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C'est pas mon idée !

mardi 23 décembre 2025

La bourse devient un jeu… d'argent, bien sûr

CME Group
Si la bourse donne fréquemment – à juste titre, d'une certaine manière – l'impression de relever du jeu de hasard, la frontière avec cet univers était jusqu'à maintenant étanche. Aujourd'hui, elle vole toutefois en éclat avec une collaboration entre le spécialiste historique des produits dérivés CME Group et la plate-forme de paris en ligne FanDuel.

Aux côtés, notamment, de ses applications dédiées aux grands événements sportifs, le nouveau titre « Predicts » de l'enseigne permettra aux résidents de cinq états américains (pour commencer, son extension étant prévue dans les prochains mois) de miser sur leur vision d'un certain nombre d'indicateurs de marché et économiques, tels que les indices Nasdaq et S&P, les prix de quelques matières premières et autres cryptomonnaies ou encore les estimations de produit national brut ou d'inflation.

Concrètement, après un enrôlement qui se veut strictement contrôlé – exigeant informations personnelles et document d'identité officiel –, les clients se verront proposer d'acheter ou de vendre des « contrats » sur la réalisation de tel ou tel événement, à une échéance donnée. On retrouve là, jusque dans la faculté de négociation secondaire, le principe des opérations à terme dont CME Group est en quelque sorte expert, la principale différence résidant dans le coût d'accès, minime, à partir de 1 à 99 cents.

FanDuel Predicts

L'objectif de l'institution est d'ailleurs clairement énoncé : il s'agit essentiellement de développer sa base de clientèle, en ouvrant ses produits financiers relativement exotiques aux millions d'adeptes de FanDuel, quitte à en détourner la finalité originelle. De point de vue du fournisseur de jeux, sous le prétexte fallacieux de procurer l'occasion aux citoyens de reprendre contact avec leur environnement – aléas économiques ou rencontres sportives –, la bourse constitue tout simplement un domaine supplémentaire où un minimum de hasard lui donne l'occasion d'étendre son emprise.

Sans chercher à prendre parti sur la moralité de la démarche, il me faut tout de même souligner le danger que peut représenter la « ludification » des marchés financiers pour une population potentiellement immature. Non seulement est-elle contre-productive pour tous ceux qui tentent d'éduquer les populations à un investissement rationnel et catalyseur de projets mais encore se positionne-t-elle, avec sa perspective de pur jeu de hasard, à l'opposé des discours de réassurance autour de la capacité à faire fructifier un capital en vue d'assurer son avenir. Le message implicite est désastreux.

lundi 22 décembre 2025

Mastercard lance le versement de prêt sur carte

Mastercard
Entre la transformation de son support historique en plastique et la désaffection des américains pour la version de la carte dévolue au crédit, Mastercard explore activement les nouvelles opportunités que lui offrent les technologies modernes : grâce à un partenariat avec LoanPro, elle s'apprête à lancer une option pour le prêt classique.

En dehors des cas de financement d'un achat spécifique, le crédit à la consommation non affecté est généralement déboursé via un transfert vers le compte bancaire de l'emprunteur… qui présente quelques inconvénients notables, entre autres de réactivité (quand les virements instantanés ne sont pas systématiques) ou d'exclusion (pour les personnes non bancarisées, nombreuses en Amérique du Nord). Aujourd'hui, les téléphone mobiles autorisent une expérience plus fluide et plus universelle.

La solution introduite par Mastercard consiste donc à fournir au client une carte virtuelle dès le crédit accordé – une déclinaison avec une carte physique est également possible… sans garantir la même instantanéité. Il lui suffit ensuite de l'enregistrer dans son porte-monnaie Google Wallet ou Apple Pay. En un tournemain, il peut alors régler ses achats dans tous les commerces affiliés. Le résultat est presque identique à une carte de crédit… avec un remboursement par échéances fixes, plus facile à maîtriser.

En arrière-plan, LoanPro mettra à la disposition des établissements de crédit intéressés sa plate-forme de distribution de prêts par API, qui leur procure un maximum de flexibilité en vue de l'intégrer à leurs propres services, en proposant un parcours utilisateur optimisé à leur clientèle. Ils peuvent de la sorte déployer facilement un produit attractif auprès du grand public et des entrepreneurs – les deux cibles principales visées –, en ligne avec leurs attentes à l'ère « digitale ». Ils bénéficieront même de la faculté d'enrichir l'expérience, par exemple à travers des programmes de fidélité dédiés.

L'initiative permet naturellement à Mastercard de prolonger la pertinence de son métier dans un monde qui non seulement voit les instruments de paiement se diversifier – avec, en particulier, une menace de plus en plus précise sur son réseau – mais combine aussi désormais fréquemment de manière transparente le paiement avec une forme ou une autre de financement (notamment via les facilités de fractionnement). Et ces arguments résonnent certainement tout autant chez les décideurs des pourvoyeurs de crédit…

Accueil LoanPro

dimanche 21 décembre 2025

Un coach de crédit dans l'app de Garanti

Garanti BBVA
Dans une logique d'accompagnement vers le bien-être financier qui lui devient familière, la filiale turque de BBVA embarque désormais un coach de crédit au cœur de son application mobile, destiné à aider ses clients à simultanément mieux maîtriser leur situation courante et à réaliser leurs projets d'avenir dans les meilleures conditions.

La nouvelle option « Kredi Koçum », accessible depuis la section consacrée au suivi de l'état des finances personnelles, complète cette dernière avec un double objectif. Il s'agit d'une part de fournir à l'utilisateur un aperçu de la précarité ou, au contraire, de la bonne santé de ses comptes, assorti de recommandations concrètes en vue d'améliorer ou maintenir sa position, et, d'autre part, de lui proposer des solutions de financement adaptées à son contexte et à ses besoins dès que nécessaire.

Selon son historique de transactions bancaires, l'outil va, par exemple, suggérer au mobinaute de surveiller ses échéances de paiement ou, plus générique, de réactualiser ses informations personnelles, de manière à, entre autres, optimiser la qualité de son profil d'emprunteur. En parallèle, il se voit présenter en détail les divers produits auxquels il est éligible – crédit à la consommation, découvert négocié, carte de crédit… – avec les modalités applicables à son cas particulier (plafonds, taux d'intérêt…)

Garanti – My Credit Coach

Indispensable appoint à ces fonctions, un dispositif pédagogique dédié enrichit le service, afin, notamment, d'expliquer aux futurs bénéficiaires les mécanismes régissant le crédit, depuis la notion de score jusqu'aux différences essentielles entre les options existantes. On peut même espérer que ces bribes d'éducation financière sont prodiguées en concordance avec les suggestions de souscription évoquées ci-dessus.

Avec ce coach relativement original, l'établissement avance sur une crête dangereuse : en l'absence de précisions sur son implémentation, il est difficile de savoir avec certitude s'il reste sérieusement engagé dans une démarche au bénéfice du client, en lui procurant l'assistance qu'il requiert pour prendre des décisions éclairées, ou s'il prend plutôt prétexte de la santé financière pour encourager le recours au crédit.

Au vu de la culture d'entreprise de BBVA, j'aurais tendance à être optimiste, de ce point de vue. Toujours est-il que l'initiative peut aisément inspirer d'autres banques de suivre sa trace (en choisissant de préférence son versant positif) : parce que l'endettement – surtout quand il devient hors de contrôle, faute d'apprentissage – représente une des plus graves menaces sur l'équilibre budgétaire des consommateurs, la mise en place de solutions spécialisées autour de ce domaine semble constituer une bonne idée…

samedi 20 décembre 2025

Le Crédit Agricole passe au prêt immo digital

Crédit Agricole
Longtemps considéré impossible à transposer en ligne, le crédit immobilier finit par faire sa transition, comme tous les autres services financiers. C'est aujourd'hui au tour du Crédit Agricole – défenseur acharné du réseau d'agences et de la relation avec un conseiller – de franchir le pas… vraisemblablement sous pression de la demande.

La position historique de l'industrie consistait à estimer que l'achat d'une résidence constituait une opération d'une telle importance pour les consommateurs qu'ils ne pouvaient imaginer de la préparer et encore moins la réaliser en totale autonomie, sans l'assistance d'un professionnel capable de les guider dans la complexité supposée de son financement. Tout au plus pouvaient-ils simuler leur projet avec des outils « digitaux » pour rêver un peu, en préambule à un rendez-vous obligatoire.

De toute évidence, les temps changent. Désormais, les clients du Crédit Agricole ont la faculté de créer leur dossier effectif depuis leur application mobile ou leur espace web en vue d'obtenir un accord de principe. Le processus, qui exploite automatiquement les informations déjà disponibles et évite donc les répétitions inutiles (le principe est basique mais encore si rare !), ne leur prendra que 6 minutes, jusqu'à la communication de la décision. Même pour les nouveaux arrivants, il ne faudra que 2 minutes de plus.

La suite des démarches est également possible via les mêmes canaux, notamment l'accès à l'offre de prêt un fois celle-ci établie, les ajustements éventuels sur les conditions, la transmission des justificatifs nécessaires, l'enregistrement des instructions de règlement du notaire et la signature électronique. En outre, tout au long des formalités, l'utilisateur est en mesure de suivre chacune des étapes de mise en œuvre.

La banque ne parvient toutefois pas à lâcher totalement la bride. Ainsi, à l'issue du dépôt d'une demande active, un spécialiste prend contact avec le client et lui proposera un accompagnement pour le reste des opérations. D'autre part, le dispositif comporte quelques limitations, à savoir un plafond de 600 000 euros pour une résidence principale et 300 000 euros pour les autres cas, dont le bien en investissement locatif.

En réalité, c'est parce que l'initiative s'avère incomplète que l'humain reste dans la boucle. En effet, le parcours en libre service déployé semble faire l'impasse sur le conseil et, par exemple, la personnalisation des offres n'est évoquée que dans le contexte des interactions avec le conseillé désigné. La personne la plus aguerrie au « digital » a besoin, pour un acte qui l'engage sur de longues années, d'aide pratique, d'explications détaillées, de recommandations par rapport à sa situation… que, visiblement, l'établissement ne sait pas à date fournir via ses plates-formes en ligne.

e-Immobilier by CA

jeudi 18 décembre 2025

La bonne idée ratée de Ma Carto Climat

AMRAE
Face au désarroi de nombreux chefs d'entreprises quant à leur exposition aux risques climatiques, l'Association du Management des Risques et des Assurances des Entreprises (AMRAE), soutenue par des organismes publics, dont l'ADEME, propose un outil d'auto-diagnostic. Qui s'avère malheureusement consternant d'amateurisme.

Bien que simple, le principe à l'œuvre avec la plate-forme Ma Carto Climat représente une première approche utile pour les dirigeants, notamment de petites et moyennes structures, qui ne savent pas nécessairement par où commencer lorsqu'ils prennent conscience de l'impératif de s'inquiéter de l'avenir de leur firme dans un monde sujet à des catastrophes naturelles toujours plus fréquentes et plus destructrices.

Sa principale valeur réside dans l'énumération de toutes les dimensions du problème, de manière à fournir à l'utilisateur un aperçu exhaustif des points les plus critiques dans son contexte spécifique et, de la sorte, à l'orienter vers les actions prioritaires à engager afin de garantir la résilience de son entreprise. Sont donc prises en compte les différentes composantes d'une activité économique – matières premières, opérations, personnel, informatique, transports, ventes – et les aléas susceptibles de les affecter.

Dans chacun des registres énoncés et pour chacune des catégories d'événement considérées – forte chaleur, froid, feu de forêt, inondation, sécheresse, précipitations, vent, mouvement de terrain, déformation du sol –, il faut évaluer le degré de sensibilité de la zone d'implantation visée (y compris dans son évolution sur l'échéance d'analyse choisie), son impact potentiel pour l'établissement et le niveau de maîtrise de ce dernier, qui précise la maturité du plan de mitigation déjà élaboré, le cas échéant.

Une fois ses informations renseignées, le visiteur se voit proposer de télécharger un rapport complet qui, outre le détail des données qu'il a transmises, synthétise les éléments saillants de son diagnostic personnalisé et présente sous forme graphique les résultats obtenus. Il se conclut par une série de références à consulter pour aller plus loin, organisée dans un parcours type d'adaptation au dérèglement climatique.

Ma Carto Climat

Comme je le signalais d'emblée, l'objectif de la démarche est d'ouvrir les yeux des responsables sur les multiples axes à intégrer pour une mesure globale de leur situation, en leur demandant simplement de réaliser leur propre état des lieux. Naturellement, elle ne peut séduire que si elle est facile d'accès et ne requiert qu'un minimum d'efforts de la part d'individus qui ont tellement d'autres préoccupations en tête. Et c'est bien là où le bât blesse, en raison d'une conception apparemment bâclée du service.

Avec indulgence pour une suggestion passablement complexe à implémenter, passons sur l'absence totale de contextualisation, qui fait que, quel que soit votre secteur industriel (pourtant indiqué lors de l'inscription), vous serez amené à répondre à toutes les questions, certaines sans objet pour vous. Plus ennuyeux, vous devrez rechercher l'exposition aux aléas de votre lieu d'activité, aucun automatisme ne permettant de les récupérer à partir d'une adresse postale, alors que des sources publiques existent. Pire encore, vous devrez les ressaisir, à l'identique, pour chaque classe de processus !

Peut-être l'AMRAE a-t-elle mis en ligne une version beta de sa plate-forme et continue, en arrière-plan, à son enrichissement, à faire de l'expérience un incontournable pour les chefs d'entreprise sensibilisés aux risques climatiques. Je l'espère. Si ce n'est pas le cas, un autre acteur (un assureur, par exemple ?) pourrait-il s'emparer de l'idée et lui procurer la concrétisation qu'elle et que le sujet dans son ensemble méritent ?

mercredi 17 décembre 2025

Worldpay et les enjeux environnementaux du commerce

Ekko
Face aux initiatives dispersées autour de l'impact environnemental dans le commerce, le processeur global de paiements Worldpay déploie une collaboration avec le spécialiste Ekko afin de ramener la thématique dans son domaine naturel et, surtout, là où les parties prenantes ont réellement la possibilité d'agir : chez les marchands.

En dépit d'un reflux sensible depuis plusieurs mois, les consommateurs restent nombreux à vouloir prêter attention à l'empreinte carbone de leurs achats du quotidien. Or, aujourd'hui, les moyens dont ils disposent pour s'informer sont généralement fournis par de jeunes pousses dédiées ou par les banques ayant adopté leurs outils, ceux-ci établissant un bilan à partir d'une analyse des transactions effectuées… donc accessible (plus ou moins) longtemps après les emplettes correspondantes.

Avec l'irruption de Worldpay sur ce terrain, la préoccupation se rapproche de l'instant clé, puisque la technologie d'Ekko lui permet de proposer aux commerçants qu'elle équipe d'afficher directement sur leurs tickets de caisse une estimation du volume d'émissions de gaz à effet de serre du panier du client. Une option complémentaire suggère en outre à ce dernier de verser une petite contribution à un projet écologique… sans toutefois prétendre à une logique de compensation, qui serait totalement artificielle.

En sus de l'interaction immédiate avec les consommateurs, le dispositif offre également une excellente opportunité pour les marchands de s'impliquer concrètement dans les questions relatives aux changement climatique et de mettre en lumière le rôle qu'ils veulent jouer dans ce registre – selon Worldpay, une forte majorité semble estimer qu'il fait partie de leurs moteurs de croissance –, avec une option à la mise en œuvre extrêmement simple, puisqu'elle est entièrement prise en charge par leur fournisseur.

Ekko x Worldpay

Bien entendu, comme avec les autres solutions existantes (notamment dans les banques), je regrette que l'approche retenue reste largement passive, nonobstant la faculté de versement à une association, symbolique. Plus précisément, son intégration lors de la phase de paiement interdit toute anticipation et le seul partage d'un indicateur d'impact environnemental, qui risque par ailleurs de paraître abstrait aux non initiés, n'intéressera que les convaincus et ne les aidera guère à améliorer leur empreinte.

De toute évidence, l'étape suivante est du ressort des commerçants eux-mêmes. Armés de ce petit plus destiné à démontrer une certaine forme d'engagement, ils devront le compléter avec, par exemple, des mécanismes de sensibilisation, pour ceux qui ne se sentent pas concernés (ou de manière superficielle), et un accompagnement vers de meilleures pratiques, ne serait-ce qu'au sein de leur propre boutique. Je ne doute pas que Worldpay, moyennant une volonté de prolonger ses efforts et de s'aventurer hors de son cœur de métier, pourrait proposer quelques idées en la matière…

mardi 16 décembre 2025

L'innovation avec les fournisseurs de tech

Forrester
Dans notre monde dominé par les technologies, la tentation est grande pour les responsables informatiques des grands groupes de demander à leurs fournisseurs de présenter aux représentants des lignes métier les tendances susceptibles de transformer leur activité. Mais, rappelle Forrester, un tel exercice ne doit pas s'organiser n'importe comment.

Dans de nombreux cas, le format classique retenu – que le cabinet d'analystes rassemble sous l'expression de « journées de l'innovation » (je synthétise) et qui existe dans diverses variantes – consiste à simplement solliciter les principaux pourvoyeurs de solutions technologiques avec lesquels travaille l'entreprise afin qu'ils viennent exposer leurs réflexions sur les innovations du moment, accompagnées parfois, et de préférence, de démonstrations de leurs propres avancées en la matière.

Si l'intention est louable, la méthode s'avère déplorable. À défaut d'avoir identifié au préalable les besoins potentiels de l'audience considérée et spécifié les thématiques à privilégier, les invités vont chercher à vanter leurs (futurs) produits de manière générique. Les « spectateurs », incapables de se projeter dans des cas d'usage, perçoivent alors l'événement, au mieux, comme un moment de détente (au cirque) et, au pire, comme une perte de temps qui affecte la crédibilité de toute tentative ultérieure.

L'erreur est presque universelle et émane en droite ligne de la croyance persistante chez la plupart des professionnels de l'informatique que la technologie en elle-même suffit à créer l'innovation. Au cours des années passées, le syndrome a déjà tué la blockchain et le métavers (que je ne regretterai pas, pour ma part) et il menace aujourd'hui l'intelligence artificielle (surtout) agentique. Une mise en contexte, efficace et pertinente, est indispensable pour cristalliser la valeur d'un concept émergent !

Forrester – Co-Innovation Summit

Afin de concrétiser cet objectif, les analystes suggèrent un autre modèle de rencontre, qu'ils qualifient de « sommet de la co-innovation ». Sa caractéristique la plus marquante réside dans sa préparation : il n'est plus question de laisser les partenaires définir l'ordre du jour, ils sont invités à inscrire leur intervention dans un cadre spécifique, plus ou moins large, qui comprend les tendances jugées prioritaires dans l'entreprise et les envisagent au regard de résultats tangibles qu'elle pourrait en retirer.

Un deuxième aspect de l'approche est explicite dans le terme de co-innovation. Il s'agit donc d'éliminer le côté passif du dispositif et, au contraire, de susciter des collaborations opérationnelles entre les différents participants (y compris entre fournisseurs), engagées en amont des sessions planifiées, dans le but de maximiser l'adéquation des solutions présentées avec les orientations fixées initialement, dans une perspective globale et cohérente, jusqu'à esquisser des idées prêtes à implémenter, en quelque sorte.

Naturellement, la démarche exige des efforts conséquents. Les organisateurs doivent commencer par explorer les attentes potentielles de leurs collègues et les transformer en cahier des charges à l'intention des partenaires qu'ils souhaitent convier. Il leur faut ensuite œuvrer conjointement à la construction des pièces maîtresses de l'événement et les agencer de manière à leur donner un sens. Mais c'est une évidence : l'innovation (comme toute autre activité) ne porte ses fruits qu'à force de travail !

lundi 15 décembre 2025

Un lab pour la santé financière des seniors

FinTech Scotland
À la recherche d'une position à défendre face à la puissance londonienne toute proche, l'organisme de promotion de la FinTech en Écosse lance un lab d'innovation qui, contrairement aux standards du genre, n'est pas centré sur la technologie mais se penche sur la question sociétale de la santé et du bien-être financier des seniors.

Dans son principe, le programme, prévu pour une durée de quatre mois, reprend ce qui se fait maintenant depuis des années afin d'encourager le développement de nouveaux concepts dans l'industrie. Il s'agit donc de rassembler un ensemble d'acteurs, issus des grands groupes de la finance, du monde académique, d'instances publiques et de l'écosystème local de startups, et de faire émerger, par leur collaboration, des réflexions, des prototypes, des projets pilotes capables de changer le statu quo.

Cependant, alors que la plupart des initiatives du genre laissent le champ libre aux participants d'exercer leur créativité sur tous les domaines qui les inspirent ou, de plus en plus fréquemment, leur imposent de réfléchir à des solutions exploitant telle ou telle technologie du moment (hier la blockchain, aujourd'hui l'intelligence artificielle, pour citer les exemples les plus courants), le Finance and Health Lab se fixe plutôt un périmètre d'usages, en l'occurrence autour des besoins spécifiques des personnes âgées.

La thématique est évidemment en phase avec une préoccupation largement partagée dans les pays occidentaux, à la population vieillissante. Pour toutes les parties prenantes, les intéressés comme les représentants gouvernementaux et les institutions financières, cette évolution profonde impose des changements de modèles, que ce soit pour les accompagner dans la « digitalisation » du quotidien ou pour la prise en compte des exigences et des contraintes de citoyens qui risquent l'exclusion.

FinTech Scotland – Finance and Health Lab

L'ambition de la démarche, qui inclura une conférence nationale sur la finance et la santé, est d'aider et d'inciter les volontaires à analyser et comprendre les données disponibles, engager des recherches dédiées, proposer des orientations réglementaires, dialoguer entre pairs et, idéalement, produire des solutions concrètes (plus ou moins élaborées) en faveur de la prise de confiance et de l'autonomie des seniors avec leur argent grâce à une série de webinaires, de tables rondes et autres événements.

Naturellement, on verra si le format retenu porte ses fruits et aboutit à un résultat probant, l'exercice du lab s'avérant (hélas) souvent décevant. Toujours est-il que celui-ci a le mérite de prendre l'innovation par le bon angle, en soumettant une problématique clairement identifiée – relevant de surcroît d'enjeux dont tout le monde est conscient – et d'appeler à lui apporter des réponses. Même s'il n'engendre pas de miracle, son approche devrait rester une inspiration, en particulier pour ceux qui imaginent changer le monde en adoptant une technologie sans explorer d'abord un besoin à fond.

dimanche 14 décembre 2025

La prédiction choc quantique de Saxo

Saxo Banque
Comme chaque année, Saxo Banque livre ses prédictions choc, dont les plus technologiques font évidemment référence à l'intelligence artificielle. Cependant, celle qui retient mon attention concerne l'informatique quantique et le risque systémique qu'elle engendrerait si, aussi improbable qu'elle puisse paraître, elle devrait se concrétiser.

Rappelons d'abord, pour ceux qui ne connaîtraient pas l'exercice auquel se livre l'établissement danois tous les mois de décembre, qu'il s'agit non pas de formuler des prévisions économiques au sens propre mais d'imaginer quelques scénarios extrêmement improbables mais aux conséquences formidables s'ils se réalisaient effectivement. Dans le cas qui m'intéresse, l'événement déclencheur serait l'arrivée en 2026 d'un ordinateur quantique opérationnel, tenant toutes ses promesses.

Parmi ces dernières, celle qui constituerait un cataclysme pour notre monde contemporain est sa capacité à briser toutes les barrières de sécurité numériques, qui protègent les communications, les données bancaires et d'identité, les infrastructures… en un mot tout ce qui s'appuie sur des algorithmes de chiffrement. Comment serait-ce possible ? En gros, la future génération de calculateurs est adaptée à une parallélisation de traitements qui se jouerait des secrets cryptographiques employés aujourd'hui.

Face à la survenue subite d'un tel épisode, les équipes de Saxo pointent les cryptoactifs en première ligne des victimes, sans négliger les impacts sévères sur l'ensemble du secteur financier, qui se trouverait largement paralysé. Ils suggèrent une panique généralisée provoquant un repli vers des supports physiques, métaux précieux et monnaie fiduciaire, tandis que les gouvernements et les entreprises se précipiteraient pour déployer une riposte, qu'ils imposeraient sur des échéances très courtes.

Saxo Banque – Prédictions Choc 2026

La perspective n'est pas rose… mais elle me paraît largement sous-estimée ! D'emblée, s'inquiéter de l'effondrement du bitcoin et de ses équivalents (dont la valeur disparaîtrait instantanément) est anecdotique, ne serait-ce que par la part infime de capitalisation qu'ils représentent, en comparaison des répercussions sur les banques, dont non seulement les échanges seraient menacés mais également les données qu'elles conservent, protégées par des mécanismes devenus obsolètes, derrière des pare-feu et autres équipements de filtrage transformés en gruyère « digital ».

Autre sujet d'inquiétude, la mise en place d'une parade efficace demandera des années de travail. Il est parfaitement illusoire d'espérer actualiser rapidement des solutions de sécurité dispersées sur des milliards d'appareils en tout genre et appliqués à des millions de gisements d'information, dont certains (beaucoup) résident dans des systèmes historiques que presque personne ne maîtrise plus désormais. La seule réponse consistera à isoler les entreprises sensibles de l'internet. Est-ce possible ? Et comment imaginer alors de vivre sans les connexions indispensables de notre quotidien ?

L'hypothèse retenue par Saxo n'a évidemment (quasiment) aucune chance de se matérialiser telle que décrite, l'informatique quantique étant une aventure des petits pas, dont l'avènement se produira progressivement, sur plusieurs années. À défaut d'avoir une quelconque valeur de prédiction, sa mise en lumière possède toutefois une vertu majeure, celle de souligner l'ampleur immense des défis auxquels cette technologie émergente risque de confronter nos sociétés et l'urgence de les anticiper.

samedi 13 décembre 2025

Eyst simplifie l'indemnisation

Generali
À l'occasion d'une ronde d'investissement d'Eyst, Generali révèle sa collaboration avec la jeune pousse hexagonale. Dans certaines circonstances, elle propose ainsi à ses assurés une solution prépayée qui leur offre non seulement une indemnisation instantanée, sans avance de fonds, mais aussi quelques avantages supplémentaires.

Grâce à un partenariat avec l'émetteur de moyens de paiement spécialisés Edenred, la startup permet aux compagnies de fournir une carte virtuelle à leurs clients dès que leur déclaration de sinistre ou leur demande de remboursement a été validée. Compatible avec Google Pay et Apple Pay, elle est transmise par SMS et est prête à activer d'un geste. Afin d'éviter les abus, elle présente la particularité de n'être acceptée que pour les catégories de commerçants pour lesquelles elle est configurée.

Le produit s'adapte à divers cas d'usage, parmi lesquels Eyst et Generali suggèrent entre autres, dans le registre de la santé, la prise en charge des consultations de médecine douce ou, dans le domaine de l'habitation, le recours à un serrurier lors d'une perte de clés. Des scénarios sont également envisagés dans le secteur de la mobilité. À chacun correspondent un montant forfaitaire contractuel et ses propres restrictions de bénéficiaire (praticien ou artisan dûment identifié, dans les exemples précédents).

Si cette approche de limitation par classe professionnelle de l'utilisation des cartes distribuées peut susciter quelques doutes, légitimes, notamment en raison d'une gestion approximative de ces informations dans l'industrie financière, Eyst répond avec un accès aux données des transactions exécutées en temps réel, qui procure aux assureurs à la fois une visibilité inégalée sur les pratiques réelles de leurs clients et une capacité de contrôle extrêmement utile pour lutter efficacement contre la fraude.

Accueil Eyst

Non contente de ces bénéfices, Generali a travaillé directement avec les équipes de la jeune pousse en vue d'ajouter un bonus à sa version du dispositif, sous la forme de « cashback », c'est-à-dire la restitution d'une partie des dépenses réalisées (dans des conditions non précisées). J'imagine que cette extension, qui sera intégrée dans l'offre standard d'Eyst, est conçue pour encourager les personnes réticentes à adopter un système susceptible de les inquiéter par sa nouveauté ou par ses limitations.

En synthèse, il ne faut pas s'y tromper : malgré le discours qui vante son intérêt (certes réel) pour les consommateurs, ce genre de solution de dédommagement fondée sur les technologies modernes autorise avant tout une bien meilleure maîtrise de leur gestion des indemnisations pour les compagnies, grâce à la transparence des plates-formes de paiement électronique et aux capacités de pilotage qu'elles comportent aujourd'hui.

vendredi 12 décembre 2025

Une protection contre la fraude par téléphone

Truecaller
Spécialiste historique de l'identification de l'interlocuteur lors d'appels téléphoniques, Truecaller veut maintenant étendre son champ d'action à la protection contre les arnaques, dont on sait qu'elles constituent un des fléaux contemporains. Au-delà du seul volet technologique, elle introduit une dimension familiale séduisante dans sa vision.

Le principe de l'offre s'inscrit dans une logique d'extension des mécanismes relativement classiques de filtrage des numéros indésirables, correspondant en général à des pratiques de démarchage commercial abusif ou à des réseaux d'escroquerie. Il est donc d'abord question d'un outil avec lequel l'utilisateur définit, entre autres, le niveau de restriction souhaité, gère ses propres listes noires et détermine ses préférences de traitement des sollicitations entrant dans les critères d'exclusion fixés.

La particularité avec Family Protection est de confier à un de ses membres le pilotage de la défense pour l'ensemble du foyer. L'abonnement permet ainsi de couvrir jusqu'à cinq personnes, dont celle qui est considérée comme possédant la meilleure maturité numérique est désignée comme administrateur et est alors chargée de configurer la solution pour ses proches. Il ou elle dispose également d'une faculté de support à distance en cas de besoin, par exemple pour lever un doute sur un événement.

Cerise sur le gâteau, mais uniquement pour les adeptes du système Android (en espérant que l'iPhone puisse supporter la même fonction prochainement), le responsable désigné possède une capacité d'intervention en temps réel. S'il le spécifie, il peut recevoir une notification quand un de ses affiliés reçoit un appel signalé par les règles qu'il a mises en place et mettre fin (brutalement) à la conversation si elle a tout de même été engagée… ou rassurer le destinataire avec un message amical.

Truecaller Family Protection

Le service n'est initialement déployé que dans quelques pays – Suède, Chili, Malaisie, Kenya – et son extension se déroulera progressivement, dans des régions clés, notamment en Inde, à partir du premier trimestre 2026, selon les résultats obtenus et les réactions des premiers utilisateurs. Précisons qu'il est gratuit mais qu'une version payante, Premium Family, ajoute quelques options complémentaires (essentiellement sur la lutte contre le spam) et, surtout, procure une expérience sans publicité.

Pour les institutions financières, parmi d'autres entreprises sensibles, qui nous avaient un temps habitué à équiper leurs clients de logiciels antivirus afin de sécuriser leur navigation en ligne, la solution de Truecaller pourrait constituer un nouveau cadeau utile à leur offrir, bénéfique pour tous. L'opportunité de collaboration mériterait d'être explorée alors que, face à une menace désormais presque hors de contrôle, l'industrie ne parvient guère à organiser sa défense… en dehors d'initiatives de sensibilisation.

jeudi 11 décembre 2025

Starling aide à parler d'argent dans le couple

Starling Bank
Le bien-être financier constitue déjà une notion complexe à appréhender pour un individu, alors imaginez le casse-tête à résoudre lorsqu’il faut l’envisager à deux (voire dans une famille complète) ! Starling propose donc un outil avec lequel les couples peuvent aborder une première étape vers l’harmonie… celle de la communication.

Comme toujours lorsqu’on se frotte à ces thématiques, la difficulté provient de l’importance des perceptions et des ressentis vis-à-vis de l’argent, dont l’impact sur la qualité de vie dépasse de très loin les simples questions de chiffres. Entre deux partenaires, en particulier, et c’est l’axe retenu par la jeune pousse, le degré de compatibilité entre leurs sensibilités dans ce domaine précis est un des facteurs essentiels de l’entente à long terme ou, a contrario, de la survenue de conflits.

Les tensions, latentes ou exprimées, sont d’ailleurs reconnues par les intéressés. Ainsi, l’enquête menée par Starling auprès des britanniques révèle que deux tiers d’entre eux confirment que les différences de perspective avec leur conjoint sont génératrices de stress et tendent à retarder leurs grand projets (achat de résidence, enfant…). Et cette situation est aggravée par leur réticence à parler du sujet, considéré tabou (il est trois fois plus susceptible de les effrayer lors d’un premier rendez-vous que le mariage !).

Afin de décrypter les mécanismes en jeu et, autant que possible, apporter des solutions, l’étude comprend une analyse statistique des comportements, aboutissant à la définition de sept profils différents, relativement classiques par rapport à l’état de l’art de la recherche sur la psychologie de l’argent : du parcimonieux (le plus fréquent) à l’autruche (qui ne veut pas affronter la réalité), en passant par, entre autres, l’extravagant (dans l’association à l’amour) ou le secret (gardant jalousement ses pensées pour soi)…

Starling – Let's Talk Money

À partir de cette catégorisation, grossière mais efficace, les chercheurs ont ensuite essayé de déterminer comment la coexistence se déroulait réellement parmi les personnes interrogées. Si, sans surprise, ceux qui ont une approche similaire ont plus de facilité à s’entendre, sans qu'elle soit systématique, toutefois, il ressort des combinaisons que je qualifierai d’explosives (au pire, elles créent des conflits dans 97% des cas) et d’autres dans lesquelles la complémentarité fonctionne parfaitement.

Forte de ces enseignements, Starling Bank met à la disposition des internautes, clients ou non, un outil d’auto-évaluation. Là, ils sont invités à répondre, à deux, à quelques questions, de manière à leur faire découvrir leur style, à le comparer avec celui de leur partenaire, à mesurer leurs risques de déséquilibre et, surtout, à entamer un dialogue. En effet, celui-ci est un premier pas vers l’évitement des dissensions engendrées par les incompréhensions des écarts d’appréciation inévitables entre les individus.

Aussi utile et pédagogique soit la démarche de la néo-banque, je regrette tout de même qu’elle se « contente » d'esquisser un embryon de réponse, essentiellement théorique, aux interrogations qu’elle peut induire chez ses clients. Je m’attendrais par exemple à ce qu’elle s’attache à fournir des solutions de pilotage concrètes, adaptées à leur contexte spécifique, prenant en compte et adoucissant les points de contention les plus courants selon leurs profils. Ce sera peut-être pour une itération future…

mercredi 10 décembre 2025

Un comité consultatif de jeunes pour Block

Cash App
Afin de mieux adapter sa solution de paiement mobile Cash App aux changements sociétaux et aux attentes de ses utilisateurs, Block (ex-Square) met en place, aux États-Unis, un comité consultatif composé d'une quinzaine à une vingtaine de jeunes, dont les réactions et les idées ont vocation à aider la firme à façonner l'avenir de ses produits.

Concrètement, les participants retenus seront sollicités pour des études et autres enquêtes génériques, ainsi que lors de sessions dédiées, qui devraient se tenir mensuellement à distance et sous forme présentielle une fois par trimestre. Intégré au cœur du processus de développement, le dispositif leur permettra d'être impliqués dans divers domaines – nouveaux concepts, expérience utilisateur, comportements « digitaux »… – et à différents niveaux – design, sécurité, stratégie…

Dans une démarche de séduction essentielle, Block fait valoir quelques bénéfices et avantages aux futurs membres de son TAC (« Teen Advisory Council »). Outre les opportunités d'enrichir leurs compétences dans un programme collaboratif, d'étendre leur réseau personnel, de s'immerger dans des sujets technologiques de pointe et d'être parties prenantes à l'élaboration d'outils comptant des millions d'adeptes, ils recevront un soutien à leur progression professionnelle… et une compensation pécuniaire.

Pour l'entreprise, l'initiative, dans sa spécificité, possède un intérêt double. D'une part, il s'agit bien sûr de s'assurer que sa plate-forme répond parfaitement aux attentes de ses clients – ceux d'aujourd'hui, dont une majorité fait partie des générations Y et Z, mais aussi ceux de demain, que préfigurent les adolescents enrôlés pour le comité. L'enjeu est crucial pour la pérennité de l'activité mais il est particulièrement complexe dans un contexte d'évolution constante des habitudes des consommateurs.

Par ailleurs, comme avec d'autres tentatives de recourir au talent des jeunes, les recrues du TAC font partie d'un groupe qui est naturellement curieux et aventureux, donc plus susceptible que d'autres d'anticiper les transformations importantes de demain. Leur regard neuf, en principe, sur une thématique où les pratiques ancestrales sont légion, même dans des startups, constitue un atout supplémentaire, autorisant potentiellement les idées radicales et propice à une différenciation concurrentielle inédite.

La mise en place de comités consultatifs n'est pas inscrite dans les usages courants des grands groupes mais certains se plient tout de même à l'exercice. Dans de nombreux cas, il s'agit plutôt d'instances consacrées à l'acculturation technologique, qui représente effectivement un des défis majeurs de ces acteurs. Cependant, l'adaptation du modèle à une vision prospective des métiers, avec des individus immergés dans une culture la plupart du temps étrangère à leurs dirigeants, mériterait d'être envisagée.

Block – Cash App

mardi 9 décembre 2025

La lutte contre la fraude financée par les saisies

Lloyds Banking Group
À travers une collaboration impliquant le ministère de l'intérieur, les forces de police et plusieurs associations, Lloyds Banking Group a mis en place un dispositif original de financement – à hauteur de 15 millions de livres en 4 ans – de la prévention contre la fraude par les saisies réalisées lors des démantèlements d'opérations criminelles.

Le mécanisme mis en place n'est pas entièrement clair. En particulier, sa présentation ne précise pas dans quelles conditions légales la banque est en mesure de capturer elle-même les fonds gelés issus des comptes d'escrocs repérés par ses équipes spécialisées. Toujours est-il qu'elle affirme être la seule au Royaume-Uni à affecter les sommes récupérées à diverses initiatives importantes pour la protection du public, certaines d'ordre pédagogique, d'autres consacrées directement à la répression.

Une part de l'argent est ainsi investie dans une unité policière dédiée aux paiements (baptisée DCPCU), créée en 2001 à l'initiative conjointe des autorités et de l'organisation représentative du secteur financier britannique, particulièrement active dans la bataille contre la fraude. Les autres bénéficiaires comprennent des entités telles que Age UK, qui offre des sessions de sensibilisation aux seniors, ou We Fight Fraud et son réseau d'un millier de travailleurs de l'éducation œuvrant dans 155 universités.

Le principe ressemble à une évidence : les sommes retrouvées dans les affaires d'escroquerie bancaire qui ne peuvent être restituées aux victimes devraient logiquement toujours servir à la lutte contre la délinquance, d'autant que celle-ci est extrêmement coûteuse, que ce soit en termes d'éducation des citoyens, de mobilisation des ressources défensives, voire de dédommagements. La démarche de Lloyds pourrait inspirer à la fois les acteurs de l'industrie, quand ils sont en position d'arbitrage, et les pouvoirs publics, si les règles d'utilisation des saisies sont inadaptées à ce modèle.

Lloyds Bank x DCPCU

lundi 8 décembre 2025

OCR Studio offre un contrôle KYC sans nuage

OCR Studio
Rare il y a encore quelques années, le recours à des solutions de validation automatique d'identité est aujourd'hui incontournable dans les processus d'enrôlement « digital » des acteurs de la finance. Mais elles sont généralement issues de partenaires externes, à qui sont donc transmises des données sensibles. Sauf avec OCR Studio.

Vous connaissez maintenant le principe, que vous avez probablement déjà rencontré : au moment de, par exemple, ouvrir un compte bancaire depuis votre téléphone, vous devez d'abord présenter une pièce d'identité officielle. Une fois son authenticité confirmée, les informations d'état-civil en sont extraites, tout comme la photographie, qui est, elle, utilisée afin d'effectuer une vérification de la personne réalisant l'opération, grâce à une comparaison avec une capture vidéo pilotée sur son appareil.

Jusqu'à présent, ces fonctions sont, sauf exception, fournies par quelques entreprises spécialisées qui exécutent l'ensemble des traitements requis sur leurs propres infrastructures, souvent infonuagiques, où les images des pièces d'identité et les flux vidéo doivent donc préalablement être transférés. Entre autres défauts, un tel mécanisme a un impact sur les performances et peut soulever des inquiétudes sur la confidentialité des données (depuis les usages abusifs jusqu'aux risques de fuite).

La jeune pousse émiratie a une autre idée : avec sa nouvelle boîte à outils, toutes les étapes du processus sont implémentées directement sur le matériel du client (y compris, apparemment, via un navigateur web sur un micro-ordinateur). Son module d'intelligence artificielle spécialisée, fonctionnant sur un processeur classique, assure ainsi la reconnaissance des documents d'identité (plus de 200 modèles sont reconnus, couvrant le monde entier) et l'analyse de ressemblance du visage de l'utilisateur.

Accueil OCR Studio

OCR Studio vante naturellement la rapidité de traitement de son dispositif – obtenue à la fois par la qualité de ses algorithmes et l'absence d'échanges potentiellement volumineux avec un serveur distant – et son engagement pour la protection de la vie privée – aucune information personnelle n'étant jamais divulguée. Une version utilisable en agence est également disponible, pour laquelle la promesse est équivalente, de conserver les données capturées dans l'environnement de l'établissement.

Ces avantages résonneront bien sûr auprès des clients finaux, en particulier au niveau de leur expérience, la réduction des temps d'attente constituant un facteur majeur de baisse des taux d'abandon. Mais la garantie de confidentialité devrait également séduire les départements de conformité des institutions financières, pour lesquels elle peut soulager des craintes vis-à-vis de prestations externalisées… sans parler des responsables obsédés par l'impératif de garder la mainmise sur les outils déployés.

dimanche 7 décembre 2025

Astorya.vc lance un catalogue d'insurtech

Astorya.vc
Aujourd'hui, tous les grands groupes du secteur financier maintiennent une veille active sur l'écosystème des startups, avec des outils plus ou moins efficaces. L'équipe d'Astorya.vc leur propose désormais une plate-forme dédiée, au contenu extraordinairement riche et à l'ergonomie réellement pensée pour les attentes de ses utilisateurs.

Ses concepteurs s'appuient naturellement sur leur expérience du marché, acquise à travers leur activité (principale) de capital-risque, qui leur permet d'abord de constituer un immense catalogue – en constante évolution bien sûr – comprenant déjà à ce jour plus d'un millier de solutions technologiques issues de l'InsurTech européenne. Couvrant une vaste gamme de domaines, elles ont en commun de s'adresser spécifiquement aux acteurs de l'assurance ou de la réassurance.

Le volume est un atout, mais il ne vaut rien si la matière est difficile à exploiter. En l'occurrence, l'approche de navigation implémentée par Astorya.vc fait justement sa force. En effet, même s'il reste possible d'effectuer des recherches par catégorie technique, l'accent est surtout mis sur la nature des besoins à satisfaire. Le visiteur est de la sorte invité en priorité à préciser sa ligne métier (vie, santé, automobile, habitation, cyber…) et l'activité visée (tarification, gestion de sinistre, paiement, prévention…).

Une fois les critères d'exploration validés, une listes de suggestions s'affiche instantanément, chaque carte présentant en quelques mots une synthèse de la proposition de valeur du produit, et ouvrant ensuite l'accès à une fiche signalétique détaillée. Dans cette dernière, on retrouve une description plus complète (qui inclut notamment les pays d'implantation), ainsi que – évidemment – un lien vers le site web du fournisseur et une offre de mise en contact (par l'intermédiaire d'Astorya.vc).

Astorya.vc Tech Catalogue

Autre information disponible systématiquement avec chaque résultat – qui intéressera particulièrement les utilisateurs dont la maturité des jeunes pousses qu'ils envisagent de solliciter est toujours une des premières préoccupations – les clients connus (selon communication publique) ont droit à leur section. Mieux encore, il existe un filtre ad hoc, permettant de ne restituer que les solutions adoptées par une des quelques grandes enseignes sélectionnées (Axa, Allianz, Generali, Munich Re, Swiss Re…).

Avec de telles caractéristiques, ce catalogue est capable de prendre en charge différents cas d'usage. Outre les départements d'innovation chargés d'identifier des opportunités émergentes en réponse à des demandes de leurs interlocuteurs internes, les responsables de projet peuvent également profiter de sa base de données extensive pour compléter le panel de sociétés consultées pour leurs appels d'offres. Enfin, la veille concurrentielle peut elle aussi s'enrichir de son intégration des références client.

La plate-forme est un chantier en cours, dont les prochaines itérations dépendront des réactions et des souhaits de ses premiers adeptes (et, incidemment, de la possibilité de lui trouver un modèle économique). Les fondateurs d'Astorya.vc me signalent par exemple qu'ils seraient prêts à décliner le modèle sur la FinTech, à l'intention des banques et autres établissements financiers susceptibles d'être intéressés. Le cas échéant, n'hésitez pas à les contacter (directement ou via mon entremise).

samedi 6 décembre 2025

Ces handicaps auxquels on ne pense pas

CommBank
À l'occasion de la journée nationale des personnes handicapées 2025, CommBank rappelle que les incapacités physiques ne sont pas les seules à prendre en compte en présentant ses initiatives en faveur de l'inclusion de ses clients souffrant d'affections neuro-divergentes, aussi bien en ligne que dans ses implantations physiques.

Dans le premier registre, la banque a, par exemple, déployé une série de guides pratiques adaptés à des populations diverses afin de permettre à tous de profiter au mieux des options disponibles dans ses plates-formes « digitales ». À travers des explications visuelles, le recours à un langage simple, l'affichage préalable de la durée de mise en place à prévoir…, chacun peut facilement définir un virement récurrent, configurer des notifications d'événements importants, créer des limites de dépenses…

Dans les agences, les conseillers disposent de moyens dédiés pour l'accueil des individus nécessitant (ou souhaitant) une attention particulière. La panoplie comprend notamment des accessoires conçus pour des pathologies précises – par exemple des gadgets anti-stress pour ceux qui ont des difficultés de concentration ou des stylos lestés pour ceux qui sont atteints de la maladie de Parkinson – ou, pour une aide générale, une carte de préférence, qu'il suffit de présenter pour rappeler ses besoins spécifiques.

CommBank – Neuroinclusive Approach

L'ensemble du dispositif est élaboré en collaboration avec des associations et autres partenaires, ainsi qu'avec des personnes – dont, parfois, des clients – directement concernées par des troubles autistiques ou de l'attention, par des maladies neuro-dégénératives… Naturellement, les employés de l'établissement sont aussi largement impliqués, via des programmes de sensibilisation et de formation ainsi que la mise à leur disposition de kits complets d'accompagnement, dans tous les points de vente.

Toutes les institutions financières qui rechignent à optimiser leur accessibilité et leur inclusivité et, pour certaines, se contentent de plus ou moins respecter la réglementation devraient comprendre que ces efforts relèvent de la personnalisation de la relation dont elles se réclament souvent haut et fort. En effet, avant de penser à ajuster des offres marketing ou des produits complexes selon le profil du client, il leur faut aménager leurs modes de communication en fonction des capacités propres et des limitations de chacun. À défaut, elles ne sont simplement pas audibles par une partie de leur cible.

vendredi 5 décembre 2025

L'IA de Chrp inspecte le risque résidentiel

Chrp
La collaboration engagée par l'assureur américain Nationwide avec la jeune pousse Chrp me procure l'occasion de découvrir simultanément une solution complète d'accompagnement de la prévention des risques sur l'habitation et une pratique de la compagnie en la matière (correspondant peut-être à un usage courant aux États-Unis).

En dehors des catastrophes, dont la fréquence et la sévérité s'accroissent avec le dérèglement climatique, les sinistres qui surviennent dans les résidences sont généralement dus à des défauts d'entretien ou à la vétusté des équipements… Les dommages liés à l'eau constituent le deuxième motif d'indemnisation outre-Atlantique, pour un montant moyen de 15 000 dollars. Pour les incendies, dont près de 24 000 par an sont déclenchés par des appareils défaillants, la facture grimpe à 88 000 dollars.

Face à cette situation, Chrp propose un outil d'inspection autonome : son utilisateur se laisse guider, grâce à une application mobile, dans un parcours de son bien immobilier, au cours duquel il prend une série de photographies des sources potentielles de problèmes qui lui sont indiquées. Des modèles d'intelligence artificielle analysent alors chacune des images afin d'y repérer les indices de quelques 400 facteurs de risque, par exemple la corrosion de la plomberie, les installations électriques déficientes…

Une fois l'exercice terminé, le demandeur reçoit un rapport complet, qui détaille les éléments dangereux identifiés – dont les plus importants sont ceux qui ne sont pas visibles de la part d'un non spécialiste – et fournit un ensemble de recommandations afin d'y remédier. La startup affirme que 30% ses campagnes aboutissent à la détection d'anomalies sur les circuits d'eau, souvent triviales et faciles à corriger (un robinet d'arrêt usé, une conduite ancienne…), susceptibles de générer un sinistre dans les 4 ans.

Accueil Chrp

Nationwide a donc sélectionné cette plate-forme… pour réaliser ses revues obligatoires. Apparemment imposées aux assurés (sur des critères que je ne connais pas), elles peuvent désormais, en option, être gérées entièrement par ces derniers, depuis leur téléphone, plutôt que de devoir planifier une visite par un expert. Ils reçoivent les résultats directement et seuls les points jugés critiques donnent lieu à une prise de contact de la part de l'assureur afin d'approfondir l'étude et éventuellement réagir.

Cette démarche de contrôle régulier pourrait inspirer les acteurs qui ne l'implémentent pas aujourd'hui. Sans en faire une obligation, qui serait certainement mal perçue, elle pourrait s'inscrire dans un programme de récompenses – par une réduction de prime, de préférence – associées à des mesures de prévention, comme il en existe déjà. Le recours à une solution automatisée devrait faciliter l'adoption, en limitant les contraintes sur les assurés, sans compromettre l'équilibre économique des fournisseurs.

jeudi 4 décembre 2025

Mastercard à l'assaut du score de crédit

Mastercard
À l'instar de nombreux autres acteurs de l'industrie qui manipulent des masses gigantesques de données financières, révélant une partie de la vie des utilisateurs de leurs services, Mastercard dévoile à son tour une suite de solutions permettant d'évaluer la fiabilité des consommateurs en complément – ou en remplacement ? – du score de crédit.

Avec Credit Intelligence, la firme reprend une promesse maintes fois entendue : quand un emprunteur potentiel ne dispose pas d'un historique suffisant pour avoir établi sa réputation auprès des agences de notation spécialisées, il est possible de recourir à d'autres sources de données plutôt que d'écarter sa demande sans autre forme de procès. Avec son réseau qui traite les opérations de paiement par carte de ses porteurs, Mastercard est naturellement bien placée pour se positionner sur ce créneau.

Déjà exploitée par quelques-uns de ses partenaires aux États-Unis, au Brésil, en Australie…, la plate-forme propose d'accéder, via un jeu d'API spécifique, à des informations riches issues de l'analyse du profil et des transactions réalisées par la personne évaluée (dont elle dérive une connaissance, par exemple, des catégories principales de ses achats, des montants concernés…). Des modèles propriétaires transforment ensuite cette matière brute en une estimation du risque de défaillance.

En comparaison de ses concurrents, de plus en plus nombreux, Mastercard vante évidemment la portée étendue de son « radar », dans un monde où les règlements par carte deviennent majoritaires, et sa capacité à capturer les tendances en temps réel, ce qui joue à la fois sur la qualité des résultats fournis pour un individu mais également sur la performance de ses algorithmes, qui peuvent être réactualisés au fur et à mesure des évolutions conjoncturelles globales ou locales, par un entraînement permanent.

Mastercard Credit Intelligence

A priori, Credit Intelligence est destiné aux émetteurs désireux de développer leurs activités de prêt. Mais un autre scénario de mise en œuvre semble possible… du côté des acquéreurs. Imaginez un terminal de paiement reconnaissant un client grâce à sa carte de paiement, qui se verrait automatiquement proposer un financement, son éligibilité étant formellement validée en arrière-plan sans autre friction que la sollicitation de l'accord du porteur sur le partage de ses données (déjà intégrée, bien sûr).

Malgré son avantage considérable en termes d'accès à un trésor de matière première, Mastercard arrive tardivement sur le marché, encombré, de l'analyse des données de finances personnelles. Cependant, son métier d'origine est susceptible de lui offrir des opportunités d'usage inédites. A contrario, la marque n'étant pas en première ligne dans l'esprit des consommateurs, elle aura peut-être des difficultés à faire accepter son intrusion dans leur vie privée, même avec les précautions réglementaires nécessaires.

mercredi 3 décembre 2025

Zillow se rétracte sur le risque climatique

Zillow
L'initiative était trop belle pour durer… surtout dans l'Amérique de Trump. Il y a à peine plus d'un an, le leader des annonces immobilières en ligne Zillow ajoutait des informations de risque climatique à ses descriptions de propriétés. Sous la pression des agences, elles ont été retirées, laissant ainsi les acheteurs potentiels dans l'ignorance.

Fournies par le spécialiste First Street et élaborées à partir de modèles validés scientifiquement, les données dont il est question comprenaient cinq indicateurs de sensibilité aux inondations, aux incendies, au vent, à la chaleur et à la qualité de l'air, assortis de recommandations appropriées, notamment en termes d'assurance. À l'époque de la mise en place de cette rubrique environnementale, Zillow affirmait répondre de la sorte aux préoccupations de ses utilisateurs face au nombre important de résidences mises en vente exposées à l'un ou l'autre des aléas considérés.

Mais les professionnels du secteur n'ont pas apprécié et l'ont fait savoir, affirmant que l'affichage de ces informations leur faisait perdre une partie de leur chiffre d'affaires. La plate-forme a donc cédé et montre ainsi qui sont ses vrais clients, ceux dont il faut prendre soin. Ce ne sont pas les acquéreurs, qui devront désormais se contenter d'un lien discret en bas de page, grâce auquel ils pourront tout de même continuer à obtenir les mêmes renseignements indispensables, directement sur le site du fournisseur.

Pour la plupart des visiteurs, insuffisamment curieux, le retrait de la rubrique signifie qu'ils s'engageront dans un des actes les plus importants de leur existence, sans disposer de tous les éléments nécessaires à une prise de décision éclairée et rationnelle. Dans un contexte où le dérèglement du climat a des impacts toujours plus lourds et étendus, conduisant les assureurs à se retirer de régions entières, le rêve d'une vie a une probabilité croissante de devenir un cauchemar, sans filet de sécurité.

De manière générale, le choix de Zillow d'abandonner un outil essentiel pour la transparence des transactions est entaché de falsifications dont la thématique environnementale est coutumière. Il s'agit d'abord des tentatives des agences de discréditer les évaluations de First Street (par exemple en réfutant un danger d'inondation dans un lieu, sous prétexte qu'il n'en a pas connu depuis 40 ans). Les pertes de revenus elles-mêmes relèvent probablement de l'affabulation, le risque climatique n'étant qu'un critère parmi tant d'autres de modulation du prix d'un bien.

Ce triste épisode m'inspire deux réflexions, en plus de l'inconséquence de Zillow. D'une part, il s'inscrit dans une tendance de fond inquiétante, qui voit le « réalisme » économique reprendre l'avantage sur les exigences environnementales (mes guillemets visent à souligner que ce n'est qu'un mirage, surtout à long terme). Et ne nous y trompons pas : le désengagement est loin d'être confiné aux États-Unis. D'autre part, il prouve par l'absurde que, quoi qu'en pensent les réfractaires, l'approche réglementaire est le seul moyen de progresser dans certains domaines stratégiques.

Zillow

mardi 2 décembre 2025

La géolocalisation contre la fraude

Revolut
Le recours à la géolocalisation dans la lutte contre la fraude, en particulier avec la banque mobile, fait partie de ces idées anciennes trop peu exploitées. Réinterprétant à sa manière une option introduite l'année dernière par Monzo, Revolut dévoile un système de protection dédié aux cas de plus en plus fréquents de vol de téléphone.

Les deux variantes reposent sur les mêmes prémices, à savoir que les consommateurs ont tendance à émettre leurs virements depuis leur domicile ou, à tout le moins, depuis quelques lieux habituels (qui peuvent aussi comprendre leur site de travail ou une résidence secondaire, par exemple). Fort de ce constat, les deux établissements proposent à leurs clients d'enregistrer ces zones géographiques dans leur application bancaire, de manière à restreindre les opérations exécutées en dehors de celles-ci.

En revanche, alors que Monzo en faisait une clé de verrouillage absolue, Revolut choisit d'ajouter des contraintes supplémentaires lorsqu'une transaction est initiée hors limites, sachant que le mécanisme n'entre en jeu que pour les demandes dont le montant dépasse un seuil également spécifié par le client. Plus précisément, une authentification forte (biométrique) est alors systématiquement exigée et le transfert est mis en attente pendant une heure, ce qui laisse le temps de réagir en cas d'incident.

Revolut Street Mode

Le dispositif « Street Mode » répond directement à une catégorie de malversations précise, en forte progression, surtout au Royaume-Uni (multiplication par cinq depuis 2021), où il est déployé en priorité (ainsi que sur le continent européen). Les vols de smartphone s'accompagnent en effet maintenant souvent d'un déverrouillage sous coercition destiné à permettre aux agresseurs de prendre le contrôle des applications bancaires installées et de réaliser avec elles des opérations à leur profit.

D'un point de vue général, la démarche de Revolut est bien intentionnée et paraît adaptée à une menace réelle. Je m'interroge pourtant sur la multiplication des facteurs de contrôle dans l'utilisation des services financiers. Le nombre de paramètres à maîtriser afin d'assurer la sécurité de son argent devient progressivement excessif, jusqu'à, peut-être, s'avérer contre-productif. Ne serait-il pas plutôt possible d'imaginer des solutions invisibles, apprenant du comportement de chaque utilisateur individuel ?