Parce que, en cas de soupçon de fraude ou de détournement de données personnelles sensibles, la rapidité de réaction est essentielle afin de limiter les conséquences des incidents, la singapourienne OCBC propose désormais à ses clients une arme ultime, imparable, toujours à leur portée : le blocage total et immédiat de tous leurs comptes.
La plupart des banques ont déjà mis en œuvre, en général dans leurs outils web et mobiles, une capacité de désactivation instantanée des cartes de paiement. Mais, aujourd'hui, les menaces qui pèsent sur l'argent concernent aussi les comptes courants et d'épargne, les opérations de virement, les accès à distance… Telle est la raison pour laquelle OCBC déploie ce nouveau dispositif destiné aux situations d'urgence extrême, qui suspend toute activité sur l'ensemble des services et des produits détenus.
Pour le déclencher, la victime peut au choix appeler le serveur vocal interactif ou se rendre sur un des automates de l'établissement, les deux médias comportant depuis peu une option supplémentaire dédiée qui la guide dans la procédure à suivre. Une fois tout verrouillé, un conseiller prend contact avec elle de manière à procéder aux démarches permanentes requises (renouvellement de carte, changement de coordonnées de comptes…). Seul un employé est alors habilité à lever les restrictions instaurées.
La dénomination officielle du système, « Kill Switch » n'est pas un abus de langage puisque, après son entrée en action, sont impossibles : les retraits d'espèces, les dépôts en tout genre, les virements (entrants et sortants, domestiques et internationaux), les paiements de factures, toutes les opérations par carte (de proximité et en ligne), les transactions disponibles depuis les applications bancaires web et mobile… et jusqu'aux transferts et prélèvements récurrents. Aux grands maux, les grands remèdes !
Au-delà des frictions inhérentes à son rôle (par exemple, le passage par un interlocuteur d'OCBC pour le retour à la normale, les autres médias étant potentiellement compromis), le « bouton panique » mériterait quelques ajustements, entre autres dans son expérience. Pourquoi n'est-il donc pas intégré dans les supports « digitaux » ? Une variante à durée limitée (peut-être avec prolongation automatique en l'absence de confirmation provenant d'un collaborateur de la banque) semblerait également utile.
Cependant, c'est le lancement même du « Kill Switch » qui soulève le plus de questions existentielles. En est-on arrivé, dans les institutions financières, à un niveau de dangerosité tel que cette possibilité devienne nécessaire ? Les consommateurs et les entreprises devront-ils bientôt considérer comme normal que la protection de leurs actifs impose de leur en retirer l'accès durant certaines périodes ? Et l'enseigne qui s'aventure dans cette direction ne prend-elle pas le risque d'attiser la méfiance de ses clients ?
Illustration par Gerd Altmann (via Pixabay) |
Dans une série de mesures de renforcement de la protection des consommateurs, le régulateur singapourien impose le « kill switch » à toutes les grandes banques du pays dès l'automne 2022.
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