Une enquête, soutenue par ABN AMRO, auprès d'environ 1 600 jeunes néerlandais de 12 à 18 ans et fréquentant l'enseignement secondaire illustre à quel point la multiplication des outils de paiement handicape leur capacité à gérer leur budget et reflète l'importance de leur fournir une éducation financière adaptée à notre ère « digitale ».
N'allez pas croire que c'est l'insouciance qui engendre l'ignorance généralisée dans laquelle sont les adolescents de leur situation financière globale – 43% seulement des répondants déclarant par exemple connaître la somme dont ils disposent. Au contraire, ils sont de plus en plus nombreux à consulter régulièrement leur application bancaire afin de savoir où ils en sont : deux tiers vérifient leur position au moins une fois par semaine, contre la moitié lors de la précédente étude, réalisée il y a cinq ans.
Ce qui leur pose le plus de problèmes, en réalité, tient à la diversité de leurs usages et des instruments qu'ils emploient. Alors qu'ils ont désormais presque tous une carte de paiement, ils ne pensent pas toujours à intégrer dans leur perception de leurs avoirs les sommes en espèces qu'ils possèdent… mais, avec la disparition progressive des pièces et des billets dans leur quotidien, cet oubli n'est résolument pas le plus grave.
En revanche, le remboursement à prévoir des emprunts faits à leurs proches, notamment leurs amis, lorsqu'ils épuisent leur réserve (ce qui arrive occasionnellement à plus d'un sur deux), passe fréquemment à la trappe. Pire, leur recours compulsif aux applications permettant de demander à un contact de régler sa quote-part d'une dépense partagée (trois quarts de l'échantillon sont adeptes, pour une moyenne de 20 opérations par mois !) conduit à un endettement important masqué, quand les demandes restent longtemps en attente. À l'opposé, les retours d'achats en ligne, devenus une seconde nature, représentent des rentrées dormantes, elles aussi exclues.
Enfin, phénomène encore marginal mais tout de même inquiétant, 13% des jeunes interrogés confirment avoir déjà opté pour une facilité de paiement fractionné (BNPL)… alors même qu'elle est légalement interdite aux mineurs (ce qu'ils ignorent). Là encore, l'engagement correspondant n'est pas pris en compte dans la vision qu'ont ces individus de leurs finances personnelles. Quelques réactions tendent d'ailleurs à démontrer qu'ils n'ont même pas conscience que le dispositif est équivalent à un emprunt.
En synthèse, l'étude présentée par ABN AMRO révèle deux lacunes majeures dans l'approche de l'argent par les adolescents. D'une part, ils rencontrent des difficultés à analyser correctement l'état de leur porte-monnaie. D'autre part, et cet aspect découle en partie (seulement) du premier, ils ne parviennent pas à maîtriser leurs comportements budgétaires (en comptant sur leurs parents, entre autres, pour les renflouer si nécessaire). Une telle irresponsabilité ne les prépare pas à la vie d'adulte autonome.
Comment les aider à se corriger ? Sur le premier point, on peut envisager des solutions techniques – de préférence incluses au cœur des logiciels qu'ils affectionnent particulièrement – capables d'agréger tous leurs actifs et passifs, en insistant sur les obligations qu'ils négligent. Sur le second volet, un accompagnement est indispensable. Une sorte de coach virtuel, associé à la fonction d'agrégation, pourrait certainement remplir ce rôle avec une dose de contextualisation propice à l'apprentissage.
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