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C'est pas mon idée !

jeudi 1 mai 2025

L'EPI revient à la raison

EPI
Cinq ans après le lancement du feuilleton de l'EPI, qui promettait alors une solution de paiement universelle pour l'Europe mettant fin à l'hégémonie des réseaux américains Visa et Mastercard, son dernier épisode en date marque un abandon des illusions des débuts et un retour à la raison salutaire… bien qu'il soulève de nouvelles questions.

Concrètement, la communication de ce printemps ne nous apprend rien de nouveau sur l'organisme et son porte-monnaie virtuel Wero. Ce dernier aurait conquis 40 millions d'utilisateurs avec ses fonctions (limitées) de paiement entre individus, comprenant les échanges entre proches et les règlements aux professionnels. Flatteur en apparence, ce nombre reflète toutefois simplement la migration plus ou moins automatique des adeptes des anciens systèmes nationaux qu'il a absorbés (tels que PayLib en France).

La prochaine étape, critique pour l'avenir du projet, consistant à ajouter les transactions marchandes, est toujours annoncée pour cet été, en Allemagne et en Belgique, la France et les Pays-Bas devant suivre… en 2026. Mais, elle ne concernera que le commerce en ligne. Pour les paiements de proximité, qui restent présents dans la feuille de route, matérialisés par des mécanismes de QR code et via interactions sans contact (on sent une inquiétante incertitude de ce côté-là…), aucune échéance n'est fournie.

Enfin, sur le plan des adhérents, pas plus de changements à signaler, malgré les appels réitérés aux institutions financières du continent les invitant à rejoindre le consortium. Ils sont donc 16 membres, dont 14 banques, répartis dans 4 pays. De toute évidence, la vision d'une couverture de l'ensemble de l'Union Européenne, dans une démarche portée en bloc contre les mastodontes en place, paraît sérieusement compromise.

EPI – Wero

Visiblement, la réalité vient de frapper les responsables d'EPI : en dehors de leur sphère d'influence, 120 millions de citoyens utilisent déjà des outils de paiement spécifiques à leur région, dont certains (par exemple Bizum en Espagne ou Vipps dans la péninsule scandinave) atteignent un niveau de maturité qui dépasse celui de Wero, et que leurs concepteurs et promoteurs rechignent (logiquement) à abandonner.

Leur discours change en conséquence : il n'est maintenant plus question de viser l'unification mais plutôt l'interopérabilité. L'organisme se déclare prêt à dialoguer avec les représentants des initiatives locales en vue d'élaborer un schéma de collaboration qui permettrait aux consommateurs européens d'utiliser leur porte-monnaie électronique n'importe où, sans avoir à s'inquiéter des frontières entre méthodes de paiement.

Ce revirement est une excellente nouvelle face à l'impasse où se trouve l'EPI vis-à-vis de son ambition de créer une alternative souveraine crédible aux schémas existants, irrémédiablement dissoute dans les difficultés de démarrage et d'exécution du projet depuis son origine, qui ont rebuté, à juste titre, bon nombre de participants potentiels. Il reste tout de même à voir si les propositions de coopération aboutiront… car de multiples obstacles techniques s'opposeront aux tentatives de rendre compatibles des systèmes hétérogènes et rien ne laisse supposer qu'ils ont été anticipés…

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