Cette récente annonce d'un partenariat entre Société Générale (et Crédit du Nord) et Papernest laissait pourtant entrevoir une intéressante ouverture de la banque vers des services extra-financiers à valeur ajoutée pour ses clients. Malheureusement, les détails du dispositif révèlent une mise en œuvre opérationnelle indigne de l'enjeu.
Certes, l'idée de départ semble tout à fait pertinente, en particulier en cette période d'inquiétude des français sur leur pouvoir d'achat, puisque, après une analyse des abonnements existants (auprès des fournisseurs d'énergie, de téléphonie, d'accès internet, de divertissement en ligne, de presse…), elle suggère des alternatives moins onéreuses, qu'elle propose de souscrire en quelques instants, avec la promesse d'une prise en charge (gratuite) de l'ensemble des démarches administratives de migration.
Rien de très nouveau sous le soleil, une plate-forme telle que celle de Minna Technologies offre un service de ce genre depuis quatre ans et de nombreuses institutions l'ont déjà ajouté à leur palette. On aurait donc imaginé que Société Générale suivait la tendance, en intégrant les outils de Papernest au cœur de ses applications bancaires, en exploitant notamment une connexion directe aux données de comptes afin de faciliter l'identification des contrats éligibles à l'optimisation via la détection des paiements récurrents.
Mais non ! L'établissement se contente d'une approche de référent, qui plus est basée exclusivement (selon la communication officielle) sur la relation avec le Conseiller (le « C » majuscule est inclus dans le texte) ! Concrètement, ce dernier présentera les bénéfices de Papernest à son client et, en cas d'accord, prendra rendez-vous pour lui avec un coach de la jeune pousse, qui accompagnera l'ouverture d'un compte et la première recherche des possibilités de rationalisation sur ses abonnements en cours.
L'initiative est surprenante, sa mise en en avant (comme innovation) l'est encore plus. Même s'il fallait croire que quelques personnes préfèrent un contact téléphonique pour gérer leurs affaires, centrer sur ce mode l'interaction avec Papernest – un acteur nativement « digital », qui a de la sorte peu de chances de séduire ces réfractaires à une relation à distance – paraît totalement aberrant. La sollicitation commerciale risque en outre d'être perçue comme une tentative suspecte de vendre un produit supplémentaire.
Évoquons ensuite l'opportunité complètement manquée par Société Générale, qui n'hésite pas à envoyer ses clients vers une entreprise tierce dont la première action va consister à leur demander un accès à leurs comptes bancaires afin de réaliser sa promesse. Ce ne serait pas si grave si la nuisance ne concernait pas aussi l'utilisateur final, qui se voit imposer un parcours lourd et complexe alors que toutes les conditions étaient réunies au départ pour lui faciliter la vie dans son expérience habituelle.
Comme pour moquer les errements de Société Générale, le spécialiste de la gestion de finances personnelles (PFM) Tink révélait ces jours-ci son propre partenariat avec Youtility, au Royaume-Uni. Grâce à cette combinaison, les établissements ayant implémenté le PFM du premier peuvent offrir à leurs clients une solution de pilotage des abonnements intégrée aux applications qu'ils connaissent, opérationnelle immédiatement, sans requérir une procédure d'inscription additionnelle. Le modèle évident, quoi !
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Afin de lutter contre le spam, les commentaires ne sont ouverts qu'aux personnes identifiées et sont soumis à modération (je suis sincèrement désolé pour le désagrément causé…)