En quelques années, l'hypothèse de véhicules autonomes circulant sur la voie publique s'est muée d'un rêve de science-fiction en une réalité envisageable, entraînant avec elle toutes sortes de conséquences, notamment sur la notion d'assurance. En lançant un plan ambitieux en la matière, le gouvernement britannique fixe les futures règles du jeu.
Bien que nombre d'experts estiment que la maturité, au-delà des expérimentations actuelles, ne sera atteinte que dans plusieurs années, peut-être une décennie ou plus, le Royaume-Uni veut se préparer aux premiers déploiements à partir de 2023, pour des parcours sur autoroute sans intervention d'un conducteur (qui restera cependant requis, avec son permis, pour les autres artères), et vise le début de la généralisation pour 2025, notamment pour les livraisons et le transport public, sans humain au volant.
Un investissement de 100 millions de livres, dont un tiers sera consacré à la sécurité et à la réglementation, accompagne le projet. Et un de ses grands objectifs est justement d'améliorer la sûreté des routes dans le pays. Il est également question de faciliter les accès aux services vitaux qui, comme partout, tendent à disparaître des campagnes, ou encore de créer des milliers d'emplois. En revanche, les impacts environnementaux du transport individuel, positifs comme négatifs, sont totalement absents du débat.
Face à l'urgence imposée par le calendrier ainsi défini et alors qu'une consultation publique est organisée sur les orientations proposées pour la sécurité des véhicules autorisés (qui devront être au moins aussi performants qu'une personne compétente, prudente et attentive), quelques règles et principes fondamentaux sont d'ores et déjà établis. Le plus marquant est, évidemment, le transfert de la responsabilité vers les constructeurs durant les phases de pilotage autonome, qui sera inscrit dans la loi.
Sachant que dans la plupart des juridictions dans le monde, l'obligation d'assurance, quand elle existe, concerne uniquement la responsabilité du conducteur en cas d'accident, c'est une catégorie entière de produits qui disparaîtra, certes progressivement, avec l'arrivée des robots automobiles ! Les compagnies n'auront plus à couvrir, pour ceux qui le souhaitent et qu'il faudra donc convaincre, que les dommages, corporels ou matériels, subis quand une partie adverse n'est pas identifiée.
En remplacement, de nouvelles solutions devront être développées et commercialisées à l'intention des constructeurs. Non plus basées sur les risques d'un individu, celles-ci seront alors modélisées pour les voitures elles-mêmes, au sein desquelles les algorithmes mis en œuvre représenteront une composante critique, sans toutefois ignorer d'autres paramètres, tels que les politiques de mise à jour logicielle… Les actuaires auront du pain sur la planche pour changer leurs habitudes et leurs abaques centenaires.
Les compagnies qui ont commencé à prendre en compte dans leurs polices les capacités avancées d'assistance à la conduite offertes sur certains modèles auront certainement une longueur d'avance dans la transition qui va se jouer d'ici quelques années. Car il est nécessaire d'accumuler dès maintenant les données qui permettront de concevoir ces assurances de demain. Et il serait utile d'anticiper les répercussions sur la distribution, auprès des particuliers (libérés de toute obligation) et des géants de l'automobile.
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