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C'est pas mon idée !

mercredi 31 août 2022

Fidelity optimise l'accès à son app mobile

Fidelity Investments
Il y a fort longtemps, quelques banques ont choisi de présenter les informations les plus fréquemment consultées (à commencer par le solde du compte principal) dans leur application mobile sans exiger une authentification préalable. L'américaine Fidelity Investments décline dorénavant le modèle sur sa plate-forme d'investissement.

En l'occurrence, cette première tentative d'adoption s'avère extrêmement timide puisqu'elle ne concerne que l'actualité des marchés, qui peut donc maintenant être interrogée d'un geste, en évitant le passage auparavant obligatoire par un écran de connexion. Il convient cependant de noter qu'elle répond directement aux demandes des utilisateurs (exprimées de manière informelle dans le canal Reddit de l'entreprise, où elle-même partage l'actualité de son équipe de support, et qui démontre ainsi sa valeur).

Heureusement, les efforts ne devraient pas s'arrêter en si bon chemin et d'autres fonctions bénéficieront du même traitement dans les prochains mois. Il est notamment question du suivi du panier personnalisé de titres à surveiller, beaucoup plus opérationnel, et de l'affichage du solde des comptes, évidence inspirée par les précédents évoqués plus haut. Naturellement, ces facilités sont proposées uniquement aux clients qui se sont identifiés au moins une fois et ne leur épargnent que l'étape d'authentification.

En limitant son ouverture à des données intrinsèquement peu sensibles (à l'exclusion de toute exécution de transaction, en particulier), le dispositif réduit automatiquement les risques de sécurité. Il n'en reste pas moins que certains individus pourraient s'inquiéter d'un accès libre à la situation (synthétique) de leur portefeuille ou à leurs indices et actions préférés. Il faut espérer que la faculté est laissée à ceux-là de ne pas le mettre en œuvre, car la protection de la vie privée doit aussi s'adapter à la perception de chacun !

Now access market information without the need to log in!

Les avantages d'une telle évolution relèvent essentiellement de l'expérience utilisateur. En éliminant la friction, aussi minime soit-elle, d'une saisie de mot de passe ou d'une validation d'attribut biométrique, les manipulations deviennent plus rapides, plus simples, potentiellement plus intuitives…, ce qui sera d'autant plus appréciable sur les services les plus régulièrement sollicités. En arrière-plan, peut-être la diminution du nombre de connexions contribuera-t-elle également à soulager les infrastructures informatiques de l'établissement… et à modérer son impact environnemental.

Une décennie après la naissance de l'idée, il paraît étonnant qu'elle ne se soit pas généralisée dans les logiciels de l'ensemble du secteur financier, surtout dernièrement avec l'introduction des méthodes multi-facteurs qui rendent parfois les ouvertures de session pénibles ou, à tout le moins, frustrantes. Avant d'émettre un avis, il s'agirait de savoir si la raison de cette désaffection provient des consommateurs (qui seraient peu friands de ce genre de possibilité) ou de leurs fournisseurs (par inconscience de l'opportunité, indifférence aux attentes de leurs clients, excès de prudence…).

mardi 30 août 2022

Une feuille de route pour l'assurance

La Médiation de l'Assurance
Si le secteur de l'assurance doit faire face à d'immenses défis existentiels à long terme, entre impacts du dérèglement climatique et prise en compte des grandes évolutions technologiques (telles que l'émergence de la voiture autonome), le nouveau rapport de son médiateur (en France) révèle [PDF], à travers les réclamations les plus fréquentes, quelques autres chantiers à lancer sans attendre.

En préambule, il convient de souligner l'augmentation significative des recours en 2021, en hausse d'un tiers depuis 2019 (donc indépendamment des litiges liés à la crise sanitaire). Divers facteurs objectifs sont avancés pour expliquer cette tendance, mais il en est un qui, sans être cité, joue probablement un rôle de plus en plus important, en conjonction avec la meilleure connaissance de l'existence du dispositif de médiation : une insatisfaction croissante vis-à-vis des manquements observés ou perçus.

Or il est relativement facile, grâce à cet éclairage global des plaintes enregistrées – qui pourrait (mériterait d') être avantageusement complété par une analyse détaillée des conversations dans les centres d'appel des compagnies – et moyennant une prise de recul minimum, d'identifier les principaux motifs d'irritation, ouvrant de la sorte une fenêtre sur les améliorations les plus urgentes à apporter aux produits, aux processus et aux pratiques en vigueur. Elles se résument en deux mots : simplicité et transparence.

Il y a d'abord les cas triviaux, qui font d'ailleurs l'objet de recommandations au régulateur (dont certaines sont déjà suivies). Ce sont, par exemple, les assurances affinitaires, parfois vendues sans un consentement valide du consommateur (notamment sur les téléphones mobiles) ou assorties de conditions obscures (annulation de voyage). Les clauses floues continuent également à susciter des abus (illégaux), tandis que les modalités de résiliation paraissent résolument trop complexes (et hétéroclites).

La Médiation de l'Assurance en 2021

De manière plus générale, il ressort que le vocabulaire employé dans les contrats est une vaste source de confusion, surtout quand les termes de la vie courante (accident, effraction…) sont littéralement redéfinis avec moult restrictions. Quelques pionniers (Lemonade en tête, aux États-Unis) s'efforcent d'adresser le problème en promettant de rédiger des polices lisibles par le commun des mortels, mais ces initiatives restent bien trop rares pour réduire l'incompréhension générale… et les frictions qu'elle entraîne.

En parallèle de la clarté de l'information « statique », il semblerait qu'une autre difficulté à résorber concerne les obligations de l'assuré : déclaration des changements de risques, délais de dépôt d'un dossier, conséquences des fausses assertions… Même quand ces exigences sont explicites à la signature, elles sont vite oubliées au fil des renouvellements implicites. Il manque probablement des mécanismes de rappel, contextuels ou périodiques (à chaque échéance), qui permettraient d'éviter les erreurs de bonne foi.

Enfin, en marge de ces besoins de transparence et de simplification indispensables à une relation de confiance entre un client et son fournisseur, commencent aussi à transparaître les enjeux de demain. La progression des saisines relatives à la sécheresse, dont les effets souvent lointains sont quasiment impossibles à corréler aux périodes « officielles » de catastrophe naturelle, illustre la nécessité de se pencher rapidement et concrètement sur l'adaptation des produits et services aux réalités du réchauffement climatique.

lundi 29 août 2022

Les dinosaures s'unissent pour mourir

OpenText
Que faut-il penser quand deux anciennes stars du logiciel d'entreprise telles qu'OpenText et Micro Focus, qui n'ont guère plus en commun que leurs portefeuilles de clients, annoncent leur projet de fusion ? Vraisemblablement que leurs offres vieillissantes arrivent en fin de vie et que leurs utilisateurs passent enfin à l'ère de la « digitalisation ».

Les deux éditeurs opèrent sur des marchés radicalement différents. En effet, historiquement, OpenText était un fournisseur de solutions de gestion de documents et de contenus web en vogue à partir de la fin des années 90, tandis que Micro Focus a connu son heure de gloire vers la même époque avec ses produits d'émulation des grands systèmes IBM (les fameux « mainframes »), facilitant le développement d'applications pour ces matériels, puis autorisant leur déploiement sur des machines banalisées.

Non seulement leurs catalogues – étoffés entre temps, de part et d'autre, par diverses acquisitions qui n'ont jamais réellement réussi à rafraîchir leur proposition de valeur (et leur image) – n'ont rien à partager mais, en outre, les interlocuteurs auxquels ils s'adressent dans les organisations appartiennent à des départements distincts, en sorte que les opportunités de synergies mises en avant (à hauteur de 100 millions de dollars pour un achat à 6 milliards) paraissent optimistes, même dans le domaine commercial.

Il reste donc, au moment de justifier l'opération auprès des investisseurs, le volume combiné des ventes de deux leaders d'antan, qui, à défaut de disposer d'une stratégie d'expansion quelconque, possèdent un seul avantage : avoir imposé leur présence dans les plus grands groupes internationaux, en particulier dans le secteur financier, et y bénéficier d'une position quasiment inamovible… du moins tant qu'ils n'engagent pas la modernisation de fond en comble pourtant si nécessaire, voire urgente.

Cependant, le rapprochement, souhaité par les deux parties, émet également un signal de nervosité dans leurs rangs, traduisant certainement un avenir bouché à un terme qui se rapproche inexorablement. Leur modèle sans perspective de croissance solide ne survit que par le maintien du statu quo chez leurs clients et peut-être celui-ci est-il justement en train de s'effondrer à une échelle suffisante pour que des mesures de précaution soient prises avant une chute plus ou moins brutale des revenus ?

Une vingtaine d'années après leur apogée et en l'absence de renouvellement de leurs catalogues, OpenText et Micro Focus (avec quelques autres) commencent probablement à perdre leur influence au sein des entreprises où ils étaient auparavant incontournables. Voilà une excellente nouvelle pour l'indispensable transformation « digitale » de ces dernières, dont on se demande comment elle pouvait être envisagée sans une remise en cause préalable des briques fondamentales de leur parc logiciel…

Micro Focus + OpenText

dimanche 28 août 2022

Un milliard de connexions à la banque par mois

Bank of America
Entre leurs changements d'habitude, entraînés par la crise sanitaire, et leur inquiétude croissante pour leur situation financière, suscitée par le retour de l'inflation, les 55 millions de clients de Bank America adeptes de ses outils « digitaux » ont établi un record de connexions au cours du mois de juillet, avec plus d'un milliard de sessions comptabilisées.

Les incertitudes économiques actuelles, mais aussi la facilité et la rapidité d'accès aux services, engendrent cette forte augmentation des interactions, pour toutes les catégories de population, depuis le grand public jusqu'aux responsables d'entreprise, dans tous les domaines, de la banque de tous les jours à la gestion de patrimoine (que l'américaine intègre au sein d'un seul et même logiciel), et afin de répondre à toutes sortes de besoins, de la prise de rendez-vous avec un conseiller au pilotage de trésorerie.

Moins de deux ans après son lancement, environ 8 millions de particuliers profitent ainsi de son planificateur financier « Life Plan » dans le but de préparer et suivre leurs projets à moyen et long terme, plus de 8 clients de banque privée sur 10 ont dorénavant recours aux solutions numériques mises à leur disposition, dont, par exemple, celle dédiée au partage d'information avec leur chargé d'affaires, les PME adoptent massivement sa plate-forme d'intégration avec des applications professionnelles externes…

Bank of America vante en outre toujours la popularité en constante progression de son assistante virtuelle Erica, dont elle affirme qu'elle a déjà été invoquée (au moins une fois) par 28 millions d'individus, pour un total de quelques 900 millions de conversations, depuis sa naissance en 2018. Des statistiques apparemment flatteuses mais qui méritent toutefois d'être relativisées, au regard de l'ensemble des usages web et mobiles.

Bank of America – Digital tools so impressive, you can't stop banking

Or c'est peut-être justement sur ce terrain qu'il faudrait envisager l'avenir. Car, en dépit de ses qualificatifs officiels (« personnalisée », « proactive », « prédictive »), Erica n'est, dans son incarnation présente, guère plus qu'un automate capable, pour l'essentiel, de répondre aux questions du mobinaute, de manière à faciliter sa navigation, et de délivrer des alertes et autres notifications prédéterminées (y compris quelques-unes relativement élaborées, il est vrai, telles que la détection d'opérations dupliquées).

La fidélité et l'assiduité des clients à leurs applications bancaires représente pourtant une extraordinaire opportunité de restaurer et affermir la relation de proximité qui a disparu de l'agence depuis plus de 20 ans. Il faudrait à cet effet développer un véritable modèle d'accompagnement, qui dépasse la perspective aujourd'hui limitée principalement aux transactions et aux produits distribués et prodigue régulièrement des recommandations contextuelles (et je ne parle pas ici de promotions commerciales, bien entendu).

Banquier, imaginez que vous puissiez établir un contact quotidien avec vos clients : que ne serait-il alors pas possible d'accomplir, par exemple en matière d'amélioration de leur santé financière (qui, d'ailleurs, se traduirait mécaniquement par un surcroît de ventes) ? Voilà précisément ce que permet maintenant la généralisation des usages « digitaux » : enrichir continuellement la connaissance des attentes et des situations de chacun et capitaliser sur celle-ci pour offrir des conseils avisés au moment idéal.

samedi 27 août 2022

Étrange optimisme autour de l'IA

Gartner
À l'occasion de son sommet de la donnée et de l'analytique, le cabinet Gartner présente les résultats d'une enquête menée auprès de dirigeants d'entreprise (en Allemagne, au Royaume-Uni et aux États-Unis), qui, à travers leurs excès d'optimisme, révèlent que la confusion continue à régner sur les promesses de l'intelligence artificielle.

Selon Erick Brethenoux, un des spécialistes du sujet, la maturité progresse fortement dans les organisations. L'IA commence à s'imposer comme un véritable pilier stratégique après une période plutôt consacrée à des projets tactiques. Cette impression est confirmée par plusieurs observations quantitatives, entre, notamment, les quelques 40% de répondants affirmant exploiter des milliers de modèles et les 30% qui en confirment l'adoption dans différentes lignes métier, au service de leur compétitivité.

L'expansion rapide des applications induit cependant un emballement précoce. Ainsi, quand les responsables estiment qu'il devrait être possible d'automatiser 80% des décisions, en grande partie grâce à l'IA, il y a matière à s'interroger… soit sur l'illusion qu'ils entretiennent, soit sur le fonctionnement de leur structure. Car, en reconnaissant que l'essentiel de leur activité est en quelque sorte mécanique, ils admettent implicitement que leur performance et l'avantage concurrentiel qu'ils défendent sont déficients.

Dans un registre différent, alors que tout le monde estime que la pénurie de talents est l'obstacle principal à une généralisation des usages, les personnes interrogées déclarent ne pas rencontrer de difficulté particulière à trouver les compétences requises, pour recrutement ou en prestation. Au vu de l'état du marché, je crains que cette perception ne soit due à des ambitions extrêmement modestes, se satisfaisant d'algorithmes simples, voire simplistes. On est alors très loin de l'entreprise quasi-autonome rêvée !

La sécurité et la protection des données font l'objet d'un autre mirage populaire, puisque seuls 3% des dirigeants les considèrent comme un frein aux mises en œuvre… quand plus de 4 organisations sur 10 ont déjà été victimes d'un incident. Pire, ils croient que la menace vient en priorité de l'extérieur et que la riposte est technologique quand tous les indicateurs montrent que la plupart (60%) des défaillances trouvent leur source parmi les collaborateurs et que, par conséquent, le risque humain doit aussi être pris en compte.

Le décalage avec les faits se reflète pourtant concrètement dans une autre statistique : presque la moitié des tentatives d'utilisation de l'intelligence artificielle, sous forme de pilote, d'expérimentation, de preuve de concept…, n'aboutissent jamais en production. Et cette proportion n'a pas sensiblement évolué au cours des 3 dernières années. Il faut en conclure que, selon toute vraisemblance, la maturité réelle de l'IA est toujours aussi faible dans les entreprises et que le seul vrai changement visible réside dans leur appropriation d'un discours approximatif et chimérique, jusqu'au plus haut niveau.

Gartner Data & Analytics Summit

vendredi 26 août 2022

Et le bien-être financier des gagnants de loterie ?

Credit Union League of Connecticut
Les récits abondent de gagnants de loterie, loto ou autre jeu de hasard submergés par leur fortune soudaine et dont l'histoire se termine mal. Forte de ce constat et de sa mission coopérative, la division caritative de la ligue des « Credit Unions » du Connecticut (CULCT) a mis sur pied un programme d'accompagnement gratuit dédié à cette population.

Quel que soit le montant remporté, lorsque survient la bonne nouvelle, l'heureux bénéficiaire, mû par des réflexes humains bien naturels, tend à satisfaire ses envies et besoins immédiats sans y penser, au détriment des opportunités qui s'ouvrent pour son avenir plus ou moins lointain. Une telle inclination n'est pas bien grave pour les sommes modestes mais quand un véritable pactole est en jeu, sa dilapidation peut avoir des conséquences graves sur la santé mentale, voire physique, des individus concernés.

Le dispositif déployé par la CULCT, en collaboration étroite avec l'organisme (quasi public) en charge de l'organisation de la loterie locale, s'adresse naturellement en priorité à ces derniers, plus sujets à risques. Ainsi, lorsqu'ils retirent leurs gains, ils se voient immédiatement proposer, à proximité de leur résidence, un entretien avec un conseiller d'une des « Credit Unions » partenaires, formé spécifiquement pour ces circonstances, qui les aide à élaborer un plan personnalisé pour gérer leur richesse inopinée.

Wisewinnings

Cependant, les moins chanceux ne sont pas oubliés : outre une mise en avant systématique, dans l'ensemble de la communication de la loterie, du site éducatif WiseWinnings créé en support, est remise à tous les gagnants qui décrochent plus de 600 dollars une brochure de sensibilisation et d'assistance. L'objectif est de les inciter à prendre le temps de réfléchir à leur(s) prochaine(s) action(s), de structurer leur(s) éventuel(s) projet(s) et, le cas échéant, de faire appel à un professionnel… sans leur interdire, bien sûr, de se faire plaisir (dans les limites de la raison).

Alors que les entreprises du secteur (telles que la Française des Jeux) fournissent souvent elles-mêmes un soutien aux néo-millionnaires qu'elles produisent, la continuité du service proposé par la CULCT sur la totalité du spectre des versements représente, en pratique, la partie la plus intéressante de son approche. En effet, non seulement l'impact d'un pécule dépend autant de la situation de son destinataire que de son montant mais le moindre mouvement exceptionnel dans leur portefeuille offre également une excellente opportunité de développer la littératie financière des consommateurs…

jeudi 25 août 2022

La semaine de 4 jours, ça marche !

Atom Bank
Alors que l'hypothèse d'une transition massive vers un rythme de quatre jours de travail hebdomadaire continue à alimenter les débats, Atom Bank dévoile les premiers résultats de son initiative en la matière, pionnière dans le secteur bancaire et parmi les entreprises de sa taille, quelques six mois après son lancement : succès sur toute la ligne !

À l'origine de sa démarche, quasiment inédite à une telle échelle, émerge une intuition, dans le sillage des chamboulements sur les organisations provoqués par la crise sanitaire (qui ne se limitent pas aux options de télétravail déployées à cette occasion) : il faut impérativement imaginer des solutions qui favorisent un meilleur équilibre dans la vie des employés, qui améliorent de la sorte leur bien-être et qui, incidemment, participent à la réduction des impacts environnementaux des activités économiques.

En arrière-plan, Atom Bank voit dans ces inducteurs les clés d'un possible renforcement de l'efficacité globale de ses effectifs, assorti de quelques avantages complémentaires. Dans cette perspective, le principal raisonnement qu'elle tient consiste à établir une corrélation directe entre la sérénité des collaborateurs et leur productivité (dont, notamment, leur taux de présence). Par ailleurs, leur satisfaction vis-à-vis de leurs conditions de travail constituerait un puissant facteur de séduction et de rétention.

En résumé, la jeune pousse affirme que la totalité des objectifs visés ont été atteints. Les salariés se disent plus motivés – une immense majorité (92%) affirment se réjouir de se rendre à leur poste – et ils sont sensiblement plus investis dans leurs tâches (un indicateur affiche une progression de 13%). En parallèle, l'absentéisme a clairement diminué, de plus d'un quart, mais cette mesure est à relativiser puisqu'elle compare le mois de novembre 2021 à juin 2022, moins propice aux maladies saisonnières.

4 Day Week at Atom Bank

À l'opposé des craintes des sceptiques, la plupart des employés ont découvert qu'ils pouvaient exécuter en quatre jours ce qui leur en prenait cinq auparavant, la (petite) pression induite ayant permis dans nombre de cas de rationaliser les méthodes de travail et les processus, ainsi que de stimuler les collaborations, afin de clore les dossiers dans les temps. Conséquence, la performance est en hausse dans tous les départements. En outre, les tensions sur les ressources humaines s'apaisent et les candidats affluent.

Les bénéfices ne sont pas uniquement visibles en interne et le suivi du service client révèle aussi l'influence nettement positive du changement opéré, entre une note moyenne sur TrustPilot qui est passée de 4,54 avant la mise en place de la réforme à 4,82 en juin de cette année (un score exceptionnel, surtout pour une banque) et une réduction, cependant moins spectaculaire, du nombre de plaintes enregistrées.

Il faut probablement tempérer l'enthousiasme que peuvent susciter ces observations quelques mois seulement après l'entrée en vigueur de la politique des quatre jours, alors que l'effet de nouveauté joue à plein. Il ne serait guère surprenant que l'accoutumance des collaborateurs conduise à un tassement des gains. Toujours est-il que ceux qui prédisaient une catastrophe en sont pour leurs frais : le principe peut s'appliquer à une entreprise dans son ensemble, sans perturber son fonctionnement… au contraire.

mercredi 24 août 2022

Green IT, le retour

Groupe BPCE
Comme de nombreuses autres entreprises, le groupe BPCE a inscrit les enjeux climatiques au cœur de son nouveau plan stratégique. Comme la plupart des institutions financières, il met, dans ce cadre, un accent particulier sur l'impact environnemental de son informatique. Espérons que, cette fois, les bonnes résolutions prises soient suivies d'effet !

Si les outils numériques dans leur ensemble représentent une part conséquente des émissions globales de gaz à effet de serre (estimée à environ 4,5% aujourd'hui et en constante augmentation), ils constituent un des plus gros postes dans les industries de services, aux côtés de l'occupation des bureaux et des déplacements. Rien d'étonnant, donc, à ce qu'une banque recherche les optimisations en priorité dans ce domaine.

BPCE s'est ainsi fixée deux objectifs chiffrés à l'horizon 2024, pour l'ensemble de son informatique : une réduction de 15% de son bilan carbone, dont une part importante concerne les équipements (PC et smartphones, notamment) des collaborateurs, et une amélioration de 10% de l'efficacité énergétique de ses centres de production, qui correspond mécaniquement à une baisse équivalente de leurs émissions de CO2.

Bien que présentés comme ambitieuses, ces cibles n'ont rien d'extraordinaire. Les différents leviers d'action qui doivent permettre de les atteindre sont maintenant bien connus, entre, par exemple, le soin pris dans le choix des matériels en fonction de leur empreinte environnementale (sur la totalité de leur cycle de vie), l'activation des mécanismes de minimisation de la consommation électrique, l'éco-aménagement des centres de production ou encore l'ajustement de leurs paramètres de fonctionnement.

Il se trouve qu'une première tentative identique a vu le jour il y a une petite quinzaine d'années, justifiée un peu par les défis écologiques (peu médiatiques à l'époque) et beaucoup par l'explosion des factures énergétiques à un moment où le cours du pétrole grimpait en flèche. Tuée dans l'œuf avec l'arrivée de la crise de 2008 (et la chute brutale des prix de l'or noir), elle n'en a pas moins établi toutes les composantes de ce qu'on appelait alors le « Green IT » et qui reste une référence pour un programme concret.

Groupe BPCE – Numérique Responsable

Si quelques progrès ont été accomplis, en quelque sorte par accident (à l'instar de la généralisation des micro-ordinateurs portables beaucoup moins gourmands en électricité que les PC de bureau d'alors), les efforts suggérés autrefois sont toujours susceptibles de produire les mêmes résultats positifs en 2022. Dans ce registre, la performance des centres de production offre probablement une des meilleures illustrations possibles des gains potentiels, autant d'un point de vue environnemental qu'économique.

En 2008, les infrastructures des grands groupes financiers affichaient un ratio moyen d'efficacité 60 à 80% inférieur à celui de Google. À ce jour, ce dernier ayant encore perfectionné sa technologie, l'écart n'a vraisemblablement pas beaucoup évolué (ce qui, incidemment, laisse entrevoir la modestie des ambitions de BPCE en la matière). Or les moyens déployés pour obtenir le niveau (certes exceptionnel) du géant de l'internet, partagés publiquement, n'ont guère changé depuis les origines de sa démarche.

On peut regretter que les entreprises aient perdu 15 ans dans la réduction de leur empreinte carbone, d'autant que certaines initiatives n'auront d'impact qu'à long terme (je pense, entre autres, à la nécessité de revoir de fond en comble les architectures applicatives pour une adaptation dynamique de la puissance de calcul à la charge réelle et pour une meilleure tolérance aux défaillances). Souhaitons que les nouvelles promesses ne soient pas vaines et oubliées au premier accroc de conjoncture.

mardi 23 août 2022

Truist s'arme sur la gouvernance de données

Truist
Les institutions financières nous ont habitués à leurs investissements dans des entreprises spécialistes des solutions analytiques avancées et de l'intelligence artificielle, considérées comme des catalyseurs d'un futur eldorado. L'américaine Truist poursuit les mêmes rêves mais n'oublie pas les fondations indispensables à leur concrétisation.

En effet, avant d'espérer exploiter les trésors de données que recèlent les centres informatiques, il faut d'abord les découvrir, en comprendre la sémantique, connaître leurs caractéristiques, savoir par quels moyens et dans quelles conditions elles sont accessibles, appréhender leur protection… Dans la pratique, l'oubli de cet impératif constitue une des raisons majeures d'échec des projets et explique pourquoi les initiatives qui aboutissent en production ont une portée limitée (contrainte à la source).

Afin d'éviter ce piège, Truist, qui est pourtant certainement confrontée à la pénurie généralisée de talents du côté des consommateurs d'information, choisit d'acquérir une plate-forme de gouvernance des données (Arena, le principal actif de l'éditeur Zaloni) plutôt que de focaliser d'emblée tous ses efforts sur des solutions d'IA, comme tant de ses concurrentes. Grâce à sa technologie et ses équipes d'experts (en partie délocalisées), la banque veut rationaliser la maîtrise de son patrimoine, au service de ses ambitions.

En suivant la voie du rachat, alors que l'option habituelle consiste à sélectionner et installer un produit, Truist rejoint une tendance en vogue actuellement, qui lui permet de répondre à ses besoins non seulement en logiciel mais également en compétences (rares). Plus profondément, elle démontre en outre la priorité stratégique qu'elle place sur ce domaine particulier, généralement sous-estimé, voire ignoré, dans les grands groupes, notamment parce que sa valeur est peu visible et difficile à défendre.

Acquisition de la plate-forme Arena par Truist

Naturellement, même si elle représente un progrès indéniable, la mise en œuvre d'une plate-forme de gestion, y compris avec l'assistance de professionnels expérimentés, ne suffira pas à pallier les déficiences de gouvernance existantes. Comme toujours avec les plans de grande ampleur, l'évolution des habitudes (de la culture) est un autre chantier critique pour le succès : il faut que tous ceux qui manipulent l'information, depuis le chef de produit jusqu'au développeur, adaptent leurs modes de fonctionnement.

Dans l'univers « digital », la donnée est fréquemment qualifiée de nouvel or noir, au sens d'une vaste ressource peu exploitée susceptible de créer une richesse considérable. En prolongeant l'analogie, je soupçonne que bien des utilisateurs potentiels oublient qu'entre la détection d'une réserve de pétrole et le remplissage d'un réservoir de voiture, un travail considérable est réalisé. La gouvernance en fournit un équivalent, qui convertit la matière brute inaccessible d'origine en un produit raffiné prêt à exprimer toute sa puissance.

lundi 22 août 2022

La révolution de l'assurance auto approche

Gouvernement UK
En quelques années, l'hypothèse de véhicules autonomes circulant sur la voie publique s'est muée d'un rêve de science-fiction en une réalité envisageable, entraînant avec elle toutes sortes de conséquences, notamment sur la notion d'assurance. En lançant un plan ambitieux en la matière, le gouvernement britannique fixe les futures règles du jeu.

Bien que nombre d'experts estiment que la maturité, au-delà des expérimentations actuelles, ne sera atteinte que dans plusieurs années, peut-être une décennie ou plus, le Royaume-Uni veut se préparer aux premiers déploiements à partir de 2023, pour des parcours sur autoroute sans intervention d'un conducteur (qui restera cependant requis, avec son permis, pour les autres artères), et vise le début de la généralisation pour 2025, notamment pour les livraisons et le transport public, sans humain au volant.

Un investissement de 100 millions de livres, dont un tiers sera consacré à la sécurité et à la réglementation, accompagne le projet. Et un de ses grands objectifs est justement d'améliorer la sûreté des routes dans le pays. Il est également question de faciliter les accès aux services vitaux qui, comme partout, tendent à disparaître des campagnes, ou encore de créer des milliers d'emplois. En revanche, les impacts environnementaux du transport individuel, positifs comme négatifs, sont totalement absents du débat.

Face à l'urgence imposée par le calendrier ainsi défini et alors qu'une consultation publique est organisée sur les orientations proposées pour la sécurité des véhicules autorisés (qui devront être au moins aussi performants qu'une personne compétente, prudente et attentive), quelques règles et principes fondamentaux sont d'ores et déjà établis. Le plus marquant est, évidemment, le transfert de la responsabilité vers les constructeurs durant les phases de pilotage autonome, qui sera inscrit dans la loi.

Sachant que dans la plupart des juridictions dans le monde, l'obligation d'assurance, quand elle existe, concerne uniquement la responsabilité du conducteur en cas d'accident, c'est une catégorie entière de produits qui disparaîtra, certes progressivement, avec l'arrivée des robots automobiles ! Les compagnies n'auront plus à couvrir, pour ceux qui le souhaitent et qu'il faudra donc convaincre, que les dommages, corporels ou matériels, subis quand une partie adverse n'est pas identifiée.

En remplacement, de nouvelles solutions devront être développées et commercialisées à l'intention des constructeurs. Non plus basées sur les risques d'un individu, celles-ci seront alors modélisées pour les voitures elles-mêmes, au sein desquelles les algorithmes mis en œuvre représenteront une composante critique, sans toutefois ignorer d'autres paramètres, tels que les politiques de mise à jour logicielle… Les actuaires auront du pain sur la planche pour changer leurs habitudes et leurs abaques centenaires.

Les compagnies qui ont commencé à prendre en compte dans leurs polices les capacités avancées d'assistance à la conduite offertes sur certains modèles auront certainement une longueur d'avance dans la transition qui va se jouer d'ici quelques années. Car il est nécessaire d'accumuler dès maintenant les données qui permettront de concevoir ces assurances de demain. Et il serait utile d'anticiper les répercussions sur la distribution, auprès des particuliers (libérés de toute obligation) et des géants de l'automobile.

Voiture Autonome

dimanche 21 août 2022

Comment la réunionite tue la productivité

Clockwise
Quiconque a travaillé dans une direction informatique (et il en est probablement de même dans d'autres départements) a déjà ressenti l'impression de perte de temps incommensurable en réunions. Le spécialiste de la gestion d'agenda Clockwise a analysé les usages de ses clients afin d'en vérifier la réalité… et les résultats sont édifiants.

Après avoir décortiqué quelques 1,5 millions d'événements dans les plannings de plus de 80 000 ingénieurs logiciels opérant dans 5 000 entreprises de toutes tailles, l'enquête révèle que chacun d'eux passe en moyenne près de 11 heures en réunions chaque semaine. Diverses études académiques ayant démontré qu'il faut environ 23 minutes pour reprendre sa concentration après une interruption, elle estime que leur période de pleine activité est de l'ordre de 19 heures, soit la moitié de leur temps de présence effectif.

Autre observation empirique définitivement confirmée par la mesure, les grands groupes sont plus fortement affectés par le phénomène que les petites structures. Entre l'excès de bureaucratie dont ils sont souvent victimes et les contraintes plus légitimes liées à une coordination plus complexe, leurs collaborateurs consacrent deux heures et demies de plus à des rencontres, au prix exorbitant de 5,6 heures supplémentaires de faible concentration (ce qui ne leur laisse que 17 heures véritablement productives).

Sans surprise, les managers se trouvent encore plus profondément confrontés au problème. Quel que soit leur niveau dans l'organisation (du chef de projet au directeur), ils participent à des réunions pendant la moitié de leur vie professionnelle, notamment en entretiens individuels avec leurs subordonnés, ce qui leur laisse à peine plus d'une dizaine d'heures à consacrer sérieusement aux autres tâches qui leur incombent, telles que motivation des équipes, pilotage d'initiatives prioritaires, décisions stratégiques…

Lorsqu'ils sont interrogés, ils se déclarent conscients des impacts sur leurs résultats du manque généralisé de séquences pendant lesquelles les employés peuvent vraiment focaliser leur attention, en termes d'efficacité opérationnelle (pour 90% d'entre eux), de rapidité de livraison des projets (80%) et, en perspective, de revenus pour l'entreprise (76%). Pourtant, en dépit de leur position qui leur procure une certaine latitude d'intervention, ils semblent démunis quant aux moyens de rectifier la situation.

Certes, il ne peut être question de supprimer entièrement les moments d'échange, extrêmement importants pour assurer un fonctionnement cohérent de l'organisation. Clockwise suggère cependant quelques pistes d'optimisation à explorer : la remise en question des innombrables rendez-vous récurrents qui se tiennent même quand rien de nouveau ne mérite d'être partagé (dont, par exemple, le « stand-up meeting » quotidien des méthodes agiles…), la promotion de la communication asynchrone en substitution aux calendriers rigides ou l'instauration d'une journée hebdomadaire sans réunion.

À une époque où elles connaissent d'immenses difficultés de recrutement, surtout dans les professions technologiques, les entreprises devraient certainement s'interroger sur la productivité de leurs effectifs en place et sur les opportunités de l'augmenter afin de pallier le déficit de compétences. Dans ce registre, la réunionite constitue certainement un facteur de premier plan et la mise en œuvre de quelques solutions simples devrait permettre de la réduire sensiblement. Encore faut-il vouloir changer ses habitudes !

Clockwise Benchmark

samedi 20 août 2022

Seedrs crée une communauté d'investisseurs

Seedrs
De nombreux fondateurs de startups ont désormais pris l'habitude de faire appel à l'investissement participatif lors de leurs premières recherches de financement, en complément du recours plus classique au capital-risque institutionnel. Forte de cette observation, la plate-forme britannique Seedrs veut maintenant rapprocher les deux modèles.

Dans cette perspective, elle vient de lancer un programme dédié, qui reprend une partie des principes des firmes de « venture capital », à l'exclusion notable, toutefois, de leur dimension de fonds. Il reste donc plutôt une sorte de club privé, réservé à quelques membres triés sur le volet pour leur compétence et leur expérience dans la création d'activité, leur expertise sectorielle, leur réseau de relations, leur influence… qu'ils mettent au service des porteurs de projets ayant choisi les prestations de Seedrs.

Concrètement, la mission de ces partenaires se répartit sur plusieurs volets. En amont, ils sont d'abord encouragés à soumettre la candidature des jeunes pousses qu'ils identifient au sein de leur cercle. En phase de développement, ils s'engagent ensuite à assurer un accompagnement et un support opérationnel des entrepreneurs, selon leur spécialité. Enfin, ils doivent également contribuer à promouvoir les campagnes de crowdfunding de leurs poulains, de manière à optimiser leurs chances de succès.

Seedrs Venture Partner Program

En contrepartie de leurs efforts, les membres du programme auront la satisfaction symbolique d'accroître leur visibilité, notamment à travers la participation à des événements publics, et de s'intégrer dans une communauté aux centres d'intérêt proches des leurs. Dans un registre plus pragmatique, ils bénéficieront d'un accès privilégié aux rondes d'investissement ainsi que d'une rémunération directe (au minimum de 1 500 livres sterling) pour chaque dossier dont ils aident à faire aboutir la levée de capitaux.

Plus d'une décennie après sa naissance et quelques mois après son acquisition par l'américaine Republic, Seedrs introduit une véritable innovation dans un domaine qui semblait s'être un peu endormi après ses débuts tonitruants (les 2 milliards de livres traités sur son site à ce jour ne paraissent d'ailleurs pas faramineux). Elle s'inscrit en outre dans une ouverture vers une offre de service enrichie et diversifiée, qui complète utilement un produit jusqu'alors (trop ?) focalisé sur les besoins financiers des startups.

vendredi 19 août 2022

USAA facilite l'accès à l'assurance décès

USAA
Afin de simplifier et accélérer son parcours de souscription en ligne d'assurance décès, l'américaine USAA vient de signer un partenariat avec le leader de l'agrégation de données de santé, Human API. Cette importante initiative doit lui permettre d'automatiser les processus de décision et de tarification pour une majorité de ses membres.

Dans un domaine de l'assurance généralement difficile à appréhender parce qu'il impose de se projeter dans les incertitudes de l'avenir, les couvertures contre le décès s'avèrent encore plus délicates à faire valoir auprès d'individus qui préfèrent ne pas penser à leur disparition pourtant inéluctable. Dans ces conditions, les compagnies qui les commercialisent ont le devoir impératif d'éliminer autant que possible les obstacles et les frictions, aussi minimes soient-ils, susceptibles d'ajouter un stress supplémentaire.

Et les opportunités d'optimisation ne manquent pas, tant les méthodes en vigueur dans le secteur regorgent de complexités dans toutes leurs dimensions ! Alors, quand quelques jeunes pousses s'attaquent, par exemple, à la pédagogie de communication en amont (DeadHappy) ou à la personnalisation des contrats selon les besoins réels (Anorak), USAA concentre désormais ses efforts sur le déroulement opérationnel de l'acte d'adhésion, qui est aujourd'hui à la fois (relativement) long et contraignant.

Comme avec tous les produits relatifs, de près ou de loin, à la santé, ce sont les questionnaires sans fin à remplir et les éventuelles visites médicales requises qui nuisent particulièrement à l'expérience utilisateur. Ce sont donc naturellement ces exigences que l'institution aborde maintenant d'une manière différente, en recourant aux informations que Human API lui fournit directement et quasiment en temps réel sur une grande partie des citoyens américains (avec leur consentement, faut-il espérer).

L'entreprise affirme disposer à ce jour de connexions avec plus de 30 000 sources distinctes (il ne faut pas oublier que l'industrie de la santé est extrêmement fragmentée aux États-Unis), dont elle facilite l'accès, dans le strict respect des contraintes réglementaires (notamment HIPAA), grâce à ses interfaces standardisées (sous la forme d'API, bien entendu), qui normalisent, consolident et, parfois, combinent ou enrichissent les données nécessaires aux traitements mis en œuvre par ses clients.

Les bénéfices du modèle d'agrégation de données, largement illustrés dans l'univers de la banque, sont tout aussi prometteurs dans celui de la santé. Par la sensibilité du sujet, il risque toutefois de soulever autant, voire plus, d'inquiétudes, surtout si la transparence des usages n'est pas absolue. Ainsi, dans le cas d'USAA, l'objectif de simplification des parcours semble parfaitement légitime (et louable) mais quelle garantie est offerte à ses membres que les algorithmes ne deviennent pas de la sorte plus discriminatoires ?

USAA Life Insurance

jeudi 18 août 2022

Pomelo, un compte familial sans frontière

Pomelo
Pour des millions d'immigrés qui partagent régulièrement leurs revenus avec leur famille restée dans leur pays d'origine, les méthodes traditionnelles de transferts d'argent internationaux représentent une lourde charge. Profitant de l'évolution globale des infrastructures de paiement, Pomelo a imaginé une approche radicalement nouvelle.

Le marché se mesure en milliards de dollars d'échanges annuels et il est en quelque sorte verrouillé par la nécessité pour une majorité des destinataires de collecter les sommes qui leur sont envoyées en espèces, historiquement le seul instrument universellement accepté dans les régions en voie de développement où ils habitent. Et avec un taux moyen de commissions de 6% sur ces mouvements, la facture est salée, sans parler des autres inconvénients, notamment sur les délais de traitement.

Or, comme l'a remarqué le fondateur de Pomelo avec son entourage (philippin), à la faveur, entre autres, de la crise sanitaire, l'usage de la carte s'est considérablement démocratisé, au moins dans les grandes agglomérations de ces pays émergents où elle était autrefois réservée aux touristes et aux quelques entreprises dont ils constituent la principale clientèle. Désormais, il devient possible d'y vivre sans espèces, tandis que la forte progression du commerce électronique stimule également son adoption.

Cette tendance majeure réduit drastiquement l'avantage concurrentiel des opérateurs classiques (Western Union et consorts) et ouvre naturellement des opportunités extraordinaires, même si celles-ci ne peuvent pour l'instant concerner l'ensemble des populations considérées, en particulier rurales. Pomelo, qui vient d'ouvrir son premier couloir entre les États-Unis et les Philippines, porte justement l'ambition de participer à la révolution autorisée par la modernisation technologique qui touche le monde entier.

Love Pomelo

Son idée consiste à éliminer l'opération de transfert et à la remplacer par un accès direct, contrôlé, aux fonds de l'émetteur, via un compte commun. Concrètement, le résident américain, une fois inscrit, se voit attribuer une carte à débit différé (« charge card » dans le jargon local) assortie d'une ligne de crédit (jusqu'à 1 000 dollars, selon qualification). En parallèle, il invite jusqu'à 3 personnes (aux Philippines) qui recevront aussi une carte, virtuelle (pour les paiements en ligne) et physique, adossée à la sienne.

Outre le suivi des opérations, une application mobile permet de fixer les conditions d'utilisation pour chaque participant : le montant maximal, bien sûr, mais aussi, si nécessaire, les limitations sur les achats acceptables (par exemple une exclusion sur les jeux d'argent). Le détenteur a en outre la faculté d'activer une option d'urgence, grâce à laquelle le bénéficiaire peut exceptionnellement dépasser le plafond qu'il lui a alloué. Et, dans tous les cas, il règle le solde dû, pour tous les porteurs, à chaque fin de mois.

La jeune pousse promet l'absence totale de frais sur les transactions (rien n'est dit sur le taux de change appliqué, si ce n'est qu'il serait compétitif) et affirme que son modèle économique repose sur la perception des commissions d'interchange versées sur chaque paiement, reportant ainsi sa charge sur les marchands. Comme je l'évoquais récemment, ce principe a priori séduisant paraît difficilement viable et un surcoût pourrait être introduit à terme. Rien de comparable, toutefois, avec les pratiques en vigueur aujourd'hui.

Il faut encore ajouter à ce panorama une caractéristique extrêmement importante outre-Atlantique. En effet, le fonctionnement de la carte, assimilable à un prêt de courte durée, contribue à enrichir le score de crédit de son propriétaire, qui voit donc sa réputation croître grâce à ses envois d'argent à ses proches et peut espérer, en conséquence, accélérer son inclusion dans le système financier sans changer ses habitudes.

Contrairement au segment des virements interbancaires (où sévit Wise), celui que vise Pomelo est beaucoup moins sujet à l'innovation et à la disruption. Les quelques initiatives lancées par les spécialistes en place ont surtout pour objectif d'étendre leur périmètre d'activité mais ne touchent jamais vraiment au cœur de leur métier si lucratif. Heureusement, la transformation « digitale » commence à marquer de son empreinte les pays en développement et ouvre la voie à une remise en question du statu quo.

mercredi 17 août 2022

BBVA, le bien-être financier et la voiture…

BBVA
Outil indispensable de la vie quotidienne pour une immense majorité des consommateurs (dans les pays développés), l'automobile constitue également un de leurs principaux postes de dépense, trop souvent sous-évalué, voire oublié. Voilà pourquoi BBVA lui consacre dorénavant un module dédié au sein de son application mobile (en Espagne).

Inscrite dans la stratégie de la banque autour du pilotage des finances personnelles à 360°, la nouvelle fonction (optionnelle, bien entendu) invite d'abord l'utilisateur à fournir les caractéristiques de son (ou ses) véhicules(s) – marque et modèle, âge, puissance, énergie… – ainsi qu'une estimation du kilométrage annuel réalisé. À partir de ces informations, le logiciel détermine la valeur approximative du parc détenu et sa dépréciation depuis son acquisition, qui sont alors enregistrées dans son patrimoine.

En complément, une analyse de l'historique de transactions bancaires permet d'identifier tous les frais engagés pour la voiture et établit de la sorte le budget correspondant, qui est ensuite mis en exergue dans la plate-forme. À cette perspective pécuniaire, vient encore s'ajouter une indispensable mesure des émissions de gaz à effet de serre engendrées à la fois par la possession de l'engin et par les déplacements effectués (pour les clients ayant préalablement activé l'option de suivi sur leurs opérations).

Les relevés fournis s'accompagnent de recommandations adaptées, destinées aussi bien à réduire les coûts qu'à améliorer le bilan environnemental du foyer. Apparemment reprises de la solution spécialisée Valora Coches lancée par la banque en 2020, elles comprennent par exemple un comparatif, économique et écologique, avec un modèle électrique, pour ceux qui envisageraient d'abandonner le moteur à combustion, et une simulation des gains possibles avec une carte de paiement co-brandée avec Repsol.

BBVA – Mis Coches

En dépit de son périmètre restreint, l'initiative de BBVA s'avère extrêmement pertinente, à plus d'un titre. En premier lieu, un domaine tel que l'automobile est relativement simple à circonscrire, pour les objectifs retenus : non seulement les caractéristiques de l'objet sont faciles à collecter mais, en outre, les dépenses afférentes sont elles-mêmes assez simples à isoler. L'ensemble procure donc un socle solide pour élaborer un panorama précis et exhaustif de sa contribution à la situation financière d'un ménage.

Surtout, il s'agit d'un segment aux nombreux angles morts, du point de vue du porte-monnaie, particulièrement critiques en période d'inflation. Combien d'automobilistes perçoivent le véritable coût de leur précieuse machine, alors qu'ils tendent à calculer le prix d'un voyage sur la seule base du carburant consommé (et, peut-être, des péages autoroutiers), en omettant l'amortissement de l'achat, l'entretien, les réparations, les taxes, l'assurance…? Prendre conscience de cette réalité peut agir comme un révélateur.

Entre ce choc de transparence, les enjeux de bien-être financier et l'importance croissante des défis environnementaux pour les usagers, la démarche de BBVA prend immédiatement une place parmi les plus séduisantes en matière d'accompagnement concret de ses clients. Il reste à espérer que l'habitation, autre gros sujet de préoccupation pour tout le monde, et qui dispose déjà d'un embryon de solution similaire, sur sa dimension patrimoniale, bénéficie du même traitement sur son budget.

mardi 16 août 2022

Travelex inaugure le clic&retrait de devises

Travelex
Aux nombreux voyageurs qui préfèrent disposer d'une réserve (minimale) d'espèces lors de leurs déplacements à l'étranger le spécialiste du change Travelex fournit désormais une nouvelle option, d'abord dans un terminal de Heathrow, avant une extension au reste de l'aéroport, puis en Australie et, à terme, aux quatre coins de la planète.

Directement inspirée par la tendance (ancienne) vers la dématérialisation des retraits sur les automates bancaires, la fonction « Click and Collect » propose, comme son nom l'indique, de passer commande des devises nécessaires sur le site web de l'entreprise puis de récupérer le montant demandé sur le distributeur désigné. Seul l'achat d'euros et de dollars, réglé en livres sterling, est supporté à ce stade mais cette limitation aussi sera progressivement levée au fur et à mesure du développement du système.

D'un point de vue pratique, l'utilisateur procède à une opération classique sur la plate-forme en ligne de Travelex et se voit maintenant proposer le nouveau choix, sans aucun frais supplémentaire, en sus des actuelles livraisons à domicile (payantes) et collectes en point de vente. Par sécurité, il doit alors sélectionner le lieu et la date (une période de battement de 72 heures étant prévue) souhaités pour son retrait. Lorsqu'il se présente devant l'appareil retenu, il lui suffit de saisir la référence de son ordre, sa date de naissance et un code secret – transmis par SMS – pour obtenir les billets désirés.

Travelex – ATM Click & Collect

Travelex ne manque pas de souligner les avantages de son initiative, entre le coût réduit de l'accès aux devises et la disponibilité permanente des automates, quelle que soit l'heure du vol à prendre, en passant par l'absence de contacts avec un agent, dont on perçoit bien que leur avenir et celui des bureaux de change traditionnels sont plutôt bouchés. Il faudrait encore ajouter la sérénité d'un taux de conversion fixé par avance… et présenté comme compétitif… ce que démentent toutefois les exemples affichés.

Il n'en reste pas moins que ce dernier argument portera certainement auprès des consommateurs éclairés, qui veulent éviter les charges opaques et exorbitantes généralement imputées sur les transactions en devises réalisées sur les distributeurs des aéroports, tout en conservant le même mode de fonctionnement pratique et rapide et en s'évitant notamment un déplacement dans l'agence de leur banque.

Pour Travelex, qui pourrait sembler être perdante sur les opérations normales conduites sur son réseau de GAB (900 dans le monde), le « Click & Collect » est probablement appréhendé comme un complément permettant d'en maximiser les usages, moyennant une répartition relativement naturelle entre des retraits de petits montants, afin de faire face aux dépenses immédiates, et ceux d'un niveau plus conséquent (entre 50 et 800 euros ou leur équivalent), destinés à couvrir l'ensemble des faux frais d'un séjour.

lundi 15 août 2022

Le trading social, toujours vivant

Vantage
Une douzaine d'années après sa naissance et, incidemment, le lancement d'une des premières initiatives du genre (par eToro), le spécialiste international du trading en ligne Vantage présentait récemment sa propre plate-forme sociale, au Royaume-Uni, directement calquée sur les multiples références existantes sur ce thème.

Le fonctionnement de « V Social » ne comporte donc aucune surprise. D'un côté, les professionnels et autres amateurs aguerris des marchés sont invités à partager leurs connaissances et leur expertise avec la communauté, en donnant une visibilité publique à leurs transactions et/ou en publiant leurs avis et commentaires. De l'autre, les débutants et tous ceux qui recherchent de l'inspiration accèdent à ces contenus, posent des questions… et peuvent répliquer automatiquement les stratégies qui les intéressent.

Les motivations de Vantage à travers cet ajout sont également classiques. La possibilité de mettre en avant des utilisateurs aux performances reconnues est d'abord un facteur de confiance pour les nouveaux clients, puis un moteur d'engagement, susceptible d'encourager plus d'activité sur le site (donc plus de commissions), et, enfin, un motif de rétention pour les habitués à « suivre » telle ou telle « star ». Les contributeurs, eux, y gagnent notoriété, reconnaissance… et une part des revenus qu'ils stimulent.

Vantage – They copy, you earn

Avec, par exemple, l'actualité d'une autre jeune pousse, Shares, qui vise à en développer le principe en Europe (sous une forme légèrement simplifiée), il semblerait qu'un retour en vogue se dessine actuellement pour le trading social, longtemps après ses débuts prometteurs et l'engouement qu'il suscitait alors brièvement. La tendance paraît assez inexplicable, rien ne permettant de percevoir que le succès est au rendez-vous. Certes, eToro, qui reste résolument positionnée sur le créneau, se porte plutôt bien (apparemment)… mais est-ce vraiment dû à cet aspect de son offre ?

Je propose une théorie pour expliquer ce phénomène irrationnel de modes récurrentes (dont les archives regorgent). Tout part d'une idée presque évidente, de celles qui séduisent immédiatement par leur seul énoncé, mais qui, une fois mise en œuvre, ne parvient jamais à trouver son public, quelle que soit la qualité de l'exécution. Elle disparaît donc peu à peu et finit plus ou moins dans l'oubli… jusqu'à ce que, une décennie plus tard, environ, le cycle reprenne avec la génération suivante d'innovateurs, persuadés qu'ils réussiront mieux que leurs aînés, sans même étudier les raisons de leur échec.

Conclusion : il est toujours bon (indispensable ?) d'effectuer une recherche et une analyse approfondies des antécédents avant de se lancer dans l'inconnu (supposé).

dimanche 14 août 2022

Quand les banques investissent dans le low-code

Genesis Global
Encore réservé à quelques niches d'activité, le développement logiciel sans code (« no-code ») ou presque (« low-code ») attire sérieusement l'attention des institutions financières. La récente prise de participation de trois grands noms de Wall Street dans Genesis Global illustre la dimension stratégique que le mouvement est en train de prendre.

Entre besoins quasiment infinis dans une industrie qui dépend toujours plus des technologies et tensions sur le marché des talents, il est évident que les solutions susceptibles d'accroître la productivité des informaticiens, voire de permettre à des non professionnels de créer des applications complètes, ont de quoi faire rêver, même si les réticences persistent largement à leur adoption dans des domaines critiques. Leur niveau de performance et leur maturité laissent désormais entrevoir un point d'inflexion.

Le financement, à hauteur de 20 millions de dollars, qu'apportent Bank of America, BNY Mellon et Citi à Genesis Global constitue un des signaux de cette évolution en cours, confirmée, en outre, par la volonté concomitante clairement affichée des trois établissements de renforcer de la sorte leur collaboration opérationnelle avec la jeune pousse, afin, notamment, d'accélérer leurs démarches d'innovation et mieux répondre aux attentes de leurs clients, dans les métiers de banque commerciale et d'investissement.

Mais, au fait, pourquoi ce choix de Genesis Global ? L'entreprise possède un atout essentiel par rapport aux leaders, pourtant déjà bien implantés, de son marché : elle s'est fortement spécialisée sur le secteur spécifique de ces acteurs. Présentée comme un couteau suisse, capable aussi bien de remplacer (avantageusement) des macros Excel complexes que de générer des applications de trading ultra-sensibles, sa plate-forme est pré-intégrée avec les outils standards en vigueur dans l'univers de la finance.

Accueil Genesis Global

Cependant, derrière cette supériorité indéniable, l'insistance des uns et des autres à souligner la possibilité de développer facilement et rapidement des solutions riches s'appuyant sur les socles historiques (le « legacy ») de la banque, grâce aux connecteurs disponibles, soulève une certaine inquiétude. En effet, le risque est immense, dans ces circonstances, de multiplier les adhérences avec des couches logicielles déjà obsolètes, qui deviendront ainsi de plus en plus difficiles à remplacer.

Il faudrait envisager une remise à plat de l'architecture globale du système d'information, et, en particulier, de ses mécanismes d'isolation logique, de manière à écarter le danger. Malheureusement, la tâche est extrêmement ardue, elle requiert une expertise de haute volée et une parfaite connaissance de l'existant : les nouveaux adeptes du « low-code » assumeront-ils l'effort nécessaire (en auront-ils simplement les moyens)… ou se contenteront-ils d'une approche superficielle, quitte à hypothéquer leur avenir ?

samedi 13 août 2022

Les technologies à surveiller selon Gartner

Gartner
Comme chaque année, le cabinet Gartner présente ces jours-ci sa sélection des technologies émergentes les plus transformatives pour l'avenir. Cette édition 2022 se concentre sur deux tendances majeures, radicalement différentes : les expériences immersives et les outils dédiés à la production de solutions, d'intelligence artificielle ou autres.

Le premier constat que suscite ce nouveau « hype cycle » générique, destiné à synthétiser l'analyse de plus de 2 000 domaines détaillés, est la poursuite d'un mouvement engagé depuis plusieurs années vers l'amont de la courbe, c'est-à-dire sur sa partie la plus sensible au battage publicitaire et la plus lointaine dans le temps, à l'exclusion totale des technologies susceptibles de se rapprocher de la maturité et d'une éventuelle généralisation (en entreprises) à un horizon visible, sinon certain.

Selon ce point de vue, le positionnement proéminent des expériences immersives ne constitue guère une surprise, puisqu'il s'agit de la grande mode du moment, qu'elle soient abordées comme un tout ou par l'intermédiaire de leurs composantes individuelles (NFT, identité décentralisée, web3, métavers, jumeau numérique…). Le choix interroge toutefois sur les arguments objectifs sous-jacents des analystes, par exemple avec les NFT, dont il est difficile de percevoir la valeur technologique, quoi qu'on en pense par ailleurs.

La combinaison proposée donne tout de même du grain à moudre, entre, par exemple, la perspective lointaine, à plus de 10 ans, sur les métavers (ce qui devrait laisser le temps de préparer leur éventuel avènement) et les opportunités indépendantes non précisées sur certaines technologies (l'identité décentralisée, notamment), en passant par le rattachement des super-apps à cette notion d'expérience immersive, qui leur ouvre un vaste potentiel face aux polémiques dont leur viabilité fait l'objet aujourd'hui.

Gartner Hype Cycle for Emerging Technologies 2022

La deuxième thématique retenue par Gartner est plus étonnante… mais elle répond à une logique indiscutable, puisqu'elle intervient à l'intersection entre la complexité croissante de l'informatique, des besoins en progression constante et une pénurie de talents de plus en plus critique. Faute de professionnels capables de concevoir et programmer les applications nécessaires au fonctionnement du monde contemporain, les technologies qui facilitent ou accélèrent ces tâches sont appelées à devenir stratégiques.

L'intelligence artificielle, omniprésente dans le « hype cycle » depuis des années, offre une illustration exacerbée de cette évolution, puisque, dorénavant, elle ressort exclusivement par des approches qu'on pourrait qualifier de « méta-IA », ou l'utilisation de l'IA pour le développement, la mise au point et le déploiement automatiques des modèles requis dans d'innombrables produits (plutôt semi-automatiques, dans les faits, l'humain étant cependant assigné à un autre rôle que celui, central, qu'il assume à ce jour).

La même dynamique affecte toutes les disciplines, telles que l'infonuagique, où elle est aussi particulièrement à l'œuvre. D'une certaine manière, elle me semble inquiétante pour les organisations traditionnelles, où l'isolation, déjà dangereusement forte, entre métier et informatique risque de s'accroître encore, au détriment de la prise en compte du client et de ses attentes dans l'ensemble des activités, ce qui pourrait s'avérer dramatique dans l'hypothèse de la transition annoncée vers les environnements immersifs…