Free cookie consent management tool by TermsFeed
C'est pas mon idée !

vendredi 14 février 2025

Une assurance e-réputation paramétrique

Bessé
Bessé et Hiscox combinent leurs expertises respectives de conseil en assurance et de gestion des crises afin de proposer une garantie paramétrique destinée à couvrir les risques de réputation en ligne des entreprises françaises. Elle s'adresse dans un premier temps au secteur agroalimentaire, qui est un des plus sensibles en la matière.

Le principe du contrat « e-réputation » correspond aux normes reconnues des modèles paramétriques : dès le franchissement d'un seuil prédéterminé sur l'indice d'exposition qui sert de référence partagée, l'indemnisation prévue est versée automatiquement. L'approche se révèle particulièrement adaptée aux préjudices d'image, susceptibles de prendre très rapidement une ampleur considérable et contre lesquels le déploiement d'une riposte, potentiellement coûteuse, doit donc être le plus réactif possible.

Le paramètre retenu pour évaluer la dégradation de la réputation du client constitue évidemment le cœur du produit. En l'occurrence, les deux partenaires ont analysé 11 ans d'historique d'interactions sur les médias sociaux portant sur 166 marques de l'agroalimentaire, dont 60% ont vécu des alertes médiatiques et 14% ont subi des crises majeures. À partir de ces travaux, ils ont élaboré un modèle qui permet de mesurer le risque à partir des échanges publics et d'en dériver une offre d'assurance adaptée.

La méthode s'avère astucieuse car la diffusion du score en temps réel (ou presque) fournit également un support à la prévention ou, à tout le moins, à la minimisation des impacts d'un incident. En effet, pour peu qu'une surveillance s'organise (en complément des outils de pilotage habituels sur le web social), les responsables pourront détecter en avance les poussées de fièvre qui présagent peut-être d'une catastrophe à venir. Et on sait qu'un désamorçage précoce de ces situations est infiniment plus efficace.

Bessé – E-réputation

À mon avis, le dispositif comporte tout de même un point faible, dans le sens où l'assureur va devoir convaincre ses clients de la légitimité de son indice d'e-réputation et des résultats qu'il génère. La question se posera à la souscription, où la démonstration des performances sur le passé peut suffire à surmonter les réticences, et surtout en cas de sinistre, si un désaccord surgit sur la perception qu'en a la victime et la traduction qu'en fait le calcul officiel. Le problème ici est l'absence d'indépendance et de transparence de ce dernier, qui sont de rigueur avec les systèmes paramétriques.

De ce point de vue, la solution de Bessé et Hiscox – si elle parvient à franchir l'obstacle (en montrant que ses bénéfices méritent quelques concessions) – ouvre une nouvelle voie pour le concept paramétrique, dans laquelle il ne serait plus nécessaire de s'appuyer sur des relevés d'un tiers de confiance mais où l'assureur peut aussi fixer ses propres règles. À moins qu'il ne faille plutôt envisager la création d'un nouveau métier qui consiste justement à produire ces outils à l'écart de tout contrôle de l'industrie, en cultivant l'ouverture (de type « open source » ?) et la recherche de consensus.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Afin de lutter contre le spam, les commentaires ne sont ouverts qu'aux personnes identifiées et sont soumis à modération (je suis sincèrement désolé pour le désagrément causé…)