Le dispositif du Plan d'Épargne Retraite Individuel (PERI) est officiellement né en France à l'automne 2019. Un an plus tard, Yomoni en lançait sa déclinaison, avec un parcours de souscription entièrement à distance. Aujourd'hui, enfin, BPCE devient la première banque traditionnelle à répliquer cette expérience 100% en ligne.
Accessible depuis les applications web et mobiles des Banques Populaires et Caisses d'Épargne (chacunes à leurs couleurs), l'enrôlement se déroule en trois étapes relativement classiques : après une simulation des revenus de retraite légale, l'utilisateur se voit accompagner dans la sélection d'un produit compatible avec sa situation et ses préférences, lui permettant d'évaluer le complément qu'il peut espérer, puis, s'il est convaincu, il ne lui reste plus alors qu'à signer son contrat par voie électronique.
Naturellement, le client a toujours la possibilité, à tout moment de la procédure, de solliciter l'assistance d'un conseiller, afin d'obtenir plus d'information ou, le cas échéant, de finaliser sa démarche, par téléphone ou en agence. Cette faculté est évidemment un incontournable pour un établissement qui, comme ses équivalents historiques, reste attaché à la relation humaine directe… mais notons que les acteurs « digitaux » n'hésitent pas eux-mêmes à proposer un échange avec un spécialiste.
Même s'il faut saluer l'avancée, pionnière, de BPCE, elle soulève quelques questions fondamentales, pour elle et pour l'industrie en général, quant au retard considérable pris dans la mise en place d'une option de souscription en ligne pour le PER. Certes, ses particularités, par exemple au niveau de la fiscalité, peuvent mériter un accompagnement, mais imposer le recours à un expert expose la banque à laisser ses clients les plus à l'aise avec les outils numériques se tourner vers la concurrence.
Plus globalement, quand on entend la ritournelle qui se répand aujourd'hui dans les institutions financières selon laquelle leur transformation « digitale » serait terminée, il y a de quoi sourire. Si tous les produits ne sont pas disponibles à la vente sur les canaux électroniques (comme l'avait déjà presque atteint BBVA en 2018) et si les clients n'y sont pas suffisamment guidés dans leurs choix au point qu'ils soient contraints de s'adresser à un conseiller, alors, de toute évidence, il reste du pain sur la planche !
La stratégie qui consiste à attendre que la majorité des consommateurs soient prêts à réaliser toutes leurs opérations – petites et grandes – de manière autonome pour leur en offrir la capacité est doublement viciée : non seulement elle ignore les besoins des minorités défricheuses influentes – qui trouveront leur bonheur ailleurs, de plus en plus facilement – mais elle retarde en outre une transition inévitable qui bénéficie à tous.
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