Le mois dernier, le cabinet Gartner révélait que, selon une enquête menée auprès de 200 hauts responsables d'entreprises (les « CxO », en anglais, qui rendent directement compte au directeur général), plus de la moitié d'entre eux (56%) ont des velléités de quitter leur position actuelle dans les deux années à venir (et un quart d'ici six mois).
Ce niveau d'infidélité, qui touche particulièrement les plus anciens en poste, est probablement lié à la pression croissante qu'ils subissent, entre la demande d'en faire toujours plus, les attentes de plus en plus importantes vis-à-vis de leur département et le stress qu'entraînent leurs responsabilités. Pour les analystes qui partagent l'étude, spécialistes des ressources humaines, l'objectif est donc d'envisager des moyens de réduire le phénomène, en renforçant la fidélité de ces individus volages.
Pour ce qui me concerne, je propose d'explorer les impacts d'une telle situation, qui n'est, à mon avis, pas très récente, sur les stratégies des entreprises. Alors que celles-ci requièrent d'adopter une perspective à long terme, déjà mise à mal par les exigences des investisseurs et leur focalisation sur les résultats trimestriels, il va être difficile de compter sur un comité exécutif dont la moitié des membres pensent à leur prochain emploi pour se projeter dans des évolutions à cinq ou dix ans… et les défendre.
Les candidats au départ plus ou moins imminent ne sont pas les seuls à peser sur le sujet. Outre ceux qui cherchent à ne pas faire de vagues en attendant de prendre leur retraite prochainement, une bonne partie des responsables prennent grand soin de leur curriculum vitæ, se tenant prêt pour toute éventuelle opportunité qui se présenterait. Ils sont naturellement enclins à éviter de prendre des risques excessifs et préfèrent maintenir un profil intact, sans grand relief… mais, surtout, sans taches.
Tous ces facteurs conduisent à la réalité de la plupart des grands groupes aujourd'hui : leurs visions stratégiques ne portent aucune transformation majeure et leurs plans se réduisent à un assemblage de recettes éculées, visant essentiellement à améliorer l'efficacité opérationnelle. Quelles que soient les menaces à l'horizon – obsolescence technologique ou émergence d'une nouvelle catégorie de concurrence, par exemple –, personne n'est suffisamment impliqué pour proposer des changements radicaux.
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