La course aux armements (informatiques) est lancée ! Derrière l'annonce de la première acquisition par une institution financière d'un supercalculateur Nvidia dédié à l'intelligence artificielle, BNY Mellon signale du haut de ses 240 ans d'histoire sa ferme intention de se placer en pointe du domaine, en particulier au profit de ses clients.
Au regard de ses antécédents, aussi bien en matière de culture d'innovation que dans l'exploitation des gisements de données que représente son activité phare de conservation de titres (dont elle est le numéro un mondial) à une époque où on parlait encore de « big data », l'initiative ne peut guère surprendre. Ses velléités d'extraire de la valeur de l'information, jusqu'à en dériver, si possible, de nouvelles lignes d'activité, ne peuvent être que stimulées par les récents progrès des technologies d'analyse.
Dans le prolongement de son « hub IA », qui opère d'ores et déjà une vingtaine de solutions en production, dans des domaines variés tels que l'automatisation, les prédictions ou la détection d'anomalies, BNY Mellon considère l'ajout d'un puissant socle d'infrastructure spécialisé comme un facteur essentiel dans son exploration des innombrables opportunités qui s'ouvrent avec les dernières générations d'outils.
Les premiers cas d'usage concrets mis en œuvre touchent par exemple à l'anticipation des dépôts (critique pour une gestion de trésorerie optimisée), le pilotage automatisé des paiements, les prévisions d'échanges et des soldes de comptes à la clôture des marchés. Des douzaines d'autres sont en cours de développement, sachant qu'un exercice de co-création avait produit plus de 600 idées d'applications l'an dernier.
BNY Mellon n'ignore évidemment pas les dangers sous-jacents et souligne ses efforts importants dans leur maîtrise, à travers, notamment une gouvernance rigoureuse. Mais, dans une intéressante mise en perspective, comme une sorte de rééquilibrage par rapport aux discours de prudence (voire de défiance) désormais habituels dans le secteur, elle n'oublie pas d'insister, en contrepoint, sur la capacité de l'intelligence artificielle à renforcer ses moyens dans sa stratégie de réduction des risques.
Malgré l'apparente logique de la démarche, je ne peux retenir quelques réserves sur le choix d'acquérir en propre un supercalculateur pour l'accompagner. Alors que l'infonuagique s'impose chaque jour un peu plus en raison de son extraordinaire flexibilité, ne s'agit-il pas d'une option potentiellement sclérosante dans un environnement en évolution permanente, autant du point de vue logiciel que matériel ?
D'autre part, l'approche retenue afin d'évaluer et sélectionner les utilisations possibles est entachée d'un défaut classique : en prenant la question par l'angle de la technologie (où pourrais-je donc décliner l'IA ?), les résultats sont nécessairement biaisés et débouchent sur des scénarios sans réel bénéfice distinctif… mais impliquant des coûts et complexités accrus, ainsi qu'un impact environnemental désastreux. Pour mémoire, la blockchain a connu le même phénomène il y a quelques années. Contactez-moi pour découvrir la méthode que je préconise afin d'éviter de syndrome.
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