Quand on parle d'assurance à l'usage, on pense généralement aux véhicules des particuliers, alors que les poids lourds représentent un marché probablement plus propice à ce genre d'approche. Aux États-Unis, quelques startups se positionnent, parmi lesquelles Nirvana qui approche du statut de licorne grâce à des résultats encourageants.
Le principe de l'offre, qui concerne les camions individuels comme les flottes, correspond à ce que l'on connaît déjà pour l'automobile : en partageant un accès aux données télématiques collectées – comprenant la géolocalisation, la vitesse, les accélérations et freinages… ainsi que des captures vidéo, uniquement dans les cas d'accident – les clients bénéficient d'une tarification qui prend en compte le comportement de conduite et peut de la sorte leur faire économiser jusqu'à 20% sur leurs primes.
Naturellement, la particularité de ce segment professionnel réside dans la disponibilité « native » des informations nécessaires à une évaluation des chauffeurs, à la fois celles qui sont transmises individuellement par les systèmes de suivi installés dans tous les véhicules modernes, pour la mesure en temps réel, et celles que fournit le régulateur du transport routier, qui servent de référence aux modèles d'analyse actuarielle (à base d'intelligence artificielle, inévitablement !) mis en œuvre par la jeune pousse.
Toujours à l'image de ce qui se fait couramment pour le grand public, Nirvana capitalise en outre sur la connaissance qu'elle acquiert auprès de ses différentes sources dans un but de renforcement de la sécurité. Il peut s'agir, classiquement, de formuler des recommandations spécifiques sur les habitudes du conducteur, ou, plus intéressant, de la mise en avant, à des fins pédagogiques proactives, des zones dans lesquelles les contrôles révèlent des infractions réglementaires particulièrement fréquentes.
La proposition de valeur de Nirvana (et de ses consœurs) s'inscrit dans un contexte plutôt tendu pour le secteur du transport nord-américain, avec la menace que font peser sur son activité et, par conséquent, sa rentabilité, les taxes douanières instaurées par la nouvelle administration sur les échanges avec le Mexique et le Canada, qui représentent une part importante du fret à l'échelle du pays. Dans une logique de chasse aux coûts, l'argument du prix constitue ainsi l'arme ultime de l'assurance à l'usage.
En tout état de cause, le modèle se révèle parfaitement adapté au transport routier, jusqu'à présent largement négligé par des acteurs qui préfèrent souvent s'adresser aux marché de masse des particuliers, plus « intuitif ». Non seulement les données requises à sa mise en place sont-elles aisément accessibles, leur mise à la disposition d'un assureur est aussi moins sujette à questionnement sur la protection de la vie privée, puisqu'elles sont déjà exploitées par les outils de gestion et, pour partie, le régulateur.
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