Alors que les solutions de BNPL (« Buy Now, Pay Later ») sont observées attentivement par plusieurs régulateurs, le géant du domaine Klarna tente de détourner l'attention vers la carte de crédit, qui est de la sorte reconnue sans ambiguïté comme son concurrent direct. Au-delà de la manœuvre politique, le constat dressé est fort instructif.
Le principal argument des tenants d'un contrôle renforcé sur le secteur tient au risque de dérive de l'endettement que crée un produit aujourd'hui encadré uniquement par les lois sur la consommation et non sur le crédit. La crainte sous-jacente est la tentation, notamment pour les jeunes pousses en quête d'hyper-croissance, de passer sous silence des informations importantes, par exemple en cas de non respect des échéances de remboursement. C'est donc sur ce plan que la licorne suédoise riposte.
En collaboration avec un organisme de défense des consommateurs, Fairer Finance, garant de son objectivité, elle a conduit dans ce but une enquête auprès de quelques 2 000 britanniques afin d'évaluer leur niveau d'information réel vis-à-vis des conditions commerciales de leurs cartes de crédit, que les strictes exigences de transparence en vigueur – faisant figure de référence pour la supervision future du paiement différé – sont censées rendre parfaitement accessibles, claires, lisibles et compréhensibles.
Les résultats obtenus sont absolument édifiants. Non seulement 6 utilisateurs sur 10 ignorent le taux d'intérêt contractuel appliqué à leurs achats, mais, pire encore, aucun (sur la totalité de l'échantillon) ne s'est avéré capable de calculer correctement le coût final – incluant les différents frais et intérêts imputés – d'une dépense caractéristique après avoir déroulé un parcours de souscription classique, au cours duquel toutes les données nécessaires sont pourtant fournies, conformément à la réglementation.
Selon Klarna, la complexité globale des mentions légales, telles qu'elles sont généralement imposées par les textes, entre volume absurde d'information à exposer et emploi d'un jargon incompréhensible, est la première coupable de ce désastre. À quoi il faut probablement ajouter la difficulté fréquemment négligée qu'une bonne partie de la population ressent à appréhender le concept même des pourcentages et du calcul d'intérêts, qui conduit à une absence complète de sens des chiffres présentés.
En comparaison, Klarna a beau jeu d'afficher une bonne maîtrise par ses adeptes du montant de leur engagement lorsqu'ils atterrissent sur son interface de paiement. Elle vise évidemment à encourager le régulateur à focaliser son attention sur la forme de sa communication au consommateur plus que sur le fond de ses pratiques. Pour nous, la leçon à tirer de l'histoire est l'énorme besoin de simplification des discours ET d'éducation financière, en partant des fondamentaux, parmi les clients des banques.
Illustration par Shutterbug75 (via Pixabay) |
Cela montre bien le décalage entre les informations imposées et le niveau/la compréhension du client. La réglementation devrait être user centrix pour être efficace
RépondreSupprimerSi je puis me permettre, au-delà de l'aspect sur-endettement et réglementation (qu'il ne faut bien sûr pas négliger !), un autre aspect de la stratégie de Klarna (et autres AfterPay/Clearpay, Scalapay...) qui fait grincer les dents, mais cette fois celles des commerçants, c'est leur positionnement en tant que "super-app" / pseudo-marketplace, qui vient désintermédier la relation (et la communication) entre le commerçant et ses clients.
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