Imaginé, rêvé et espéré (par quelques-uns) depuis des années dans le sillage de son porte-monnaie mobile, fortement pressenti depuis l'acquisition, il y a 18 mois, du spécialiste québécois Mobeewave, objet de rumeurs insistantes depuis plusieurs jours, l'encaissement sans contact sur iPhone est désormais annoncé officiellement par Apple.
Grâce à « Tap to Pay », les commerçants et les artisans se verront offrir la possibilité d'accepter les règlements effectués par tout instrument au standard NFC moyennant la seule installation d'une application ad hoc, à l'exclusion de tout accessoire matériel. Comme le permettent déjà quelques solutions pour le grand rival Android, leurs clients pourront de la sorte payer leurs emplettes, en toute sécurité, simplement en approchant leur smartphone, leur montre connectée, leur carte… de l'iPhone du vendeur.
Sur le même modèle que sa première intrusion dans les paiements en 2014, la marque à la pomme adopte une stratégie de verrouillage du marché : elle ne se positionne pas elle-même sur les aspects purement financiers des transactions mais elle conserve le contrôle exclusif de l'accès aux composants techniques (NFC) de communication avec les cartes et autres wallets, qu'elle accorde selon son bon vouloir à des partenaires dûment qualifiés. Pour le lancement effectif, au printemps, Stripe aura l'honneur d'ouvrir le bal.
Par la suite, les institutions et startups intéressées auront à leur disposition, de manière très classique, un kit de développement dédié (dont la publication interviendra à l'occasion d'une prochaine version du système d'exploitation iOS) afin de concevoir leur propre terminal virtuel. Puis elles devront vraisemblablement montrer patte blanche… et, surtout, négocier les conditions commerciales (totalement passées sous silence à ce stade), qui risquent de faire grincer des dents comme ce fut le cas avec Apple Pay.
Tandis que sa mainmise absolue sur les capacités sans contact intégrées à ses appareils, indispensables pour implémenter une fonction de paiement (ou d'encaissement), commence à susciter de sérieuses interrogations de la part de quelques régulateurs de la concurrence, Apple semble déterminée à poursuivre dans la même voie avec cette nouvelle étape. Il est vrai que ses arguments historiques (et fallacieux, de sécurité) auraient été mis à mal s'ils laissaient entrevoir la moindre concession.
Selon toute probabilité, l'entreprise espère rééditer le succès de sa plate-forme de paiement, devenue aujourd'hui une sorte de rente de monopole. Les mêmes recettes de séduction sont d'ailleurs déployées, telles que la promesse du respect intransigeant de la vie privée des utilisateurs. Pourtant, sa démarche pourrait au contraire attiser la détermination des autorités à exiger plus d'ouverture, avec les encouragements renforcés de compétiteurs potentiels qui ne voudront pas voir l'histoire se répéter à leurs dépens.
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