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C'est pas mon idée !

dimanche 30 novembre 2025

L'Europe amende la DSP2

Parlement Européen
En attendant l'entrée en vigueur de sa troisième itération, qui avance péniblement dans son parcours législatif, la deuxième directive européenne des services de paiement (DSP2) se voit amendée par le Conseil et le Parlement, dans une perspective qui laisse totalement de côté l'innovation, quoi qu'en dise la communication officielle…

Les nouveautés répondent naturellement aux préoccupations du moment, la progression de la fraude figurant en tête, sans surprise. Selon toute vraisemblance, elles vont cependant mécontenter toutes les parties prenantes – celles dont on a l'habitude d'entendre les récriminations et d'autres qui font déjà entendre leur voix – à la seule exception des consommateurs dont la protection est encore renforcée.

En résumé, aux termes du texte sur lequel se sont mises d'accord les institutions, les prestataires de services de paiement (PSP) deviendront presque automatiquement responsables des pertes subies par leurs utilisateurs. Il devront ainsi les rembourser dès qu'un mouvement est initié ou modifié par un escroc ainsi qu'en cas d'usurpation d'identité, quand un tiers se fait passer pour un représentant de l'établissement, pour peu que la victime l'ait informé et qu'elle ait déposé une déclaration à la police.

En parallèle, des charges supplémentaires leur incombent, destinées à limiter les risques préventivement. Outre le contrôle des titulaires de compte, l'authentification forte et l'évaluation des risques, imposés par des réglementations existantes, ils auront l'obligation de proposer à leurs clients des fonctions de plafonnement des transferts et de suspendre les transactions suspectes. Seule échappatoire, ils pourront se retourner contre les « plates-formes » qui relaient des fraudes précédemment signalées.

Payment Services Regulation

Dans un registre différent, qui, bien que légitime, risque d'alourdir certains traitements, l'information des consommateurs devra être enrichie, plus particulièrement sur l'ensemble des frais encourus pour un règlement, avant son exécution. L'exigence s'imposerait également aux distributeurs automatiques – dont on sait combien ils sont propices à des abus sur les retraits en devises étrangères –, les taux de change appliqués étant d'ailleurs explicitement mentionnés par le législateur.

Pour le reste, on se contentera de vœux pieux, sans aucune esquisse de leur mise en œuvre opérationnelle. Il est donc question, d'une part, d'interdire la discrimination contre les opérateurs agréés de l'« open banking », alors qu'il semblerait que certaines banques soient tentées de limiter les accès à leurs systèmes. D'autre part, surgit une promesse de facilitation des procédures d'habilitation des entreprises de paiement, mais assortie de toutes les contraintes traditionnelles, ce qui la rend difficilement crédible.

En synthèse, voilà un texte qui s'efforce de répondre à des urgences – dont beaucoup causées par des déficiences de l'industrie – mais semble avoir été assemblé à la hâte, sans nécessairement s'interroger en profondeur sur les conséquences des mesures envisagées. Le résultat probable à en attendre sera une vague de projets de mise en conformité… qui seront financés au détriment de l'innovation, encore une fois.

samedi 29 novembre 2025

Westpac facilite les désabonnements

Westpac
Puisque les idées neuves semblent avoir disparu du secteur financier, attardons-nous une fois encore sur une de celles qui, bien que relativement anciennes, peinent à s'imposer. L'occasion nous en est procurée par Westpac qui, grâce à une collaboration avec Mastercard, dévoile une fonction de résiliation rapide des abonnements inutiles.

L'australienne n'est pas tout à fait novice en la matière, ayant depuis longtemps – comme plusieurs de ses consœurs – mis en place ce qu'elle nomme le « savings finder », qui, à partir d'une analyse de leur historique d'opérations, présente aux consommateurs des pistes d'économies potentielles sur leurs dépenses courantes, soit à travers la suggestion de changer de fournisseurs (par exemple d'électricité ou de téléphonie), soit en les invitant à vérifier l'utilité de leurs souscriptions actives.

C'est ce dernier poste que Westpac s'attache désormais à compléter. Une fois la personne convaincue qu'elle peut se passer d'un des services mis en avant – parmi ceux qu'elle n'utilise plus, voire dont elle a oublié l'existence, notamment –, l'outil lui propose d'en demander la révocation d'un geste dans son application bancaire, lui évitant de la sorte les démarches administratives parfois cachées et alambiquées que déploient les entreprises désireuses de préserver à tout prix leurs sources de revenus.

Le dispositif répond à un véritable besoin, si on en croit l'étude de marché conduite par l'établissement. Elle évalue à environ 6,7 milliards de dollars le total annuel des abonnements payés par les australiens, dont presque un tiers admettent qu'ils pensent gaspiller un peu de leur argent de la sorte. Ce constat n'est guère surprenant quand on découvre qu'une bonne partie de la population – 40% de la génération Z et des milléniaux, en particulier – surveille ses comptes moins d'une fois par mois.

Westpac Savings Finder

La nouvelle capacité est bienvenue dans la panoplie des banques qui se préoccupent réellement du bien-être financier de leurs clients (et pas seulement d'engranger quelques commissions lors de leurs changements de fournisseur). Elle s'inscrit dans une logique qui devrait être universelle : le meilleur conseil perd toute sa valeur s'il n'est pas appliqué… et se contenter de le prodiguer sans l'accompagner d'un moyen de l'actionner instantanément réduit d'au moins 80% ses chances d'être mis en œuvre.

Une étape supplémentaire pourrait ensuite être franchie avec l'ajout d'incitations contextuelles. En effet, l'affichage de sa liste de souscriptions peut faire prendre conscience au consommateur de celles qu'il n'exploite pas… mais il resterait encore à identifier et mettre en avant celles qui ne paraissent pas indispensables, par rapport à son comportement et ses habitudes, et pourraient, par exemple, être suspendues au profit de la création d'une cagnotte pour un projet d'avenir, illustration à l'appui.

vendredi 28 novembre 2025

OCBC se met aux appels téléphonique « in app »

OCBC
La protection contre les appels téléphoniques frauduleux est une préoccupation importante pour nombre de banques et son intégration dans leur application mobile constitue à ce jour la meilleure parade connue. À Singapour, son adoption par OCBC fournit également à cette dernière l'occasion d'en faire ressortir un autre avantage notable.

Afin de lutter contre un fléau devenu incontrôlable, Monzo fut la première (je crois) à imaginer un système de confirmation de conversation avec un de ses conseillers, permettant de repérer, a contrario, les appels émanant d'escrocs. Elle a été rapidement imitée par quelques consœurs, dont ING et Sumeria, avant d'être dépassée par cette idée de Westpac (?), elle-même répliquée (par Sumeria, encore), de gérer les échanges téléphoniques au sein de son app, interdisant ainsi toute usurpation d'identité.

Voilà maintenant venu le tour d'OCBC d'implémenter cette capacité pour ses clients particuliers, après l'avoir mise en place pour les entreprises en juin dernier. Ce faisant, l'établissement embrasse une perspective assez différente de ses prédécesseurs, probablement en raison d'un contexte local spécifique : le premier objectif visé est cette fois de sécuriser les communications vers son centre d'appel, en évitant notamment le mécanisme d'authentification fragile que constituent les codes envoyés par SMS.

De fait, le fonctionnement inverse, c'est-à-dire quand la banque joint ses clients, ne sera déployé qu'au premier semestre de l'année prochaine (et il ne concernera que le support et les équipes anti-fraude). Cette sorte d'insouciance semble liée au constat que Singapour s'éveille juste aux dangers des imposteurs téléphoniques, seulement 1 700 cas ayant été signalés entre janvier et juin dans tout le pays. Mais sa forte croissance et son incidence sur la confiance des consommateurs justifie néanmoins la riposte.

OCBC – In-App Calls

En revanche, au-delà des seuls arguments de sécurité, OCBC promeut aussi son initiative sous un angle commercial, en jouant sur une corde potentiellement sensible pour les Singapouriens. En effet, les appels passés depuis son application mobile échappent aux surcoûts de téléphonie transfrontalière (dans la mesure où une connexion réseau est disponible, WiFi par exemple), ce qui permet de vanter la faculté de contacter facilement et de manière économique sa banque depuis n'importe où dans le monde… en particulier pour les cas d'urgence, dont les suspicions de fraude.

Quels que soient les enjeux régionaux, l'intégration de fonctions de communication vocale dans les plates-formes bancaires, comme l'ont été précédemment les échanges de messages, devient progressivement incontournable, a minima pour la protection des clients (et de leur argent). Les institutions financières qui se lanceront rapidement peuvent encore espérer, comme OCBC, se positionner en pionnières. Mais la fenêtre d'opportunité va se refermer rapidement et laisser place à une faiblesse visible.

jeudi 27 novembre 2025

Credolab prédit les revenus des emprunteurs

Credolab
Malgré les progrès de l'« open banking » et l'apparition de fournisseurs alternatifs de score de fiabilité financière aux méthodes variées, l'évaluation de la qualité des emprunteurs laisse toujours une partie de la population de côté. Le spécialiste Credolab complète donc son offre avec un système capable de prédire le niveau de revenus d'un individu.

Le principe de recourir à des données plus ou moins génériques pour pallier les limitations du traditionnel score de crédit (basé, pour l'essentiel, sur un historique de relation bancaire) est loin d'être nouveau. Il y a une quinzaine d'années, les pionniers les plus visibles capitalisaient sur l'explosion des réseaux sociaux pour mieux connaître les consommateurs… jusqu'à ce qu'ils soient accusés d'entretenir des biais… qui semblaient pourtant moins sévères que ceux des pratiques ancestrales.

Désormais, les acteurs tels que Credolab s'appuient sur des informations beaucoup plus abstraites pour tenter d'identifier le profil de chaque personne. Sont ainsi pris en compte, par exemple, la connaissance des appareils détenus (en priorité le téléphone), les applications mobiles installées, notamment celles qui sont payantes, leur typologie d'utilisation, les préférences d'interaction, l'analyse de l'agenda et des contacts… dont l'accès devra naturellement avoir été accordé explicitement au préalable.

Un glissement s'est de la sorte opéré depuis une approche de corrélation (en mesurant la confiance qu'inspire quelqu'un à travers ses échanges en ligne) vers une logique purement statistique, sans aucune préoccupation de causalité rationnelle, qui pourrait donc « décider » que les propriétaires d'iPhone bleus sont plus fiables que ceux qui ont une version rose. Elle est implémentée par des modèles d'apprentissage automatique, entraînés à partir d'un vaste échantillon fourni par les clients de la jeune pousse.

Accueil Credolab

Au-delà de ses solutions classiques de détection de fraude et de calcul de risque destinées aux établissements de crédit, Credolab propose maintenant à ces derniers un module de prédiction des revenus, reposant sur les mêmes mécanismes. L'ajout est évidemment important pour les prêteurs qui ne peuvent se contenter de s'assurer que l'emprunteur qui les sollicite est enclin à rembourser ses dettes mais doivent aussi vérifier qu'il aura effectivement les moyens de faire face à ses échéances.

Or nombreux sont ceux qui ont des difficultés à produire des justificatifs acceptables – entre autres parce que les documents présentés sont incomplets ou parce que les falsifications sont devenues monnaie courante et induisent un surcroît de méfiance – et se trouvent ainsi rejetés à tort. En partageant le contenu de leur téléphone – dans le respect total de la confidentialité des données personnelles, clame Credolab –, ces exclus peuvent alors obtenir une chance d'accéder au financement dont ils ont besoin.

Comme souvent avec les offres de cette catégorie, celle-ci est déployée initialement en Amérique Latine, où les opportunités de suppléer un système élitiste sont les plus importantes, l'Asie du Sud-Est étant en ligne de mire pour la suite. La promesse est alléchante, y compris d'un point de vue social, mais la démarche retenue, fondée sur des modèles statistiques opaques, risque d'être difficilement acceptable par des acteurs du secteur financier généralement prudents sur l'octroi de crédit aux particuliers.

mercredi 26 novembre 2025

Shine passe dans le giron de Cegid

Shine
Un an et quelques mois après sa cession par Société Générale à la FinTech danoise Ageras, la néo-banque hexagonale Shine est maintenant acquise par le spécialiste de la comptabilité Cegid. Ce dernier vise de la sorte à compléter son offre de services aux PME et s'inscrit dans une tendance qui semble devenir la norme du secteur.

Petite précision préalable, car, à l'occasion de l'opération, l'ex-startup se voit désormais qualifier de licorne, avec un bond prodigieux de sa capitalisation apparente depuis sa vente de l'an dernier à quelques 140 millions d'euros. De toute évidence, la coquille a gardé son nom mais son contenu a changé puisqu'elle inclut désormais des opérations dans plusieurs pays européens et que, dans la bataille, ses fondateurs originaux (Nicolas Reboud et Raphaël Simon) sont effacés au profit de ceux d'Ageras.

Mais le plus important est ailleurs, bien sûr. Après avoir tenté de développer en propre une solution d'accompagnement global des indépendants autour de fonctions bancaires, Shine se trouve dorénavant intégré dans un groupe poursuivant une stratégie similaire, avec une vision plus étendue, en termes de géographie (l'Union Européenne), de cible visée (élargie à toutes les petites et moyennes entreprises, ainsi qu'à leurs comptables), de portée commerciale (Cegid possédant une vaste base de clientèle).

Cegid x Shine

L'initiative confirme une reconfiguration en cours de l'industrie, déjà esquissée, entre autres, par les velléités (encore timides) de Qonto de collaborer avec les cabinets comptables dans une perspective d'offre combinée ou, plus représentative, l'introduction déjà ancienne d'un module bancaire dans le catalogue du trublion Tiime. Au fil du temps, il apparaît que l'avenir appartient aux fournisseurs couvrant la totalité des besoins de gestion des PME, une réalité à laquelle un des leaders historiques de la comptabilité s'éveille donc et réalise sa plus grosse acquisition pour conserver sa position.

A contrario, l'évolution risque de marginaliser les établissements traditionnels, dont les efforts que la plupart engagent afin de proposer, eux aussi, des outils de pilotage (comptabilité, facturation, paye…) font pâle figure en comparaison de ce que distribuent les spécialistes. Se profile ainsi pour eux une cruelle défaite dans la bataille pour la personnalisation de la relation, qu'ils n'ont jamais su concrétiser de manière convaincante sur leur périmètre financier, alors que les plates-formes de services « administratifs » en font de longue date une caractéristique distinctive de leur métier.

À ce contexte général, dans lequel les produits bancaires deviennent accessoires par rapport aux capacités de gestion – ils sont d'ailleurs fréquemment rendus invisibles derrière les activités du quotidien –, s'ajoute un mouvement général à l'intention des comptables, qui peuvent eux-mêmes profiter des avantages des solutions émergentes. L'objectif final étant de simplifier la vie des responsables d'entreprises, notamment à travers l'automatisation, ces démarches de convergence paraissent inéluctables.

mardi 25 novembre 2025

Apple Pay devient accessible par QR code

Ecommpay
Ecommpay devient une des premières plates-formes de paiement à implémenter la capacité de régler les achats en ligne avec Apple Pay dans les environnements incompatibles, grâce à une nouvelle option de validation des transactions par QR Code. Elle promet de la sorte une meilleure rétention d'une clientèle particulièrement attractive.

Jusqu'à maintenant, le porte-monnaie mobile de la marque à la pomme est disponible selon deux modes : via une interface sans contact sur le téléphone, pour les opérations de proximité, ou à travers l'intégration au cœur du système et/ou du navigateur web, pour les achats à distance. Malheureusement, cette dernière possibilité n'est offerte que sur les équipements maison (iPhone, iPad et Macbooks) et dans le logiciel Safari, laissant à l'écart les nombreux utilisateurs de systèmes Windows ou Linux.

C'est donc cette population qu'Ecommpay veut aider les marchands à séduire avec la solution d'Apple, automatiquement activée chez ses clients. En pratique, le mécanisme consiste, pour le consommateur, à sélectionner Apple Pay parmi les différentes méthodes de paiement proposées lors de son passage en caisse, ce qui déclenche l'affichage du fameux QR code. Il lui suffit alors de capturer ce dernier avec son iPhone ou son iPad pour exécuter le règlement, avec la sécurité renforcée du m-wallet.

Ecommpay – Apple Pay par QR Code

La communication officielle vante l'intérêt pour les e-commerçants de proposer leur moyen de paiement préféré aux nombreux adeptes d'Apple Pay qui ne peuvent aujourd'hui l'utiliser pour leurs emplettes en ligne, alors que des études montrent qu'ils sont plus dépensiers que la moyenne. Mais l'argument est spécieux car non seulement cet écart est largement dû à une surreprésentation des catégories aisées, il serait aussi naïf de penser que le fait de devoir recourir à leur carte de paiement pour leurs règlements (sur leur matériel usuel) soit un facteur majeur de renoncement à l'achat…

La réalité est plutôt qu'Apple et, dans une moindre mesure, ses partenaires essaient de combler un vide dans leur couverture du marché, synonyme de revenus manqués et de ruptures dans les velléités de faire du porte-monnaie mobile un réflexe universel pour toutes les transactions de la vie courante. La technologie retenue rend son déploiement et son usage simples, ce qui constitue la seule vraie force de l'initiative : l'approche autorise une expérience plus fluide et mieux sécurisée en comparaison de la saisie d'informations de carte bancaire, ce qui reste l'atout principal de l'enseigne.

lundi 24 novembre 2025

Les assureurs s'inquiètent de l'IA

AI
Bien qu'avec un surcroît de prudence caractéristique de leur gènes, les acteurs de l'assurance sont autant attirés pas les opportunités de l'intelligence artificielle que d'autres organisations. En revanche, selon un article du Financial Times, relayé, entre autres, par TechCrunch, ils semblent extrêmement frileux à l'idée d'en couvrir les risques.

Quelques-uns des grands noms de l'industrie, aux États-Unis, auraient ainsi sollicité préemptivement leur régulateur afin d'obtenir l'autorisation formelle d'exclure globalement de leurs polices destinées aux entreprises les conséquences du recours à l'IA. Quand bien même un représentant d'AIG affirme ne pas envisager spécifiquement d'appliquer ce genre de clauses (aujourd'hui), on perçoit clairement dans l'initiative la nervosité que suscitent ces technologies aux ramifications considérables.

D'une certaine manière, la réaction est compréhensible. Comme l'explique un autre responsable interrogé par les journalistes, le comportement absolument opaque (de « boîte noire ») des outils rend difficile toute possibilité d'évaluer les dangers auxquels ils exposent les assurés. Ajoutons à cette sensation d'inconnu, d'absence de maîtrise, la jeunesse de la discipline (après tout ChatGPT a à peine 3 ans), induisant un manque de données historiques, et la difficulté à mesurer le niveau de risque devient évidente.

Au contraire, les histoires de dérives et autres erreurs commises par les agents intelligents se répandent rapidement à travers le monde, à l'instar de la mésaventure de la promotion inventée par celui d'Air Canada, et les coûts des réparations commencent à faire peur. Les craintes sont d'autant plus fondées que les impacts peuvent affecter toutes sortes de domaines, de la simple garantie financière à la responsabilité civile, en passant par les préjudices d'image ou les litiges juridiques, par exemple.

AI Denied

Mais ce qui inquiète peut-être le plus les compagnies est la portée potentielle de leur engagement. En effet, le caractère systémique des anomalies introduites par l'IA en change l'échelle. Il n'est plus seulement question de dédommager un accident industriel exceptionnel mais, le cas échéant, de prendre en charge les milliers, voire millions, d'incidents relativement mineurs créés par un système critique défaillant, dont le « raisonnement » est plus ou moins incontrôlable et donc difficile à rectifier.

Et le problème pourrait encore s'aggraver… si les victimes se mettent elles aussi à exploiter l'intelligence artificielle pour industrialiser leurs dépôts de réclamations (et même, éventuellement, la création de litiges, quand une faille est repérée). Pour les assureurs, l'enjeu consisterait donc à quantifier non seulement les aléas des modèles mis en œuvre dans les entreprises – ce que devraient faciliter les exigences légales d'explicabilité – mais également l'étendue des dommages qu'ils sont susceptibles de causer, en termes de cibles comme de coûts unitaires… La tâche est colossale.

dimanche 23 novembre 2025

Sofinco finance MaPrimeRénov'

Sofinco
À l'issue d'un accord avec l'Agence Nationale de l'Habitat (ANAH), Sofinco devient le premier établissement officiellement mandaté pour le financement de MaPrimeRénov', le dispositif d'aide publique pour la rénovation du logement en France, sans lequel nombre de nos concitoyens renonceraient à engager des travaux indispensables.

Partie intégrante des moyens déployés en vue de tenir les objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre du pays, le soutien financier aux efforts d'amélioration énergétique s'est imposé depuis plusieurs années, notamment chez les propriétaires de passoires thermiques. Véritable bouée de sauvetage pour les foyers les plus modestes possédant un bien souvent ancien et vétuste directement concerné, le parcours d'accès à la subvention s'avère malheureusement semé d'embûches.

Même sans revenir sur les aléas des décisions gouvernementales (ayant conduit à la suspension de sa distribution au cours de l'été), un défaut majeur de MaPrimeRénov' est son approche de remboursement d'une partie du montant de la facture. En principe, le donneur d'ordre est contraint d'avancer la totalité des frais, ce qui constitue un obstacle majeur. Afin de le surmonter, les entreprises proposent donc fréquemment de déduire la prime de leurs émoluments, celle-ci leur étant versée ultérieurement.

Le problème avec un tel montage, qui affecte d'ailleurs tous les bénéficiaires, est le délai de paiement. Alors que l'attribution de l'aide est déjà décidée, avant le lancement du chantier, le règlement de sa contribution par l'agence prend plusieurs mois, ce qui crée des difficultés de trésorerie pour les opérateurs qui la prennent à leur charge. Les artisans individuels et les petites structures ne peuvent se le permettre et perdent leur clientèle, tandis que les plus grosses mettent parfois leur viabilité en péril.

Sofinco – Éco-rénovons

C'est donc là qu'intervient Sofinco (Pro), qui va financer tous les dossiers éligibles (après contrôle) et portés par des entreprises certifiées RGE (« Reconnu Garant de l'Environnement »), qu'elles soient ou non partenaires de l'enseigne (celles-là pouvant offrir à leur clients des facilités de paiement sur la part qui leur échoit). En pratique, le montant de la subvention accordée leur sera versé par l'organisme financier, dans les conditions normales de facturation (je suppose), ce qui permet de la déduire du devis présenté au client sans se préoccuper des retards de l'administration.

La filiale de crédit à la consommation du Crédit Agricole assume ainsi le rôle que n'auraient jamais dû avoir à jouer les acteurs de la rénovation de l'habitat. Se pose toutefois la question de savoir qui paiera le service (un crédit n'est jamais gratuit). Les artisans, qui auraient alors une simple option d'affacturage sur une créance très spécifique ? Ou l'ANAH, qui accepteraient de payer pour compenser ses délais de traitement ? Dans les deux hypothèses, est-il vraiment normal de faire appel à une institution financière pour pallier les déficience internes d'une agence étatique ?

samedi 22 novembre 2025

Un rappel utile de Lloyds aux consommateurs

Lloyds Banking Group
Pendant que certaines banques recyclent d'anciennes (et fades) actualités à seule fin de communication, Lloyds Bank profite de la semaine internationale de la sensibilisation à la fraude et de l'approche des fêtes de fin d'année pour rappeler à ses clients un moyen d'action simple dans le cas où ils seraient victimes d'arnaques en ligne.

À la fin du mois de novembre arrivent le traditionnel « vendredi noir » et la frénésie d'emplettes qu'il suscite chez les personnes avides de bonnes affaires. Au Royaume-Uni, ce week-end, qui permet d'anticiper les cadeaux de Noël à moindre coût, génère un niveau de dépenses (par carte) global d'environ 600 millions de livres sterling, soit presque le double d'une fin de semaine normale. Mais cette période est évidemment propice aux escroqueries, sous couvert de promotions mirobolantes.

Comme toutes les institutions financières, Lloyds Bank tente en premier lieu de sensibiliser les consommateurs avec une série de conseils pratiques de prudence afin d'éviter les pièges qui leur sont tendus sur le web. Elle explique donc les mécanismes les plus couramment employés et fournit une liste d'indices (classiques) qui devraient éveiller les soupçons (avis positifs irréalistes, prix totalement invraisemblables, messages soulignant une urgence…), en particulier sur les médias sociaux.

Naturellement, tout le monde sait que ces communications ne résoudront jamais le problème et qu'une partie de la population continuera à se laisser berner par des offres miraculeuses. À l'intention de ceux qui, parmi ces derniers l'ignoreraient ou l'oublieraient, l'établissement rappelle donc qu'ils ont toujours la faculté, en quelques gestes sur leur téléphone, de demander un remboursement si l'article commandé n'est pas livré ou s'il ne correspond pas à sa description (par exemple s'ils reçoivent une contrefaçon).

Lloyds Bank – Black Friday Red Flags

Du point de vue de la banque, l'initiative s'impose en raison d'une croissance soutenue des e-boutiques frauduleuses signalées depuis le début 2025, telle qu'elle ressort des quelques 44 000 signalements reçus à date (pour quelques 2 millions de livres versées en dédommagement), avec un doublement observé entre le premier et le troisième trimestre. En revanche, les chiffres évoqués (par exemple 102 sites nocifs pour octobre) suggèrent que ces alertes ne concernent qu'une infime partie du phénomène.

Il semble donc que les consommateurs ne recourent pas suffisamment à l'option de secours disponible sur leur carte… ce qui représente aussi un handicap pour l'industrie. En effet, les réclamations des clients constituent une source importante d'identification des activités criminelles, à partir de laquelle des mesures de répression peuvent être engagées, entre autres pour l'enrichissement des moteurs de détection de fraude existants, voire, à l'extrême, pour effectuer des signalements aux autorités.

Même si elle a de la sorte une certaine utilité pour ses besoins propres, il faut reconnaître dans la démarche de Lloyds Bank la préoccupation inaccoutumée de celle-ci pour les dangers auxquels ses clients sont confrontés. Elle la conduit à mettre en avant une possibilité (universelle, en pratique) fréquemment passée sous silence, vraisemblablement parce qu'elle engendre des coûts conséquents, non seulement en termes de restitution directe mais aussi par les traitements administratifs impliqués.

jeudi 20 novembre 2025

Les français et l'épargne en 2025

BNP Paribas
Ce pourrait n’être qu’une enquête de plus sur les préférences d’épargne des français, mais le baromètre que vient de partager BNP Paribas présente l’originalité de porter sur une population spécifique, à savoir celle qui, qualifiée de « mass affluent », dispose de revenus confortables et, à ce titre, intéresse particulièrement les banques.

L’étude s’inscrit naturellement dans le contexte, connu, qui place l’hexagone parmi les champions européens de l’épargne, atteignant aujourd’hui une moyenne de 19% des revenus. Et cette masse est globalement consacrée aux mêmes préoccupations pour l’échantillon retenu que chez les moins favorisés. La priorité est donnée à la constitution d’une réserve de sécurité, qu’elle soit assignée à une protection contre les imprévus ou sans objectif précis, suivie par la préparation de la retraite et la transmission.

Un peu plus surprenant, le constat est assez similaire quant aux produits détenus, du moins pour ceux qui sont les plus populaires. Comme chez l’ensemble de leurs concitoyens, les comptes réglementés – livret A en tête (de loin) – sont incontournables dans le segment considéré, tout comme l’assurance vie. Le portefeuille d’actions apparaît cependant assez haut dans la suite du classement, cité par presque la moitié des répondants et très nettement devant les autres options d’investissement.

Un premier domaine dans lequel la cible se distingue sensiblement est celui de la littératie financière. Ainsi, bien qu’ils soient nombreux à se déclarer intéressés par plus d’information et d’éducation, une solide majorité (88%) affirme comprendre les différentes composantes de son patrimoine, dont, notamment, les niveaux de risque associés à chaque catégorie (il est vrai que leurs connaissances ne sont pas testées et que ces réponses révèlent peut-être un dangereux excès d'assurance).

Baromètre Épargne BNP Paribas

Cependant, là où les épargnants « sérieux » s’écartent résolument du reste du monde, c’est sur leurs préférences d’accompagnement. À l’opposé de la tendance générale à rechercher des conseils autour de l’argent auprès des proches et, de plus en plus, des médias sociaux, ils s’appuient en priorité sur l’expertise d’un conseiller (qu’ils souhaitent attitré, bien entendu) et en qui ils expriment leur confiance. L’entourage reste une source d’aide reconnue… mais les influenceurs et et les réseaux sont très marginaux.

Il faut, enfin, aborder le sujet sensible des critères de choix des solutions. Les trois principaux sont le rendement, la sécurisation du capital et, à distance, les frais facturés. Ils ressortent plus ou moins à l'identique lorsqu'il s'agit d'obtenir des explications ou sur les velléités de changement de fournisseur. En dépit de la demande identifiée précédemment et des signes tangibles de besoins éminemment variables, le conseil personnalisé et sa qualité semblent constituer le cadet de leurs soucis.

Que conclure et, surtout, que proposer une fois ces constats établis ? Essentiellement que l'approche hyper commerciale des institutions financières porte tristement ses fruits : les consommateurs comparent les offres selon leur prix et leur performance (historique) et n'accorde que peu de valeur à l'accompagnement. Redresser la barre dans ce secteur risque d'être long et difficile : comment changer le regard des clients sur l'épargne pour en faire le véritable support d'un projet de vie qu'il devrait être… et qui impose logiquement qu'elle soit envisagée et distribuée dans cette seule perspective ?

mercredi 19 novembre 2025

Retraite : Bank of America pense à l'après

Bank of America
Les institutions financières sont de plus en plus nombreuses à proposer à leurs clients un accompagnement pour la préparation de leur retraite. Bank of America s'attaque désormais à un autre sujet d'inquiétude, oublié, qui survient après la fin d'activité : comment s'organiser pour planifier un revenu régulier à partir des économies accumulées ?

Le sujet est d'autant plus brûlant dans un pays, comme les États-Unis, où les pensions reposent, pour l'essentiel, sur un mécanisme de capitalisation, mais il concernera de plus en plus nos concitoyens, notamment ceux qui s'inquiètent de la baisse constante des prestations de notre système historique par répartition et se résignent donc à les compléter avec une épargne spécifique. L'assistance à la constitution de cette dernière devient logiquement un incontournable, surtout pour les jeunes générations.

Mais Bank of America se penche sur le deuxième volet du « problème », qui consiste à exploiter au mieux des économies mises de côté pendant toute une vie pour profiter de sa retraite, lorsque celle-ci arrive, sans s'inquiéter de les épuiser prématurément et sans se priver excessivement par crainte de manquer. Les paramètres à prendre en compte sont nombreux, rendant les projections difficiles à réaliser par soi-même, et rares sont les organismes qui appréhendent ces questions et sont équipés pour y répondre.

Le nouveau service « 401k Pay » (du petit nom, 401k, des plans d'épargnes retraite d'entreprise outre-Atlantique), 100% « digital », est mis à la disposition des salariés dont l'employeur a choisi un de ses produits, sans frais supplémentaires. Il leur propose des fonctions de suivi de leur capital, de définition flexible de leurs préférences de retrait et, plus important, de conseils personnalisés pour établir une stratégie de sortie.

Bank of America – Personal Retirement

Concrètement, afin de déterminer son niveau de pension optimal, l'outil invite l'utilisateur à préciser son contexte et ses objectifs, auxquels sont ensuite appliquées les contraintes telles que les effets de l'inflation, les impôts et taxes ou les exigences de distribution minimale du plan considéré. Il doit ensuite compléter la fréquence de versement souhaitée et le compte de destination, qui peut évidemment être domicilié hors de Bank of America. Enfin, outre les capacités de surveillance des mouvements, l'application autorise en permanence un recalibrage, avec visualisation en temps réel de son impact, pour d'éventuels ajustements en fonction des circonstances.

La démarche de l'institution financière s'avère doublement bénéfique. D'une part, elle restitue aux bénéficiaires le pouvoir sur leurs pensions, en leur offrant une large autonomie et une grande liberté de décision sur sa distribution. D'autre part, elle intègre en son cœur un accompagnement proactif destiné à les guider dans des options potentiellement complexes, même si ses capacités réelles paraissent encore limitées.

mardi 18 novembre 2025

L'IA de Google accompagne le shopping

Google
Après une série d'initiatives ponctuelles, parfois expérimentales, Google lance maintenant une vaste offensive afin d'introduire l'intelligence artificielle au cœur de l'expérience de shopping. Elle vise un objectif très précis : laisser le consommateur profiter de ce qui la rend agréable mais lui en épargner toutes les étapes fastidieuses.

Sont concernées quatre sources de friction principales des emplettes « plaisir », en ligne ou dans les boutiques : l'inspiration, la disponibilité, le meilleur prix et le paiement. Ce sont donc les sujets sur lesquels l'IA va désormais pouvoir intervenir.

Pour le premier, Google tente d'imaginer une nouvelle façon d'explorer les opportunités commerciales, que ce soit dans son moteur de recherche (avec l'option ad hoc activée) ou directement dans son application dédiée Gemini. La démarche d'achat devient conversationnelle, comme elle se déroulerait entre amis, et le moteur s'adapte au contexte pour, par exemple, présenter des photos quand elles sont plus explicites que des mots ou afficher un comparatif face à une hésitation entre plusieurs choix.

Une fois le produit rêvé repéré, pour ceux qui ne peuvent attendre et souhaitent trouver un magasin où ils pourront l'acquérir immédiatement, la technologie Duplex, aperçue jusqu'à maintenant dans des démonstrations, propose d'appeler automatiquement les commerçants de proximité de manière à déterminer où il sera disponible, sans perdre du temps à les contacter un par un et attendre leur réponse. Seules quelques catégories sont éligibles initialement aux États-Unis, jouets, santé, beauté, électronique.

Google AI Shopping

Vient ensuite le système de surveillance des prix, idéal pour quiconque tombe sur un article désiré mais le considère trop cher. Vous spécifiez l'objet en question, avec les précisions importantes (couleur, taille…), vous fixez le montant que vous êtes prêts à dépenser et vous recevrez une notification dès qu'il entre dans votre budget.

Dernière possibilité à l'issue de ce parcours, l'agent intelligent peut, si vous lui en donnez l'autorisation, réaliser la transaction pour votre compte sans plus vous solliciter, via votre porte-monnaie « digital » (de la marque, évidemment). Là encore, cette fonction n'est aujourd'hui disponible que pour les américains, sur quelques sites marchands.

De plus en plus, les géants du web s'approprient l'IA – qui n'était encore récemment qu'un gadget remplaçant un moteur de recherche par un chatbot – dans le but de transformer les expériences du quotidien. Ici, Google en applique les facultés multiformes à son « Shopping Graph » et ses 50 milliards de référence, et peut ainsi vraiment prétendre à un bouleversement des habitudes des consommateurs, avec des arguments de simplification et d'optimisation qui ont tout pour les séduire.

lundi 17 novembre 2025

4 scénarios pour l'IA selon Gartner

Gartner
La traditionnelle saison des symposiums IT du cabinet Gartner, dont l'édition européenne vient de s'achever à Barcelone, semble avoir été consacrée essentiellement – sinon exclusivement – à l'intelligence artificielle. Un exercice prospectif mené dans ce domaine propose ainsi quatre scénarios pour la future collaboration entre IA et employés.

En guise d'introduction, faisant fi (ou s'accommodant ?) de ceux qui dénoncent une bulle prête à éclater, les analystes estiment que rien ne laisse entrevoir une apocalypse pour le monde du travail… mais prédit tout de même le chaos, à partir de 2028-2029, dans un contexte où 32 millions de postes seront bouleversés chaque année. Les entreprises devront apprendre à adapter leurs métiers à de nouvelles conditions et, dans de nombreux cas, profondément reconfigurer leurs approches existantes.

À l'instar de tous les Cassandre de la révolution à venir, Gartner insiste sur l'impératif de penser non pas à un modèle dans lequel l'intelligence artificielle prend l'ascendant sur l'humain mais plutôt de viser une démarche d'abord centrée sur les personnes, intégrant leur relation avec la machine. En perspective, la performance de l'organisation serait alors mesurée par la qualité de la coopération entre les deux. Mais on va le voir, ces messages rassurants n'interdisent pas des options extrêmement radicales.

La réflexion aboutit à quatre cibles possibles, distribuées sur deux axes, selon, d'une part, que le travail reste inchangé (mais est effectué différemment) ou qu'il doit changer et, d'autre part, que les individus restent aux commandes, avec une assistance, ou qu'ils laissent l'IA prendre les choses en main. Et de souligner que, quel que soit le choix ou la préférence de chaque entreprise pour sa trajectoire, elle sera probablement contrainte de se préparer à naviguer parmi les quatre hypothèses, toutes réalistes.

Gartner – AI Ripple Effect

Au bas de l'échelle (dans mon interprétation), figure la formule la plus répandue aujourd'hui : les agents intelligents sont conçus pour aider les salariés – qui continuent à opérer comme auparavant – à accomplir leurs tâches mieux et plus rapidement.

La situation évolue ensuite dans deux directions. L'une, évidente et naissante dans les centres d'appel, voit l'IA réaliser la plus grosse part de l'activité, laissant à quelques humains le soin de traiter ce qu'elle ne sait pas prendre en charge. L'autre, plus futuriste, propose une véritable synergie débouchant sur une réinvention complète du travail.

Enfin, et le fait s'avère incontournable, le paysage inclut également le principe de la firme, ou, a minima, du département, autonome, sans humain ou presque.

Quand les analystes de Gartner jouent sur les mots entre apocalypse et chaos, en laissant croire que la transition sera suffisamment progressive pour que le personnel puisse s'adapter et ne reste pas sur le carreau, ils n'évoquent que le volet de l'emploi. Car les ruptures envisagées seront aussi éprouvantes pour les entreprises elles-mêmes, qui devront à la fois prendre garde à l'équilibre de leurs effectifs (humains ou non) et au contrôle dont elles disposent sur leurs outils d'intelligence artificielle…

dimanche 16 novembre 2025

Petite leçon d'innovation par Monzo

Monzo
Dans une de ces publications régulières à travers lesquelles elle lève un bout de voile sur son fonctionnement interne, Monzo nous livre aujourd'hui la petite histoire d'une option d'épargne originale et ludique, mise en place au début de l'année. Voilà une excellente source d'inspiration pour les équipes d'innovation du secteur financier !

Le principe du défi « 1 penny » dont il est question est élémentaire : il consiste à mettre de côté chaque jour un centime de plus que la veille. Adopté dans un contexte de résolutions de début d'année, vous placez 1 centime sur un compte d'épargne le premier janvier, 2 centimes le 2, 3 centimes le 3… et ainsi de suite jusqu'au 31 décembre, jour où le montant à bloquer atteint donc 3,65 euros (ou livres sterling, outre-Manche), tandis que le total de la cagnotte s'élève à 667,95 euros (hors intérêts éventuels).

Cette méthode est destinée à encourager les consommateurs à constituer une réserve… mais, afin qu'elle remplisse son objectif, elle doit évidemment pouvoir être mise en œuvre simplement, automatiquement et en totale transparence : il n'est pas question d'effectuer un virement manuel chaque matin ! Il se trouve qu'un client de la néo-banque a rapidement profité de la faculté qu'elle offre depuis 2018 de programmer son argent via IFTTT pour implémenter une telle mécanique et la partager avec la communauté.

Les équipes de Monzo, qui savent aussi bien exercer leur créativité que capitaliser sur celle de leur audience, n'ont pas manqué de repérer cette initiative et le succès qu'elle rencontrait auprès d'un petit groupe d'utilisateurs et sur les médias sociaux. Elles ont donc commencé à explorer l'opportunité, en commençant par valider ses prémices, à travers une étude de marché : les gens désirent épargner mais sont freinés par le temps ou l'effort requis… ou, bêtement, parce qu'ils ne savent pas comment démarrer.

Monzo – Building the 1p Savings Challenge

Une fois le besoin latent confirmé et le projet lancé, celui-ci s'appuie sur les forces traditionnelles de la jeune pousse. Le design, notamment, fait comme toujours l'objet d'une attention scrupuleuse. Autour de la fonction elle-même, elle prend soin de créer une expérience optimale, rassurante – avec des possibilités de mise en pause ou d'interruption afin de ne pas générer un sentiment d'engagement irréversible – et assortie d'une touche amusante, par exemple par l'intermédiaire d'animations.

Au niveau de la réalisation, un aspect particulier mérite d'être souligné. Dans une logique de « design thinking », la première incarnation du service se concentre sur l'essentiel, reportant tout ce qui n'est pas jugé critique pour une version ultérieure. Malgré tout, par souci du client, lorsque les responsables prennent conscience qu'ils ne pourront pas respecter la date symbolique de lancement, au 1er janvier, ils préfèrent la décaler de quelques jours plutôt que de livrer un produit potentiellement mal testé.

Je retiens de ce récit trois leçons pour les innovateurs. La première, qui me tient le plus à cœur, concerne ce qu'on nomme maintenant l'« idéation ». Ce n'est jamais la plus difficile et le cas de Monzo illustre comment une écoute de son écosystème lui fournit facilement des pistes à creuser. Vient ensuite la partie réellement complexe, du design, qui fait la réussite ou annihile les espoirs et sur laquelle il ne faut accepter aucun compromis. Enfin, le retard au démarrage rappelle que les grands groupes ne sont pas les seuls à faire face à des dérapages dans leurs projets et tend à signaler, a contrario, que ce qui est faisable dans une jeune structure est également à leur portée.

samedi 15 novembre 2025

Un prêt pour la propriété partielle chez NatWest

NatWest
Alors que, comme d'autres pays, le Royaume-Uni souffre d'une crise de plus en plus sévère de l'accès à la propriété, NatWest propose désormais un crédit hypothécaire applicable aux biens acquis partiellement, tels que les autorise la réglementation locale. Sans être la panacée, cette solution met le pied à l'étrier pour beaucoup d'exclus.

C'est devenu une rengaine : les niveaux de prix de l'immobilier atteignent actuellement des sommets vertigineux, tandis que les taux d'intérêt, même s'ils se sont assagis depuis quelques mois, restent relativement élevés, ce qui entraîne – avec, parfois, un resserrement des conditions d'éligibilité des institutions financières – une difficulté grandissante, voire l'impossibilité totale, pour une partie importante de la population d'envisager à horizon raisonnable de s'offrir la résidence de ses rêves.

Afin de soulager la tension du marché, le gouvernement de sa majesté a imaginé, depuis longtemps, un dispositif d'achat fractionné. Disponible auprès de certains organismes spécialisés et collectivités locales, ainsi que pour quelques circonstances spécifiques (par exemple à l'intention des personnes à mobilité réduite), il consiste pour ces propriétaires à céder entre 10% et 75% du logement, dont ils restent bailleurs pour la partie restante et sur laquelle ils continuent donc à percevoir un loyer.

C'est ce genre de transaction (portant un minimum d'un quart des parts) que NatWest accepte maintenant de financer, dans des conditions identiques à celles qu'elle accorde pour les prêts hypothécaires classiques, notamment en termes d'apport initial (à 10%) et de valeur retenue (90% pour les appartements, 95% pour les maisons). Et, dans la logique ascensionnelle d'origine, elle inclut un mécanisme dit d'escalier, à travers lequel les emprunteurs peuvent accroître leur part dès la sixième échéance sans incident.

NatWest – Shared Ownership Mortgage

Le dispositif représente un bon compromis pour les personnes qui souhaitent acquérir leur résidence, sans se résigner à commencer leur parcours de propriétaire avec un bien qui ne correspond pas à leurs besoins (par sa taille ou sa localisation, en particulier) en raison de leur situation financière. Elles peuvent viser directement l'habitation qui leur convient et convertir progressivement leurs loyers en remboursements d'emprunt.

Pour la banque, le produit s'inscrit dans une démarche d'innovation, rendue indispensable par la menace que fait peser sur le marché du crédit immobilier le phénomène d'exclusion qui se propage rapidement. Il s'ajoute à diverses initiatives complémentaires, dont une des plus récentes consistait à institutionnaliser la participation de co-emprunteurs aux opérations. La pression stimule la créativité !

L'idée de l'achat fractionné a déjà donné lieu par le passé, sous des formes variées, à quelques initiatives, dont une des plus populaires est une sorte de location-vente (dont on entend toutefois moins parler aujourd'hui), à l'instar de HappyNest par BNP Paribas Fortis. Mais il reste certainement encore d'innombrables variantes à explorer… en vue de résoudre un problème sociétal qui n'est pas près de disparaître spontanément.

vendredi 14 novembre 2025

Paiement à l'œil sur les lunettes connectées

Ant International
Une douzaine d'années après une première vague finalement dissipée, les lunettes connectées connaissent aujourd'hui un retour en grâce dans toutes les grandes entreprises technologiques. Une des frustrations rencontrées dans leur utilisation au quotidien restait pourtant sans solution… jusqu'à ce qu'Ant International s'en mêle.

Je parle évidemment des paiements, qui représentent la clé de nombreux usages et pas uniquement de commerce en ligne. Dans les incarnations des débuts, sans aucune imagination, le porteur était invité à fournir les coordonnées de sa carte bancaire à travers un système de saisie virtuelle aussi approximatif que malcommode. Une première amélioration était ensuite apportée avec une approche de reconnaissance vocale, plus accessible mais qui peut engendrer des situations embarrassantes.

La maison mère d'Alipay, quant à elle, propose une option de reconnaissance de l'iris de l'œil, qui semble naturellement mieux adaptée au média sur lequel elle sera déployée. D'abord ajoutée à GlassPay, sa plate-forme de paiement multi-modale dédiée aux lunettes, elle permettra de confirmer un règlement de manière totalement transparente, sans compromettre la sécurité. Mais le système est également envisagé comme un mécanisme d'authentification générique, supportant d'autres cas d'usage.

Le géant chinois ne manque pas de citer le développement de cette méthode biométrique dans divers contextes… mais elle souffrait jusqu'à maintenant d'un défaut majeur, par son implémentation centralisée, imposant que les données personnelles soient conservées par le fournisseur (pour comparaison). Son installation sur un appareil réalisant la capture des caractéristiques requises autorise un traitement local beaucoup plus satisfaisant pour la protection des informations (et, incidemment, aligné avec les règlementations européennes). Rien ne dit toutefois qu'Ant ait choisi cette voie.

Alipay GlassPay

Testée dans le porte-monnaie mobile Alipay à Hong-Kong, la nouvelle fonction est proposée à tous les e-marchands qui souhaitent créer une expérience client optimale sur une gamme d'outils en pleine expansion. En parallèle, des démarches sont entamées afin de convaincre les fabricants de l'adopter sur leurs matériels à l'échelle globale (Xiaomi faisant partie des pionniers), sous la forme d'un socle de sécurité à la portée plus large, déclinable notamment sur toutes sortes d'applications.

Si les stars de la Silicon Valley, entre autres, croient à un renouveau des lunettes connectées, elles ne donnent pas l'impression d'avoir tiré les leçons du passé. En l'occurrence, elles persistent à se concentrer sur les capacités techniques de leurs produits sans se préoccuper suffisamment de leurs usages, ce qui a déjà fait capoter la génération précédente. Avec GlassPay, Ant ne propose pas une réponse universelle mais, à tout le moins, travaille sérieusement sur des modèles d'interaction « natifs ».

D'un autre côté, je m'interroge sur la pertinence de ces efforts quand le cabinet d'analyse IDC prédit un marché de moins de 20 millions d'appareils à l'horizon 2029…

jeudi 13 novembre 2025

Adclear veille à la conformité de la communication

Adclear
Connaissez-vous beaucoup de startups qui, après un an d'existence et avec seulement 8 employés, parviennent à séduire la fine fleur de la FinTech britannique… et Lloyds Bank ? Et qui se décident tout juste à lever un tour d'amorçage afin de soutenir leur développement sur de nouveaux marchés, dont l'Union Européenne ? Voici Adclear.

En passe de devenir en quelques mois le leader de la niche « FinProm » (pour « Financial Promotion », que je découvre à cette occasion), la jeune pousse se donne pour mission d'aider les équipes marketing des entreprises du secteur financier, petites ou grandes, à respecter la réglementation dans leurs communications destinées à leur clientèle – publicités ou présentations de services –, sous tout format – textuel, graphique, vidéo… – et pour tout support – réseau social, courriel, site web…

Pour les utilisateurs, adieu les allers-retours entre la création de contenus et leur soumission aux fourches caudines du département de conformité, imposant son lot de modifications. Il leur suffit de transmettre leur projet à la plate-forme d'Adclear, dont le moteur d'intelligence artificielle évalue alors en quelques instants les écarts, en fournissant des explications claires contextualisées, en général assorties de suggestions de corrections, ce qui leur permet d'ajuster leur travail avant de solliciter sa validation.

Dans cette dernière étape, qui reste donc accomplie par un professionnel (comme il se doit), la revue est également facilitée par la fourniture d'un journal auditable des évolutions précédemment apportées et, surtout, par un mécanisme de mise en exergue des points qui restent susceptibles de rejet, dont les modèles mis en œuvre apprennent continuellement à affiner l'appréciation par rapport à la culture de l'organisation, en analysant en permanence l'historique des publications approuvées.

Adclear Seed Round

La solution autorise évidemment la sélection des règles applicables aux métiers de chacun de ses clients et l'ajout de prescriptions supplémentaires au fur et à mesure des changements législatifs. Il est également possible d'introduire des contraintes propres à une firme spécifique (par exemple ses exigences particulières en matière de responsabilité sociétale et environnementale). Pour ce faire, l'administrateur n'a qu'à télécharger un document (ou une page web) décrivant la politique à intégrer.

Dans la mesure où son outil tient ses promesses, le succès d'Adclear est une évidence. En donnant un maximum d'autonomie aux producteurs d'éléments de communication dans un cadre réglementaire bien délimité, non seulement ces derniers sont-ils plus efficaces et peuvent-ils démultiplier leur rendement, mais, en outre, ils sollicitent moins les responsables de la conformité, qui peuvent alors mieux se concentrer sur les tâches qui leur sont confiées et améliorer la qualité des contrôles.

mercredi 12 novembre 2025

Les telcos cèdent à la pression anti-fraude

Gov UK
Voilà des années que les fraudes téléphoniques font perdre des millions d'euros, de dollars, de livres… aux consommateurs sans que les opérateurs ne tentent sérieusement d'enrayer le phénomène. Face à diverses pressions, ils commencent toutefois à changer d'attitude, comme l'illustre cette annonce du gouvernement britannique.

Le scandale le plus éclatant est celui des numéros usurpés : comment est-il encore possible en 2025, alors que la faille est parfaitement identifiée, depuis des années, et que son impact considérable est minutieusement documenté, que des escrocs soient en mesure d'appeler une personne en faisant apparaître sur son téléphone le numéro authentique de, par exemple, sa banque ? Les entreprises du secteur n'auraient-elles donc aucun contrôle sur les informations qui transitent sur leurs réseaux ?

La réalité est évidemment beaucoup plus prosaïque : les mécanismes qui régissent les télécommunications datent d'une époque où tout était plus simple, les conversations étaient moins sensibles et la technologie était trop limitée pour réaliser des détournements devenus triviaux aujourd'hui. Malgré les transformations qu'ils accompagnent, les opérateurs n'ont guère fait évoluer leurs pratiques (et les standards), évitant notamment d'engager des investissements importants pour leur modernisation.

La situation atteint pourtant un tel niveau de criticité que les autorités finissent par réagir. Souvent sous les injonctions des institutions financières qui aimeraient reporter une partie de leur responsabilité sur les supports qui facilitent les arnaques (les médias sociaux constituant leur autre cible), des mesures sont en voie d'être prises qui pourraient s'avérer très onéreuses pour les firmes incriminées. Alors, soudainement, elles deviennent plus conciliantes et acceptent de coopérer avec les régulateurs.

Après le cas de l'Australie au début de l'année, c'est donc au Royaume-Uni qu'un accord vient d'être trouvé, entre le ministère de l'intérieur et les principaux acteurs de la téléphonie mobile, pour la mise en place d'un arsenal de défense. Et sa première composante consiste justement en une mise à niveau des infrastructures, d'ici à la fin de 2026, afin d'interdire l'usurpation de numéros de téléphone locaux par des centres d'appel à l'étranger (ce qui laisse penser qu'elle est impossible à l'intérieur du pays).

Le législateur ne s'arrête pas en si bon chemin. Il a également obtenu une promesse de déploiement d'outils d'intelligence artificielle (évidemment !) capables de détecter et suspendre les appels et autres messages suspects. Là, il faut cependant prendre une pause et s'interroger sur les possibles dérives d'un système automatique qui décidera qui peut contacter qui… sans que ne soit évoqués de limitation, ni même de principes de supervision. Une fois encore, les bonnes idées entraînent un risque de dérive.

Dernier élément du dispositif, les opérateurs renforceront leur collaboration avec la police, de manière à faciliter et accélérer la répression contre les auteurs de délits, entre autres à travers le déploiement de solutions avancées de traçage (pour remonter à la source des appels)… ce qui, là encore, peut devenir inquiétant pour la vie privée. D'autre part, des données statistiques, mettant en lumière les « mauvais » élèves, seront partagées (un système similaire existe pour la qualité des services bancaires).

L'ensemble de la démarche du gouvernement de Sa Majesté n'est peut-être pas bonne à répliquer mais elle a l'indéniable mérite de montrer que, d'une part, une pression « amicale » et, surtout, financière aide à convaincre de contribuer à la lutte contre la fraude les organisations, initialement réticentes, ayant un rôle à jouer dans la sécurisation des transactions et, d'autre part, que toutes les solutions techniques disponibles pour combler certaines faiblesses manifestes ne sont pas implémentées.

Phishing

mardi 11 novembre 2025

Un EPI rebelle… contre l'euro numérique

EPI
Alors que le projet d'euro numérique de la banque centrale européenne prend corps, les protestations des banques montent en puissance… notamment, ces derniers temps, parmi les participantes à l'initiative transfrontalière EPI, qui y voient une menace concurrentielle inacceptable pour leur propre porte-monnaie « digital » Wero.

Il est indéniable que les arguments avancés par l'industrie pour justifier ses récriminations ne manquent pas d'une certaine légitimité. En premier lieu, les ambitions portées par les deux groupes sont largement identiques, combinant la volonté de créer un système de paiement nativement électronique – évolution générationnelle par rapport à l'adaptation de la carte, inventée pour des transactions de proximité – et les velléités de souveraineté dans un secteur dominé par des entreprises américaines.

Prise sous cet angle, la duplication des efforts ressemble effectivement à une source d'inefficacité et de gaspillage, les adhérents à l'EPI ayant beau jeu de vanter la maturité de leur solution – bien que, après cinq années de développement, il lui reste encore du chemin à parcourir avant de remplir entièrement sa mission – pour rejeter une alternative qui n'apporte (et c'est une réalité) aucun avantage supplémentaire aux consommateurs et risque d'introduire de la confusion dans l'esprit de ces derniers.

Et même si j'ai pris l'habitude de me moquer des délais invraisemblables de déploiement du fameux porte-monnaie Wero, la proposition de la BCE de lancer un pilote de son euro numérique en 2027 paraît singulièrement optimiste, considérant que beaucoup d'incertitudes subsistent autour de son implémentation concrète. Quant à une émission généralisée, elle n'est pas envisagée avant 2029… date si lointaine que les retards seront inévitables. Ne sera-t-il pas alors, de toutes manières, trop tard ?

Accueil EPI

Derrière ces allégations, les banques masquent toutefois une de leurs principales inquiétudes, à savoir celle de la désintermédiation, puisque selon les choix opérationnels pour la future e-monnaie, leur rôle dans les paiements, aujourd'hui quasi incontournable, pourrait être sérieusement amputé. Incidemment, cette crainte montante explique peut-être le regain d'intérêt pour Wero d'établissements jusque-là frileux, soit à travers une intégration directe, soit via des mécanismes d'interopérabilité.

Ce point n'est résolument pas anodin car la couverture des outils existants constitue une faiblesse majeure face aux rêves de l'Europe… qui ne peuvent se penser que dans l'universalité de l'Union. Dans le même registre, l'adoption (réelle) est probablement une autre épine dans le pied de l'EPI, impossible à retirer tant que les règlements marchands ne seront pas disponibles (et sans connaître même le modèle économique qui leur sera appliqué). Ces inconnues ouvre une porte à la BCE… qui ajouterait aux risques.

Je ne suis pas particulièrement fan de l'euro numérique mais, au vu des lenteurs et des hésitations qui parsèment le parcours de Wero depuis sa naissance (et qui m'ont toujours inspiré la méfiance), il pourrait s'avérer utile comme option de secours. Et les banques ne pourront s'en prendre qu'à elles-mêmes et à leur incapacité à coopérer à grande échelle si elles ne parviennent pas à imposer leur offre avant son émergence.