus trivialement, ils ne placent pas encore sincèrement ces derniers au centre de leurs préoccupations, malgré leurs affirmations contraires.

vendredi 16 mai 2025

Greenlight étend ses services de protection

Greenlight
Née avec l'ambition de fournir aux parents un outil qui leur permette d'accompagner les premiers pas de leurs enfants dans la vie financière, l'américaine Greenlight distribue maintenant une version familiale de son offre qui intègre désormais les besoins – similaires par de nombreux aspects – de protection des personnes dépendantes.

L'approche prend tout son sens non seulement en raison de cette proximité des exigences à travers les générations mais également parce que, dans le monde moderne, le cas devient fréquent pour les adultes de devoir s'occuper simultanément de leurs adolescents et d'un ou plusieurs membres seniors de leur famille, qu'ils subissent une perte d'autonomie ou qu'ils aient besoin de soutien dans leurs tâches quotidiennes. Le « Family Shield » vise à soulager la charge que génèrent ces responsabilités.

Répliquant, avec les variantes nécessaires, les recettes originales qu'elle propose pour les jeunes, la jeune pousse assume son rôle d'ange-gardien à la fois sur le volet financier et sur leur sécurité physique. Dans ce dernier domaine, sont ainsi incluses les possibilités d'activer un suivi des déplacements de la personne aidée, avec alertes sur les départs et les arrivées dans des lieux clés (domicile, hôpital, banque…), ou bien l'envoi de notification sur détection d'un accident, en parallèle de l'appel des secours.

(Encore) plus intrusif, mais particulièrement rassurant pour les circonstances les plus stressantes, il est également prévu de pouvoir surveiller plus spécifiquement les déplacements en voiture. Il peut s'agir, là aussi, au choix, de recevoir des signalements uniquement lors de la survenue d'événements imprévus ou dangereux jusqu'à un partage des données complètes de conduite… qui serviront peut-être ultérieurement à engager une discussion sur la pertinence de continuer à prendre le volant.

Greenlight Family Shield

Côté argent, on retrouve d'abord un mécanisme classique d'observation des comptes, courants, d'épargne, d'investissement, cartes de crédit… Une fois ceux-ci connectés (en lecture seule, évidemment), l'aidant dispose d'une vue pernanente – qu'il peut en outre déléguer à un tiers pour garantir une meilleure réactivité – sur les soldes et les transactions enregistrées, au sein d'un tableau de bord unifié et, surtout, il est immédiatement alerté en cas de mouvement suspect, erreur ou tentative de fraude.

Est par ailleurs intégrée la lutte contre l'usurpation d'identité (en l'occurrence déclinée pour tous les membres inscrits de la famille), grâce à un service de veille auprès des agences de notation de crédit, du « dark web » et autres sources. De plus, ces capacités sont assorties d'une assurance couvrant les risques de détournement de fonds (indemnisés à hauteur de 100 000 dollars) et les frais encourus pour résoudre les abus d'identité pour ouverture de compte, souscription de crédit… (jusqu'à 1 million).

Au fil des années, Greenlight affine une stratégie fascinante qui combine deux dimensions complémentaires dans sa démarche d'expansion, entre son ambition de cibler les attentes de la famille dans son ensemble et sa prise en compte d'une perspective étendue sur la protection, au-delà du seul registre financier. Ses derniers ajouts laissent d'ailleurs entrevoir qu'elle pourrait bientôt poursuivre dans cette direction via le développement de solutions d'assurance articulées avec son positionnement.

jeudi 15 mai 2025

Le paiement instantané est-il trop rapide ?

Monzo
Grâce, entre autres, à la généralisation du paiement instantané, le virement bancaire devient une option de plus en plus populaire pour toutes sortes de transactions. Or il souffre d’un sérieux défaut : il ne propose aucun mécanisme de correction en cas d’erreur. Dans une de ces premières dont elle a le secret, Monzo annonce une solution.

Les risques sont multiples et, pour une fois, il n’est même pas question (directement) des escroqueries avec lesquelles une temporisation forcée constitue souvent un moyen de mitigation. Mais, par exemple, les envois d’argent au « mauvais » correspondant (rencontrés par un britannique sur dix selon une étude citée par la jeune pousse) ou les coquilles sur le montant (un chiffre en trop et c’est une catastrophe en puissance), impossibles à rectifier, sont trop fréquents pour continuer de les ignorer.

Si vous avez déjà vécu une telle mésaventure, vous connaissez probablement ce sentiment de panique quand vous vous rendez compte de la bévue juste après avoir acquitté la dernière validation de votre opération dans l’application mobile de votre banque. Finies les angoisses avec la nouvelle fonction introduite par Monzo : l’envoi est suspendu pendant 15 secondes (avec un décompte animé à l’écran) et peut être annulé d’un geste pendant cette période (aucun mouvement n’étant alors enregistré).

Naturellement, tout le monde n’aura pas la même perception du dispositif aussi est-il possible d’en configurer le fonctionnement, soit en le désactivant entièrement, soit en ajustant le délai à 10, 15, 30 ou 60 secondes. Par ailleurs, le déploiement sera progressif, de manière à vérifier que les résultats sont conformes aux attentes et à, potentiellement, affiner les détails selon les usages constatés et les éventuels retours.

Monzo – Undo Payments

La démarche de Monzo remet au goût du jour une problématique que les institutions financières historiques brandissaient, il y a maintenant longtemps, quand elles luttaient avec acharnement contre la mise en place des plates-formes de transfert instantané. En particulier, le besoin de fournir un remède, qu'elle révèle de la sorte, confirme la réalité et l'acuité du risque. Pourtant, l'approche retenue ne règle rien sur le fond, à savoir l'absence de toute méthode standardisée de retour en arrière légitime.

Et, comme toujours, seule une régression – ici sur la promesse initiale d'immédiateté – permet de pallier la faiblesse du système, sachant que l'industrie ne fera jamais l'effort de chercher à répondre à la véritable demande (implicite) des clients. Certes, la parade idéale semble difficile à concevoir puisqu'elle devrait concilier un aspect d'irréversibilité essentiel pour la confiance des utilisateurs face à une fraude hors de contrôle et la prise en compte d'aléas inévitables. Mais une analyse sérieuse est nécessaire avant d'écarter définitivement la possibilité, d'autant que l'inconvénient pour les consommateurs profitera à des modèles concurrents capables d'offrir une solution…

mercredi 14 mai 2025

NatWest aide ses clients stressés

NatWest
Dans le sillage d'un mouvement qui trouve progressivement sa place dans l'industrie en réponse à une demande de plus en plus pressante des consommateurs, la britannique NatWest entame une collaboration rapprochée avec le spécialiste Money Wellness afin de proposer un soutien personnalisé à ses clients traversant une passe difficile.

Le fonctionnement du dispositif est lui-même en bonne voie de devenir une sorte de norme, dont je pense toutefois qu'elle mériterait des améliorations (j'y reviendrai plus loin). En l'occurrence, ce sont les conseillers à qui est confiée la charge, après une phase de sensibilisation et d'apprentissage, de repérer les candidats potentiels, à travers divers signes révélés par leur situation financière, tels qu'une perte de contrôle sur leur endettement, des difficultés à maîtriser leurs dépenses du quotidien…

Le collaborateur présentera alors directement le service aux personnes concernées, en leur offrant, au choix, une mise en relation avec un représentant de Money Wellness, un rendez-vous téléphonique ou une orientation vers un parcours d'accompagnement en ligne, le tout étant entièrement gratuit, dans le but de réaliser un bilan de santé financière susceptible de déboucher ensuite sur des conseils pratiques afin de reprendre le dessus sur ses dettes, découvrir les rouages d'une gestion budgétaire…

Le principe est incontestablement remarquable… mais la méthode retenue est pour le moins ambiguë et un tantinet incohérente. Je soupçonne en effet que l'intérêt que montrent désormais les banques vis-à-vis des cas de fragilité parmi leur clientèle renvoie à une perte de contact exacerbée par la baisse de fréquentation des agences et leurs fermetures concomitantes, qui impose de ré-instaurer des mécanismes dédiés pour reprendre la main sur ces circonstances aux conséquences néfastes pour tous.

Dans ces conditions, compter sur les conseillers pour identifier les individus ayant besoin d'aide ne paraît pas être la meilleure idée qui soit. À moins qu'ils ne soient assistés dans cette tâche par des outils sophistiqués, capables d'anticiper des dérives suffisamment tôt pour que la résolution des problèmes soit la moins douloureuse possible. La communication officielle n'évoquant pas cette hypothèse, il me reste à souligner qu'un tel équipement semble impératif pour assurer la qualité et l'efficacité de la démarche.

Plus généralement, les établissements engagés dans ce genre d'initiatives devraient également envisager un élargissement de leur périmètre d'intervention. Car d'autres clients mériteraient de bénéficier de programmes de coaching personnalisé, que ce soit en vue d'évacuer leur stress vis-à-vis de l'argent (et de l'avenir) ou d'optimiser leurs comportements financiers, par exemple. Naturellement, dans ces domaines, les partenaires éventuels sont rarement bénévoles… alors que l'argument économique explique en grande partie pourquoi l'aide aux populations fragiles, fréquemment portée par des associations à but non lucratif, se développe actuellement.

Money Wellness – Live More, Stress Less

mardi 13 mai 2025

Encore des frictions contre la fraude

DBS
L'ajout d'une carte de paiement aux porte-monnaie mobiles (Apple Pay, Google Pay…) étant devenu un vecteur de fraude prédominant, la singapourienne DBS prend des mesures afin de renforcer la protection de ses clients. Comme il semble devenir de coutume, celles-ci passeront par l'introduction de frictions dans le parcours utilisateur.

D'ici quelques jours, la procédure d'enregistrement d'une nouvelle carte impliquera donc plusieurs étapes supplémentaires. En premier lieu, il faudra activer l'option ad hoc (désactivée par défaut, comme il se doit) dans l'application mobile de l'établissement et, si cela n'a pas été fait au préalable, une notification « actionnable » sera affichée lors de toute tentative. Naturellement, le porteur devra s'authentifier avant d'accéder à la fonction, multipliant de la sorte le nombre de gestes qu'il aura à exécuter.

Mais ce n'est pas tout. Lors de la confirmation de son souhait de connecter la carte retenue au système de paiement de son téléphone, le client sera invité à réitérer sa décision par l'intermédiaire de la saisie d'un code à usage unique transmis par SMS. Et, par surcroît de précaution, la réception du sésame est divisée en deux messages, l'un prenant la forme d'un avertissement et le second seulement incluant le code proprement dit, le tout assorti d'alertes sur les dangers potentiellement encourus.

DBS – Mobile Wallets

L'approche, aussi pesante soit-elle, est évidemment justifiée par la fréquence des incidents et par les méthodes employées, souvent avec succès, par les escrocs. Car, outre la facilité avec laquelle les données d'une carte peuvent être capturées afin d'autoriser leur utilisation dans un porte-monnaie mobile, les armes d'ingénierie sociale soigneusement élaborées par les auteurs de malversations ont tendance à réduire l'efficacité des mécanismes de prévention. Il faut, par exemple, insister lourdement pour éviter qu'un code secret ne soit communiqué à un interlocuteur persuasif.

L'expérience client est hélas la victime collatérale de ces solutions. Les dégâts ne seraient pas très graves s'ils se limitaient à une perte (mineure) d'énergie et de temps pour une meilleure protection. Mais les conséquences sont plus sévères pour les personnes les plus fragiles, peu à l'aise avec les outils « digitaux », pour lesquelles les actions requises induiront un sentiment de confusion ou, pire encore, de défiance, qui rejaillira sur l'ensemble de leurs interactions avec leur banque. Il s'agirait de ne jamais perdre de vue les enjeux de l'inclusion numérique dans les initiatives de sécurité…

lundi 12 mai 2025

Comme moderniser les systèmes cœur ?

McKinsey
Comme la plupart des institutions financières historiques, les compagnies d'assurance sont aujourd'hui handicapées par des cœurs de système informatique datant d'une époque où les processus manuels étaient la norme. Les préconisations de McKinsey pour leur modernisation ne vont peut-être pas faciliter leur prise de décision.

Dans le monde contemporain, les limitations induites par les logiciels historiques ne se réduisent plus à des difficultés à en assurer la maintenance, à des frictions opérationnelles, à un manque de réactivité (face à des exigences de temps réel) et autres incompatibilités avec les attentes des clients. Il faut également compter avec des impératifs nouveaux d'intégration dans un écosystème étendu, de capacités d'analyse de données approfondies, d'automatisation systématique (y compris avec l'IA)…

Pourtant, les assureurs (dommages, pour le périmètre restreint considéré par McKinsey) sont généralement frileux vis-à-vis de tout hypothèse de remplacement, en raison des coûts et des risques d'un tel projet, dont la complexité dépasse souvent l'entendement (au sens où une seule personne ne peut en appréhender toutes les implications et ramifications). Naturellement, les consultants du cabinet sont prêts à leur apporter leur expertise pour les aider à franchir le pas. L'article donne un aperçu de leur approche.

Les deux premières parties touchent, d'une part, au sempiternel dilemme entre développement interne et achat et configuration d'une solution sur étagère (avec des arguments valides pour les deux options, entre lesquels il faudra donc trancher), et, d'autre part, aux critères de sélection d'un fournisseur. Les recommandations formulées dans ces registres sont plutôt classiques mais elles prennent évidemment un relief particulier pour un chantier de grande ampleur et aux enjeux stratégiques vitaux.

McKinsey – Insurance Modernization

Dans la dernière section, ce sont les étapes préparatoires qui sont abordées et elles ne sont pas moins conventionnelles… sauf sur un point précis, presque toujours écarté dans ce genre de situation alors qu'il devrait figurer au centre de toute démarche de rénovation en profondeur : la remise à niveau du cœur informatique ne se résume pas à un projet technologique, dont la responsabilité incomberait uniquement au DSI.

En effet, les défis qu'il faut relever au XXIème siècle (dont ceux que je citais plus haut), qui justifient le besoin de transformation, imposent aussi une révision complète des processus en vigueur. Afin d'atteindre les objectifs visés, il faut donc coordonner une remise à plat du mode de fonctionnement de l'entreprise avec son futur socle logiciel. C'est pour avoir négligé cet aspect que plusieurs initiatives de migration menées depuis quelques années ont abouti à des résultats en-deçà des espérances.

En conclusion, les propositions de modernisation des systèmes vieillissants requièrent une étroite collaboration entre le métier et l'informatique, les deux ayant à mener une révolution dans leurs domaines respectifs. Or celle-ci reste toujours difficile à mettre en place, même dans des contextes moins critiques, ce qui risque de mettre un sérieux coup de frein aux ambitions qui peinent déjà à prendre corps dans les organisations.

dimanche 11 mai 2025

Arkéa réduit son empreinte carbone mais…

Crédit Mutuel Arkéa
Dans un contexte où la remise en question des objectifs de réduction globale des émissions de gaz à effet de serre semble se propager dans le monde, réjouissons-nous des progrès spectaculaires enregistrés par le Crédit Mutuel Arkéa en 5 ans, avec une baisse totale de 22%… et même de 38% par collaborateur (les effectifs ayant crû).

Cette évolution est présentée comme le résultat d'un vaste programme transverse, baptisé « CO2acteur », orchestré autour de cinq axes stratégiques, qui tous contribuent à la performance. Sans surprise, le premier d'entre eux, portant sur les trajets domicile-travail, est en pointe grâce à la généralisation du télétravail (concernant désormais deux tiers de employés). Bien entendu, la crise sanitaire est passée par là, comme le démontre la chute brutale des émissions sur les années 2020 et 2021.

Les déplacements professionnels ont aussi bénéficié du même effet mais un changement des habitudes de transport – la banque note en particulier le choix du train à 81% sur le parcours entre Brest et Paris, un des plus fréquentés par ses salariés – est également responsable d'une partie de la diminution. Autres domaines importants, la rénovation du parc immobilier, qui, naturellement, agit sur un temps plus long, et les fournitures, avec notamment le développement de la consommation de papier recyclé.

Reste évidemment (puisque ne sont pas abordées les retombées des investissements et des financements) le point noir du secteur financier, à savoir l'informatique, qui représente sa source principale d'impact environnemental. Sur ce dossier, Arkéa souligne les bénéfices de sa politique d'approvisionnement révisée, entre l'achat de matériel reconditionné, la limitation du nombre d'appareils mis à la disposition des collaborateurs et la sélection de fournisseurs aux pratiques plus vertueuses.

Crédit Mutuel Arkéa – Empreinte Carbone

Mais, attendez ! Il manque l'essentiel, non ? La consommation énergétique (et d'eau, incidemment, mais elle est si souvent oubliée…) des centres de production informatique n'apparaît pas dans les actions prioritaires ? Je n'ose pourtant croire que l'efficacité des installations est optimale et que des mesures conservatoires significatives ne pourraient être engagées. Même Google, pourtant très avancée sur le sujet, poursuit inlassablement ses effort en vue d'améliorer la qualité de ses infrastructures !

Cependant, la situation est probablement en train de se dégrader sur ce front spécifique. Quelles que soient les améliorations apportées aux « data centers », nous sommes entrés depuis plusieurs mois dans une spirale d'expansion des applications les plus gourmandes en ressources, entraînée, entre autres, par la prolifération incontrôlée des modèles de science des données et, dorénavant, d'intelligence artificielle.

La tendance, qui ne donne aucun signe d'essoufflement, au contraire, est inquiétante à la fois par la pression qu'elle exerce directement sur les démarches de responsabilité sociale et environnementale mais, encore plus, dans l'industrie de la finance parce qu'elle concerne le périmètre qui est déjà le plus problématique et où, malheureusement, les actions correctrices paraissent rencontrer de sérieuses difficultés à s'imposer.

samedi 10 mai 2025

Generali met de l'IA dans l'épargne

Generali
Sans grande surprise dans le contexte actuel d'engouement pour l'intelligence artificielle, Generali annonce une collaboration avec la jeune pousse de la FinTech Évinance dans le but d'en introduire une dose dans ses produits d'assurance-vie et d'épargne retraite en ligne. Elle déploie un argumentaire qui ne peut laisser totalement indifférent.

Au premier abord, la démarche adoptée peut faire sourire. Outre qu'il faut toujours rester méfiant vis-à-vis de déclarations sur le recours à l'IA… qui se révèle souvent n'être que de l'analyse de données traditionnelle, la première promesse des deux partenaires porte sur la capacité – maintes fois vantée dans le secteur – des algorithmes mis en œuvre à analyser d'importants volumes d'information, autorisant une meilleure réactivité et une meilleure précision dans la prise de décision d'allocations.

Pourtant mon attention est attirée sur un autre avantage mis en avant. Le degré d'automatisation apporté par les logiciels – et, de fait, peu importe qu'ils soient ou non intelligents – permet en effet de proposer aux clients une approche personnalisée de leurs investissements. En particulier, ils obtiennent la liberté de sélectionner des secteurs à exclure ou, au contraire, à privilégier, en accord avec leurs convictions, sans remettre en question le niveau de risques acceptable ou la performance attendue.

Voilà incontestablement une excellente nouvelle ! Depuis des années, avec l'émergence de technologies de plus en plus sophistiquées, les institutions financières sont encouragées à offrir des services ajustés aux besoins, aux préférences et au contexte de chaque client individuel. L'intelligence semble leur donner enfin l'impulsion nécessaire pour transformer la demande en réalité. Il restera tout de même à vérifier comment sont capturés et interprétés ces critères de personnalisation, afin de s'assurer, notamment, de leur opportunité et de l'adéquation des solutions qui leur sont associées.

Generali x Evinance