Malgré l'ouverture d'interfaces de paiement depuis le compte bancaire, instaurée au Royaume-Uni en 2018 et imposée en Europe par la fameuse directive des services de paiement (DSP2) l'année suivante, leur usage reste marginal, faute d'expérience utilisateur adéquate. Mais Klarna s'en empare et la donne pourrait changer.
Jusqu'à maintenant, les solutions brutes de paiement à base de finance ouverte se sont révélées relativement malcommodes dans leur mise en œuvre. Pour régler une dépense, tout commence par un clic qui transfère le contrôle vers l'application de la banque de l'acheteur, dont le lancement exige une authentification à deux facteurs, puis il reste à valider la transaction, qui peut elle-même requérir sa propre authentification forte, avant de revenir sur l'espace marchand pour confirmation de bonne fin.
Dans l'implémentation de Klarna, et elle est en cela comparable à celles de tous les acteurs qui cherchent à développer un instrument de paiement générique au-dessus de ce mécanisme, le client est invité à établir par anticipation la connexion à son compte bancaire. Cette préparation permet alors de simplifier les parcours, puisqu'il n'est plus nécessaire de demander l'autorisation d'accès lors de chaque règlement. Or dans cette approche, le géant du BNPL est idéalement positionné pour transformer l'essai.
En effet, là où, malgré des avantages indéniables (en termes de coûts, de sécurité, de fiabilité…), les nouveaux venus peinent à déployer leur produit auprès des commerçants, toujours réticents à ajouter un terminal ou une option d'encaissement supplémentaire (pour une audience nécessairement limitée, au démarrage), Klarna a le privilège d'être déjà largement présent sur les sites marchands et dans les boutiques (32 000 au Royaume-Uni, concerné par la récente annonce), qui vont ainsi instantanément profiter de l'addition, de manière totalement transparente.
La jeune pousse a en outre un argument imparable en vue de convaincre les consommateurs de partager l'accès à leur compte puisque celui-ci est proposé dès l'entrée en relation pour une toute autre fonction : l'évaluation du profil comportemental, à partir d'une analyse de l'historique des opérations, exploitée en vue d'offrir les meilleures conditions de financement. Or, une fois la liaison avec la banque créée, pourquoi s'embarrasser de l'enregistrement d'une carte de débit ?
Klarna décline aujourd'hui le règlement par compte bancaire dans une dizaine de pays, par exemple en Allemagne à travers le système local Sofort, mais le recours aux interfaces règlementaires devrait permettre d'accélérer sa généralisation, entre autres dans l'Union Européenne. Outre-Manche, le dispositif est activé depuis peu pour les paiements au comptant et il le sera pour les options différées dans le courant de l'année. Au vu des économies possibles en évitant les réseaux de carte, il devrait être fortement encouragé auprès des clients, ce qui devrait stimuler l'adoption et mettre en lumière une opportunité encore méconnue et, surtout, mal maîtrisée de l'open banking.
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