Je vous présentais, il y a quelques mois, Accrue Savings et son idée de substituer une approche vertueuse d'épargne aux dangereuses tentations du règlement différé (BNPL). Aujourd'hui, une (néo-)banque australienne s'empare du principe et l'intègre au cœur de sa formule de bien-être financier à destination des jeunes générations.
À l'appui de sa démarche, Up Bank a mené l'enquête auprès de sa cible de prédilection (les adultes de moins de 35 ans) et les résultats qu'elle dévoile (dont on peut aisément supposer qu'il seraient similaires dans d'autres pays) sont absolument édifiants. En effet, si l'impact budgétaire négatif des facilités de paiement qui se généralisent dans tous les points de vente est dorénavant bien identifié, une autre typologie de conséquences, d'ordre psychologique, ressort ici et justifie au moins autant l'attention.
Ainsi, sans surprise, les personnes interrogées confirment céder régulièrement aux sirènes de la consommation. Près de deux sur cinq admettent avoir déjà eu plus d'une opération fractionnée en cours et environ une sur quatre reconnaît avoir douté de sa capacité à faire face aux échéances correspondantes. Plus grave, peut-être, et le sujet est moins souvent abordé, ces situations engendrent des sentiments de stress (pour 29%) et d'appréhension (pour 30%) sur des achats (presque) immédiatement regrettés.
Fortes d'une telle expérience, une majorité des « victimes » du BNPL, largement conscientes du piège qu'il représente, affirment qu'elles seraient intéressées par une alternative qui les encouragerait à mettre de l'argent de côté, alors qu'elles ne savent pas comment procéder. L'option Maybuy lancée par Up Bank répond donc directement à ces attentes, à travers un objectif qui ne vise pas tant à maîtriser l'endettement qu'à redonner à ses clients un peu de sérénité vis-à-vis de leur argent et de leurs désirs.
Son fonctionnement, particulièrement adapté aux emplettes (impulsives) sur smartphone, se veut aussi simple que possible. Lorsque le mobinaute découvre un produit qui le fait rêver, au hasard de sa navigation, au lieu de l'acquérir sur le champ, il l'enregistre d'un geste parmi ses « Maybuys » via la fonction « partager » standard du système (iOS ou Android). Il lui suffit ensuite de créer, dans son application bancaire, un plan à sa convenance pour pouvoir se l'offrir à terme, concrétisé par un transfert automatique récurrent. Quand la somme nécessaire est atteinte, l'utilisateur procède à l'achat… ou utilise sa cagnotte autrement, si son envie lui est passée.
En pratique, le dispositif n'est ni plus ni moins qu'un module résolument classique d'épargne par projet, comme en proposent depuis des années de nombreux établissements. En revanche, son positionnement en opposition avec le paiement différé, que la jeune pousse a renoncé (pour l'instant, du moins) à inscrire à son catalogue, constitue une approche originale susceptible de trouver un écho inattendu auprès des individus échaudés par des excès antérieurs. Une belle manière de rajeunir le concept !
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