Si on en croit la communication des enseignes, l'intelligence artificielle se serait désormais infiltrée partout (jusque dans les brosses à dent, si, si !). La réalité est souvent différente et, dans le domaine de la bourse, le régulateur ne plaisante pas avec les fausses allégations : la SEC américaine vient ainsi d'officialiser et de sanctionner l'« IA-washing ».
Ce sont deux sociétés de conseil en investissement qui font les frais, à hauteur de 400 000 dollars au total, de leurs excès d'emballement pour les concepts à la mode : la canadienne Delphia, qui affirmait depuis 4 ans dans ses documents réglementaires et marketing recourir à l'apprentissage automatique et à l'IA afin de repérer les meilleures opportunités sur les marchés, et Global Advisor, qui se présentait comme la première à mettre l'intelligence artificielle au service de ses analyses et prévisions.
Dans les deux cas, il s'avère que les déclarations reposaient sur du vent, non pas en raison de promesses irréalistes et impossibles à tenir mais, plus prosaïquement, par l'absence même des technologies évoquées au sein des outils mis en œuvre ! Ces faits tombent directement et sans ambiguïté sous le coup des lois sur la publicité mensongère (bien que, comme toujours, un accord amiable ait été trouvé dans lequel les entreprises incriminées n'admettent ni ne réfutent leur culpabilité tout en payant une amende).
De la même manière que le « greenwashing » a surfé (et surfe encore à ce jour) sur les préoccupations environnementales des populations, le mirage des miracles qu'autoriserait l'IA sert maintenant à séduire les naïfs, dans tous les domaines, l'investissement n'étant probablement pas le plus affecté. Cependant cette nouvelle déclinaison d'une tentation historique se complique d'un facteur spécifique : l'ajout d'intelligence artificielle dans tel ou tel produit ou service est-il un réel bienfait ?
Dans ce registre, les messages de la SEC sont révélateurs, puisque, outre les appels à la prudence quant aux proclamations exagérées des acteurs financiers, ils soulignent simultanément les dangers propres à la technologie, tels que son immaturité ou sa propension aux erreurs et autres hallucinations. Non seulement il ne faut donc pas croire tout ce que prétendent les organisations mais, quand bien même elles ne mentiraient pas, il faut encore se méfier de leurs pratiques et de leurs solutions !
Nous sommes entrés depuis quelques années dans une ère de technophilie généralisée et relativement irrationnelle qui, pour la majorité, ne s'appuie sur aucune connaissance solide. Résultat, les dérives sont permanentes, de plus en plus extrêmes et difficiles à contrôler (et, dans les faits, quasiment impossibles à stopper). Elle s'exprime aujourd'hui autour de l'IA comme hier avec les cryptomonnaies… et qui sait quelle sera la prochaine vague. Seule constante, à chaque fois les consommateurs sont perdants.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Afin de lutter contre le spam, les commentaires ne sont ouverts qu'aux personnes identifiées et sont soumis à modération (je suis sincèrement désolé pour le désagrément causé…)