Comme de nombreuses autres entreprises, le groupe BPCE a inscrit les enjeux climatiques au cœur de son nouveau plan stratégique. Comme la plupart des institutions financières, il met, dans ce cadre, un accent particulier sur l'impact environnemental de son informatique. Espérons que, cette fois, les bonnes résolutions prises soient suivies d'effet !
Si les outils numériques dans leur ensemble représentent une part conséquente des émissions globales de gaz à effet de serre (estimée à environ 4,5% aujourd'hui et en constante augmentation), ils constituent un des plus gros postes dans les industries de services, aux côtés de l'occupation des bureaux et des déplacements. Rien d'étonnant, donc, à ce qu'une banque recherche les optimisations en priorité dans ce domaine.
BPCE s'est ainsi fixée deux objectifs chiffrés à l'horizon 2024, pour l'ensemble de son informatique : une réduction de 15% de son bilan carbone, dont une part importante concerne les équipements (PC et smartphones, notamment) des collaborateurs, et une amélioration de 10% de l'efficacité énergétique de ses centres de production, qui correspond mécaniquement à une baisse équivalente de leurs émissions de CO2.
Bien que présentés comme ambitieuses, ces cibles n'ont rien d'extraordinaire. Les différents leviers d'action qui doivent permettre de les atteindre sont maintenant bien connus, entre, par exemple, le soin pris dans le choix des matériels en fonction de leur empreinte environnementale (sur la totalité de leur cycle de vie), l'activation des mécanismes de minimisation de la consommation électrique, l'éco-aménagement des centres de production ou encore l'ajustement de leurs paramètres de fonctionnement.
Il se trouve qu'une première tentative identique a vu le jour il y a une petite quinzaine d'années, justifiée un peu par les défis écologiques (peu médiatiques à l'époque) et beaucoup par l'explosion des factures énergétiques à un moment où le cours du pétrole grimpait en flèche. Tuée dans l'œuf avec l'arrivée de la crise de 2008 (et la chute brutale des prix de l'or noir), elle n'en a pas moins établi toutes les composantes de ce qu'on appelait alors le « Green IT » et qui reste une référence pour un programme concret.
Si quelques progrès ont été accomplis, en quelque sorte par accident (à l'instar de la généralisation des micro-ordinateurs portables beaucoup moins gourmands en électricité que les PC de bureau d'alors), les efforts suggérés autrefois sont toujours susceptibles de produire les mêmes résultats positifs en 2022. Dans ce registre, la performance des centres de production offre probablement une des meilleures illustrations possibles des gains potentiels, autant d'un point de vue environnemental qu'économique.
En 2008, les infrastructures des grands groupes financiers affichaient un ratio moyen d'efficacité 60 à 80% inférieur à celui de Google. À ce jour, ce dernier ayant encore perfectionné sa technologie, l'écart n'a vraisemblablement pas beaucoup évolué (ce qui, incidemment, laisse entrevoir la modestie des ambitions de BPCE en la matière). Or les moyens déployés pour obtenir le niveau (certes exceptionnel) du géant de l'internet, partagés publiquement, n'ont guère changé depuis les origines de sa démarche.
On peut regretter que les entreprises aient perdu 15 ans dans la réduction de leur empreinte carbone, d'autant que certaines initiatives n'auront d'impact qu'à long terme (je pense, entre autres, à la nécessité de revoir de fond en comble les architectures applicatives pour une adaptation dynamique de la puissance de calcul à la charge réelle et pour une meilleure tolérance aux défaillances). Souhaitons que les nouvelles promesses ne soient pas vaines et oubliées au premier accroc de conjoncture.
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