L'intelligence artificielle et l'informatique quantique ne sont pas les seules innovations technologiques qui méritent l'attention. Dans un registre certes beaucoup moins vendeur, les télécommunications photoniques, telles que MUFG et NTT en ont fait la démonstration, promettent pourtant une avancée majeure pour le secteur financier.
Aujourd'hui la disponibilité des services bancaires constitue un impératif autant commercial – avec des compensations potentiellement lourdes pour les clients subissant des perturbations – que réglementaire – en particulier pour les établissements considérés comme stratégiques pour l'économie. Derrière cette exigence, leurs systèmes d'information, qui sont au cœur de leur fonctionnement, sont donc soumis à des contraintes de résilience exceptionnelles… difficiles à respecter.
La résistance aux situations de catastrophes (naturelles ou d'origine humaine), notamment, impose des règles strictes, avec des conséquences parfois contradictoires. Par exemple, il faut prévoir une infrastructure de secours, capable de reprendre les opérations susceptibles d'être interrompues, à une distance suffisante pour ne pas être elle-même exposée au risque initial (une centaine de kilomètres ?). Malheureusement, l'éloignement limite la vitesse et la réactivité des transmissions de données, ce qui nuit évidemment à la faculté de redémarrer les activités dans des délais courts.
Or le forum global IOWN, qui rassemble 150 acteurs de différents secteurs (surtout dans les télécommunications et les services « digitaux », MUFG étant une des rares institutions financières participantes), évalue l'opportunité de développer des réseaux photoniques – il ne s'agit pas de simple fibre optique – afin de transformer radicalement les échanges d'information : latence divisée par 200, débit multiplié par 125… et consommation énergétique 100 fois moindre par rapport à ce qui existe aujourd'hui.
Deux expérimentations distinctes ont permis de valider les hypothèses dans le cas d'usage envisagé. La première consistait à copier et redémarrer un système bancaire à environ 70 kilomètres de sa base d'origine, en limitant la durée d'indisponibilité à moins d'une seconde. La deuxième portait plus sur la simulation d'une réplication en quasi temps réel des données à longue distance (250 à 2 500 kilomètres) : dans ce scénario « actif » plus ambitieux, le secours peut prendre la relève instantanément.
La perspective de telles performances soulagera certainement les responsables de plans de reprise après sinistre, obligés, jusqu'à présent, de recourir à des compromis qui ne satisfont personne. Notons tout de même que la majorité des incidents affectant les systèmes d'information bancaires sont d'origine logicielle et ne profiteront donc aucunement, hélas, des progrès accomplis dans le domaine des communications.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Afin de lutter contre le spam, les commentaires ne sont ouverts qu'aux personnes identifiées et sont soumis à modération (je suis sincèrement désolé pour le désagrément causé…)