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C'est pas mon idée !

lundi 24 février 2025

L'Australie redistribue les responsabilités de la fraude

Australie
L'Australie devient la première nation à céder à la demande pressante des institutions financières en adoptant une loi qui assigne des responsabilités spécifiques dans la lutte contre la fraude à trois secteurs : banques, opérateurs téléphoniques et plates-formes sociales. Ce sont évidemment les deux derniers qui en font les frais.

Face à la progression constante des escroqueries, qui coûtent des milliards de dollars aux ménages, le texte vise à ne pas laisser ces derniers se défendre seuls. Les entités concernées sont donc formellement appelées à « prévenir, détecter, perturber, riposter (aux) et signaler » les tentatives d'arnaque, de manière à éviter qu'elles atteignent leur cible. Chaque catégorie d'entreprises sera soumise à des exigences précises dans ce but, assorties de sanctions, jusqu'à 50 millions de dollars, en cas de défaut.

Pour les banques, il s'agira de déployer un système d'identification des destinataires de virement, à la manière de celui qui sera imposé cet automne en Europe. En première approche, elles sont de la sorte plutôt épargnées, d'autant plus que ces dispositifs devraient avoir été mis en place depuis longtemps (et tant pis pour ceux qui s'insurgent de la sur-réglementation, elle constitue visiblement le seul moyen de faire avancer des sujets pourtant extrêmement sensibles dans des délais raisonnables).

Du côté des réseaux de télécommunication, la démarche paraît similaire puisqu'ils seront contraints de repérer et condamner les numéros qui émettent des appels ou des SMS frauduleux. La tâche sera toutefois difficile car elle comprend une dimension subjective qui, outre la complexité potentielle de sa mise en œuvre, l'expose à un excès de zèle générateur d'insatisfaction que le niveau d'amende prévu rend plausible.

Enfin, les réseaux sociaux seront les plus impactés car la loi requiert de leur part un contrôle préalable de leurs annonceurs afin d'interdire la propagation de publicités problématiques. L'idée semble de bon sens mais elle va à l'encontre du modèle 100% automatisé de ces services et leur origine étrangère (américaine, en particulier) risque de faire obstacle à son entrée en vigueur, dans le contexte politique actuel.

Par ailleurs, l'organisme désigné pour gérer les conflits (l'AFCA) indique qu'un mécanisme obligatoire de partage d'information entre les acteurs sera développé afin d'assurer des réactions rapides aux attaques. Il sera certainement ardu de mettre au point un tel outil, ne serait-ce qu'en raison des enjeux de protection des données, mais il représentera aussi probablement un effort conséquent pour tous les participants.

La date n'est pas encore fixée mais l'application opérationnelle du texte interviendra au mieux en 2026, ce qui laisse (heureusement ou hélas, selon les points de vue) le temps aux parties prenantes de se mettre en ordre de marche. En conséquence, on ne saura pas avant longtemps si la méthode coercitive du gouvernement australien porte ses fruits. Cependant, l'absence de retour d'expérience n'empêchera vraisemblablement pas les autres pays tentés par ce genre d'initiative de se lancer sans attendre.

Fraudeur

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