Dans le sillage de la présentation de son plan stratégique à l'horizon 2030, le Groupe BPCE dévoile son projet de transformation de son socle informatique. Pour ambitieuse qu'elle soit, l'approche retenue fait cependant la part belle à une rationalisation à relativement moindre risque… en laissant de côté l'opportunité d'une vision plus radicale.
L'objectif fixé consiste donc à remplacer les deux systèmes d'information qui coexistent depuis le rapprochement des Banques Populaires et des Caisses d'Épargne par une version unique pour toutes les entités de banque de détail (à l'exception de la BRED et de CASDEN, qui conservent leurs propres outils), tout en maintenant, au niveau visuel, une déclinaison à leurs couleurs respectives, bleues et rouges. La plate-forme des Caisses d'Épargne, considérée comme la plus moderne, en fournira la base.
Le programme de migration, qui affectera de la sorte plus profondément les Banques Populaires, serait doté d'un budget en centaines de millions d'euros (entre 500 et 750 selon les sources) et il devrait s'étaler sur quatre ans. À la clé, ce sont plus de 100 millions d'économies par an qui sont visées, pour une cible de rentabilité à 5 ou 6 ans… qu'il faudra certainement ajuster (à une dizaine d'année, j'imagine) en fonction des inévitables retards et dépassements de coûts de ce genre de chantier titanesque.
BPCE adopte ainsi la même stratégie technologique que, précédemment, Société Générale (qui a en outre absorbé son enseigne Crédit du Nord) dans une perspective prioritaire d'efficacité opérationnelle… même si le discours officiel évoque la capacité d'évolution renforcée, en réalité surtout grâce à la mutualisation des ressources. Rien d'étonnant à ce choix dans le contexte global actuel, où tous les efforts portent sur la maîtrise des coûts. Mais il risque de revenir un jour hanter ces entreprises.
En effet, la décision qui a été prise revient à faire reposer l'avenir des banques du groupe sur une infrastructure historique, dont une partie est sinon obsolète du moins vieillissante. Concrètement, les échéances envisagées et les paramètres économiques figent plus ou moins cette situation pour une période de 10 à 15 ans, au cours de laquelle la dette technique ne fera que s'accroître. Dans un environnement où les changements s'accélèrent, il existe un réel danger de perte de compétitivité.
Naturellement, l'alternative, à savoir la modernisation complète du patrimoine informatique, requerrait un investissement beaucoup plus important (en milliards), avec un risque d'échec significatif (dont les exemples abondent hélas autour du monde). Elle devient pourtant de plus en plus urgente, à la fois en raison de la fragilité de systèmes devenus trop complexes (comme semble encore le rappeler la récente mésaventure de Barclays au Royaume-Uni) et de l'impératif de disposer d'une architecture flexible afin de faire face à la diversité et à l'instabilité des besoins à prendre en charge.
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